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ISM France - Archives 2001-2021

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Jénine -

Al Aqaba : un autre village attaqué

Par

2 ordres de démolition contre le village ont été émis par les militaires israéliens.
Ces ordres, qui sont seulement la plus récente étape dans la guerre qu'Israel mène contre Al Aqaba depuis 1971, s'ajoutent à la liste d'interdictions de construction, des démolitions antérieures et des restrictions au progrès de l'infrastructure.
Quand vous êtes au centre d'Al Aqaba, il apparaît clairement que ces multiples ordres de démolition émis par l'armée israélienne signifient la destruction presque totale du village.

Les montagnes de Palestine forment une arête acérée qui plonge dans la vallée du Jourdain comme si elle avait été découpée au couteau.

Presque au rebord de ce paysage drastique, s'étend le village d'Al Aqaba, situé sur les terres palestiniennes les plus éloignées de la région de Jénine.

C'est presque un no-man's land, niché dans les contreforts légèrement vallonnés des très hautes montagnes, balayé par une forte brise rafraîchissant les chaudes journées du printemps

Nous sommes allés à Al Aqaba pour parler avec Haj Sami, le maire.

Quand il avait 16 ans, Haj Sami a été la cible des militaires israéliens alors qu'il traversait les terres pour aller voir sa famille. Un des balles est toujours dans son corps parce qu'elle est trop près de sa colonne vertébrale pour être enlevée sans risque.

Les militaires utilisent la terre autour d'Al Aqaba pour leurs pratiques en matière de formation. Ils y ont tué 8 personnes et blessés 50 autres depuis 1971.
La blessure de Haj Sami en est un exemple. Depuis, il est paralysé.


Notre discussion a abordé la situation actuelle à Al Aqaba.
2 ordres de démolition contre le village ont été émis par les militaires israéliens.

• Un ordre concerne les 3 bâtiments autorisés du village et 17 maisons. Les 3 bâtiments autorisés ont tous été récemment construits avec l'aide d'organisations gouvernementales étrangères et des ONG.

Le village a engagé un avocat qui a présenté cet ordre devant les tribunaux israéliens. Il a obtenu une injonction jusqu'au 6 juin 2005, date à laquelle leur cas sera entendu.

La clinique médicale du village, ouverte 6 jours par semaine avec un docteur qui est présent pendant 3 jours, dessert toute la zone Est de la région de Tubas.

L'école primaire a 60 élèves avec 6 professeurs, alors que l'école secondaire compte 72 étudiants inscrits et 4 professeurs.

La mosquée, la clinique, l'école primaire et l'école secondaire sont toutes menacées de démolition.

• Le deuxième ordre concerne trois maisons du village qui abritent plus de 27 personnes, dont une majorité d'enfants.
Les maisons sont de type Bédouin, se composant d'une série de structures de tente et d'enclos pour animaux.

Cet ordre qui a été délivré la semaine dernière, donnait 72 heures aux habitants pour évacuer.

Avec seulement une assurance verbale de l'avocat représentant les militaires israéliens qu'ils ne mettront pas en application l'ordre jusqu'à ce que le village puisse présenter le cas devant les tribunaux, chaque jour est une incertitude.
La population se demande si les militaires se montreront avec des bulldozers afin d'appliquer l'ordre ou non.


Al Aqaba a également déposé son propre cas devant le système judiciaire israélien, il se bat pour mettre fin aux 2 bases militaires dans le secteur.

Depuis les années 70, les militaires israéliens ont utilisé la terre autour d'Al Aqaba comme terrain de formation, après avoir expliqué aux habitants que c'était en raison de la ressemblance du paysage à celui du Sud Liban.

Depuis le toit de l'école primaire d'Al Aqaba, on peut voir la preuve de ce fait en regardant le paysage environnant, avec des tunnels construits sous le flanc de colline et un ensemble des bunkers creusés un peu plus loin.

Pendant notre visite, les jets de combat F16 ont survolé régulièrement la zone.

Dans la clinique médicale, il y a un mur de brochures donnant des informations aux jeunes sur la façon de reconnaître et d'éviter des missiles qui parsèment la région.

Ces missiles, laissés sur le terrain par les militaires israéliens après leur formation, sont réels et ont mutilé plusieurs des jeunes d'Al Aqaba.

Les brochures apprennent aux enfants via des dessins ce à quoi ressemblent les missiles et à appeler la police s'ils en repèrent.

Seulement l'an dernier, les militaires israéliens ont autorisé les habitants Al Aqaba à raccorder leurs maisons à l'électricité.

Par le passé, quand le village a reçu un générateur de l'Autorité Palestinienne, les militaires sont entrés dans le village et l'ont confisqué après une première tentative d'utilisation par les habitants.

Ils ont encore besoin d'aller chercher l'eau dans un puits éloigné en raison de l'interdiction des militaires et, pour la même raison, les routes à l'intérieur et à l'extérieur du village sont seulement partiellement pavées.

Après avoir reçu des introductions et des premières informations sur Al Aqaba, nous sommes partis en excursion pédestre.

Alors que nous nous aventurions sur la courte distance entre la clinique médicale et l'école primaire, il m'a semblé que nous étions les seules âmes qui vivent à des milliers de kilomètres. Le village était sinistrement silencieux, en dehors du vent fort qui soufflait.

Les seuls habitants d'Al Aqaba que j'ai vus, à l'exception d'Haj Sami, furent le vieil homme qui a apporté des chaises pour que nous nous asseyons sous l'arbre dans ce que j'ai supposé être le centre ville, et la jeune directrice d'école qui est apparue aussi tranquillement que le vieil homme avait disparu après nous avoir servi le café. Ils ont semblé se matérialiser et disparaître tels des apparitions.

On aurait dit une ville-fantôme, un village vide excepté ces trois âmes que j'avais rencontrées, je commençais réellement à douter de l'existence de quiconque. Je n'ai entendu aucune voix, aucun rire ou appels tel que "what's your name" des enfants curieux à la vue des Étrangers. Aucun véhicule n'est passé depuis notre arrivée.

C'est rare dans un endroit comme la Palestine de rencontrer un tel calme et un tel silence en plein milieu d'un village. D'une façon générale, il y a des bruits, du mouvement, une certaine sorte de signes de vie. Cependant, Al Aqaba était différent, il ne semble pas mort, mais seulement inhabité.

Avant 1967, Al Aqaba était habité par 200 familles, avec une moyenne de 10 personnes par famille. Il y a maintenant 300 personnes dans le village.

Une grande partie du déclin extrême de la population, selon Haj Sami, est dûe aux restrictions imposées sur le village par les militaires israéliens.

Jusqu'à très récemment, il n'y avait aucune possibilité pour les habitants du village de s'instruire, pas de travail et, depuis 1967, il y a eu une interdiction de construire de nouvelles maisons imposée par les militaires à la population d'Al Aqaba.

L'armée brûle également les terres de pâturage autour du village, laissant les bergers d'Al Aqaba sans endroit pour faire paître leurs troupeaux.

Quand vous êtes au centre d'Al Aqaba, qui est en réalité seulement à un jet de pierres depuis n'importe quel point au bord du village, il apparaît clairement que ces multiples ordres de démolition émis par l'armée israélienne signifient la destruction presque totale du village.

Ces ordres, qui sont seulement la plus récente étape dans la guerre qu'Israël mène contre Al Aqaba depuis 1971, s'ajoutent à la liste d'interdictions de construction, des démolitions antérieures et des restrictions au progrès de l'infrastructure.

Pendant notre conversation, Haj Sami a demandé à plusieurs reprises pourquoi une superpuissance telle qu'Israël, avec des capacités nucléaires et l'une des plus puissantes armées au monde, fait la guerre à des gens qui vivent sous des tentes.

Nous n'avons eu aucune réponse à lui donner.


Pour sauver Al Aqaba, participez à la Campagne lancée par Gush Shalom

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG pour ISM

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