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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

La résistance populaire et non-violente continuera

Par

L’ International Solidarity Movement est une organisation non-gouvernementale palestinienne regroupant des pacifistes palestiniens et internationaux travaillant à promouvoir la lutte pour la liberté en Palestine et pour la fin de l’occupation israélienne. Nous utilisons des méthodes de résistance non-violentes et des actions directes pour affronter et défier les Forces illégales d’occupation israélienne et leur politique.

J'ai refusé parce que les militaires israéliens déclarent arbitrairement "zones militaires fermées" des secteurs palestiniens, des fermes, des maisons et parfois des villes parfois entières.
Je ne respecte pas le droit à une force d’occupation d'infliger de telles mesures illégales sur la communauté palestinienne.
J'ai été menottée et emmenée, mais ramenée quelques heures plus tard pour une autre audience. Lors de cette audience, le juge Cohen a refusé d'écouter la déposition que j'avais été arrêtée à tort. Au lieu de cela, il a rendu sa décision.

La résistance populaire et non-violente continuera


Répression excessive de l'armée israélienne lors de la manifestation à Biddu le jeudi 26 février 2004 - Photo : ISM

Mes amis,

Merci des lettres de soutien et des appels téléphoniques après mon arrestation à Beit Surik mercredi. Je vais BIEN et j’ai été libérée hier, jeudi après-midi, après deux audiences du Tribunal.

La résistance de la population continue à Biddu et à Beit Surik et comme vous avez pu l’apprendre, hier, des balles réelles ont été tirées sur les manifestants non-armés dans ces villages.

Trois jeunes hommes ont été tués et un autre homme est mort d'une crise cardiaque suite à l'inhalation excessive de gaz lacrymogène. De plus, des dizaines de personnes ont été blessées par les batons, les balles en acier recouvertes de caoutchouc, les bombes sonores et le gaz lacrymogène utilisés par les soldats.

Que peut faire la population ?

Rester là quand leur terre est détruite et qu’ils se font dépouiller de leur capacité de vivre?

Nous espérons tous que la Cour Internationale de Justice se positionnera contre la légalité de ce mur, mais, même si elle le fait, qui la fera respecter ?

La communauté internationale prendra-t-elle des mesures concrètes pour imposer au moins l’une de ses nombreuses résolutions ou des lois et décisions internationales qu’Israël viole ?

Peut-être les 4 morts de Biddu ont été mentionnées quelque part dans les informations après le mot “clashs” par la majeure partie des principaux médias qui semblent résister au fait que l'armée israélienne emploie une force brutale et militaire contre les Palestiniens non-armés et non-violents.

Ils ne vous indiqueront probablement pas que Zacharia Mahmoud Eid, 26 ans, Mohamed Rayan, 26 ans, Mohamed Saleh Bedwan, 20 ans et Abu Nabil Abu Eid, étaient des manifestants non-armés brutalement attaqués par la quatrième puissance militaire la mieux équipée au monde alors qu’ils tentaient protéger leur terre de la destruction et leurs villages de la transformation en ghettos murés.

La veille, mercredi, Jessica et moi avons été enlevées par les soldats après la manifestation menées par les femmes de Beit Surik qui étaient réellement parvenues à repousser les soldats hors du village.

Pendant la manifestation, voilà quelles furent mes questions aux soldats :

Pourquoi faites-vous cela ?
Pourquoi êtes-vous sur notre terre?
Pourquoi est-ce que vous entrez là avec des armes et pourquoi détruisez-vous les moyens d’existence de la population ?
»

C’est pourquoi les soldats m’ont remarqué. Ils m'ont à plusieurs reprises menacée d’arrestation parmi les “Fu** you”.

En dépit du froid, des regards apparemment indifférents et de la violence que les soldats nous ont infligé, je ne peux qu’espérer que certains de nos mots et de nos appels résonnent la nuit dans la tête des soldats et les empêchent de s’endormir pendant qu'ils repensent à leurs actes.

Après que les soldats se soient retirés du secteur où nous manifestions et que les protestataires commençaient à se diriger vers l'autre extrémité du village où les bulldozers travaillaient, un jeune homme nous a demandé d’aller chercher sa mère, qui était toujours assise dans une zone cernée par les soldats.

Jessica et moi sommes retournées à l’endroit où nous étions seulement quelques minutes plus tôt et nous sommes approchées de quatre femmes qui, à leur crédit, avaient refusé de partir et étaient toujours assises par terre. Un groupe des soldats avait ré-investi le secteur et se tenait à environ 40 mètres.

Quand ils nous ont vu, Jessica et moi, ils sont arrivés en courant et nous ont empoignées par derrière. Une des femmes a essayé de nous retenir, mais la force et le nombre des soldats étaient trop importants.
Un (au moins) des soldats, m’a frappé à plusieurs reprises au visage et à la tête (je ne suis cependant pas blessée)

Nous avons été alors jetées à l’arrière des jeeps blindées puis rejointes par un photographe français, Yousef Boudlan, travaillant pour l'agence Gama, qui, lorsqu’il a essayé de demander pourquoi il était arrêté alors qu’il essayait de faire son travail, s’est entendu répondre : "La ferme ! Ne parle pas. "

Nous avons alors été transférés d'un commissariat de police de colonie à un autre.
Jessica, Yousef et moi, rejoints par deux pacifistes israéliens, Rotem et Lazer, qui avaient également été arrêtés, avons été mieux traités que les Palestiniens.

Pendant que nous étions transférés hors du premier commissariat, j'ai jeté un œil à 3 Palestiniens dont les mains étaient liées, leurs têtes recouvertes qui étaient assis dans la boue. Je ne sais rien de ce qu’il leur est arrivé.

Au deuxième commissariat, 5 Palestiniens ont été amenés, également de Biddu et de Beit Surik ; le plus agé n’avait que 19 ans.
L’un avait 17 ans, un autre 15 ans et deux avaient 14 ans.

Les officiers de police ont essayé de nous empêcher de leur parler mais par des chuchotements et des signes, je suis parvenue à apprendre qu'au moins deux des plus jeunes garçons avaient été battus dans les jeeps d'armée.
Ces garçons ont été emmenés, un par un, pour interrogatoire par des soldats avec des masques noirs sur leurs têtes et puis forcés de signer des papiers qu'ils n'ont sûrement pas compris.

Lazer a fait passer le nom des garçons à l’avocat Leah Tsemel, qui s’occupe de leur cas, puis vers la fin de la nuit nous tous avons été séparés.

Lazer, Rotem et Jessica ont été libérés après avoir accepté de ne pas entrer dans la région de Biddu/Beit Surik pendant 10 jours.

J'ai été mise en état d'arrestation pour protestation contre l’enlèvement et contre les termes de la mise en liberté, puis j’ai été emmenée au commissariat de la colonie de Beit El et les garçons ont été emmenés à la base militaire d'Ofer.

Ces jeunes garçons comme tous les Palestiniens (avec des cartes d’identité palestinienne) qui sont arrêtés ont à faire aux militaires israéliens. Ils n'ont pas de droits civiques sous l’autorité israélienne, tout comme le droit d'avoir un jugement dans un délai de 24 heures comme je l’ai eu.

Lors de mon audience devant le Tribunal israélien, le juge Amnon Cohen a recommandé ma libération si je déclarais à la Cour, qu'à l'avenir, je respecterais les ordres de zone militaire fermée et que je quitterais un tel secteur.

J'ai refusé parce que les militaires israéliens déclarent arbitrairement "zones militaires fermées" des secteurs palestiniens, des fermes, des maisons et parfois des villes parfois entières.
Je ne respecte pas le droit à une force d’occupation d'infliger de telles mesures illégales sur la communauté palestinienne.
J'ai été menottée et emmenée, mais ramenée quelques heures plus tard pour une autre audience. Lors de cette audience, le juge Cohen a refusé d'écouter la déposition que j'avais été arrêtée à tort. Au lieu de cela, il a rendu sa décision.

Il a déclaré que :
• J'étais l’organisatrice/leader des émeutes et qu’en raison de cela, sa décision serait basée sur des décisions précédentes prises par des Tribunaux israéliens dans des situations semblables où le défendant menace la Paix et l’ordre du secteur.

• Il a continué en énonçant le cas d’un extrémiste juif qui était coupable de meurtre sur des Palestiniens qui n’est plus autorisé à entrer dans le secteur d’Hébron, et un autre cas où un autre extrémiste juif complotait pour faire sauter la Mosquée Al Aqsa et qui n’est plus autorisé à entrer dans le secteur du Mont du Temple.

Le juge a alors rendu un ordre du Tribunal par lequel je ne dois pas entrer dans le secteur de Biddu et de Beit Surik pendant une période de 30 jours.

Je n'ai toujours pas accepté cette décision mais il s’agit d’une pure question technique.
Je ne peux pas m'attendre à une décision juste de la part d'un système qui, tout en se déclarant être démocratique et juste, légalise les violations aux droits de l'homme palestiniens et au droit international. C'est un système que je ne respecte pas.

Il y a deux choses importantes à noter dans cette décision :

1) La tentative par la police israélienne de me (qu’ils ont étiqueté comme « leader ») garder à l’écart de ce secteur et d’interdire aux autres pacifistes israéliens et internationaux de rejoindre les manifestants Palestiniens dans le but de casser les manifestations non-violentes qui ont lieu à Biddu et à Beit Surik.

2) Le juge m'a comparé aux terroristes et a rendu sa sentence basée sur des décisions prises dans les cas de personnes accusées de meurtre et qui ont tenté de poser des bombes dans des secteurs civils. Il s’agit d’une autre tentative de représenter l'ISM en général comme une organisation terroriste.

La résistance populaire et non-violente au Mur de l’Apartheid d'Israël et de sa politique d’occupation illégale continuera et ce n’est sans doute pas la dernière fois que l'ISM viendra devant les Tribunaux israéliennes.

Encore une fois, merci tellement de vos appels et de vos lettres de soutien. Nous avons besoin de vous pour continuer à mobiliser autour de vous pour soutenir nos efforts dans les territoires palestiniens occupés.

Dans la solidarité et la lutte,

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG

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