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Hébron - 9 décembre 2008
Par Maan News
« Ils étaient profondément impliqués. C'était évident », a expliqué Jamal Abu Sa'ifan au sujet du rôle de la police israélienne et des forces militaires pendant les émeutes de colons à la suite de l'évacuation de la « Maison de la Discorde » jeudi dernier.
Abu Sa'ifan a filmé la séquence maintenant célèbre d'un colon israélien tirant sur ses deux parents pendant les émeutes. Son compte-rendu de la violence de jeudi suggère que non seulement les forces israéliennes ont échoué à empêcher les violentes attaques des colons et apparemment ethniquement motivées sur la population locale, mais qu'en fait elles ont facilité ces attaques.
Le dimanche, même le Premier Ministre Ehud Olmert a qualifié ce qui a eu lieu jeudi de « pogrom » contre « des innocents palestiniens ».
Le jour où Hébron était sous le feu des colons, cependant, Olmert a publié un communiqué faisant l'éloge de ses militaires pour une « évacuation rapide et efficace ».
Olmert s'est aussi engagé jeudi à ce « que toute tentative par des éléments violents d'attaquer la population palestinienne et de causer des troubles en Judée et Samarie [le terme israélien pour la Cisjordanie ] essuiera une réponse cinglante et immédiate de la part des services de sécurité ».
Selon les témoins, la réponse des troupes israéliennes à Hébron à la violence des colons n'était ni cinglante ni immédiate. Au contraire, les soldats aidaient activement les colons dans leurs attaques. Le témoignage des Palestiniens présents à Hébron pendant les émeutes suggère que les forces israéliennes dans la zone étaient nonchalantes dans leur tentative de mettre fin à ce qui apparaît maintenant comme un assaut coordonné sur les habitants civils du quartier.
« Quand ils ont sorti les colons de la maison, un grand nombre de colons sont descendus [de la colonie voisine]. J'étais en train de les filmer. J'arrivais à la maison de mon oncle, quand les colons ont tiré sur mon oncle et mon cousin », a dit Abu Sa'ifan.
« Cinq minutes plus tard, quand mes parents ont été transportés à l'hôpital, l'armée est venue et a pris tous les jeunes hommes [palestiniens] du secteur et les a regroupés dans une maison dans la vallée. « Puis les colons sont venus et ont allumé des feux. Ils ont trempé des feuilles de palmier dans le gasoil, les ont mises en tas et y ont mis le feu. » Et peu de gens pouvaient empêcher ces attaques.
La maison d'Abu Sa'ifan touche la colonie de Kyriat Arba, où logent quelques 7 000 juifs israéliens. A la suite de l'évacuation, des colons masqués ont sauté depuis la colonie sur le toit de sa maison, fracassant la citerne d'eau, les panneaux solaires et l'antenne satellite, pendant que la majorité de la famille s'abritait à l'intérieur. Les colons ont fracassé les vitres, ils ont jeté des pierres sur la maison, attaqué les Palestiniens avec des gourdins et parfois tiré sur eux avec des armes à feu.
Toujours emprisonnés dans une maison, les jeunes hommes du quartier étaient incapables d'éteindre les feux ou de faire face aux colons vandales. La plupart des femmes étaient en train de calmer les enfants, pendant que d'autres étaient dehors avec les hommes plus âgés du quartier, faisant de leur mieux pour dissuader les jeunes colons d'incendier davantage de maisons.
Les soldats israéliens et la police du secteur sont restés là sans rien faire pendant le saccage.
Après avoir attaqué la maison d'Abu Sa'ifan, les colons « ont continué maison après maison. Ils ont essayé de brûler quatre ou cinq autres maisons. Ils ont aussi détruits d'autres citernes d'eau et des panneaux solaires. » En d'autres termes, la meute de colons a agi systématiquement, attaquant chaque demeure palestinienne dans le quartier. Les colons de la ville se sont joints à cette violence.
Les émeutes qui ont eu lieu étaient attendues et les colons militants du secteur s'étaient préparés à agir quand le moment viendrait. Dans les enclaves de colonies à Tel Rumeida et le Vieux Souk d'Hébron, dont la moitié des magasins avait été fermée par les militaires israéliens, les colons sont sortis en foule de la zone H2 contrôlée par Israël et se sont répandus dans le centre ville d'Hébron, fracassant les voitures, jetant des pierres, et mettant le feu aux maisons. A ce moment-là, ont dit les témoins, les forces de sécurité palestiniennes récemment déployées ont disparu des rues.
Quand le reporter et le photographe de Ma'an ont rendu visite à Abu Sa'ifan samedi, des tas de débris à moitié brûlés jonchaient les alentours de sa modeste maison en béton. Les vitres étaient brisées. Une bouteille de gasoil en plastique avec des inscriptions en hébreu avait été abandonnée dans le jardin. Au-dessus de la maison, les colons guettaient à travers le grillage, depuis Kyriat Arba, comme s'ils observaient des animaux dans un zoo.
Les émeutes de jeudi ont été le point culminant de deux semaines de violence. Abu Sa'ifan a dit que lui et les 25 membres de sa famille vivant dans les maisons qui bordent Kiryat Arba n'ont pas eu une seule bonne nuit depuis 15 jours.
La maison d'Abu Sa'ifan était juste une cible d'une campagne des groupes de colons annoncée des semaines avant l'évacuation. Le principe de cette « campagne » était simple : si l'Etat israélien évacue seulement un immeuble contenant 250 des presque un demi million de colons en Cisjordanie , le mouvement des colons « exigera un prix » de l'Etat, dévastant Hébron et d'autres lieux de Cisjordanie .
Quand la police des frontières israélienne et les soldats en équipement anti-émeute ont surpris les colons occupant la maison de famille des Rajabi, seulement une poignée ont été arrêtés. Le reste des 250 israéliens d'extrême-droite ont été lâchés dans les rues de Hébron. Ils ont retourné leur rage contre les Palestiniens du quartier.
Beaucoup se demandent pourquoi les colons n'ont pas été retenus ou séparés des Palestiniens du secteur après avoir été expulsés de la maison. La séparation de populations hostiles semble seulement logique, spécialement après des semaines d'escalade de la violence par beaucoup de groupes de colons dans la région. Le gouvernement se doit de prévoir la violence.
Les officiers du bureau des porte-paroles des militaires israéliens ont prétendu que la police israélienne avait pris la décision d'expulser les colons de la maison Rajabi et de les relâcher dans le secteur de Hébron. Le porte-parole de la police Micky Rosenfeld a dit que la décision de ne pas arrêter les colons avait été prise par les militaires. Il a ajouté que la police avait eu pour instruction d'expulser les colons « rapidement » et avec le « minimum de blessures », il n'y avait aucune mention d'arrêter les colons. « Nous avons accompli [notre] mission », a-t-il dit.
Plus tard les porte-paroles militaires ont répondu à Ma'an en disant : « les FDI, la police israélienne et la police des frontières ont fait le maximum pour empêcher et pour contenir les émeutes. Des arrestations ont eu lieu sur les lieux avant, pendant et après la sortie des colons. La majorité des émeutiers ont été dispersés. »
« Il faut noter que l'évacuation a été réalisée en moins d'une heure, » a ajouté le porte-parole.
Des questions sans réponse sont encore nombreuses. Dix jours plus tôt, peu de temps après l'ordre de la Haute Cour d'évacuer les colons, les colons ont coupé la barrière les séparant des Palestiniens dans le quartier Wadi Hussein. Quand l'évacuation a finalement eu lieu, la grille était toujours par terre, permettant aux colons de sauter depuis le mur de la colonie dans le quartier palestinien sur les maisons palestiniennes sans défense.
Les actions du personnel de sécurité israélien et des officiels du gouvernement doivent être questionnées sur plusieurs fronts. Pourquoi le Ministre de la Défense, Ehud Barak, a-t-il attendu plus de deux semaines avant de faire exécuter l'ordre de la Cour, permettant aux colons d'avoir le temps de se préparer ? Pourquoi les consciences des 600 hommes de troupes israéliens déployés pour l'évacuation n'ont-elles pas été remuées par la vue des juifs attaquant systématiquement les gens pour leur appartenance ethnique ?
L'Etat israélien, pendant ce temps, s'est fait de la publicité, en dépit des émeutes. Une photo d'un officier israélien sortant de force de la maison un colon hurlant est apparue accompagnant le compte-rendu de l'évacuation dans le New-York Times. Le drame communiquée au monde est celui de l'Etat israélien combattant avec vigueur ses extrémistes. Une seule phrase est consacrée au pogrom directement causé par l'évacuation.
Ce qui n'est pas mentionné, c'est que l'entière conflagration au sujet de la « Maison de la Discorde » a été créée par Israël, à commencer par l'acceptation par l'Etat d'enclaves de colonies à travers Hébron, et pour finir par les détails mêmes sur la façon dont l'évacuation a été menée.
Source : Maan News
Traduction : MM pour ISM
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