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ISM France - Archives 2001-2021

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Jénine -

Yamoun sous couvre-feu, 3 garçons blessés par balle

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Les maisons qui ont été occupées et fouillées ont été dévastées. Les meubles renversés, éventrés, les portes enfoncées, les vitres cassées.
Souvent (pas toujours) les œuvres d’art coranique ont été détruites. Imaginez la réaction de votre grand-mère si sa crèche avait été profanée ou sa torah souillée.

Mardi nous avons pris un taxi pour Yamoun, un petit village à l'Ouest de Jénine qui vient juste de subir l'invasion israélienne/couvre-feu/etc...

Ils sont juste en plein milieu du ramadan ici, ce qui veut dire que tout le monde jeûne, pas de nourriture ou d'eau depuis le lever jusqu'au coucher du soleil. La rupture du jeûne au coucher du soleil fait partie de la tradition religieuse. Ces actions : invasion, couvre feu.., C’est la même chose qu'un attentat-suicide durant "le Seder " (la pâque juive) ou une campagne militaire le jour de Noël.


Nous sommes arrivés en fin de matinée, sous le crachin, pour trouver une énorme foule de jeunes garçons palestiniens –«Shebab»- jetant des pierres sur les jeeps des soldats israéliens. Il y avait plus de 200 gosses, allant de 6 à 18 ans.

Les jeeps semblaient être indestructibles et les soldats israéliens (eux-mêmes pour la plupart âgés de 18-20 ans) n’étaient pas réellement en danger- ils regardaient droit devant, inflexibles et solides alors que des tas de décombres tombaient sur leurs capots et leurs pare-brises. Les cris des jeunes étaient ponctués par des rafales de mitrailleuses régulières et les cris de retraite précipitée leur répondant.


Yamoun était sous couvre feu militaire ce qui veut dire en théorie que personne n’est autorisé à quitter sa maison et que tout est fermé. En pratique ça ne semble pas fonctionner comme ça. Les gens sortent dans les rues faisant dépasser leurs têtes des encadrements de portes pour scruter les ruelles, évitant les lieux de heurts pour aller à l’épicerie, un vieil homme allant sur un âne à travers la foule de jeunes garçons lanceurs de pierres. Tout peut être calme une minute et la suivante une jeep militaire lourdement armée peut traverser en tirant.


Quand les militaires nous ont aperçu la première fois au milieu des «Shebab» la fusillade a semblé s’arrêter pendant à peu près une heure et demie, mais elle a continué partout où nous n’étions pas. Je ne suis pas sûr que les internationaux ont plus de pouvoir désormais, mais les Palestiniens (aucun d’entre eux ne sait qui nous sommes ou ce que nous faisons) semblent heureux que quelqu’un s’intéresse à ce qui leur arrive. Au milieu des fusillades et des jets de pierres, des gosses peuvent courir vers nous en criant «Comment t’appelles-tu ? D’où viens-tu ?» Les cours d’anglais commencent à 5 heures- éducation sous occupation.



Peu après notre arrivée, un garçon de douze ans a été touché au bras et amené par ses camarades dans une clinique proche, qui attendait portes ouvertes à deux pâtés de maisons du lieu des heurts.

Les gosses ont monté de nombreuses barricades bien que seulement une (un pneu de tracteur enflammé) a semblé arrêter les Israéliens pendant quelques temps. Les tanks ont écrasé au moins deux véhicules civils.


En plus des destructions dans la rue et des combats avec les gosses, les soldats ont réquisitionné 4 maisons pour les utiliser comme base pour leurs opérations. Ils ont enfoncé les portes et détruit les fenêtres dans deux d’entre elles. Dans les quatre maisons, ils ont pris les familles qui y habitaient et les ont enfermées dans une pièce, sans nourriture, ni eau, ni salle de bains. Dans la plus grande des maisons, cela veut dire 50-60 personnes dans une petite pièce, sans salle de bains.


Mardi soir, Liv et moi avons essayé de livrer de la nourriture dans une des maisons qui était occupée. D'abord, les soldats nous ont dits que nous devions partir. Mais, ensuite, l’un d’eux nous a dit que nous pouvions laisser la nourriture sur les escaliers et qu’ils la prendraient plus tard. La famille nous a raconté après qu’ils ont eu la nourriture 3 heures plus tard.


Plus tard dans la nuit nous avons essayé d’aller dans une autre maison occupée où une famille était retenue. La grand-mère avait besoin de médicaments et le Croissant Rouge (l’équivalent de la Croix Rouge) nous a conduit devant la maison. Une ambulance israélienne était garée devant la maison, et ils ne nous ont pas autorisés à passer ou à amener de la nourriture, ni même le petit paquet de médicaments pour la famille. Les soldats ne nous parlèrent pas anglais mais leur comportement voulait dire « retournez à la voiture et allez-vous en maintenant »


Le médecin avec lequel nous étions nous a dit qu’ils lui avaient dit en arabe que s’ils voyaient encore sa figure ils «le baiseraient».


Le plus fou à ce propos est que ces familles étaient retenues en otage. Les soldats auraient pu les laisser partir, au moins les vieillards, les femmes et les enfants. Ils ne l’ont pas fait. Au contraire (dans un cas) ils ont dit au père de famille que s’ils faisaient un bruit ils mettraient dehors le plus jeune des enfants - une menace. Aucune des maisons n’avait un homme «recherché» à l’intérieur.


Mercredi, un garçon de 14 ans (Samir) a été touché au côté et au bras.
J’ai aperçu le garçon alors qu’il était porté au petit cabinet médical ici et ses amis restèrent en cercle autour du sang qu’il avait laissé sur le trottoir. Nous avons appris que le garçon n’avait pas été touché par un soldat effrayé ou furieux dans un des véhicules circulants mais par un «sniper» à partir d’une des maisons occupées, plusieurs pâtés de maisons plus loin. Le garçon n’a pas été tué et 30 minutes plus tard ses amis étaient revenus dans la rue avec des pierres à la main.


Un autre garçon (Mahmoud) a été touché à la cheville droite mercredi dernier. Un des internationaux a vu lorsqu’il a été touché et a aidé à panser sa blessure en attendant que l’ambulance arrive.


La nuit dernière nous sommes restés dans une des maisons qui avait été pillées et fouillées. Les tanks, jeeps, APC et humwee sont sortis de la ville au coucher du soleil, grondant et traînant, juste au moment où les familles de Yamoun étaient assises pour le repas du soir à la rupture du jeûne.
Les maisons qui ont été occupées et fouillées ont été dévastées-les meubles renversés, éventrés, les portes enfoncées, les vitres cassées. Souvent (pas toujours) les œuvres d’art coraniques ont été détruites.
Imaginez la réaction de votre grand-mère si sa crèche avait été profanée ou sa torah souillée.


Ce matin nous avons marché en centre ville pour trouver un taxi service afin de rentrer à Jenine. La pluie s’est arrêtée et a laissé la place à un chaud soleil méditerranéen.
Tous les enfants étaient à nouveau dans les rues, allant à l’école, souriant, riant, continuant comme si rien ne s’était passé.
Dans les maisons occupées, les familles étaient affairées à effacer les traces de bottes sur le sol et dans les rues et les ruelles des hommes âgés étaient déjà en train de balayer les décombres laissés par les chars.

Ils ne savaient pas pourquoi les soldats sont venus à Yamoun.
Ils ont arrêté 7 jeunes hommes mais personne ne sait pourquoi.

Ils ne savent pas non plus quand ils reviendront, les jeunes hommes ou les soldats.

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MAP

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