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Palestine - 30 novembre 2012
Par Khaled Amayreh
Ahmed Khalil al-Jabari était considéré comme le commandant en chef de facto de l'aile militaire du mouvement Hamas, les Brigades Ezzeddin Al-Qassam. L'armée israélienne d'occupation et l'agence de renseignement du Shin Bet ont toujours cherché le moment opportun pour l'assassiner. Israël considère tout Palestinien opposé à l'occupation de la Palestine - actif ou non - comme un « terroriste » devant être liquidé.
Ahmed al-Jabari, ici avec Khaled Meshaal (à g.)
En 2004, al-Jabari fut la cible d’une tentative d’assassinat par l’armée Israélienne pour son rôle dans la résistance. Lors de cette tentative, son fils aîné, Mohamed, son frère et trois de ses cousins ont été sauvagement assassinés par la frappe aérienne.
À de nombreuses occasions, Israël n’a pas hésité à liquider les familles au complet des militants de la résistance palestinienne, bien que ces familles aient été dans la très forte majorité des cas, peu ou pas du tout impliquées dans des actes de résistance.
Un exemple de ce modus operandi meurtrier fut l’assassinat du militant du Hamas, Nezar Rayan, et de toute sa famille pendant l’agression israélienne de l’hiver 2008-09 sur la Bande de Gaza, qui a tué plus de 1400 personnes et en a blessé plusieurs milliers, en très grande partie des civils innocents.
Al-Jabari, originaire de Hébron [en Cisjordanie occupée], a joué un rôle clé dans la prise de contrôle par le Hamas de la Bande de Gaza à l’été 2007. Ceux qui ont milité avec lui parlaient de ses « capacités organisationnelles uniques, ses précautions méticuleuses en matière de sécurité » et de « son abnégation ». Par ailleurs, en tant que commandant de l’aile militaire du Hamas, al-Jabari a pu développer qualitativement et qualitativement, la capacité militaire du mouvement.
En plus de son rôle important dans la résistance contre l’occupation israélienne, al-Jabari a joué un rôle politique significatif aux niveaux les plus élevés du Hamas. Il était largement considéré comme le représentant d’une nouvelle génération de dirigeants islamiques après les meurtres par Israël de dirigeants politiques et de la résistance aussi emblématiques que Cheikh Ahmed Yassin, Abdel-Aziz Rantissi, Ibrahim Makadma et Yehia Ayash.
Abu Mohamed (son nom de guerre) a commencé son activité militante au Fatah, le principal courant de l’Organisation de Libération de Palestine [OLP] alors dirigé par le défunt dirigeant palestinien Yasser Arafat. En 1982, il a été kidnappé par les autorités israéliennes d’occupation et emprisonné pour 13 longues années.
À sa libération, al-Jabari intégra le Hamas, car il trouvait le Fatah trop laïque ou trop compromis (il a quitté cette organisation après la signature des Accords d’Oslo). En 2009, il déclara que la « Palestine ne pourra être libérée que par de véritables musulmans. »
« La Palestine est en premier lieu une question islamique. C’est par le Jihad, contre cet État israélien criminel, que les musulmans reprendront la Palestine des mains des envahisseurs juifs. » Il se référait également à Israël comme à « phénomène transitoire et artificiel qui disparaîtra tôt ou tard. Nous devons voir Israël de la même façon que Salaheddin al-Ayoubi [Saladin, un grand général musulman et kurde] a contemplé les Croisés. »
En 1998, al-Jabari fut arrêté et, semble-t-il, torturé par les services de sécurité d’Arafat sur le soupçon d’avoir attaqué un autobus israélien transportant des colons juifs. Il fut libéré un an après. C’est vraisemblablement en souvenir de ces mauvais traitements qu’il a joué un rôle si décisif dans la prise de contrôle de la Bande de Gaza par le Hamas, et l’expulsion des milices de l’OLP de l’enclave côtière.
En 2002, il remplaça Mohamed Dheif comme commandant des Brigades’Ezzeddin al-Qassam. Dheif avait été sérieusement blessé dans une tentative d’assassinat par l’armée israélienne. Selon des officiels du Hamas, l’aile militaire du Hamas devint sous la direction de al-Jabari, plus professionnelle, plus disciplinée et plus puissante.
L’affaire Shalit
Ahmed Al-Jabari (à g.) escorte le soldat Shalit du côté égyptien du terminal de Rafah, le 18.10.2011 (photo REUTERS)
On se souviendra en particulier de al-Jabari pour son rôle central dans la supervision de la capture et les négociations de la libération du soldat israélien Gilad Shalit, emprisonné par les combattants de la résistance palestinienne en 2006 après une embuscade à la frontière entre la Bande de Gaza et Israël. Deux autres soldats israéliens avaient été tués dans l’incident.
Par la suite, les services du renseignement israélien se sont acharnés à localiser et à secourir Shalit, en vain. Le fait que ces efforts aient échoué est à mettre au crédit de al-Jabari, qui n’a permis qu’à très peu de personnes d’entrer en contact avec lui. Beaucoup de gens pensent qu’Israël a en partie mené son assaut tout azimut contre Gaza en 2008 pour sauver le soldat capturé.
Al-Jabari a veillé à ce que Shalit soit bien traité, malgré les tentatives israéliennes répétées de l’assassiner, lui et sa famille.
Pendant l’attaque israélienne de 2008-2009, la maison de al-Jabari a été détruite par un missile israélien.
En 2011, lorsque l’accord d’échange de prisonniers avec Israël a été conclu, al-Jabari a personnellement escorté Shalit jusqu’au passage de Rafah avec l’Égypte, lors d’une apparition publique rare. On le disait très prudent sur sa sécurité personnelle, il ne prenait aucun risque. De plus, il apparaissait peu en public et ne portait pas de téléphone portable.
Le Shit Bet a néanmoins fini par identifier une des voitures qu’il utilisait grâce à un indicateur local qui a plus tard été identifié et tué.
Le 14 novembre, al-Jabari a été assassiné alors qu’il roulait le long de la rue Omar al-Mokhtar, une des principales artères de Gaza-ville (vidéo ci-dessus). En maintes occasions, il avait dit que son vœu le plus cher était de mourir en martyr et d’être accepté par le Tout-Puissant. Selon le Coran, ceux qui sont tués en combattant l’oppression et l’injustice ne meurent pas, mais restent vivants au paradis.
« Ne pense pas que ceux qui ont été tués dans le sentier d’Allah, soient morts. Au contraire, ils sont vivants, auprès de leur Seigneur, bien pourvus, et joyeux de la faveur qu’Allah leur a accordée, et ravis que ceux qui sont restés derrière eux et ne les ont pas encore rejoints, ne connaîtront aucune crainte et ne seront point affligés. » (S.3-v 169-170)
Ahmed al-Jabari a été inhumé le 15 novembre, et des milliers de personnes ont assisté à ses funérailles. Il repose au cimetière Sheikh Radwan, où sont enterrés de nombreux martyrs palestiniens.
Les funérailles d'Ahmed al-Jabari à Gaza (Hatem Moussa/AP)
Source : Al-Qassam
Traduction : MR pour ISM / CZ pour Info-Palestine
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Résistances
Khaled Amayreh
30 novembre 2012