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Afrique du Sud -

Amandla Ngawethu ! Comparaison entre l’Afrique du Sud et la Palestine

Par

Article co-écrit par Adri Nieuwhof, Jeff Handmaker et Bangani Ngeleza. Adri Nieuwhof et Jeff Handmaker sont avocats pour les droits de l’homme en Hollande. Bangani Ngeleza est conseiller en Afrique du Sud. Article paru sur Electronic Intifada le 8 février 2005

Le 28 décembre 2004, Electronic Intifada a publié un article : "Le boycott pour résister : la dimension morale", d’Omar Barghouti.
Même si Barghouti dit que la situation en Palestine "n’est pas identique à celle de l’Afrique du Sud ; que c’est plus complexe, plus multi dimensionnel et même plus sinistre, sous certains aspects". Il reconnaît aussi "qu’il y a plus qu’un air de famille entre Israël et l’Afrique du Sud et que ça autorise à chercher le même style de remèdes qu’en Afrique du Sud".

De plus Barghouti réfléchit aux "insurmontables obstacles" qu’ont rencontrés les Sud-Africains dans leur combat contre l’apartheid ;
Enfin, Barghouti dit que "la classe militariste" d’Israël pourrait s’affaiblir, si elle était systématiquement contestée, exactement comme en Afrique du Sud.

L’archevêque Desmond Tutu a déclaré en 1989, quand l’apartheid étranglait encore le peuple d’Afrique du Sud : "Je suis un noir Sud-Africains, et il suffirait que je change les noms, pour décrire ce qui a lieu à Gaza et en Cisjordanie comme les évènements d’ Afrique du Sud".

Des années plus tard les Sud-Africains qui participaient à la lutte anti apartheid sont allés en visite dans les territoires occupés palestiniens. Ils ont remarqué que la situation en Palestine est à bien des égards encore pire que ce qu’ils ont affronté pendant leur lutte contre l’apartheid.


La comparaison entre l’Afrique du Sud et la Palestine/Israël est faite par ceux qui ont vécu l’oppression : déni des droits de l’homme les plus élémentaires, occupation par la force des territoires, marginalisation socio-économique systématique, assassinats ciblés, mépris de la loi (y compris de la loi internationale) confrontation avec les forces omniprésentes de la police et de l’armée, et on peut allonger la liste à l’envi.



L’apartheid est une séparation

L’apartheid en Afrique du Sud était distribué politiquement, légalement, économiquement et socialement selon des frontières raciales. On catégorisait les citoyens Sud-Africains en "Blancs", "Africains", "Indiens" et "de Couleur".

Les Sud-Africains "blancs" étaient les plus privilégiés et les Sud-Africains dits "Africains" les plus défavorisés. Les gens opprimés d’Afrique du Sud n’ont pas accepté cette division, ils ont préféré parler des Africains blancs et noirs, en utilisant "noirs" pour évoquer leur souffrance commune, et (ont partagé) une solidarité commune à tous les gens opprimés.

La politique du gouvernement d’apartheid avait plusieurs dimensions, toutes orientées autour de la signification littérale du mot « apartheid » - séparation. Ce qui se traduisait en zones de vie séparées réservées aux blancs, aux indiens, aux gens de couleur, et aux africains.

Les projets sociaux bien financés et les programmes pour nouveaux immigrants ont été conçus pour les Sud-Africains blancs, tandis qu’il y avait un vide quasi total et aucun service d’immigration pour les Sud-Africains noirs.

Des hôpitaux de niveaux mondial étaient ouverts pour les blancs y compris celui du Cap qui a fait la première transplantation cardiaque du monde ; en même temps, il n’y avait qu’un petit nombre d’hôpitaux crasseux pour les Sud-Africains noirs.

Il y avait de grandes cellules de prison pour les blancs qui, d’une manière générale, bénéficiaient de condamnations moins lourdes, alors que des cellules surpeuplées étaient réservées aux Sud-Africains noirs qui recevaient les condamnations les plus sévères pour le moindre crime.

Il y a même eu un moment où existaient des parlements différents pour les indiens et les communautés de couleur créés pour répondre à la demande pressante que soit donné à tous les Sud-Africains le droit de vote, mais même là, la communauté « africaine » était niée. Des « pays » séparés ont été créés pour les Africains mais n’ont été reconnus que par le ministère des Affaires Etrangères d’Afrique du Sud.

Ca s’est appelé "les bantoustans" ou par euphémisme "homeland" constitués de soi disant "homelands indépendants" (patries) (c’est-à-dire le Transkei et le Venda) et "les territoires autonomes" (Kwa-Zulu).
Au plus fort de l’apartheid, les Sud-Africains noirs n’occupaient que 13% de la terre, tandis que les Sud-Africains blancs occupaient le reste



Contrôle d’entrée et livret personnel

Les Sud-Africains noirs étaient obligés d’avoir un soit disant « livret personnel » (documents d’identité) qui servait à les contrôler dans leurs déplacements à l’intérieur de la soi disant « Afrique du Sud blanche », c’est-à-dire les zones extérieures aux homelands. Cette politique s’appelait "contrôle d’entrée".

Les livrets personnels servaient à séparer les gens selon leur race et par conséquent à assurer un accès discriminatoire aux service sociaux, comme les services de santé, l’éducation etc.

S’ils ne pouvaient produire le document les Sud-Africains noirs étaient harcelés, pouvaient être emprisonnées et expulsés. Peu de Sud-Africains noirs ont pu obteir un passeport Sud-Africains.
Les relations sexuelles entre races conduisaient à des poursuites criminelles et même à l’emprisonnement de ceux qui étaient visés par l’ainsi dénommée Immorality Act (Loi d’immoralité)

Ce ne sont que quelques uns des nombreux actes barbares de la politique raciste d’apartheid qui fournissait plus de raisons qu’il n’était besoin pour les luttes de revendication et pour la lutte armée, qui après des décennies de résistance, s’est finalement transformée en un mouvement anti-apartheid général et international. Il y avait un cri de ralliement dans le mouvement, c’était « Amandla Ngawethu » (Le pouvoir au peuple !)



Différence de traitement

Là où on peut légitimement faire des comparaisons avec la situation en Palestine, par exemple, c’est quand les gens étaient traités différemment, en fonction de distinctions arbitraires, les Sud-Africains blancs bénéficiaient de privilèges dont ne bénéficiaient pas les Sud-Africains noirs.

En même temps, des sanctions particulières étaient prises contre les mouvements et les activités des Sud-Africains noirs, alors que les Sud-Africains blancs étaient pratiquement exemptés de ces restrictions (sauf s’ils s’engageaient politiquement).

Si l’Afrique du Sud blanche pendant l’apartheid est comparable avec ce qu’est Israël aujourd’hui, la situation de l’Afrique du sud noire et des sud africains noirs pendant l’apartheid ressemble à celle que sont obligés de vivre aujourd’hui la plupart des Palestiniens en Israël, à celle de la Palestine occupée et des camps de réfugiés de la région.

C’est la dépossession massive de la terre et la situation disproportionnée qui ont été le fait et sont le fait des Sud-Africains noirs et des Palestiniens, renforcés par la politique et les initiatives destinés à détruire leur dignité, qui ont constitué le premier moteur des deux luttes de libération.



Tirer des leçons

Evidemment, il ne s’agit pas de dire qu’il n’y a pas de distinction significative à faire. La clef pour tirer des leçons pertinentes des mouvements de libération précédents, c’est de choisir la bonne perspective. La perspective de la plupart des Israéliens est fondamentalement différente de celle de la majorité des Palestiniens, comme la perspective des Sud-Africains blancs était fondamentalement différente de celle des Sud-Africains noirs pendant l’Apartheid.

La clef pour trouver un règlement politique réussi doit inclure la compréhension de la vraie nature de l’opposition et de se servir de cette compréhension pour jeter les bases d’ un compromis des deux côtés.

Comme Dennis Brutus, ancien militant anti apartheid et maintenant professeur aux Etats-Unis, l’a déclaré au Forum Social Européen à Londres en 2004 :
« Les différentes campagnes contre le régime d’apartheid ont contribué à créer un climat qui a éveillé la conscience internationale de la nature du système raciste et oppressif de l’apartheid, à soulever l’indignation générale, et à réclamer l’isolement international (du régime d’apartheid) .

Finalement, il peut être très utile de faire l’examen du travail des militants de l’époque qui ont cherché à mobiliser et à influencer le sentiment populaire pour la libération des peuples d’Afrique du Sud, et de beaucoup d’autres pays.

Beaucoup de cet examen/expérience est toujours disponible et peut être consulté. Evidemment, certains de ceux qui travaillent aujourd’hui pour la Palestine s’étaient auparavant engagés dans d’autres mouvement de solidarité .


Source : http://electronicintifada.net/v2/article3604.shtml

Traduction : CS pour ISM-France

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