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Ramallah -

Arafat déclare : “Nous nous sommes trompés, à Camp David

Par

Article paru dans Ha’Aretz (quotidien israélien) du 23 juin 2002 repris in Al-Quds Al-Arabi (quotidien arabe publié à Londres) du lundi 24 juin 2002

Rejetant toute responsabilité dans les attentats-suicides, et qualifiant Sharon de “partenaire” et Pérès de “feuille de vigne”, Arafat déclare : “Nous nous sommes trompés, à Camp David. C’est la “promenade” de Sharon à Al-Aqsa qui a mis le feu aux poudres”

Vraisemblablement, les sacs de sable entassés dans le bureau de Yasser Arafat et dans les couloirs de la Muqâta‘ah, les carcasses de voitures pilées (par les blindés israéliens) au milieu des gravats, les gardes armés, la petite cuisine misérable du Président, les livres scolaires des enfants palestiniens, les vues de la Muqâta‘ah à moitié en ruines : tout cela fera partie un jour ou l’autre des souvenirs idéalisés de la guerre d’indépendance palestinienne. En tous les cas, mercredi dernier, ce spectacle désolant ne suscitait pas un abattement particulier...


Il formait comme une sorte de décor surréaliste aux propos d’Arafat, parlant tranquillement d’ “un règlement basé sur des frontières ouvertes sur le modèle du Benelux (Belgique + Hollande + Luxembourg)”, suscitant de sérieux doutes quant à sa capacité de parvenir à un accord de cette nature... A la fin de l’interview, Arafat m’a dit que “le mot ‘fatigué’ n’était pas palestinien”, mais ses yeux se chargeaient de le démentir...


Arafat semblait très préoccupé par des rapports venus de Gaza, au sujet de manifestations de pauvres gens affamés. Là-bas, les marchands de légumes vendaient des pommes de terre gâtées en raison de leur longue stagnation dans l’attente que s’ouvre le barrage de Karni. Le sac de quinze kilos était à un shekel. Il était difficile de dire si Arafat semblait abattu, ou bien s’il prenait sur lui, contenant sa colère.

Son porte-parole de longue date, Nabil Abu Rudeïnéh, spécialiste ès-maîtrise du Président et le seul, de toute une armée d’assistants qu’il s’est chargé de fournir lui-même au “dîwân” (la “cour” d’Arafat, en quelque sorte...), s’est retrouvé, pour le coup, au chômage : Arafat a conservé son calme, contrairement à son habitude, et il a répondu très courtoisement à toutes mes tentatives pour le forcer à proférer ses nombreuses expressions incendiaires habituelles...


Arafat a gardé son calme, même après qu’on lui ait posé une question sur la réputation de menteur qui lui colle à la peau depuis quelque temps... Naguère, il aurait chassé tous les journalistes de la salle si l’un d’eux eût osé poser une question beaucoup moins iconoclaste...

Sa réponse aux nombreuses critiques à son sujet, venues d’Israël et de la Maison Blanche, fut de dire : “j’en ai l’habitude. Cela fait partie de l’escalade militaire. Ce qui importe, c’est l’application de la paix des braves en Terre sainte, pour nos enfants et pour l’avenir de tous les enfants de toute la région”.
Tout ce qu’il trouva à répliquer aux propos de Benjamin Ben Eliezer, pour lequel, “son rôle historique ayant pris fin, il devait laisser sa place” fut : “ce n’est pas Eliezer qui m’a élu, ce sont les enfants de mon peuple”.

Les diplomates chevronnés qui ont pu rendre visite à la Muqâta‘ah de Ramallah ces jours derniers ont constaté qu’Arafat en était arrivé au constat que le prix que Sharon lui extorquerait si le terrorisme se poursuivait serait en fin de compte plus élevé que celui qu’il devrait payer d’avance à Ahmad Yassin s’il voulait obtenir de lui qu’il les fasse cesser.

Mais seul celui qui n’a pas jeté un coup d’oeil au “bureau” de Tawfîq al-Tîrâwî peut prendre au sérieux l’exigence adressée à l’Autorité palestinienne qu’elle procède à l’arrestation des activistes du Hamâs et du Djihâd islamique.

Tawfîq al-Tîrâwî, qui porte encore aujourd’hui le titre respecté de “chef des services de renseignement en Cisjordanie ” est assis, au milieu de ce qui avait été jadis une prison et que les tanks de l’armée israélienne “de défense” ont transformé en un tas de gravats. Il accueille ses hôtes, assis à une table de camping en plastique, tandis que des geôliers au regard éteint sont étendus sur des matelas, dans les “cellules” ouvertes aux quatre vents de la prison détruite...


Le terrorisme : les kamikazes se suicident pour des allocations

Arafat rejette catégoriquement toute responsabilité tant dans le terrorisme que dans les souffrances de son peuple. Toute tentative pour lui arracher une déclaration là-dessus se heurte à un mur. Le président palestinien n’est pas disposé à reconnaître avoir fait preuve de tolérance à l’égard du Hamâs après Oslo.
Il affirme avoir ordonné personnellement l’assignation à résidence d’Ahmad Yassin, que Netanyahu avait libéré peu avant. Arafat rejette même toute responsabilité dans l’histoire du Karine A. (bateau chargé d’armes, arraisonné par Israël, ndt). Il promet de ramener la sécurité aux villes d’Israël à la seule condition qu’on lui donne le temps de réorganiser ses forces de sécurité et de mener à bien des réformes qui “battraient leur plein”, selon ses dires.


Le nouveau ministre palestinien de l’intérieur rentrait le même jour du Caire et d’Amman, à la suite d’une série de consultations avec des experts égyptiens et jordaniens en matière de sécurité.

Arafat montre de la main une pile de dossiers entassés à droite de son bureau : “Vous voyez ? Ce sont les projets de réformes que nous avons reçus et que nous commençons à mettre en pratique sur le terrain.”

Arafat déclare réprouver les attentats-suicides en termes très clairs, et approuver la pétition lancée par Sari Nuseïbéh et d’autres intellectuels, contre ce phénomène. Selon ses termes, il n’y a aucune différence, à ses yeux, entre civils israéliens et civils palestiniens. Les services de sécurité israéliens affirment détenir des preuves accablantes qu’il continue à encourager - voire, à financer - des attentats dirigés contre les colons et les soldats israéliens.


Akiva ElDar (- dans la suite du texte) :

- Pourquoi ne prenez pas de mesures concrètes contre ceux qui envoient des jeunes gens et des jeunes filles se suicider en tuant des civils israéliens ?

- Yasser Arafat : Nous avons arrêté Abdallâh al-Shâmî, chef du Djihâd islamique. Nous poursuivons ses partisans afin de s’assurer que nos ordres sont appliqués.

- Comment expliquez-vous ce phénomène, sans équivalent dans le monde ?

- Yasser Arafat : Je vais vous donner un exemple : dans les premiers jours, au cours de la phase “Gaza et Jéricho d’abord”, lorsque Rabin a été contraint, pour la première fois d’imposer le bouclage de Gaza, il m’a envoyé 15 millions de shekels.

La deuxième fois, il m’a envoyé dix millions, la troisième, douze millions. Je l’ai contacté, à l’époque, pour lui demander la raison pour laquelle il m’envoyait cet argent. Il m’a répondu que ces sommes étaient destinées à créer des emplois, car les gens se retourneraient contre lui - et contre moi - si nous étions incapables de leur procurer un travail. Aujourd’hui, il y avait une manifestation, à Gaza : c’était des gens en détresse.

Nous essayons de les aider, mais vous nous avez confisqué nos finances, et nous n’avons pas encore pu, à ce jour, verser aux employés leur salaire du mois de mai. Cette situation pousse les jeunes au suicide afin que leurs familles vivent bien grâce à l’argent que leur envoient toutes sortes d’organisations extrémistes. Ces gens-là ont versé 30 000 dollars à deux familles de Jénine.

Par ailleurs, les humiliations et les vexations délibérées (des soldats israéliens) aux barrages militaires contribuent à ce phénomène.
Est-il admissible que des femmes soient obligées d’accoucher devant des barrages militaires, que des femmes soient contraintes de soulever leurs vêtements afin de montrer qu’elles ne transportent pas d’armes ?

- Comment expliquez-vous les grandes quantités d’armes trouvées chez vous par l’armée (“de défense”) israélienne ?

- Yasser Arafat : Dans cette région, il y a des armes partout. Toutes les portes sont ouvertes et l’anarchie règne. Vous pouvez achetez toutes les armes que vous voulez, en Egypte ou en Jordanie, et même en Israël...

- Et qu’en est-il du Karine A. ?

- Yasser Arafat : Nous n’avons rien à voir avec cette affaire. J’ai proposé à Afi Dechter de participer à l’enquête. J’ai proposé la même chose également aux Américains, aux Européens, aux Russes et à l’ONU.

- Continuez-vous à affirmer que ces armes étaient destinées au Hezbollah ?

- Yasser Arafat : Je n’en suis pas certain. Mais cela semble être le cas. Qu’irions-nous louer un bateau ? Nous avons beaucoup de bateaux, nous, les Palestiniens : vous en avez même fait exploser un, dans le port de Gaza. Nous avons encore, à ce jour, beaucoup de bateaux, dans différents mouillages.



Les négociations : le modèle du Bénélux

Comme on devait s’y attendre, les réactions des services (israéliens) de sécurité au résumé de l’interview publié dans le Ha’Aretz de vendredi dernier consistaient à dire qu’Arafat était prêt désormais à dire n’importe quoi afin de ne pas tomber dans le gouffre qui s’ouvrirait désormais à ses pieds.

Les médias israéliens, de leur côté, n’ont pas apporté grande attention à un rapport du “Washington Post” disant que Nabîl Sha‘th avait été envoyé auprès de l’administration américaine pour lui exposer un plan de paix (palestinien).

Ce plan comportait la création d’un Etat palestinien dans deux ans, le remplacement du droit au retour des réfugiés palestiniens par une formule plus obscure, laquelle affirmait la nécessité d’un règlement de cette question, ainsi que l’acceptation de modifications frontalières, dans les territoires et à l’est de Jérusalem.

Arafat affirmera, au cours de cette rencontre, avoir envoyé Sha‘th afin qu’il transmette à Washington un plan qui mentionne les propositions Clinton, dans une large mesure, tournant autour de la question du droit au retour.


Une des expressions favorites d’Arafat, en anglais est : “Why not ?” (“Pourquoi pas ?”) Lorsqu’il l’emploie, il est impossible de savoir s’il veut dire : “oui”, “non” ou “peut-être”...

Jeudi dernier, il n’a pas rejeté carrément - ni approuvé ouvertement - l’idée d’un Etat palestinien provisoire, lancée par l’administration américaine. Il a simplement déclaré qu’il devait obtenir des informations complémentaires de la part de l’administration américaine et étudier la question.

De même, sa position sur le projet Pérès-Abû al-‘Alâ’, qui propose la reconnaissance d’un Etat palestinien aux frontières non définies, dans un premier temps, est restée dans le flou le plus total.


Arafat dit que les négociations autour de cette proposition sont en cours et que Sharon les a fait suspendre, allant jusqu’à prétendre que Pérès n’avait pas été mandaté pour proposer ce plan. La solution préférée d’Arafat consiste en une fédération d’Etats sur le modèle du Bénélux, qui réunirait Israël, la Palestine, le Liban et la Jordanie.


Cette hypothèse n’est pas une utopie, selon lui. Il rappelle que l’accord de paix auquel était parvenu Sadate avait été entouré, au départ, du plus grand scepticisme, et que très rares étaient ceux qui étaient convaincus, avant la signature d’Oslo, qu’il serait possible de parvenir à un accord entre Israël et l’OLP.

Aujourd’hui encore, Arafat est convaincu qu’un accord politique sera trouvé à la crise actuelle, tôt ou tard. “Seul le retour au processus politique peut mettre un terme à l’effusion de sang”, a déclaré Arafat, s’inspirant de l’appel de Bush “aux citoyens d’Israël et aux Palestinien”, leur disant : “trop, c’est trop”. (plus exactement : “assez, c’est assez”, ndt).

A Sadate, en revanche, il a emprunté l’expression “au nom de vos enfants et au nom de nos enfants, j’affirme : plus de guerre à partir d’aujourd’hui !”


Arafat conserve à Sharon son statut d’associé dans l’accord de paix : “A Wye (Plantation), il était présent en qualité de numéro deux, derrière Nétanyahu. Il a signé de sa main l’accord dont toute une partie n’a pas été appliquée. Sharon est le général qui a démantelé toutes les colonies du Sinaï... “. (Certes, mais est-ce pour expier cela qu’il construit des colonies à tour de bras en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ?)

Arafat : Citez-moi une seule colonie qui soit entièrement peuplée. La majorité d’entre elles sont peuplées seulement à 40 % de leur capacité...

Arafat refuse de renoncer aux services des Etats-Unis qui, jusqu’à présent, ont soigneusement évité comme la peste toute forme de contact avec lui. Il leur demande de se comporter en conformité avec la responsabilité qui leur incombe en tant qu’unique grande puissance. Il recommande également de rechercher l’assistance des “quatre” (Etats-Unis, ONU, Union européenne, Russie) et de reprendre des contacts directs avec Israël.

Il exprime son espoir de voir la reprise du processus politique amener le retrait de l’armée israélienne des territoires (palestiniens), ce qui lui permettrait de mettre en pratique son projet d’organiser des élections municipales et présidentielles, ainsi que législatives, en décembre 2002 ou en janvier 2003.


Le droit au retour : Vous en connaissez, vous, des réfugiés qui veulent revenir ?

- Etes-vous prêt à parvenir à un marché basé sur les propositions Clinton (les frontières de 1967, avec de légères modifications, les échanges de territoires, le partage de Jérusalem entre quartiers juifs et quartiers arabes, l’application du droit au retour mais seulement vers l’Etat palestinien) ?

- Yasser Arafat : Oui. Bien sûr, y compris les échanges territoriaux.

- Pouvez-vous dire au peuple israélien que vous convenez du fait que régler le problème des réfugiés ne doit pas porter atteinte à l’identité juive d’Israël, Etat juif ?

- Yasser Arafat : Et vous, dites- moi : les Palestiniens qui sont devenus syriens ou canadiens, ou président du gouvernement de Bélize (qui est d’origine palestinienne...) désirent-ils revenir ?

- Bon... (très drôle...). Mais il y a les réfugiés qui vivent au Liban, en Syrie, en Libye ?

- Arafat éclate de rire, puis demande : Les réfugiés qui vivent en Jordanie voudront-ils déménager chez nous ?
En ce qui concerne les réfugiés palestiniens au Liban, il est de mon devoir de les aider, même aujourd’hui, dans la situation où nous nous trouvons - très difficile, comme vous le savez.
J’ai proposé à Clinton, en présence de Barak, que nous traitions le problème des réfugiés du Liban en priorité.
Cette idée a été acceptée. Ils m’ont demandé quel était leur nombre. Je leur ai répondu qu’ils étaient au nombre de 480 000, à l’époque où j’étais moi-même au Liban.
Beaucoup d’entre eux ont émigré en Occident ou dans les pays scandinaves. On me dit qu’il ne sont plus que 200 000, aujourd’hui.

- Donc, votre vision de la solution au problème des réfugiés est que ceux-ci rentrent dans leur pays, c’est-à-dire dans l’Etat de Palestine qui sera créé dans la région ?

- Yasser Arafat : En partie. Une commission quadripartite (égypto-jordano-israélo-palestinienne) est parvenue à des propositions de solution très importantes. Certaines ont même été mises en oeuvre.


Camp David : quelle sorte d’indépendance ?

On sent à travers les réactions d’Arafat - c’est quasi-palpable - que ce n’est pas la première fois qu’il s’entend dire que Barak a convaincu beaucoup de gens, au sein de la gauche israélienne, qu’il avait refusé les “propositions généreuses d’Israël” à Camp David. Il a une question-réplique imparable, toute prête : “le contrôle par Israël de notre espace aérien et de nos postes-frontières avec l’Egypte et la Jordanie, c’est ça que vous appelez l’“indépendance” ?

J’ai dit aussi à Barak que j’étais d’accord pour que le Mur des Lamentations (plus précisément ce qui en apparaît, au-dessus du sol) reste sous souveraineté israélienne totale, ainsi que le quartier juif de Jérusalem (Hâret-al-Yahûd). Mais Barak a exigé la place située en contre-bas du Harâm-al-Sharîf (Esplanade des Mosquées).

Ce n’est pas moi qui ai soulevé ce problème, c’est pourquoi j’ai consulté la commission de Jérusalem, dépendant de la Ligue des Etats arabes, au Maroc, et je leur ai dit que je signerais si cela leur paraissait acceptable. (Dennis Ross, qui présidait la délégation américaine, prétend que Clinton aurait réussi à convaincre sur ce point les dirigeants arabes, mais que c’est lui, Arafat, qui aurait exigé d’eux qu’ils “retiennent (en quelque sorte) sa main”... pour qu’il ne puisse signer...


- Dans ce cas, comment expliquez-vous que Clinton ait fait retomber sur vous l’entière responsabilité de l’échec ?

- Yasser Arafat : Permettez-moi de vous renvoyer à ce que dit Robert Malley (l’un des conseillers de Clinton à Camp David, R. Malley a attribué à Barak la majorité des fautes qui ont conduit à l’échec des négociations, dans de nombreux articles publiés par la presse internationale). Malley sait tout, dans le détail, sur les rôles joués par Clinton et Barak.

- Mais il y a Dennis Ross, aussi, qui dit que vous êtes responsable de l’échec ?

- Yasser Arafat : Nabil Abu Rudeïnéh vole au secours d’Arafat : “C’est tout-à-fait compréhensible. Ross n’a abouti à absolument rien, en dix ans de travail en tant que coordonnateur du processus de paix. Voilà pourquoi il lance des accusations sans fondement contre nous.”

- Yasser Arafat : Il est très important de nous souvenir que le dernier accord signé l’a été à Taba et que Barak a tout arrêté, promettant de reprendre les discussions après les élections... (législatives en Israël. On sait ce qu’il en est advenu... ndt).

- Vous a-t-on dit que Barak prétend que les négociations de Taba n’avaient aucun sens et qu’elles avaient pour seul objectif de dévoiler votre vrai visage ?

- Yasser Arafat : Ah bon ? Alors, dans ce cas, comment peut-il déclarer accepter tout ce qui a été acquis, justement à Taba ? Les représentants européens et égyptiens affirment eux aussi que les deux parties étaient arrivées à des positions très voisines. Ce qui est arrivé, ensuite, a tout effacé.

- De nombreux Israéliens, peut-être même une majorité, sont convaincus que vous n’avez jamais voulu véritablement parvenir à un quelconque accord de paix, et que vous avez préparé d’avance l’Intifada, en vous servant de la “promenade” de Sharon sur l’esplanade (des mosquées) comme d’un prétexte ?

- Yasser Arafat : Abû al-‘Alâ’, Abû Mâzin, Sâ’ib ‘Uraïqât et moi-même nous sommes rendus chez Barak, à Kokhaf Ya’ir. Il y avait là Amnon Shahak, Shlomo Ben-Ami, Yossi Ginossar, Jile’ad Sher, Dani Yatom et Dani Abraham.
Devant tout le monde, j’ai exhorté Barak à empêcher Sharon de se rendre sur l’Esplanade des Mosquées. Je lui ai rappelé la déclaration de Moshé Dayan - son héros - sur le danger que représenterait potentiellement le fait que des Juifs viennent prier en ces lieux, et je lui ai demandé pourquoi Sharon n’avait pas effectué cette “visite” quand il était le numéro deux du gouvernement Netanyahou, pourquoi il n’avait pas “visité” l’Esplanade du temps de Begin, et pourquoi il le faisait justement maintenant ?

- Que pensez-vous de votre partenaire d’Oslo, qui participe aujourd’hui au gouvernement Sharon, et des autres Travaillistes qui contribuent à la politique actuelle ?

- Yasser Arafat : Ces gens-là ne constituent pas un pouvoir, tout au plus jouent-ils le rôle de feuilles de vigne (en arabe, l’expression est “feuilles de mûrier” (parfois - “de figuier”) ...ndt). Ils bloquent tout, juste au moment où nous devons nous dépêcher, tous autant que nous sommes, de nous activer afin de sauver la paix des braves que nous avons signée.

- Que risque-t-il de se passer, d’après vous, si cela s’avère impossible ?

- Yasser Arafat : Nous allons tous le payer cher. Il est inconcevable que quiconque puisse supposer que la force militaire réglera tous les problèmes. Voyez la guerre américaine au Vietnam : le conflit entre Vietnamiens et Américains a été réglé par les voies politiques après cinq années de négociations ininterrompues, à Paris...


Article paru dans le Point d'information Palestine
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