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Palestine - 28 janvier 2004
Par Silvia Cattori
Ce qui se passe en Palestine est bien plus terrible que ce que l’on s’imagine au-dehors, et qu’il est impossible de dénoncer par des images, car Israël veille à la sienne d’image : les soldats israéliens ont l’ordre de ne pas laisser les journalistes et les cameramen se tenir à proximité des lieux où ils commettent leurs atrocités. Donc ils les brutalisent, les forcent à partir en les menaçant de leur arme.
Je suis revenue de Palestine brisée. Non pas parce que je suis une âme faible, ou parce que - à l’aéroport Ben Gourion - les fonctionnaires de police israéliens m’ont fait l’ultime humiliation de me déposséder à jamais tout mon matériel de travail ; enregistreur professionnel Kudelsky, Machintoch, Leica ainsi que leur précieux contenu.
Je suis revenue brisée de ce que j’ai vu, de ce que j’ai compris de la tragédie dont j’ai été témoin : de la guerre d’extermination raciste qu’Israël mène contre des civils impuissants à se défendre, et que le monde se refuse à voir. Les Palestiniens sont en grand danger d’extermination.
Je crois que peu de gens ont pris la vraie mesure des horreurs auxquelles les soldats israéliens se livrent dans ces lieux de torture, dans ces prisons à ciel ouvert que sont Gaza, Naplouse, Balata, Jenin, Hébron, Tulkarem et dans tant d’autres villages - prisons qui partagent le même triste sort.
Ce qui se passe en Palestine est bien plus terrible que ce que l’on s’imagine au-dehors, et qu’il est impossible de dénoncer par des images, car Israël veille à la sienne d’image : les soldats israéliens ont l’ordre de ne pas laisser les journalistes et les cameramen se tenir à proximité des lieux où ils commettent leurs atrocités. Donc ils les brutalisent, les forcent à partir en les menaçant de leur arme.
C’est pourquoi, en revenant, j’éprouve de l’écoeurement quand j’entends ce que j’entends. Et ce soir, j’ai résolu de sortir de mon trou de silence pour le dire. J’entends, jour après jour, dans les divers médias, des personnages se livrer à des intimidations, proférer de menaces voilées, contre les défenseurs des Palestiniens.
Ces condamnations d’antisémitisme nous ne pouvons plus continuer de les supporter. Nous devons avoir le courage de nous rebeller avant que trop de mal soit fait.
Honte à tous ceux qui veulent faire dévier notre regard de ce qui se passe en vérité de gravissime en Palestine. Honte à ces hommes et ces femmes qui veulent continuer de jeter une couverture sur les crimes odieux perpétrés par l’Etat juif d’Israël. Au lieu de le condamner, au lieu de se distancer de sa politique génocidaire.
Qui a entendu les cris de douleur de ces membres de l’ISM qui depuis des mois accompagnent les Palestiniens dans la plus grande solitude, comme Kelly et Mika à Naplouse et Balata, ou Laura à Rafah, dont nous avons fait circuler les écrits, qui décrivent les horreurs dont ils ont été les fidèles témoins, au jour le jour ?
Quels sont les gouvernements qui finiront par comprendre que l’on ne peut laisser quelques volontaires internationaux défendre, seuls, de leurs mains nues, des millions de Palestiniens écrasés par les tanks et des hordes de soldats brutaux, on se le demande ?
Où sont les organisations humanitaires internationales qui possèdent véhicules tout terrains et grands moyens ? Hormis les équipes de secours palestiniennes, nous n’en avons vu aucune agir véritablement sur le terrain où l’armée israélienne opère et il y a urgence humanitaire.
Par bonheur il y a encore, de par le monde, quelques âmes nobles, toutes croyances et confessions confondues (chrétiens, musulmans, juifs) qui souffrent de cette situation épouvantable et cherchent à agir avant qu’il ne soit trop tard.
Voici ce que m’écrivait aujourd’hui Elias Davidson avec qui j’ai eu de longs entretiens, et qui a, lui, compris le système redoutable que l’armée israélienne a mis en place en Palestine :
"Je comprend l'urgence. Il faut absolument que les Palestiniens obtiennent une protection militaire contre le génocide que les Israéliens leur préparent. C'est urgent. Il faut alerter les gouvernements.
La ghettoïsation des Palestiniens est - comme avait été celle des Juifs – la première phase de l'extermination.
Car les sionistes - contrairement aux sud-africains - ne veulent pas exploiter la main d'oeuvre arabe, mais se débarrasser purement et simplement d'elle.
La politique sioniste est bien plus proche de celle des nazis que de celle qu’avait pratiquée la minorité blanche en Afrique du Sud… "
Nous devons faire intervenir les gouvernements pendant qu’il est encore temps.
Messieurs les ambassadeurs,
je vous prie de bien vouloir transmettre ce message, soit 4 pages, aux personnes mentionnées ci-dessous :
A l’attention de la Conseillère Fédérale Cheffe du DFAE
Madame Micheline Calmy-Rey
Copie au Président de la République française, M. Jacques Chirac
Copie au Président de l’Union européenne, M. Romano Prodi
Recevez mes salutations respectueuses
Silvia Cattori
A l’attention de la Conseillère Fédérale Cheffe du DFAE
Madame Micheline Calmy-Rey
Madame la Présidente,
La Suisse, en s’engageant dans l’initiative de paix, lancée par M. Keller, a apporté - j’en ai peur - plus de confusion et de peines que de solutions.
Mais ce n’est pas l’objet de mon message. Je m’adresse à votre autorité, à l’autorité de mon gouvernement qui, je sais, est pétri des meilleures intentions, pour apporter sa contribution à ce difficile conflit, vieux de cent ans.
Je me permets de vous adresser ici le texte, que j’ai rédigé hier pour
attirer l’attention du monde et des médias sur la gravité de la situation en Palestine.
Je demeure à votre disposition pour vous dire ce à quoi j’ai assisté durant le mois que j’ai passé à Naplouse et Balata en novembre et décembre.
En espérant, Madame la Présidente, que mon gouvernement puisse intervenir auprès de l’Etat d’Israël, afin qu’il cesse de persécuter les populations civiles en violations de toutes les lois internationales, je vous prie d’agréer, l’expression de ma considération distinguée
Silvia Cattori
Journaliste
Avenue Secrétan 29
1005 Lausanne
Tél 021 323 24 67
silviacattori@yahoo.it
Lausanne, le 29 janvier 2004
Copie au Président de la République française, M. Jacques Chirac
Copie au Président de l’Union européenne, M. Romano Prodi
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