Fermer

S'inscrire à la mailing list ISM-France

Recevez par email les titres des derniers articles publiés sur ISM-France.

Votre adresse courriel

Fermer

Envoyer cet article

Votre adresse courriel
Envoyer l'article à
Votre message
Je profite de l'occasion pour m'abonner à la newsletter ISM France.
ISM France - Archives 2001-2021

Imprimer cet article Envoyer cet article
Article lu 1827 fois

Palestine -

Une heure avant l’aurore

Par

Tous les checkpoints israéliens sont situés en terre palestinienne ­ sous occupation militaire depuis 1967 ­ et des incidents comme celui dont j’ai été témoin sont la preuve courante de ce racisme qui infecte les forces armées israéliennes.
Le débraillé délibéré des soldats dans leurs relations avec les Palestiniens des territoires occupées sont une preuve supplémentaire de leur état d’esprit.

Une heure avant l’aurore


Un soldat israélien empêche des Palestiniens de traverser un checkpoint à Wadi Al-Nar (« La Vallée du Feu »), la seule route que les Palestiniens peuvent emprunter pour aller du Nord au Sud de la Cisjordanie . (Musa Al-Shaer)

En revenant à Jérusalem hier un soldat israélien du checkpoint de Bethléem a jeté un oeil sur mon passeport et marmonné :

«Votre visite vous a plu ?»

«Oui» ai-je répondu.

«Bon» a-t-il dit en pointant un doigt vers la ville «ça pue là-bas. Je le sens tous les jours».

Déconcerté, je lui ai demandé «Qu¹est-ce que vous voulez dire ?»

Il s¹est contenté de répéter son commentaire et m¹a fait signe de passer ;


Le jour précédent, au check point d' al-Hamra, au sud de Jénine, je regardais un soldat ordonner aux gens de sortir de leurs voitures. Il était 7 h du matin, et les pentes des collines, au bas des flancs de la vallée, étaient baignées de la douce lumière de l’aurore.


Le chant des oiseaux passait d’arbre en arbre, le fond de la vallée était luxuriant et vert, et le ciel d’un bleu immaculé. Une longue file de voitures emmenant des Palestiniens au travail s’était déjà formée et le soldat allait et venait en se pavanant à la manière de Charlot, avec un fusil ridiculement grand par rapport à sa petite taille.

Hurlant des ordres aux voyageurs ­ y compris le personnel local des Nations Unies ­ leur enjoignant de se mettre en rang en face de lui, le soldat les harangua en pointant continuellement son doigt dans leur direction.
Ce qu¹il voulait, c’était humilier et ce truc continua jusqu’à ce que les signes de soumission attendus soient bien visibles. Alors seulement les passagers furent autorisés à continuer leur chemin. La comédie prit des heures et n’apporta rien à la sécurité d’Israël. Mais justement, la sécurité, ce n'est pas ce qui préoccupe les soldats.

Tous les checkpoints israéliens sont situés en terre palestinienne ­ sous occupation militaire depuis 1967 ­ et des incidents comme celui dont j’ai été témoin sont la preuve courante de ce racisme qui infecte les forces armées israéliennes.

Le débraillé délibéré des soldats dans leurs relations avec les Palestiniens des territoires occupées sont une preuve supplémentaire de leur état d’esprit. ­
Une jeune soldate fait des bulles avec son chewing gum en questionnant les Palestiniens debout devant elle, ses homologue masculins avec leur barbe de trois jours s'empiffrent de nourriture en faisant la même chose, d’autres boivent du café et renvoient nonchalamment la fumée de leur cigarette tout en hurlant.

Tout cela est une abomination pour les Palestiniens pour qui, une conduite digne et tolérante en public est d’une importance capitale. Les femmes palestiniennes, en foulard et toutes propres, ne mangent pas, ne boivent pas, et ne fument pas en public.

Les hommes palestiniens, généralement bien élevés et cultivés, sont habillés aussi bien que les difficiles circonstances le leur permettent. Or, la conduite des soldats destinée à amoindrir et à humilier, ne se limite pas à l’armée. La police des frontières et la police de la route agissent de la même manière.

Récemment, les Israéliens se sont plaints de percevoir en Europe une montée de l’antisémitisme. Ils feraient bien de regarder de plus près leurs propres institutions qui appellent au racisme et d' être attentifs, quand les soldats ont terminé leur période militaire, à ce que ils ne retournent dans leurs communautés en emportant avec eux ces comportements empoisonnés.

Une belle carrière militaire en Israël, c’est un tremplin pour réussir dans l’arène politique et il n’est pas déraisonnable de supposer que les ex-soldats emportent avec eux leurs préjugés quand ils entrent à la Knesset.
En cela réside, peut-être une partie de l’explication du mur de l¹apartheid, qui apparaît maintenant à bien des politiciens comme une faute terrible.

Peut-être cette idée n’aurait pas pris racine si ceux qui l’ont portée n’avaient pas été conditionnés pendant leurs années de formation sous l’uniforme, et peut-être cela explique-t-il pourquoi le grand public en Israël n’arrive pas à s’opposer en plus grand nombre à ce projet.

Si on n’enseignait pas que les Palestiniens sont des êtres humains de seconde ou de troisième classe, le concept n’aurait-il pas été plus sérieusement étudié ?

Aurait-t-on trouvé acceptable d’incarcérer les Palestiniens dans le plus grand ghetto au monde, de les parquer derrière cinq cent kilomètres de béton et de fils barbelés avec de vastes no man’s lands interdits des deux côtés du mur qui passe à travers les quartiers et privent les villageois de leurs champs et de l’eau, et prive toutes les communautés palestiniennes de leurs écoles et de leurs hôpitaux ?

Il est évident que le gouvernement d’Ariel Sharon n’a pas prévu toutes les retombées négatives du mur d’apartheid.. Et les retombées pourraient être dures.

Les miradors, les emplacements des mitrailleuses, les blocs de béton de neuf mètres de haut donnent une impression désagréable et ne sont pas des images que les campagnes de public relations peuvent facilement atténuer.

De plus, il est probable que les bénéfices du mythe tant développé de la sécurité pourrait rapidement en prendre un coup. Avec la tension qui s’amplifie et le grand nombre de colons israéliens qui refusent de partir et continuent d’habiter à l’intérieur du périmètre du mur, la violence continuera.
Que la violence explose sur le versant israélien du mur n’est qu’une question de «Quand», pas de «Si».

Cet espace de temps est pour les Palestiniens l’équivalent de l’heure qui précède l’aurore - leur heure la plus sombre. C’est aussi le moment où l’Etat Juif lui-même est en péril. Israël a très peu envie de se retirer derrière ses frontières de 1967 et semble vouloir terminer le mur sans délai.

Si c’était vraiment le cas, les Palestiniens pourraient décider d’abandonner leur aspirations d’un Etat binational et co-opter les sentiments anti-sionistes éveillés par les images de leur désespoir montrées à la télévision et faire grandir une campagne du type anti-apartheid en faveur d’un seul Etat incorporant Juifs et Palestiniens du Jourdain jusqu’à la mer méditerranée.

Israël aurait du mal à contrer cette campagne, surtout si elle s’accompagnait de revendications pour la démocratie. Une voix, un vote, c’est après tout le mantra messianique du président Bush.

Les tendances démographiques actuelles indiquent que dans dix ans les Palestiniens seront devenus une majorité dans un Etat unique.. Et qu’y aurait-il comme mal à ça ? Je dois encore rencontrer un Palestinien qui refuse d’accepter de vivre avec des Juifs sur un pied d’égalité, en partageant les ressources et le vaste potentiel de la terre Sainte.

Il est sûr qu’un tel arrangement est préférable à cette folie qui se répand actuellement. Seul le concept colonial du Sionisme transforme cette perspective..

Source : http://electronicintifada.net/

Traduction : CS

Faire un don

Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.

Oui ! Je soutiens ISM-France.


Contacter ISM France

contact@ism-france.org

Suivre ISM France

S'abonner à ISMFRANCE sur Twitter RSS

Avertissement

L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.

Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.

D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.

A lire également...
Même lieu

Palestine

Même sujet

Checkpoints

Même auteur

Nick Pretzlick

Même date

28 janvier 2004