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Israël - 2 septembre 2004
Par Amira Hass
Les officiers des Forces de Défense Israélienne furent parmi les premiers à comprendre le danger moral qu’entraîne les checkpoints, bien avant que le grand public en Israel ait été disposé à entendre parler du comportement grossier ou même abusif de la part des soldats.
C'est pourquoi les officiers ont décidé de proposer des séminaires sur la façon de se comporter aux checkpoints. Ceux qui préfèrent se bercer dans l’illusion qu'un check point peut être humain, ignorent son rôle dans le maintien de l'entreprise de colonisation.
Les officiers des Forces de Défense Israélienne furent parmi les premiers à comprendre le danger moral qu’entraîne les checkpoints, bien avant que le grand public en Israël ait été disposé à entendre parler du comportement grossier ou même abusif de la part des soldats.
Ceux qui étaient sur place ont signalé qu'il y avait des exemples de prétendus contrôles qui prenaient des heures, des menaces, de brutalité envers les femmes, des gifles au visage, de confiscation de livres et de CD, des grenades de gaz jetées dans les voitures qui attendent, des pneus crevés, des vitres des voitures brisées et des tirs d'intimidation et de dissuasion.
Ce type de comportement n'est pas nécessaire du point de vue de la sécurité; au contraire, il alimente seulement le sentiment de vengeance qu’ont les Palestiniens.
C'est pourquoi les officiers ont décidé de proposer des séminaires sur la façon de se comporter aux checkpoints.
Ils félicitent même le travail des femmes qui participent à "Machtsom Watch."
Mais en conséquence, ils se leurrent en pensant que s'il y avait une éducation correcte, il serait possible de rendre les checkpoints humains.
C'est le même type d'illusion que soutenait ceux qui, dans les années 70, pensaient que les colonies installées dans les territoires l’étaient pour la sécurité.
Ceux-là se trompent aujourd'hui, comme pour oublier que les checkpoints ne sont pas situés sur la frontière d'un état souverain, mais plutôt profondément dans le Territoire Occupé de la Cisjordanie .
Combien de main d'oeuvre militaire - qui pourrait protéger l'arrière-pays civil bien mieux que la frontière réelle – faut-il pour ces barrages routiers ?
Ceux qui préfèrent se bercer de l’illusion qu'un check point peut être humain, ignorent son rôle dans le maintien de l'entreprise de colonisation.
Il y a des checkpoints où les soldats sont particulièrement polis, par exemple à Beit El.
C'est là où les diplomates et les divers dignitaires palestiniens, les équipes d'ambulances et les journalistes, passent dans leurs véhicules. Les retards y sont relativement rares.
Peut-être, est-ce la vue des voitures bien astiquées et des pass diplomatiques qui réveillent des sentiments de respect de la part des soldats, à la différence du sentiment généré face à une foule de personnes en sueur, indisciplinées et couvertes de poussière.
Ce checkpoint – à travers lequel les Palestiniens "normaux" comme les milliers d’habitants des villages voisins ne peuvent pas passer - est censé assurer le bien-être des colons de Beit El, d’Ofra et de Psagot et les avant-postes de Givat Assaf et de Migron.
Il permet également d’assurer la capacité aux bureaux du gouvernement de continuer l’expansion des colonies afin de créer une contiguité territoriale Juive en Cisjordanie . C'est la fonction de tous les checkpoint situés profondément à l'intérieur de la Cisjordanie .
D'un autre côté, Qalandia est un barrage routier conçu pour ancrer, dans la perception des gens et sur le terrain, l'annexation à Israël d’une zone importante à l'est de la Ligne Verte.
Coincé entre A-Ram, une banlieue palestinienne fortement peuplée, les villages à l’ouest et le secteur de Ramallah, il créé deux Bantustans isolés.
D'autres barrages routiers d'annexation ont été installés à une certaine distance de la Ligne Verte - et deviennent inconsciemment une "Ligne de Frontière" -, par exemple, à l'est de la ville du Triangle de Taibe, au sud de Qalqilya au ""fruit junction", sur la route de Givat Ze'ev-Modi'in (le barrage routier d’Harbata) ou à Houssan (pour dessservir Upper Betar).
Les soldats peuvent étudier le comportement approprié dans des dizaines de séminaires, mais leur objectif ne changera pas : assurer aux Juifs un régime de droits excessifs : à la base, le droit exclusif aux Juifs de venir de Tel Aviv pour vivre en Cisjordanie alors que les Palestiniens ne sont pas autorisés à aller et habiter à Tel Aviv.
Afin de récuser les principes immoraux de cette réalité, les soldats doivent s’occuper des conventions, des explications et des excuses de la société israélienne.
C’est une tâche difficile depuis 50 ans, aussi pourquoi serait-elle possible à ceux qui sont nés 17 ans après l’occupation des territoires ?
Si les soldats devaient traiter comme des êtres humains égaux ceux qui passent par les barrages routiers, ils pourraient être obligés de se poser des questions sur leur propre activité.
Dans une société où être "fous de l'armée" est une expression positive, seule une poignée osent traduire les questions morales en refus qui entraine l'emprisonnement.
De nombreux autres évitent le service militaire de manière moins publique.
La majorité, jeunes et vieux, qui continue à servir aux barrages routiers, ne peut pas aider mais intériorise la psychologie de la supériorité d’un régime de droits excessifs.
En d'autres termes, ils considèrent que les milliers de Palestiniens qui passent ont moins de droits que les Juifs, c'est-à-dire, qu’ils sont inférieurs - et donc sujets à tous types de dégradation.
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Source : www.haaretz.com/
Traduction : MG pour ISM-France
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