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Cisjordanie occupée -

Coronavirus : Des travailleurs palestiniens sont prêts à repartir en Israël malgré les risques sanitaires

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02.05.2020 - Israël doit ouvrir ses frontières dimanche pour permettre à des milliers de travailleurs palestiniens des "secteurs essentiels" de retourner au travail.
La décision d'autoriser les travailleurs palestiniens à rentrer en Israël a déclenché une nouvelle série de contestation en Cisjordanie occupée, de nombreux citoyens palestiniens exprimant leur frustration face aux nouveaux risques sanitaires que les travailleurs pourraient poser en pleine épidémie de coronavirus.

Coronavirus : Des travailleurs palestiniens sont prêts à repartir en Israël malgré les risques sanitaires

Des travailleurs palestiniens rentrent chez eux par le checkpoint de Mitar à Hébron/al-Khalil, Cisjordanie occupée, le 25 mars 2020 (AFP)
Des milliers de travailleurs palestiniens se préparent à repartir en Israël quelques semaines seulement après avoir reçu l'ordre du gouvernement palestinien de Cisjordanie de rentrer pour protester contre le traitement "inhumain" des travailleurs.

"Quand j'ai entendu la nouvelle, j'ai été choqué et déçu", a déclaré Mohammed Abu Srour, un militant local de Bethléem, à Middle East Eye. "La dernière fois qu'ils ont laissé les travailleurs partir en Israël, ce fut un désastre énorme.

"Nous comprenons que les travailleurs souffrent financièrement et qu'ils doivent gagner de l'argent pour leurs familles", a-t-il déclaré. "Mais ils doivent prendre en considération la façon dont ils se mettent en danger, ainsi que leurs proches et le reste de la Palestine."

Selon les médias israéliens et palestiniens, le gouvernement israélien ouvrira ses frontières dimanche aux travailleurs palestiniens ayant un permis de travail israélien pour des secteurs "essentiels" tels que la construction.

Les travailleurs auraient un jour pour entrer en Israël. Ils devront ensuite rester pour le reste du mois.

Le plan ressemble étrangement aux initiatives déployées par Israël et l'Autorité palestinienne (AP) le mois dernier à la suite du confinement, qui a fini par prendre une tournure dramatique.

Au lieu de fournir aux travailleurs la nourriture et un logement adéquats pendant au moins deux mois, les autorités israéliennes et les employeurs privés ont commencé à jeter les travailleurs palestiniens qui présentaient des symptômes de Covid-19 aux postes de contrôle le long de la ligne verte, quelques jours seulement après leur entrée dans le pays.

À l'époque, la question a déclenché un débat national, de nombreux citoyens et groupes de défense des droits des Palestiniens critiquant à la fois Israël et l'AP pour leur incapacité à assurer la sécurité des travailleurs, et exprimant leur inquiétude pour le reste des citoyens palestiniens vivant en Cisjordanie , qui étaient soudainement exposés à des travailleurs potentiellement malades rentrant chez eux après avoir quitté Israël.

“Pas d’autre choix”

Alors que la date limite pour l'entrée des travailleurs en Israël se rapproche, les Palestiniens qui prévoient de traverser la frontière se préparent à entreprendre un voyage dont ils ne savent pas comment il se terminera.

Ali, qui a refusé de révéler son nom de famille pour des raisons de sécurité, est l'un de ces Palestiniens qui prévoient de faire le voyage.

Jeune palestinien d'une trentaine d'années, Ali s’occupe seul de sa mère veuve. Comme la plupart des habitants de sa ville natale de Bethléem, Ali dépendait de l'industrie du tourisme pour son travail, et lorsque la ville a été mise en quarantaine à cause de Covid-19, il a perdu son emploi.

"J'ai construit ma maison ces dernières années et j'ai beaucoup de paiements à faire", a déclaré Ali, ajoutant que tous ses chèques des deux derniers mois ont été refusés.

"Sans revenus et avec des paiements qui s'accumulent, j'ai plus de 10.000 shekels [2.600 €] de dettes", a-t-il déclaré. "Donc quand j'ai entendu parler de l'ouverture des frontières pour les travailleurs, j'ai su que je n'avais pas d'autre choix."

Bien qu'il ait été témoin des conditions auxquelles les travailleurs ont été soumis récemment, et qu'il ait de très faibles attentes vis-à-vis du gouvernement et des employeurs israéliens, Ali a déclaré qu'il allait aller jusqu'au bout de son projet.

"En tant que Palestinien, je n'ai jamais fait confiance au gouvernement israélien pour ma vie, donc bien sûr je ne leur fais pas confiance pour protéger mes droits ou ma santé", a-t-il déclaré. "Mais c'est la seule option que j'ai pour nous maintenir à flot, moi et ma famille".

Abu Srour a exprimé des sentiments similaires, disant "Je ne pense pas que cette fois-ci sera différente. Rien ne sera jamais différent avec Israël.

"Ils se fichent des travailleurs palestiniens ou de leurs droits. Ils veulent juste protéger leur économie et leurs entreprises", a-t-il déclaré, ajoutant que la violation des droits des travailleurs était une pratique courante en Israël, même avant la pandémie de coronavirus.

"Israël se moque des droits des Palestiniens. Des travailleurs, des prisonniers, des enfants, de nos droits à la circulation et à la liberté, etc. Alors pourquoi commenceraient-ils soudainement maintenant à s’en préoccuper ?" a demandé Abu Srour.

Risques pour la santé

Au sein de la société palestinienne, à côté de la peur de ce qui arrivera aux travailleurs lorsqu'ils passeront en Israël, il y a la pensée de ce qui arrivera au reste de la population à leur retour.

Après le retour de milliers de travailleurs le mois dernier, le nombre de cas de coronavirus en Cisjordanie a explosé, des groupes signalant que la majorité des cas concernait soit les travailleurs eux-mêmes, soit des personnes qui étaient en contact avec eux.

L'Autorité palestinienne a indiqué en début de semaine qu'il y avait alors 495 patients palestiniens atteints de coronavirus en Cisjordanie , dans la bande de Gaza et à Jérusalem-Est sous administration israélienne, dont 295 dans la région de Jérusalem et 17 à Gaza. Des dizaines de personnes se sont également remises de la maladie, bien que certaines soient retombées malades, a déclaré lundi le Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh.

Le premier décès dû au coronavirus en Cisjordanie est celui d'une femme dont le fils est rentré récemment d'Israël où il travaillait.

Bien que l'Autorité palestinienne n'ait fait aucune déclaration officielle à ce sujet, le chef du bureau du travail palestinien à Bethléem, Ayman Odeh, a déclaré au MEE que l'AP avait bien un accord avec le gouvernement israélien et qu'elle aidait à coordonner le départ et le retour des travailleurs.

"Nous avons convenu avec le gouvernement israélien que l'entrée de chaque ouvrier qui travaille dans la construction et l'agriculture sera coordonnée avec les autorités israéliennes, jusqu'au moment et au lieu d'entrée", a déclaré Odeh.

Selon Odeh, l'accord prévoit également que les ouvriers soient testés par l'AP à leur retour, et que les ouvriers seront rappelés en Cisjordanie à temps pour la fête de l'Aïd qui marque la fin du Ramadan, prévue cette année le 22 mai.

La perspective du retour des ouvriers pour les vacances de l'Aïd n'a fait qu'accroître la peur des habitants de Cisjordanie .

"S'ils prévoient de ramener les travailleurs pour l'Aïd, ce sera un désastre", a déclaré M. Abu Srour, en faisant remarquer que rendre visite à sa famille est l'une des plus grandes traditions de cette fête.

"Nous espérons que les travailleurs pourront comprendre le risque qu'ils représentent pour la communauté", a déclaré M. Abu Srour. "Nous ne pouvons pas nous permettre de répéter ce qui s'est passé la dernière fois".


Source : Middle East Eye

Traduction : MR pour ISM

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