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Israël - 5 février 2004
Par The Economist
de l'édition imprimée de The Economist
Quelque soient ses motifs, Ariel Sharon pourrait-il ranimer le processus de paix moribond du Moyen-Orient avec son plan controversé de démanteler les colonies juives de la Bande de Gaza et des parties de celles de Cisjordanie ?
EST-IL devenu fou ?
Ce fut la réaction de quelques colons juifs de la Bande de Gaza suite à une proposition d’Ariel Sharon de démanteler la plupart des colonies de la Bande de Gaza et quelques-unes en Cisjordanie. De tous les politiciens israéliens, le Premier Ministre semble parmi ceux les moins probables de suggérer une telle retraite.
Photo : The Economist
L'ancien soldat, maintenant une personne grisonnante de 75 ans, a combattu durant la guerre de 1967 dans laquelle Israël a pris possession de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza.
Après être entré dans la politique dans les années 1970, il est devenu un leader du mouvement des colons qui a construit environ 140 avant-postes dans les territoires occupées et les a peuplé d’environ 200,000 Juifs.
La construction des colonies a continué rapidement depuis que M. Sharon est devenu Premier Ministre en 2001, menant les Palestiniens à douter de son engagement dans le processus de paix, la «Feuille de Route». Maintenant, non seulement il se prépare apparemment à abandonner une partie des Territoires Occupés, mais il a semblé cette semaine qu’il préparait un plan à plus long terme pour donner quelques morceaux d’Israël même, peuplés en majorité d’Arabes, en échange de colonies en Cisjordanie .
En Juin dernier, le Président George Bush a persuadé Mr Sharon et le Premier Ministre Palestinien d’alors, Mahmoud Abbas, de se serrer la main au sujet de la Feuille de Route, selon laquelle un Etat Palestinien indépendant ayant des frontières provisoires serait établi d’ici l’année prochaine.
Mais après plusieurs opérations de représailles et de contre-représailles – lors desquelles des civils israéliens ont été abattus par des kamikazes palestiniens et des civils palestiniens ont été tués dans des attaques israéliennes sur des groupes de militants – la Feuille de Route est en lambeaux.
Maintenant la question est si les propositions de M. Sharon sont seulement un stratagème cynique, comme certains de ses critiques le disent, ou une tentative véritable de ranimer le processus de paix.
Jusqu'à présent, le futur est plein de promesses.
Ahmed Qurei, le remplaçant de M. Abbas, a accueilli le retrait proposé de la Bande de Gaza, qui pourrait commencer dès cet été d’après les Israéliens.
Et, mercredi le 4 février, il a été dit que des préparatifs étaient en cours pour que les deux Premiers Ministres tiennent leur premier sommet.
M. Qurei avait refusé de rencontrer M. Sharon jusqu'à ce que Israël arrête de construire une barrière le long de certains endroits en Cisjordanie . Mais on dit maintenant qu'il est prêt à discuter - bien que sous pression de l'Amérique et de l'Egypte
Plus tard ce mois-ci, M. Sharon est attendu pour une visite à Washington DC, où il dit qu'il demandera à M. Bush son aide pour financer la re-localisation des colons. Vexés de la proposition, des membres de la coalition de droite de M. Sharon menacent de faire chuter son gouvernement en lui retirant leur support.
Lundi, après avoir révélé le plan sur les colonies, le Premier Ministre a réchappé d'un vote parlementaire de confiance à seulement 1 voix.
Cependant, mardi Shimon Peres, le leader du Parti Travailliste, le parti d'opposition principale, a dit qu'il était prêt à soutenir la proposition de M. Sharon.
Si des groupes d’extrême-droite quittaient le gouvernement, cela pourrait aider le Parti Travailliste et le Likud de M. Sharon ranimerait l'alliance qui a soutenu le Premier Ministre de 2001 à 2002. Avec le Parti centriste Shinui, une telle coalition bénéficierait d’une majorité, bien que le Likud ait quelques dissidents sur lesquels M. Sharon ne peut pas compter.
L'annonce de M. Sharon a été saluée par le scepticisme extrême de quelques critiques, qui ont dit que c'était un stratagème afin de détourner l'attention des allégations de corruption impliquant la famille du leader israélien. Jeudi, la police a interrogé M. Sharon à propos d'un cas dans lequel un homme d'affaires a déjà été inculpé pour tentative de corruption du Premier Ministre.
On s'attend à ce que les Juges décident bientôt s'il faut engager des poursuites contre M. Sharon lui-même, un mouvement qui le pousserait très probablement à la démission.
M. Sharon avait parlé vaguement auparavant "des concessions douloureuses" qu’il désirerait faire en faveur de la paix, mais d'une façon ou d'une autre, cela n'a jamais été tout à fait mûr. Cependant, cette fois il pourrait bien le faire.
Certains des confidents les plus proches de M. Sharon ont dit à l'agence de presse Reuters cette semaine qu'il avait réalisé que beaucoup de colonies devraient être démantelées si Israël voulait vivre en paix et en sécurité.
Comme "le parrain" du mouvement des colons, peut-être est-il le seul à persuader son peuple d'accepter un tel geste.
Les gestes de M. Sharon ne garantissent en aucun cas que le processus de paix est à nouveau sur la table, mais ils fournissent vraiment une lueur vacillante d'espoir.
Les sondages suggèrent que le temps pourrait, en fait, être maintenant mûr : un sondage dans le journal Yedioth Ahronoth de mardi a montré que 59 % supportent un retrait de la Bande de Gaza et seulement 34 % contre - et mercredi M. Sharon a indiqué qu'il soumettrait le plan controversé à un référendum.
Beaucoup d'Israéliens en sont venus à être indignés que leurs soldats conscrits risquent leurs vies pour défendre des colonies minuscules et isolées. De plus, M. Sharon a été préparé pour approuver une telle retraite auparavant : en 1982, en tant que Ministre de la Défense, il a ordonné l'évacuation de 5 000 colons du Désert de Sinaï, dans le cadre d'un accord de paix avec l'Egypte.
Alors que l'Autorité Palestinienne de M. Qurei (PA) ne montre aucun signe de désarmement des militants, selon les exigences de la Feuille de Route, le leader israélien a récemment menacé d'imposer une solution dans laquelle les Palestiniens auraient moins de terre qu'ils auraient pu avoir avec un règlement négocié.
Face à la puissance et à l'influence croissante du Hamas, le groupe militant principal, le seul espoir de la PA de rester crédible est une négociation couronnée de succès avec les Israéliens. Le mois dernier, les leaders du Hamas ont indiqué qu’ils seraient prêts à suspendre leur promesse de détruire Israël s'il se retirait de toute la Cisjordanie et de la Bande de Gaza.
Le retrait de la Bande de Gaza proposé, si sincère, pourrait être une bouée de sauvetage pour M. Qurei . Il l'a accueilli comme une "bonne nouvelle".
Il était moins enthousiaste pour le deuxième plan israélien plus vague, échanger des villes arabes en Israël contre des colonies juives de Cisjordanie , décrivant l'idée comme "indiscutable et inacceptable".
Le Jerusalem Post a annoncé que l’échange pourrait inclure Umm el-Fahm, une ville de 30,000 habitants juste à l'intérieur des frontières d'Israël avant 1967, qui est une forteresse Islamiste.
Un membre Arabe du Parlement israélien a attaqué l'idée comme "un projet raciste" visant à assurer une majorité juive en Israël face à la croissance démographique plus rapide des Arabes.
Le danger pour les Palestiniens consiste en ce que le retrait de la Bande de Gaza et la conversation vague d'un échange de terre s'avèrent être une couverture pour M. Sharon afin de se concentrer sur ce qu'ils soupçonnent être une stratégie à long terme : utiliser le mur pour incorporer des grandes parties de la Cisjordanie dans un plus Grand Israël.
Donc les gestes de M. Sharon ne garantissent en aucun cas que le processus de paix est de retour sur la table. Cependant, ils fournissent une lueur vacillante d'espoir.
Si un super-faucon comme le Premier Ministre israélien est devenu assez pragmatique pour abandonner ses espoirs de garder l’ensemble des territoires occupés pour toujours, la question pour Israël est maintenant devenue non pas s'il faut se retirer, mais quand et sur quelle distance.
Il y a, bien sûr, le danger que des militants palestiniens considéreront qu’un retrait de la Bande de Gaza ou ailleurs est un signe que par la violence ininterrompue ils peuvent finalement remettre la main sur toutes leurs terres.
Mais les perspectives des Palestiniens - aussi bien que celles des Israéliens - seront bien meilleures si les pourparlers de paix reprennent et incorporent le retrait de la Bande de Gaza proposé dans un règlement plus large. Le travail de M. Bush est maintenant d’en convaincre les deux côtés.
Source : www.economist.com/
Traduction : BM
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