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Algérie - 1 novembre 2011
Par Nadjib Achour
Lorsque le Cheikh Bachir El Ibrahimi anima cette causerie qui avait pour titre « défendre le colonialisme c’est faire la guerre à l’Islam » (1), la révolution algérienne n’en était qu’à ses débuts et n’avait pas encore ce caractère irréversible que lui conféra le soulèvement du 20 août 1955. Fort d’un passif militant de plus de trente ans, qui l’opposa aux menées de la France coloniale en Algérie, le Cheikh El Ibrahimi invita non seulement le peuple algérien mais aussi tous les peuples du monde arabo-musulman à la plus grande vigilance contre les intrigues de l’Impérialisme dont le seul but était le maintien perpétuel de son hégémonie.
Le Cheikh Bachir El Ibrahimi au micro, lors d'une réception en l'honneur d'Eld'El-Wartalani à l'hôtel Sémiramis au Caire dans les années cinquante.
Le Cheikh El Ibrahimi entendait donc donner une directive simple reposant sur la jurisprudence de son expérience militante, à savoir que les peuples musulmans ne devaient jamais pactiser ou s’allier avec l’Impérialisme. En effet, Le Cheikh fut sans cesse confronté, lorsque celui-ci était en Algérie, à toutes les manœuvres du colonialisme visant à saper, détruire l’Association des Oulémas et son œuvre. Le colonialisme français concilia tantôt la répression aux tentatives de séduction visant à amadouer les tenants de l’Association des Oulémas ainsi que ses partisans.
Le Cheikh était habité par cette conviction qu’il ne pouvait y avoir de compromis avec le colonialisme, car existait une contradiction, une opposition dans les principes mêmes régissant ces deux entités distinctes que lui-même exposa lors de son intervention. L’Islam, en plus d’être un adversaire acharné du colonialisme, constituait une alternative intellectuelle à l’hégémonie de la pensée occidentale dans sa version aussi bien libérale que marxiste. D’ailleurs Frantz Fanon invitait les intellectuels authentiques du monde arabo-musulman « à s’accrocher à cette arme sublime, à ce réservoir immense de la révolution morale et culturelle qui est enfoui dans les profondeurs des sociétés musulmanes. Il s’agit là d’une nécessité vitale pour l’éveil des masses, pour lutter et résister à l’Europe, aux idées et aux suggestions européennes qui envahissent nos pays. » (2).
Dans le contexte d’effervescence révolutionnaire que fut la décolonisation, surtout en Algérie, le discours du Cheikh El Ibrahimi sonnait comme une mise en garde contre toutes les tentatives de l’Impérialisme visant à miner le mouvement de libération des peuples opprimés. Il appelait à faire face à la guerre idéologique et psychologique que menait ou mènerait l’Impérialisme. Les propos du Cheikh El Ibrahimi, ont conservé jusqu’à aujourd’hui toute leur pertinence.
Le Conseil d'administration de l'association des Oulémas (fin des années 1950), (de gauche à droite, assis) : Naïm Naïmi, Cheikh Abbas Bencheikh el Hocine, Ahmed Taoufik El Madani, Larbi Tebessi, Mohamed Bachir El Ibrahimi, Mohamed Khireddine, Abdellatif Soultani, Ahmed Bouchmel. (debout) : inconnu, inconnu, Baaziz Benomar, Ahmed Hammani, Aboubakr Laghouati, Djilali El Farissi, Abdelkader El Maghribi, Ahmed Sahnoune, Hamza Boukoucha, inconnu
Causerie du Cheikh El Ibrahimi, Le Caire le 26.04.1955
L’Islam et le colonialisme sont deux extrêmes, qui ne peuvent jamais se rencontrer.
L’Islam est la religion de la liberté et de l’émancipation alors que le colonialisme est la religion de la servitude.
L’Islam a instauré la pitié, la charité et préconise la pratique du bien et de la justice ; le colonialisme lui, repose sur la dureté et la tyrannie.
L’Islam appelle à la résignation et à la stabilité, pendant que le colonialisme appelle à la destruction et à la ruine.
L’Islam confirme les religions révélées dont il assure la continuité, préconise les bienfaits qu’elles enseignent, en respecte les prescriptions et en vénère les livres saints.
Plus encore, l’Islam a fait de la croyance des livres saints et des prophètes de ces religions, une de ses bases et l’un de ses principes.
Par contre le colonialisme renie tout cela et travaille à ruiner ces principes et plus particulièrement ceux de l’Islam dont il combat l’essence, le Prophète, le Coran et les adeptes.
Aussi, nous déduisons de tout cela que le colonialisme est le pire ennemi de l’Islam et par voie de conséquence de tous les gens de confession musulmane.
Aussi sachant que le colonialisme est l’ennemi le plus acharné de leur religion, il est de leur devoir de tous les musulmans d’appliquer cette règle islamique ; le combattre et non le défendre et être hostile à l’impérialisme occidental et au colonialisme sous toutes ces formes.
En effet, le colonialisme occidental, en plus des mobiles fondamentaux, d’égoïsme, de vanité, et d’exploitation, communs à tous les impérialismes, en a un autre qui lui appartient en propre : effacer toute trace de l’Islam de la surface de cette planète, car il craint de le voir rétablir sa puissance d’antan et restaurer sa grandeur passé.
Toutes les actions du colonialisme tendent vers la réalisation de ce but et la tutelle qu’il impose aux multitudes humaines, la prétendue protection qu’il leur apporte, ne sont que des moyens dans sa lutte contre l’Islam.
De même, les encouragements qu’il prodigue aux musulmans qui ont dévié du droit chemin, et qui cherchent à en tromper d’autres, les égarés et les séducteurs ont pour but de dépouiller l’Islam de sa spiritualité, afin de le détruire graduellement.
Prêchant l’athéisme chez les Musulmans ou protégeant les tares sociales proscrites et combattues par l’Islam, telles l’alcoolisme, la prostitution et les jeux de hasards, le colonialisme poursuit toujours le même but : l’anéantissement de l’Islam.
En Algérie par exemple, le colonialisme français, autorise les jeux de hasard pour détruire la foi des musulmans…, c’est pour la même raison qu’il permet la multiplication des débits de boisson et bien d’autres choses.
Par contre, il s’oppose à l’ouverture d’une médersa arabe, par les Algériens, pour assurer la pérennité de leur langue, ou à la création d’une école religieuse, pour sauvegarder les préceptes de leur religion.
Ceci dit, les Musulmans doivent comprendre et savoir que la vigilance la plus élémentaire leur recommande d’éprouver pour le moins les mêmes sentiments d’hostilité que leur ennemi éprouve envers eux.
Leur loyalisme envers le colonialisme, leur ennemi, est une transgression des principes sacrés de l’Islam, car loyalisme signifie ici, le faire triompher de leur personne, de leur génération, de leur peuple et de leur patrie.
Un des aspects les plus infâmes du loyalisme envers le colonialisme, c’est de s’allier à lui, au moment où il faudrait s’opposer à lui et de lui tendre la main au moment où il faudrait combattre.
Il serait illogique que le loup s’entende avec l’agneau.
O musulmans ! O organisations musulmanes ! O gouvernements islamiques, ne manifestez aucun sentiment d’attachement pour le colonialisme, car ce serait commettre une agression contre le genre humain et vous seriez des hérétiques.
Ne soyez à ses côtés, ni en temps de paix, ni en temps de guerre, car en temps de paix, il fait passer ses intérêts avant les vôtres, et en cas de guerre ce sont vos patries qui seront son butin.
Ne contractez aucune alliance avec lui car il ne respecte pas ses engagements ; n’attachez aucune foi en ce qu’il dit, car il est sans foi ni loi.
Le colonialisme laisse échapper ses derniers soupirs.
L’histoire est là pour témoigner que vous n’avez jamais tiré profit du colonialisme, ne fusse qu’une seule fois, pour votre attachement et votre loyalisme envers lui.
Ne vous alliez pas à lui, car sa nature animale le pousse à dévorer son ami avant même son ennemi.
Que le salut et la bénédiction de Dieu soit sur vous.
Cheikh Bachir El Ibrahimi
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Colonialisme
Nadjib Achour
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