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Israël - 9 septembre 2009
Par Jonathan Cook
Sur la vidéo de 30 secondes, une série d’affichettes de personnes manquantes placardées aux angles de rues, dans le métro et sur les cabines téléphoniques, montre les photos de jeunes juifs, au-dessus du mot « Perdu » en différentes langues. Une voix-off demande à toute personne qui « connaît un jeune Juif vivant à l’étranger » d’appeler la téléassistance. « Ensemble, nous renforcerons leur lien à Israël, de manière à ne pas les perdre. »
Le gouvernement israélien a lancé une campagne de spots publicitaires, à la télévision et sur Internet, exhortant les Israéliens à informer leurs amis et parents juifs à l’étranger qui pourraient être en danger d’épouser des non-Juifs.
Les spots, qui usent de ce que les médias israéliens appellent « manœuvres d’intimidation », sont destinés à mettre un coup d’arrêt à l’assimilation par mariage mixte parmi les jeunes juifs de la diaspora (1) en encourageant leur départ vers Israël.
La campagne coûte 800.000$ et une réponse à des rapports disant que la moitié de tous les Juifs hors Israël se marient avec des non-juifs. Ce n’est qu’une des nombreuses initiatives de l’Etat et des organismes privées israéliens pour tenter d’accroître la taille de la population juive d’Israël.
Selon un de ces spots, martelé par un des présentateurs-vedette du pays, l’assimilation est « une menace nationale stratégique », mettant en garde : « Plus de 50% de la jeunesse de la diaspora est assimilée et perdue pour nous. »
Adam Keller, de Gush Shalom, un groupe israélien pacifiste, a dit que c’était une référence tant à la crainte générale en Israël que le peuple juif puisse disparaître un jour par assimilation qu’à une inquiétude plus spécifique que, s’il s’agit de survie, Israël doit recruter davantage de Juifs pour sa « guerre démographique » contre les Palestiniens.
La question de l’assimilation a été mise en vedette par une série de sondages conduits sur plusieurs années par le Jewish People Policy Planning Institute, groupe d’experts établi à Jérusalem en 2002, comprenant des responsables israéliens et de la diaspora.
La recherche de l’institut a montré qu’Israël est le seul pays au monde avec une population juive significative dont la taille ne diminue pas. Le déclin ailleurs est imputé tant aux taux de naissance bas et aux mariages mixtes très répandus.
Selon l’institut, environ la moitié de tous les Juifs d’Europe de l’Ouest et des Etats-Unis s’assimilent par mariage mixte, alors que le chiffre pour la communauté juive ex-soviétique atteint 80%.
Israël, dont la population juive de 5,6 million représente 41% de la communauté juive mondiale, s’est opposé aux mariages mixtes entre ses citoyens juifs et arabes en refusant de reconnaître de tels mariages, à moins qu’ils soient célébrés à l’étranger.
La campagne publicitaire vise en particulier les 5,7 millions de Juifs des Etats-Unis et du Canada, qui constituent la population juive la plus importante au monde. La plupart d’entre eux appartiennent au courant de la réforme libérale du judaïsme qui, contrairement aux orthodoxes, ne s’oppose pas au mariage mixte.
On pense qu’un tiers des Juifs de la diaspora ont des parents en Israël.
Selon les organisateurs de la campagne, plus de 200 Israéliens ont téléphoné à la téléassistance pour indiquer les noms de Juifs vivant à l’étranger, après la diffusion télévisée, mercredi, du premier spot de la campagne. Les appelants ont laissé les détails de leurs adresses email et de leurs comptes Facebook et Twitter.
Sur la vidéo de 30 secondes, une série d’affichettes (photo ci-dessus) de personnes manquantes placardées aux angles de rues, dans le métro et sur les cabines téléphoniques, montre les photos de jeunes juifs, au-dessus du mot « Perdu » en différentes langues. Une voix-off demande à toute personne qui « connaît un jeune Juif vivant à l’étranger » d’appeler la téléassistance. « Ensemble, nous renforcerons leur lien à Israël, de manière à ne pas les perdre. »
La campagne appuie un programme soutenu par le gouvernement, Masa, qui subventionne des séjours et des cours en Israël d’une durée allant jusqu’à un an, pour tenter de persuader les Juifs d’immigrer et de devenir citoyens. Environ 8.000 Juifs de la diaspora suivent ce programme chaque année.
Le gouvernement a essayé de développer Masa parallèlement à un programme rival, Birth right Israël, qui fait venir en Israël près de 20.000 jeunes de la diaspora chaque année pour un séjour de 10 jours tous frais payés pour rencontrer des soldats israéliens et visiter des sites en Israël et en Cisjordanie considérés comme importants pour le peuple juif.
Bien que l’utilité de Birth right pour promouvoir une image positive d’Israël soit reconnue, les responsables craignent qu’il n’ait qu’un effet limité pour pousser ses participants principalement nord-américains à déménager en Israël. Beaucoup le voit comme des vacances gratuites.
Les différences d’approche des deux programmes ont été soulignées en juillet lorsqu’un des directeurs de Birth right, Shlomo Lifshittz, a démissionné et est entré à Masa après avoir déclaré aux médias israéliens qu’on lui avait interdit d’exhorter les participants de Birth right à migrer en Israël et à fuir le mariage mixte.
En lançant la campagne, le directeur général de Masa, Ayelet Shilo-Tamir, a mis en garde contre le fait que l’assimilation mondiale mettait les Juifs « au bord de la croissance négative ».
Les responsables de Masa ont dit que les jeunes Juifs qui participaient à leurs projets renforçaient leur identité juive et étaient plus enclins à devenir actifs d’un point de vue politique et social sur les questions liées à Israël.
La campagne a rapidement provoqué une tempête de débats sur les blogs juifs, en particulier aux Etats-Unis, certains la considérant comme « créatrice de divisions » et une insulte à la progéniture juive des mariages mixtes. Un lien vers la campagne de Masa, « Perdu », a été retiré de la page d’accueil de son site hier, certainement en réponse au retour de manivelle.
La campagne risque cependant de toucher la corde sensible en Israël, où un sondage de 2007 révélait que 46% des Israéliens juifs pensaient que tous les Juifs devraient vivre en Israël parce que c’était « le seul moyen pour qu’Israël et le peuple juif se renforcent ».
Cette position a été reprise par les dirigeants israéliens, bien que la plupart d’entre eux aient fait attention à ne pas perturber l’équilibre délicat des relations avec les communautés de la diaspora.
On a considéré que l’ancien Premier ministre Ariel Sharon avait largement dépassé ces limites en 2004 lorsque, pendant une visite en France, il a exhorté les Juifs français à venir en Israël parce que la France était le théâtre de la « propagation de l’antisémitisme le plus sauvage ».
Sharon voulait ouvertement qu’un million de Juifs immigre en Israël pour contrer une « menace démographique » venant de la croissance rapide de la population palestinienne tant en Israël que dans les territoires occupés. La parité numérique entre les Juifs et les Palestiniens vivant dans la région serait atteinte d’ici dix ans.
Ce thème a été repris par ses successeurs, Ehud Olmert et Benjamin Netanyahu.
L’inquiétude est croissante en Israël parce que les taux d’immigration ont régulièrement décliné depuis qu’une grande vague d’un million de Juifs soit arrivée de l’ex Union Soviétique dans les années 1990. Le chiffre d’absorption pour l’année dernière – 16.500 – est le plus bas depuis les années 1980. On pense aussi qu’il y a une tendance grandissante de Juifs nantis qui quittent Israël pour l’étranger, bien que les chiffres ne soient pas publiés.
M. Keller, de Gush Shalon, dit que peu de Juifs des Etats-Unis ou d’Europe, les principales cibles de la campagne, ont besoin de venir en Israël pour des raisons matérielles. « Ils viennent pour des motifs idéologiques et beaucoup d’entre eux sont des nationalistes de droite qui peuvent être encouragés à s’installer en Cisjordanie . »
Le gouvernement israéliens et divers organismes subventionnent l’immigration des Juifs de la diaspora en Israël.
L’année dernière, l’Agence Juive a confié la responsabilité de l’installation des nouveaux immigrants à Nefesh B’Nefesh, un organisme privé qui fait la promotion d’une dizaine de colonies en Cisjordanie sur son site en ligne, dont des communautés dures telles que Kedumin, près de Naplouse, et Efrat, près de Bethléem.
« La semaine dernière, la télévision israélienne a montré un groupe d’immigrants arrivant en Israël pour aller à Efrat,» dit M. Keller. « On les a vus, accueillis et soutenus avec enthousiasme à l’aéroport par une foule d’Israéliens applaudissant et brandissant des drapeaux israéliens. »
(1) “Diaspora”... encore faudrait-il qu’il y ait « un territoire ou un pays d’origine ». Parlons-nous de « diaspora chrétienne » ? (ndt)
Source : Counter Punch
Traduction : MR pour ISM
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