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Palestine - 14 mars 2010
Par Badia Benjelloun
Au centre des US(a), dans l’État du Missouri, près de la moitié des écoles publiques de la ville de Kansas vont fermer. Le recteur de l’Académie défend cette décision votée par l’administration scolaire car elle respecterait le budget alloué de 50 millions de dollars. Ces écoles concernent des quartiers pauvres majoritairement noirs. C’est ainsi que se concrétisent les difficultés liées à la crise économique qui pénalisent d’abord les plus précaires et les plus démunis.
Aucune dépêche des agences de presse qui ont repris l’événement ne mentionne que le déficit des États, certes lié à la récession, a été précipité par les différentes réformes fiscales des libéraux qui ont exonéré les plus hauts revenus. Ni ne rappelle que dans le même temps, la Chambre des Représentants a voté la poursuite de l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak, soit quelques 600 milliards de dollars US en coûts directs.
En Palestine, une requête a été déposée auprès de la Haute Cour de Justice du régime de Tel Aviv ; il s’agit d’une pétition émanant de colons juifs établis (illégalement, faut-il le rappeler, selon la Loi Internationale) dans la colonie de Kfar Adumim en Cisjordanie , à l’est de Jérusalem Est.
Ils demandent la destruction d’une école construite l’été dernier à Khan Al Ahmar, village au Sud Est d’Al Quds. Faite de matériaux de récupération, de sable et de terre, elle permet d’épargner des frais de transport coûteux, et parfois dangereux, jusqu’aux sites d’Azzariah ou de Rihah (Jéricho) pour les parents de 90 élèves.
Les associations de colons fondent leur réquisitoire sur l’urgence de ne pas autoriser les résidents légitimes de ce pays à disposer de leur terre à leur guise, avec le risque de créer un précédent de ‘fait accompli’. Les Palestiniens ont fait fi de son statut annexé par les Autorités coloniales pour des raisons d’expansion naturelle de leur colonie ! L’administration civile a ordonné la destruction, la Haute Cour de Justice recommande d’attendre la fin de l’année scolaire.
L’entité sioniste poursuit implacablement les annexions et le rétrécissement dunum par dunum, jour après jour, de ce qui reste des petits confettis palestiniens.
L’enfance est malmenée.
Celle des sans-droits.
Des immigrés de force, des déplacés, des colonisés et des occupés.
Dans ces deux cas, il ne s’agit pas de faits divers mais d’une métaphore qui condense la réalité d’un système capitaliste impérialiste.
Dans l’entité sioniste, le vol des terres des Palestiniens est virilement accompagné du vol de leur enfance. Les récits abondent d’enfants réveillés en pleine nuit, sortis de leur lit par les soldats des Forces de l’Occupation pour être emprisonnés dans des geôles souvent très éloignées de leur domicile.
Parmi les 11.000 prisonniers politiques palestiniens, figurent en permanence entre trois cent et quatre cent enfants de moins de 18 ans, faisant de cet artefact le champion du viol des Conventions internationales qui protègent les mineurs.
Cette semaine passée, un enfant de 10 ans et son frère âgé de 12 ont été arrêtés dans ces conditions désormais classiques. Interpellation à leur domicile dans la vieille ville d’Hébron à deux heures du matin, menace armée des parents, transport des deux enfants dans des jeeps distinctes, bandage des yeux, menottage très serré des mains derrière le dos, coups et tortures psychologiques avec emploi de chiens menaçants, bref la matrice de ce qui a été développé dans les prisons de la CIA en Irak. Ces enfants sont accusés d’avoir jeté des pierres sur des soldats, ils risquent jusqu’à 20 ans de prison (ordre militaire 378).
Dans les cas les plus favorables, ce qui s’est produit ici, les parents doivent payer une amende afin de récupérer leurs enfants traumatisés à vie par les mauvais traitements, autre manière de faire financer l’occupation par les occupés !
Cette brutalité n’est pas exempte d’intentions politiques. Il s’agit de briser la volonté de résistance des Palestiniens. Emprisonner un enfant, c’est le fragiliser, l’éloigner de son milieu familial et scolaire, l’exposer aux mauvais traitements des adultes de droit commun avec lesquels ils sont souvent mêlés. À la sortie, tous les anciens prisonniers présentent des troubles de comportement plus ou moins importants compromettant leur réinsertion sociale et scolaire.
La monstruosité de l’industrie carcérale aux US(a) avec deux millions de détenus, soit 25% de la population carcérale dans le monde, répond quant à elle à des exigences économiques tout à fait congruentes avec le racisme institutionnel états-unien. 12% des Noirs de 20 à 30 ans sont en prison, ou encore 55% des prisonniers sont des jeunes Noirs alors que la population noire ne représente que 12% de la population totale.
Ici ou là, il nous faut repolitiser les conflits.
La lutte des classes emprunte ces formes très concrètes de domination que les adeptes de la fumeuse théorie de la fin de l’Histoire voudraient essentialiser en conflits ethniques ou religieux.
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Badia Benjelloun
14 mars 2010