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ISM France - Archives 2001-2021

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Tulkarem -

Enquête d'Haaretz : L'IDF a tué des adolescents non-armés et non des militants

Par

Une enquête menée par Haaretz et le groupe des droits de l'homme, B'Tselem, réfute la version de l'armée au sujet d'une opération en date du 24 août dans laquelle cinq Palestiniens ont été tués par les Forces de Défense Israéliennes dans le camp de réfugiés de TulKarem en Cisjordanie.
La déclaration officielle de l'IDF décrit l'opération nocturne comme suit : "Cinq terroristes du réseau terroriste responsable des attaques au Stage Club et (du centre commercial Hasharon à Netanya) ont été tués à Tulkarem."

Cette déclaration qui a ensuite changé plusieurs fois, déclarait qu'Anas Abu Zeina, 17 ans, était "un complice de militants recherchés"; que Adel Abu Khalil (Al-Gawi), 26 ans, était "un membre important du Jihad Islamique"; et que Majdi Atiya, 18 ans, était quelqu'un qui "préparait les engins explosifs et avait participé à des attaques contre les Forces de l'IDF."

Toutefois, les éléments rassemblés par Haaretz et B'Tselem indiquent que les trois adolescents tués - Abu Zeina, Mohammed Othman, 17 ans, et Mahmoud Ahadib, 17 ans – n'étaient pas connus comme membres d'organisation terroriste.

Les deux adultes tués étaient des membres peu importants qui ne se sont pas comportés comme des militants recherchés et étaient non-armés. Ils ont été abattus par les soldats depuis une courte distance, 10 à 15 mètres, alors qu'ils étaient dans une cour en grande partie clêturée.

Les témoins disent qu'ils ont entendu les soldats crier au groupe "Arrêtez" et "Ne bougez pas," mais quelques secondes plus tard, les soldats ont ouvert le feu sans donner aux hommes une chance de se rendre. Certains se sont dispersés dans différentes directions et certains ont été tués sur place.

Des témoins rapportent que, dans plusieurs des cas, les soldats ont confirmé la mise à mort par des tirs à courte distance. Contrairement à l'affirmation de l'IDF, les témoins disent qu'il n'y avait eu aucun échange de tir dans les environs et que personne n'a lancé de Cocktails Molotov en direction des troupes.

Les témoins signalent que peu avant que l'opération ait commencé, des militants recherchés étaient passés sur les lieux, dont Hamas Ribhi, le responsable du Hamas du camp, qui a vu le début de l'opération et s'est enfui dans une ruelle latérale, et un policier de la Force 17 de l'Autorité Palestinienne, Mushir Mansuri, qui est également parvenu à s'échapper par une cour intérieure, a jeté son arme autorisée et s'est enfui.

A. possède un magasin à cêté des lieux de l'incident.

Vers 23h15. cette nuit-là, il était assis à l'entrée du son magasin avec sa fille de 3 ans, quand il a vu un fourgon blanc avec des plaques palestiniennes et des rideaux aux fenêtres.

"Au moment où le fourgon s'est arrêté, des soldats ont sauté à l'extérieur mais j'ai passé un moment difficile en voyant leurs uniformes.
Ils ont couru vers la structure en béton à cêté de la cour où les meurtres se sont produits et ils ont commencé à crier. Quelques secondes plus tard, ils ont ouvert le feu.
À ce moment-là, d'autres soldats étaient déjà sur moi et ils m'ont ordonné de me coucher face à terre.
J'ai pressé contre moi mon enfant et je n'ai pas bougé jusqu'à ce que soit terminé
" a déclaré A..


P. vit à environ 50 mètres de l'emplacement dans un appartement donnant sur la cour. "J'étais sur le toit quand j'ai entendu des cris et puis le tir," a-t'il dit aux enquêteurs de B'Tselem.

"J'ai regardé en bas et j'ai vu des soldats positionnés des deux cêtés du bâtiment qui tiraient dans la cour. J'ai vu les jeunes se sauver dans chaque direction et les soldats se sont approchés d'Abu Khalil, qui gisait face contre terre.
Je les ai seulement vus tirer sur lui depuis une courte distance et quand j'ai entendu des tirs sur le mur de mon cêté, j'ai reculé.
J'ai regardé à nouveau un peu plus tard et j'ai vu les corps. Les soldats ont continué à tirer sur les maisons voisines pour que personne ne s'approche."


Grâce à ce témoignage et à d'autres, il apparait que les soldats ont pris position de chaque cêté du bâtiment en béton, et après avoir crié, ils ont ouvert le feu dans la cour.

A ce moment-là, il y avait deux groupes dans la cour. Un groupe, près de l'entrée de la maison d'Ahadib, dont Ahadib, Atiya, Abu Khalil et l'homme de la Force 17, Mansuri.

A quelques mètres d'eux, il y avait des adolescents, Abu Zeina et Othman, assis avec plusieurs de leurs copains du lycée du camp.


Tariq Zayit, 17 ans, était l'un des garçons présents.
"Nous étions là à discuter. Anas avait apporté des invitations pour le mariage de son frère qui avait lieu deux jours plus tard, nous étions tous de bonne humeur et nous mangions des graines de tournesol. Et alors nous avons entendu les cris.
Nous avons tous sursauté de peur, je me suis retourné et j'ai commencé à courir.
Quand je suis sorti de la cour pour entrer dans la ruelle, j'ai eu le sentiment que ma main était blessée et qu'elle saignait mais j'ai continué à courir. J'ai entendu seulement plus tard ce qui est arrivé aux autres, " dit Zayit.

Abu Khalil a été tué sur place. La mère d'Ahadib a entendu le tir depuis l'intérieur de la maison. Après que tout ait été terminé, elle a jeté un coup d'oeil dehors et a vu le corps de son fils. Atiya s'était enfui dans la ruelle mais s'était effondré et est mort de ses blessures.

Mansuri, qui était le plus proche de la porte de cour, a couru dans la ruelle, a jeté son arme et s'est sauvé en passant par-dessus une barrière.

Abu Zeina a également foncé dans la ruelle sur le cêté sud de la cour, mais il s'est effondré et mort de ses blessures.

Son ami Othman s'est effondré dans la ruelle dans l'autre direction et a été emmené à l'hêpital Meir de Kfar Sava, où il est décédé plus tard de ses blessures.

Quand les premiers tirs se sont arrêtés, d'autres troupes sont entrées en renfort dans le camp.


Les responsables de la sécurité palestinienne ont nié les affirmations de l'IDF que les trois adolescents, qui vivaient tout au plus à 150 mètres les uns des autres, avaient des liens avec des organisations terroristes ou avaient aidé des militants recherchés.

Anas Abu Zeina était un étudiant de lycée qui travaillait dans un magasin de primeurs sur le marché de Tul Karm et n'avait été jamais arrêté. Son frère plus âgé Ziad est en prison en Israël pour son adhésion au Fatah.

Mohammed Othman n'était pas non plus connu pour avoir des liens avec une organisation. Son père travaille dans la construction en Israël.

Le père de Mahmoud Ahadib, Mohammed, dit que l'IDF aurait pu emmener facilement son fils en garde à vue s'il avait voulait. "Mahmoud portait une couche-culotte parce qu'il était incontinent. Il était épileptique et fut soigné par le passé à l'hêpital de Rambam à Haïfa, et il n'a jamais pris part aux actions d'une organisation quelconque" a-t'il dit.
"Ils ont préféré le tuer comme son frère ainé Rami, qui a été tué dans le camp il y a un an et demi."


Quant aux deux adultes du groupe, il y a des doutes sur le niveau de "Recherchés" que l'IDF leur attribue à la lumière des faits.

La famille d'Atiya est connue pour soutenir le Fatah, tout comme au moins la moitié des résidants du camp.

Son père, surnommé "feux de circulation" est un activiste connu du Fatah, mais il n'était pas lui-même considéré comme un activiste, encore moins comme un fabricant de bombes ou un membre important de l'organisation.

Abu Khalil est le seul qui avait été actif - au Jihad islamique - mais il s'était rendu à l'Autorité Palestinienne il y a quelques semaines et a même été employé pour dormir dans les commissariats de police en tant que garde.
Son nom est sur la liste des hommes "Recherchés" de la région de Tul Karm, mais les sources du Jihad Islamique insistent qu'il avait quitté l'organisation avant sa mort.

En réponse à ce rapport, l'IDF a refusé de déclarer catégoriquement que l'un de ces cinq hommes tués était armé et a choisi de faire référence plus généralement aux hommes armés qui étaient dans le camp au moment de l'opération.

L'IDF a rejeté catégoriquement la confirmation des morts.

Après des demandes de clarifications répétées pour savoir si l'un de ces suspects avait été arrêté auparavant pour activité hostile, les sources militaires ont affirmé que trois des morts l'avaient été : Abu Khalil, Atiya et Abu Zeina.

Les sources ont indiqué de façon non-officielle que : "Il est impossible de savoir vraiment si tous les hommes recherchés possédaient des armes parce que l'IDF ne fut pas la première à les approcher."

Le bureau du porte-parole de l'IDF a publié le rapport suivant :
"L'IDF est entrée dans le camp afin d'arrêter des militants recherchés du Jihad Islamique qui avaient lancé récemment d'importantes attaques en Israël, en Judée et Samarie et qui travaillaient à lancer d'autres attaques.

"Pendant l'action, les soldats, en tenue et avec des marques d'identification de l'IDF, ont cerné un certain nombre d'hommes recherchés, dont certains étaient armés.

La force a mené la procédure normale pour arrêter un suspect, elle a demandé aux hommes recherchés de se tourner et a tiré en l'air. En dépit de la tentative d'arrestation, les hommes recherchés ont commencé à s'enfuir
.

"D'autres terroristes dans le secteur ont ouvert le feu et ont jeté des explosifs et des cocktails Molotov sur la Force. Au cours de la tentative d'arrestation, quatre terroristes ont été tués - un important militant recherché et trois complices."

"Pour l'instant, il n'est pas possible de mettre en évidence la participation au terrorisme du cinquième (homme) qui était avec les hommes recherchés, qui a été transféré vers un hêpital israélien et est décédé ensuite de ses blessures
.

Comme à l'accoutumée dans ces cas-ci, le chef d'Etat-Major a ordonné une enquête qui n'est pas encore achevée. L'IDF continuera ses efforts pour contrer les tentatives d'attaques du Jihad Islamique en coopération avec le Hezbollah."



Amos Harel ajoute :

Un haut responsable de l'IDF a indiqué à Haaretz mardi que les troupes Duvdevan sont entrées dans le camp pour arrêter un groupe des militants recherchés, en particulier Abu Khalil du Jihad islamique et de Ribhi Amara du Hamas.
Amara a quitté la cour environ deux minutes avant que les troupes n'y arrivent.

Des renseignements avaient indiqué qu'au moins trois des hommes recherchés étaient armés.

L'officier a nié les rapports de confirmation des morts, mais a dit que dans un cas, comme on craignait qu'un des blessés dans la cour tente de sortir son arme, on lui a tiré dessus une nouvelle fois à une distance de 10 mètres.

L'enquête de l'armée s'est également fondée sur l'analyse d'une vidéo aérienne prise par un drone. "Les descriptions des personnes situées autour ne sont tout simplement pas vraies," a dit l'officier.
"Ceux qui ont été touchés, ont été atteints à l'intérieur de la cour avec un groupe de militants recherchés. Aucun piéton innocent n'a été touché dans la rue."

Source : www.haaretzdaily.com

Traduction : MG pour ISM

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