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ISM France - Archives 2001-2021

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Hébron -

D’après un observateur international, l’armée israélienne et les colons "nettoient" la zone H-2 d’Hébron

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"L’activité des colons et de l’armée dans la zone H-2 d’Hébron est en train de créer une situation irréversible. D’une certaine manière, le nettoyage a lieu. En d’autres termes, si la situation perdure quelques années, aucun Palestinien ne restera ; Le fait que certains soient restés jusqu’à présent est même un miracle."

D’après un observateur international, l’armée israélienne et les colons 'nettoient' la zone H-2 d’Hébron


Un soldat israélien détient des Palestiniens à Hébron pendant la vérification de leurs identités - Photo : Nayef Hashlamoun

Cette vision de la situation dans la zone d’Hébron contrôlée par les Israéliens vient de Jan Kristensen, qui a dirigé pendant un an, jusqu’à la semaine dernière, la Présence Internationale Temporaire à Hébron(TIPH). Kristensen, 58 ans, est un ancien lieutenant-colonel de l’armée norvégienne, qui a aussi assuré différentes responsabilités dans l’UNIFIL (Force Intérimaire des Nations Unies au Liban).

La zone H-2, les 4,3 km2 sous contrôle israélien suivant l’Accord d’Hébron, contient tous les colons juifs de la ville.

Quand l’Intifada a débuté, elle comptait 32 000 habitants palestiniens. Kristensen ne peut pas donner de chiffres quant au nombre de ceux qui sont partis depuis, mais il a déclaré : "de plus en plus de gens s’en vont, et en fait, la zone se vide. Les activités des colons, dont le but est de forcer les Palestiniens à partir, et les activités de l’armée, qui impose des restrictions sévères, créent une réalité irréversible. Tous ceux qui le peuvent matériellement s’en vont.

Il y a des checkpoints tout le temps. Une fois, le couvre feu a duré plus de cents jours de suite, avec seulement de brèves interruptions. Les marchés sont fermés, les routes sont fermées, et si vous êtes Palestinien et que votre nom n’apparaît pas sur les listes, vous ne pouvez pas entrer. Les colons sortent presque tous les soirs et attaquent ceux qui habitent près de chez eux. Ils brisent les vitres, causent des dommages et forcent effectivement les Palestiniens à partir.

Je ne vois pas comment cette situation peut changer, et je ne vois aucune possibilité pour que l’armée rouvre la zone et permette aux Palestiniens d’y vivre une vie normale. Personnellement, je ne crois pas qu’une vie normale soit possible à Hébron entre les deux communautés, même s’il y a des accords entre les dirigeants."

La Présence Internationale Temporaire à Hébron, établie au départ après l’assassinat de 29 fidèles musulmans par Baruch Goldstein en 1994, se compose d’observateurs volontaires internationaux venant de six pays différents : la Norvège, qui dirige l’opération, l’Italie, le Danemark, la Turquie, la Suède et la Suisse. Son budget annuel est d’environ 2 millions de dollars, sans compter le salaire des observateurs, payés directement par leur gouvernement.

Les 71 observateurs non armés patrouillent la ville suivant un accord entre Israël, les Palestiniens, et les six nations concernées. Les Nations Unies ne sont pas impliquées. Personne à Hébron - pas les Israéliens, ni les Palestiniens, ni les organismes internationaux - ne pense que la Présence Internationale a fait beaucoup de bien, et cependant l’inertie a fait que son mandat a été renouvelé tous les trois mois.

Pour ses sponsors européens, sa principale valeur consiste à créer un précédent pour l’envoi d’observateurs internationaux dans les territoires. C’est la crainte d’un tel précédent qui a fait qu’Israël a insisté pour que ni l’ONU, ni aucune autre organisation internationale, ne soit impliquée :
"Je me demande tout le temps ce que nous faisons à Hébron, mais nous y sommes sous la présomption qu’il y des accords entre les parties, et, ainsi que je le comprends, nous changeons la situation", déclare Kristensen.

"Nous avons réussi à changer l’approche de l’armée quant aux couvre-feux et comment laisser les civils en dehors du cycle de violence. Je comprends pourquoi le commandant de l’armée doit agir, après tout, plus de 30 auteurs d’attentats suicides venaient de cette ville. Mais il n’y a pas de raison pour imposer un couvre-feu à tous ses habitants.

Nous avons aussi soulevé la question des démolitions de maisons. Détruire un immeuble de 5 ou 6 étages et mettre plus de 100 personnes à la rue parce que quelqu’un s’y cachait est injuste et inacceptable.

Je vois notre rôle comme un rôle de documentation des évènements pour l’avenir. Nous transmettons cette documentation aux pays qui nous ont envoyé…
Les habitants d’Hébron dont les maisons sont détruites nous demandent fréquemment pourquoi nous ne l’avons pas empêché, et c’est dur de leur expliquer que nous ne pouvons pas intervenir."

L’an dernier, le PITH a fait de l’humanitaire, comme transporter des élèves et des profs à leurs écoles pendant les périodes de couvre feu. Cela a mis les colons en rage, et Kristensen ajoute que leur personnel a subi une augmentation de 60 % d’agressions de leur part de juillet à août 2003, par rapport au premier semestre.

Il y a eu "des centaines d’incidents", dit-il, allant des crachats et des injures, en passant par des voitures bloquées, jusqu’ à des jets d’œufs et de pierres.


Le porte parole de l’armée a répondu : "A cause de la situation unique et complexe à Hébron, avec les activités d’une infrastructure terroriste meurtrière appartenant au Hamas et au Jihad Islamique, l’armée a été obligée d’agir vigoureusement.
Ses activités, à la suite d’une série d’attaques meurtrières à l’intérieur d’Israël, ont certes causé du mal et des désagréments à la population civile.
Mais même durant cette période, l’armée a permis le fonctionnement normal des systèmes éducatif et de santé, et autorisé à tout moment les mouvements de personnes pour raisons humanitaires. A la suite des dommages sérieux occasionnés aux organisations terroristes de la ville en 2002, l’armée a changé sa manière de fonctionner en ville, ce qui a nettement facilité la vie des habitants palestiniens."

Source : www.haaretz.com

Traduction : Jean-Luc Mercier

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