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Gaza - 8 juillet 2005
Par Arnon Regular
Un haut responsable du Hamas a brandi, hier, la menace officielle d’une confrontation ouverte avec l’Autorité palestinienne et d’attentats contre Israël, lancés depuis Gaza après le retrait israélien, indiquant que le Hamas avait "perdu toute foi" en le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas (Abou Mazen).
Au cours d’une interview accordée à une agence de presse locale, de Gaza, Mahmoud Az-Zahar, un haut responsable du Hamas dans la bande de Gaza, a déclaré que le Hamas ne souhaitait pas "servir de feuille de vigne" au contrôle de l’Autorité palestinienne sur Gaza, à la suite du désengagement israélien, qu’il ne remettrait pas les armes qu’ils détient, et qu’il allait vraisemblablement poursuivre ses bombardements du territoire israélien avec des obus de mortiers et des roquettes, depuis Gaza, après le retrait israélien, "afin de libérer la Cisjordanie et Jérusalem".
Toutefois, d’autres responsables du Hamas sont intervenus rapidement afin de tenter d’apaiser les craintes de guerre civile que l’interview de Zahar n’avait pas manqué de susciter dans l’opinion publique palestinienne.
Ainsi, le Sheikh Hasan Yusuf, un haut responsable du Hamas à Ramallah, a publié une déclaration disant que " Zahar exagérait dans sa description des diverges d’opinion entre le Hamas, d’une part et l’Autorité palestinienne + Abou Mazen, d’autre part."
Zahar, qui a accordé cette interview tandis qu’Abbas était en déplacement à Damas, dans une tentative de rechercher et si possible de conclure un accord avec les directions extérieures du Hamas, sur divers contentieux entre l’Autorité et ce parti, a averti :
"L’Autorité palestinienne et le Fatah doivent savoir que ce qu’ils font, en ce moment, consiste tout simplement à jouer avec le feu. Ils seront tenus responsables du fait d’avoir ignoré le Hamas et les autres factions ainsi que pour leur insistance à gérer seuls le retrait (israélien, de Gaza).
Nous n’accepterons jamais de servir de cache-sexe dans cette affaire, et nous ne permettrons pas à l’Autorité palestinienne de voler les conquêtes faites par la rue palestinienne et le Hamas – le sacrifice de ses enfants et de sa direction afin de libérer le territoire de Gaza – simplement pour voir cette terre distribuée entre tels ou tels individus."
Il n’a pas même hésité à laisser entendre que le Hamas pourrait recourir à la force contre l’Autorité palestinienne afin de l’empêcher de gérer Gaza après le retrait d’Israël : "Exactement de la même manière que nous n’acceptons pas l’occupation de notre terre, nous ne permettrons pas qu’elle soit attribuée à quiconque n’aurait joué aucun rôle dans sa libération", a-t-il indiqué, faisant allusion ici à l’Autorité palestinienne.
"L’Autorité palestinienne, qui s’accuse elle-même, nuit et jour de corruption, est incapable de gérer la population. Ils se heurteront à une rue palestinienne déterminée s’ils tentent de tout décider par eux-mêmes, et le Hamas ne travaillera jamais avec eux. "
Le Hamas ne rentrera dans aucun gouvernement de coalition, bien que l’Autorité palestinienne le lui ait proposé, a déclaré Zahar.
Le mouvement pourrait accepter de participer à un comité composé de représentants de toutes les factions palestiniennes, qui géreraient Gaza conjointement, mais uniquement à la condition expresse que ces comités ne fassent pas partie de l’Autorité palestinienne.
De plus, "seuls ceux qui ont effectivement libéré Gaza pourront participer à ce comité, à l’exclusion de toutes les autres composantes, qui essaient aujourd’hui de venir gonfler le nombre de ceux qui veulent se partager les dépouilles du butin", a-t-il dit.
"Le Hamas gardera ses armes, même après le retrait (israélien), parce que ces armes sont indispensables pour défendre chaque centimètre de notre patrie contre l’agression sioniste", a poursuivi Zahar.
"Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem constituent une unité géographique, et le Hamas ne se contentera pas de rester tranquillement les bras croisés à Gaza, s’il est attaqué en Cisjordanie . Qui garantira que l’occupation ne reviendra pas à Gaza ?
Et qui protègera les militants du Hamas contre l’Autorité palestinienne ?
Les services de sécurité préventive, qui ont arrêté ses membres, par le passé ?
Les mukhâbarât [police secrète], qui rassemble du renseignement à son sujet ?
Nous ne remettrons nos armes à personne, et nous n’entrerons pas dans les geôles de l’Autorité palestinienne. "
Zahar a également attaqué Abbas personnellement, c’est la première attaque du genre, depuis l’élection d’Abbas. Qualifiant le président de l’Autorité palestinienne d’ "homme sur lequel on ne saurait compter". Il a accusé Abbas d’avoir violé plusieurs accords avec le Hamas. "Hamas a perdu toute illusion sur lui, parce qu’il n’a pas mené à bien ce qui avait été décidé, conjointement aux divers mouvements (de résistance)."
"Nous étions tombés d’accord sur "une institution nationale suprême", or ce projet n’a jamais connu de réalisation", a-t-il poursuivi, faisant allusion à un projet selon lequel le Hamas et le Jihad islamique entreraient dans l’Organisation de Libération de la Palestine [OLP], après modification des statuts.
"Nous avions convenu que notre peuple ne doit pas être blessé par des gens de l’Autorité palestinienne, et cela n’a pas abouti. Même chose en ce qui concerne la poursuite des élections locales, qui ne sont pas tenues, et celle des élections législatives. Même s’il existe des accords écrits, le Fatah a ajourné les élections unilatéralement, et aujourd’hui, Abu Mazen est en train de retenir des dates et à nous envoyer des émissaires afin de nous habituer à eux…"
Zahar a exigé qu’une date soit retenue pour les futures élections législatives, qu’une nouvelle Commission Centrale des Elections soit créée afin de remplacer la précédente, et de garantir que les élection soient démocratiques et exemptes de fraude.
" Les relations entre le Fatah et le Hamas sont tendues, sur fond d’attaques verbales du Fatah à l’encontre de notre organisation ", a-t-il conclu.
Source : www.haaretz.com/
Traduction : Marcel Charbonnier
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