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Europe - 6 octobre 2008
Par Khaled Amayreh
Le gouvernement israélien presse (et pressure) en coulisse l'Espagne à reconsidérer le lancement d'un mandat d'arrêt contre des officiers de l'armée israélienne de haut rang accusés d'avoir commis des crimes de guerre dans les territoires palestiniens occupés.
Gaza, 22 juillet 2002 - Assassinat de Sheikh Salah Shehadeh lors d'un bombardement de l'armée sioniste qui a fait 16 morts et plus de 120 blessés (photo Adel Hana)
Au début de l'année, une action en justice a été intentée devant la Cour nationale d'Espagne, dans le but de lancer un mandat d'arrêt contre sept responsables militaires israéliens.
Les sept comprennent l'ancien premier ministre Ariel Sharon, l'ancien ministre de la défense Benyamin Benalizer, l'ancien chef du Shin Bet Avi Dichter, l'ancien chef d'Etat major Moshe Ya'alon, l'ancien commandant de l'armée de l'air Dan Halutz, le commandant de la branche Opération Giora Eiland et le commandant en chef de la région Sud Doron Almog.
Le Centre Palestinien pour les Droits de l'Homme (PCHR), qui a intenté l'action en justice, a exhorté les autorités judiciaires espagnoles à lancer un mandat d'arrêt international contre les sept, en raison de leur rôle dans le bombardement d'un immeuble d'appartement à Gaza le 22 juillet 2002, au cours duquel un chef du Hamas a été tué, ainsi que sa famille et 15 autres civils, dont 11 enfants.
La Cour Nationale d'Espagne a accepté d'examiner l'affaire, première étape vers le lancement de poursuites formelles.
Si l'affaire réussit, les accusés seront arrêtés dès qu'ils entreront sur le territoire espagnol et se verront retirer leur immunité diplomatique, dont certains jouissent actuellement.
Selon les sources médiatiques israéliennes, Tzipi Livni, l'actuelle Ministre des Affaires Etrangères qui devrait devenir Premier Ministre, a demandé au Ministre espagnol des Affaires Etrangères Angel Moratinos d'user de son influence pour désamorcer l'enquête légale qui permettrait au système de la justice espagnole de "pourchasser" les responsables israéliens accusés de crimes de guerre en visite sur le sol espagnol.
Eh bien, l'Espagne serait sage de refuser de succomber à la pression israélienne à ce sujet. Et il y a pour cela de nombreuses raisons :
D'abord, ce n'est pas une question politique ; c'est d'abord et surtout une question légale et morale impliquant le meurtre prémédité d'innocents. Nous parlons de centaines, et même de milliers, d'hommes, de femmes et d'enfants innocents tués en toute connaissance de cause par l'armée israélienne, qui agit sur les instructions et ordres directs de gens comme Ya'alon, Halutz et Benalizer. Des dossiers détaillés sur ces crimes sont disponibles car ils ont été méticuleusement instruits par les groupes pour les droits de l'homme qui oeuvrent en Palestine.
La conscience de l'humanité doit aux victimes sans défense et ignorées que les accusés soient jugés pour leurs crimes. S'ils sont déclarés non coupables, ils seront libérés ; s'ils sont déclarés coupables, ils devront payer pour leurs crimes.
C'est pourquoi l'Espagne doit faire respecter l'autorité morale de son système judiciaire et veiller à ce que les criminels de guerre israéliens mettant le pied sur le sol espagnol soient traités ni mieux ni pire que n'importe quel autre criminel.
Un criminel est un criminel, peu importe son contexte ethnique ou son affiliation religieuse. Et que les suspects soient les citoyens d'un Etat puissant ou faible ne doit pas entrer en ligne de compte.
Ensuite, tout un faisceau de preuve inculpe ces présumés criminels de guerre.
Ariel Sharon est sans aucun doute un criminel de guerre certifié. Il a vécu toute sa vie comme un criminel de guerre. Il fut un criminel de guerre en tant que soldat, en tant que commandant Platoon, en tant que Ministre de la Défense et en tant que Premier Ministre.
Sharon a ordonné l'assassinat de masse de centaines de prisonniers de guerre égyptiens. Toutefois, c'est son rôle dans les massacres génocidaires de Sabra et Chatila, près de Beyrouth en septembre 1982, qui lui confèrent le statut de criminel de guerre par excellence. Mais il ne peut se présenter devant un tribunal aujourd'hui, pour la simple raison qu'étant en état végétatif pour la troisième année consécutive, il est suffisamment puni par Dieu.
Pareil pour Benalizer, lui aussi est un criminel de guerre qui a ordonné des opérations meurtrières qui ont causé la mort de nombreux innocents, dont des enfants. En 2001, Benalizer se vantait d'avoir tué tellement de Palestiniens sans s'être attiré de réactions négatives de la communauté mondiale.
"Le monde est aujourd'hui préoccupé par les événements en Amérique (11 novembre). Ce qui signifie que nous pouvons nous comporter comme nous voulons avec les Palestiniens", avait-t-il dit joyeusement.
De plus, Benalizer avait donné le feu vert au bombardement d'un immeuble résidentiel à Hay al-Daraj, au centre de Gaza ville, il y a plus de six ans. Un avion de guerre israélien avait alors largué une bombe de 2.000 tonnes sur la maison de Sheikh Salah Shehadeh, commandant de la branche armée du Hamas. Le bombardement avait tué, outre Shehadeh, quinze civils, dont une majorité d'enfants.
Parmi les responsables israéliens impliqués dans ce crime monstrueux, on trouve également Ya'alon, alors chef d'Etat-Major de l'armée israélienne, qui savait que la femme et les filles de Shehadeh étaient près de lui pendant le bombardement.
C'est le même Ya'alon qui, quelques mois plus tard, avait traité les victimes palestiniennes d'Israël de "cancer", disant que "il se contentait pour le moment d'une chimiothérapie", et que "si la chimiothérapie ne marchait pas", alors il devrait avoir recours à la thérapie hitlérienne.
Tout comme Halutz, commandant de la flotte aérienne israélienne en 2002, qui se vantait du carnage de Hay al-Daraj. A un journaliste qui lui demandait ce qu'il avait ressenti lorsqu'il avait largué la bombe, Halutz avait rétorqué qu'il avait ressenti un léger mouvement sous son siège au moment où la bombe est tombée.
Dans un autre entretien, il a déclaré n'avoir aucun remords ni sentiment de culpabilité sachant que des enfants innocents étaient tués.
"Je dors très bien la nuit, ma conscience est claire".
Au fond de leurs cœurs, les dirigeants israéliens et les Israéliens en général savent que la plupart de leurs actes en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, et aussi au Liban, relèvent de crimes de guerre.
Certains porte-paroles israéliens essaient de tergiverser et de créer de la confusion en prétendant que les soldats israéliens tuent des Palestiniens innocents en le sachant, mais pas délibérément.
Bon, quelle est la différence entre tuer en le sachant et tuer délibérément ? Même les nazis n'avaient pas le "chutzpah" (culot) de faire de telles déclarations.
En outre, lorsque le nombre de victimes innocentes est si important, comme à Gaza, la simple intention est hors de propos.
C'est pour ces raisons que les autorités espagnoles ne doivent pas permettre que l'intégrité du système juridique espagnol soit compromis par des pressions diplomatiques exercées par les dirigeants dominateurs d'Israël, qui pensent que ce qui s'applique au reste de l'humanité ne s'applique pas aux Juifs.
Bien sûr, personne ne suggère que l'Espagne joue le rôle de juge mondial ou de policier mondial.
Cependant, l'Espagne est un Etat souverain et elle a le droit d'empêcher d'entrer sur son territoire des criminels de guerre suspectés.
C'est le moins que peuvent faire les pays civilisés pour décourager et empêcher la récurrence d'autres crimes et crimes contre l'humanité.
Source : Exposing Israel
Traduction : MR pour ISM
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