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Moyen Orient - 5 août 2009
Par Khaled Amayreh
Le discours du Président Obama au monde musulman, prononcé au Caire le 4 juin, et son engagement déclaré à trouver une solution « équilibrée » à la situation tragique des Palestiniens, ont ranimé l’espoir de voir se terminer des décennies d’occupation israélienne cruelle des territoires palestiniens occupés.
De plus, les demandes régulières d’Obama qu’Israël gèle son expansion coloniale effrénée en Cisjordanie et à Al-Quds Est (Jérusalem) ont poussé de nombreux arabes et musulmans, comme d’autres personnes de bonne volonté autour du globe, à penser que les Etats-Unis avaient peut-être finalement décidé d’introduire quelque impartialité et quelque justice dans leur politique d’autrefois effrontément pro-israélienne
Il y en a toutefois qui ne sont pas prêts à donner à Obama le bénéfice du doute, non seulement parce qu’ils continuent d’entendre presque quotidiennement des rapports venant de Washington affirmant l’engagement « gravé dans le marbre » des USA envers la sécurité israélienne, mais aussi parce qu’Israël est de fait en train de défier Obama et de lui dire : « Fais ce que tu veux, nous ne tiendrons aucun compte de tes demandes. » Evidemment, la brutalité systématique d’Israël contre les Palestiniens, en particulier dans la Bande de Gaza, ainsi que le vol de la terre arabe en Cisjordanie sont des preuves claires, s’il en était besoin, que la paix et Israël sont un éternel oxymore.
Cette perception est corroborée par un torrent d’attaques personnelles sur Obama par les pontificateurs sionistes qui ont traité le président US de toutes sortes de noms, dont « antisémite », « haïsseur de juifs » et « amoureux du Hamas ».
Mais la question demeure, Obama est-il capable de faire le boulot ? C’est-à-dire d’obtenir qu’Israël en finisse avec ses décennies d’occupation de la Cisjordanie , de la Bande de Gaza et d’Al-Quds et qu’il rapatrie les réfugiés palestiniens qui ont été brutalement déracinés de leur patrie ancestrale lorsque l’Etat sioniste a été créé, il y a plus de soixante ans.
Réussira-t-il là où toutes les autres administrations US ont échoué ?
Et quelles seraient les répercussions et les ramifications, dans le cas où l’entière stratégie d’Obama au Moyen-Orient ne se matérialiserait pas, principalement en raison de l’intransigeance et de l’arrogance israéliennes, et également à cause de l’incapacité perçue des USA à exercer des pressions sur Israël pour qu’il abandonne le butin de la guerre de 1967 ?
Ces questions, et d’autres, ont été posées à trois intellectuels palestiniens qui ont une connaissance large de la politique étrangère des USA au Moyen-Orient.
« Copie conforme de Bush »
Abdul Sattar Qassem est professeur de science politique à l’Université national An-Najah de Naplouse. Il est également un écrivain prolifique et un activiste politique qui a été emprisonné par Israël et par l’Autorité Palestinienne plusieurs fois à cause de ses critiques ouvertes du « processus de paix » avec Israël.
Il a déclaré à Islamonline que pour lui, l’échec de la stratégie d’Obama toute entière ne faisait aucun doute.
« Je ne vois aucune véritable différence entre Obama et [l’ancien président US George] Bush. Je n’exagère pas si je dis que la politique d’Obama est pour l’essentiel la copie conforme de la politique de Bush. Je pense que ses promesses et ses proclamations ne seront finalement qu’illusions. »
Interrogé sur ce qu’il pensait que seraient les ramifications de l’échec de la « vision Obama », Qassem dit que le régime palestinien et les autres régimes arabes officiels sont « trop impuissants, trop corrompus et trop en faillite pour faire la moindre différence. »
« Ils [les régimes arabes] ne feront rien parce qu’ils manquent de la volonté d’agir et ils ne sont pas capables de faire quoi que ce soit qui mettrait Israël en colère. Ils se contenteront d’attendre la prochaine administration américaine, juste comme ils l’ont fait depuis des décennies. C’est la raison pour laquelle Israël et l’Occident en général ne prennent pas le monde arabe au sérieux. »
Néanmoins, Qassem affirme que le désespoir qui accompagnerait l’échec de la stratégie Obama génèrera « beaucoup d’indignation et d’exaspération » dans le monde arabe, en particulier en Palestine occupée et dans des pays comme l’Egypte, le Liban et la Jordanie.
Les analyses de Qassem sont globalement partagées par Haidar Eid, professeur d’anglais à l’Université Al-Quds de Gaza.
Il affirme qu’il est naïf de mettre quelque espoir dans Obama pour parvenir à une paix juste et durable.
« Je crois que les efforts d’Obama rencontreront un échec patent, non seulement à cause du refus israélien de mettre fin à l’occupation et des tendances néo-nazis montantes dans la société israélienne juive, mais aussi à cause de l’absence manifeste de volonté politique de la part des régimes arabes officiels. »
Cependant, contrairement à Qassem, Eid croit que l’échec de la stratégie Obama au Moyen-Orient aura des « effets polarisateurs profonds » sur les Palestiniens comme sur la région toute entière.
« Il y aura une polarisation aigüe entre les deux camps : le camp de la résistance, du défit et de la fermeté d’un côté, et la camp de la soumission à l’hégémonie US, de l’autre. »
Eid se moque des Arabes et des Musulmans qui ont vu en Obama un parangon de la justice et de la paix véritable.
« Nous devons nous souvenir qu’Obama n’a pas demandé à Israël de démanteler les colonies, ni le mur, ni d’autoriser les réfugiés à rentrer chez eux. De quelle sorte de paix parlons-nous donc ? »
Eid dit n’avoir vu aucune stratégie arabe tangible qui servirait d’alternative au cas où le travail d’Obama entrerait dans une impasse.
« Je pense que nous avons besoin d’une alternative véritable, sous la forme de la demande de la création d’un Etat démocratique unitaire sur toute la Palestine mandataire, de la Méditerranée au Jourdain, où les Juifs et les Arabes, quelles que soient leur religion ou leur race, vivraient comme des citoyens égaux. »
« Donnons-lui une chance »
Abdullah Abdullah est un homme politique palestinien chevronné affilié à l’organisation Fatah. Il rejette ceux qui « disent perpétuellement non » et les traite de « novices en politique. »
« Je suis en profond désaccord avec ceux qui pensent que la survie de la cause palestinienne dépend du succès du travail d’Obama. On a été jadis allié à l’Union Soviétique. L’Union Soviétique a disparu mais la cause palestinienne reste, toujours aussi d’actualité, » dit Abdullah, qui est également un membre éminent du Conseil Législatif Palestinien.
Toutefois, contrairement à Eid et à Qassem, Abdullah pense qu’Obama est sincère dans ses efforts pour résoudre l’interminable conflit en Palestine « pour des raisons altruistes. »
« Des planificateurs stratégiques aux Etats Unis sont parvenus à la conclusion que laisser irrésolu le conflit arabo-israélien aurait des conséquences néfastes sur les intérêts nationaux américains. »
Abdullah dit qu’Obama n’est pas juste qu’un autre Bush.
« Ce président est très différent de Bush. Il a soigneusement étudié les problèmes auxquels sont confrontés les Etats-Unis et est parvenu à la conclusion que la résolution du problème palestinien est un pré-requis important pour enrayer la détérioration en cours de l’image mondiale US. »
Abdullah reconnaît néanmoins qu’on ne peut écarter la possibilité d’un échec.
« Nous n’avons rien à perdre à coopérer avec l’administration Obama. Si nous commençons à dire « Non », nous envoyons un cadeau en de propagande à Israël qui va alors clamé partout que ce sont les Palestiniens, pas Israël, qui ne veulent pas la paix. »
Qassem affirme qu’alors que les gens peuvent diverger sur l’opportunité de certaines tactiques, les intellectuels devraient porter plus d’attention aux objectifs stratégiques.
« Je ne pense pas que nous devions continuer à épuiser nos efforts nationaux en jouant le jeu des relations publiques avec Israël. Au lieu de cela, nous devons trouver une véritable stratégie de salut qui conduira finalement à la libération de la Palestine, la terre et le peuple. Et, telles que je vois les choses sur le terrain, je ne prétendrais pas que le travail d’Obama nous permette de parvenir à nos fins.
Je dis ceci parce que notre tâche ne consiste pas seulement à geler la construction d’un immeuble ici ou là, nous tâche, c’est la renaissance arabo-islamique. C’est ça qui obligera Israël à reconsidérer son insolence et son arrogance. »
Source : Islam On Line
Traduction : MR pour ISM
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