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Moyen-Orient - 9 janvier 2012
Par Badia Benjelloun
Avril 2004.
Le deuxième millénaire commençait de s’ébattre dans sa prime enfance, il entamait ses cinq ans.
La ville de Falloujah rompait ses poches d’eau, se vidait. Des colonnes en suintaient de toutes parts.
L’envahisseur ne se montrait guère avare de ses froides foudres d’uranium.
S’expulsaient à coups de missiles les futurs mal formés.
Et tous ceux qui fuyaient par milliers, remontant le cours du fleuve, rejoignaient la Syrie voisine.
Le 7 juillet 2004, plus d’un an après l’invasion de l’Irak alors que l’évidence d’absence d’armes de destruction massives s’imposait à tous, paraissait une lettre ouverte signée par 105 intellectuels arabes à majorité irakienne sur le journal Azzaman Newspapers.
Elle était adressée à G. W. Bush et Tony Blair, alors respectivement Président des US(a) et Premier Ministre britannique.
Cette lettre a été pieusement conservée par des Irakiens de gauche pour qu’aucune des personnes qui a apposé son nom au bas du document ne soit omise le jour où il deviendra nécessaire de l’exhiber. Elle figure toujours ici.
Pour les non arabophones, un Google translate suffit à en appréhender la substance car elle ne présente aucune difficulté de traduction.
Les 105 intellectuels remercient et expriment toute leur gratitude aux deux chefs d’État, à leurs peuples et leurs armées pour avoir eu le courage d’avoir envahi l’Irak et débarrassé les Irakiens de Saddam Houssein.
Le cent et unième signataire, le Dr Haytham Al Mannaa (photo ci-dessus) est en réalité un Syrien, exilé à Paris vivant de subsides alloués par des instances de l’ONU (?) pour s’être déclaré président d’une association, organisme arabe des droits de l’homme, élevée au titre de Commission arabe des droits humains.
Début octobre 2011, Haytham al Mannaa caractérisait son rival, l’autre opposant syrien, Bouhrane Ghalioune, président du Conseil National Syrien (CNS), pour ce que les instances franco-américaines en ont fait, un agent de l’étranger.
Il constatait que B. Ghalioune s’était autoproclamé chef de l’opposition sans avoir été désigné pour les représenter par les opposants de l’intérieur.
Fin décembre 2011, Haytham Al Mannaa passe outre ses préventions à l’égard de son concurrent et signe au Caire un pacte avec le CNS qui jette quelques principes d’accord pour l’après Bachar Al Assad. Le point 2 de protection des civils par tous les moyens dans le contexte du droit international peut rentrer en peu subtile contradiction avec son principe premier qui exclue toute intervention militaire étrangère affectant la souveraineté syrienne.
Les enfants syriens doivent-ils se préparer à chanter une ode à Haytham Al Mannaa pour le remercier de sa future gratitude à l’égard de M. Juppé et de M. Obama qui tiennent pour acquise leur intervention militaire libératrice en Syrie ?
Les enfants de Felloujah se permettent de se rappeler au souvenir de Haytham Al Mannaa :
Laissons le temps ce vieillard morose
Aux doigts de chapelets
Semer ses grains entre deux hivers
Et rencontrons nous de l’autre côté de l’année
Ceinte de ses colliers de larmes
Couronnée de feuilles de peupliers
et parfumée des rires jaspés des enfants de Falloujah
Laissons-le aux portes de notre printemps
Lui qui ne compte plus
Usé et prisonnier de son sablier
Les rues de nos villes sont pavées des mémoires de notre oubli
Et chaque venelle s’y déverse charriant
Les blessures de nos enfants de Falloujah
Il se revigore de ses yeux blanchis au phosphore
A voir danser toutes plaies rentrées
Dans leurs robes de clairière et de mousse palmée
Têtes blêmies dans leurs fichus d’attente
Les mères des enfants de Falloujah
Laissons-le s’attendrir, lui l’impassible, le mesureur,
Envasé de ses deux pieds dans la tourbe
Quand éclot la nuée des enfants de Falloujah
Ses lèvres se scellent et son cœur déborde
Quand se coude le fleuve rougi
De ce qui reste des enfants de Falloujah
Toutes ces clameurs, toutes ces couleurs et ce jasmin au bout de notre jardin
Au soir de notre patrie, car voici qu’il veille de toutes ses nuits allumées
aux rêves d’éclair des enfants de Falloujah
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Badia Benjelloun
9 janvier 2012