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Gaza - 2 juin 2010
Par 20min.fr
Youcef Benderbal, 39 ans, du Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (CBSP) était à bord d'un des six bateaux de la flottille de la liberté pris d'assaut lundi par l'armée israélienne. Rentré à Paris mardi midi, il raconte.
"Face à la détresse de la population de Palestine, il y a deux possibilités : soit vous agissez, soit vous regardez 1,5 million d’habitants survivre dans des conditions terribles et souffrir. Nous, au CBSP, nous avons choisi d’agir en acheminant à Gaza par bateau une centaine de maisons préfabriquées, de fabrication turque. Elles ont été chargées sur le cargo grec.
Youcef Benderbal (au centre), responsable de la communication du Comité de bienfaisance et de secours aux Palestiniens (CBSP), le 1er juin 2010 à Paris —C.CHAUVEL / 20 MINUTES
Moi j’étais sur un autre bateau, celui qui regroupait une cinquantaine de personnalités, de pacifistes, d’humanitaires et de journalistes des télévisions tchèque, bulgare, italienne. Avec moi, il y avait aussi les responsables lyonnais, lillois et marseillais du CBSP.
Lundi matin, tout est allé très vite. Nous étions dans les eaux internationales, dans lesquelles on n’a pas à demander d’autorisation de naviguer. Les six bateaux de la flottille étaient proches les uns des autres. Vers 4 heures du matin, je suis monté sur le pont et j’ai vu que le bateau turc était pris d’assaut par un hélicoptère. J’ai aussi entendu des tirs. A peine avais-je tourné la tête qu’un Israélien était monté à bord de notre bateau. L’assaut était simultané. L’attitude du militaire était très agressive. J’ai levé les bras et écarté les mains et lui ai dit 'We are pacifists'. J’ai suivi les consignes de résistance pacifique qu’on nous avait données.
Comme on savait qu’il y avait un risque de voir l’armée israélienne débarquer, on avait constitué trois groupes : celui qui s’enchainerait comme Greenpeace le fait et protègerait avec son corps – et pas avec des couteaux, des barres ou autres - l’entrée de la cabine du capitaine du bateau pour éviter que les soldats n’y pénètrent. Un autre groupe devait empêcher avec son corps l’entrée de la salle des machines. La dernière équipe devait accueillir de façon pacifique les Israéliens pour amorcer un dialogue, détendre l’atmosphère et apaiser.
Au final, il y a eu plusieurs blessés sur mon bateau, notamment parmi ceux qui bloquaient l’accès à la cabine. Le capitaine a eu l’oreille cassée et a été roué de coups. Il porte une minerve maintenant.
J’insiste : personne de notre bateau n’a utilisé d’arme. Chacun a conservé son calme et gardé la tête haute. L’usage de la force était du côté israélien avec matraques, flashball et décharges électriques.
Nous avons ensuite été détournés, enlevés, expulsés de notre mission et débarqués à Ashdod, en Israël. Là, nous avons subi tout un ensemble de contrôles d’identité, de fouilles corporelles et d’interrogatoires. Comme si on était des terroristes. Mon téléphone, ma caméra, mon appareil photo m’ont été confisqués. Idem pour les journalistes.
Moi je suis rentré en France mais mes collègues sont toujours incarcérés en Israël. Je demande au gouvernement français d’agir en toute diligence pour s’assurer de leur sécurité tant physique que morale et pour qu’ils retrouvent leurs proches au plus vite. J’estime que, même si la mission n’a pas abouti, le but est atteint car le message est passé : il est indispensable voire vital de briser le blocus de Gaza. Même un responsable de l’ONU a fait des déclarations en ce sens."
Propos recueillis par Alexandra Bogaert pour METRO.
Attaque de la flotille humanitaire par Israël : Interview exclusive de Camel Bechikh, Responsable des relations publiques du CBSP, partenaire de l’opération
Media Libre, 31 mai 2010.
Camel Bechikh, vous êtes le responsable des relations publiques du CBSP, (Centre de Bienfaisance et de Secours aux Palestiniens), association partenaire de la flottille humanitaire attaquée par l’Etat israélien. Nous confirmez-vous qu’aucune victime n’est Française ?
Oui absolument. Sept Français, tous membres du CBSP faisaient partie de la flottille et on ne compte heureusement aucune victime. Nous avons des nouvelles au compte goutte mais nous savons déjà que certains d’entre eux ont été directement expulsés, d’autres sont actuellement incarcérés. Nous sommes évidemment soulagés même si nos pensées vont d’abord aux victimes.
Le CBSP est-il habitué de ces missions humanitaires vers Gaza ?
Oui, bien sur. Nous organisons régulièrement des missions avec pour unique but d’apporter des matériaux vitaux pour les Gazaouis. Mais les exigences israéliennes et égyptiennes sont très contraignantes et nous sommes habitués aux coups durs. Pourtant nous atteignons là des niveaux de violence et d’intolérance inconnus. Comment peut-on s’en prendre à des militants humanitaires désarmés ?
Que transportait exactement cette flottille humanitaire ?
Dans ce cas précis il s’agissait principalement de maisons préfabriquées, car vous n’ignorez pas que les Gazaouis vivent principalement dans des camps. Je précise qu’il s’agissait de maisons en plastique, sans béton, afin de répondre aux exigences israéliennes.
Pourquoi avoir choisi la voie maritime plutôt que le transit par l’Egypte ?
Symboliquement ; il nous paraissait important, outre les délais, de montrer que la raison humanitaire devait l’emporter sur la raison guerrière caractérisée au plan maritime par le blocus. Bien sur nous pensions que les bateaux pouvaient être arraisonnés mais jamais nous n’aurions imaginé qu’ils puissent être attaqués et que des militants humanitaires puissent être tués !
Quelles actions comptez-vous intenter pour dénoncer cette attaque israélienne, et comment la caractériseriez vous ?
Il s’agit purement et simplement de piratage puisque cette attaque a eu lieu dans les eaux internationales. Piratage qui s’apparente à du terrorisme si souvent et si facilement dénoncé par l’Etat israélien. Nous avons rendez vous au ministre des affaires étrangères où nous entendons protester solennellement contre une attaque qui a visé des ressortissants Français, en violation du droit international, et nous envisageons également de saisir le Tribunal Pénal International. Mais c’est évidemment sur le terrain que nous entendons d’abord répondre, en poursuivant et en intensifiant notre aide humanitaire.
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