Liban - 7 mai 2006

Interview d'Osama Hamdan, représentant du Hamas au Liban

Par Clancy Chassay

Clancy Chassay est un journaliste britannique indépendant basé à Beyrouth. Il a contribué à cette interview pour Palestine Chronicle

Dans une récente interview, le haut responsable du Hamas, Osama Hamdan a indiqué que le groupe est disposé à respecter une trêve de dix ans avec Israel avant de lancer une guerre pour reprendre l'ensemble de la région représentant la Palestine historique.
Il a déclaré que le Hamas envisage un retour au consensus national d'avant 1948 dans lequel les habitants Juifs, Chrétiens et Musulmans de la région vivraient ensemble pacifiquement.

Alors qu'il entre dans son quatrième mois au nouveau gouvernement, le Hamas continue à faire face à l'isolement et à l'obstruction internationaux, ainsi qu'à la dissidence interne du mouvement autrefois au pouvoir du Fatah.

En dépit d'indications que le Hamas pourrait être disposé à accepter une initiative de Paix soutenue par les Saoudiens reconnaissant une solution à deux Etats et par prolongation Israël, l'engagement de longue date pour remplacer l'Etat juif par une Palestine Islamique demeure fort parmi les dirigeants du mouvement.

Dans une récente interview, le haut responsable du Hamas, Osama Hamdan a indiqué que le groupe est disposé à respecter une trêve de dix ans avec Israël avant de lancer une guerre pour reprendre l'ensemble de la région représentant la Palestine historique.


Il a déclaré que le Hamas envisage un retour au consensus national d'avant 1948 dans lequel les habitants Juifs, Chrétiens et Musulmans de la région vivraient ensemble pacifiquement.

En s'exprimant il y a quelques semaines dans les banlieues Sud de Beyrouth, Hamdan a souligné qu'une telle trêve ne se produirait que lorsqu'Israël permettrait le retour de tous les réfugiés palestiniens, retirerait ses forces sur les frontières de 67 et abandonnerait la moitié de Jérusalem.

Hamdan, le représentant du Hamas au Liban, a indiqué que son parti avait élaboré un plan pour faire revenir de nombreux réfugiés vivant actuellement dans la Diaspora.

Il a nié les récits d'une présence d'Al Qaeda dans les Territoires Occupés et a invité les gouvernements occidentaux à reconnaître que soutenir des Islamistes Réformistes tels que le Hamas était le meilleur espoir pour faire échec à Al Qaeda et à ses associés dans la région.


Quelle est votre réponse aux tentatives de l'administration américaine d'obstruer et d'isolat le nouveau gouvernement du Hamas ?

Deux problèmes se posent au gouvernement américain :
Premièrement, pour la première fois dans la région, il doit faire face au résultat démocratique qui a porté au pouvoir un groupe qui est contre leurs politiques ici.
Donc maintenant, il veut faire la guerre au gouvernement élu.

Deuxièmement, il n'agit pas sur les bases de la justice et de la liberté, ce à quoi il a toujours appelé dans le monde entier.
Il peut voir chaque jour ce qu'Israël fait à notre peuple; il n'y a aucune justice pour les Palestiniens et il ne dit rien.

Il a appliqué une pression énorme et a exigé que les élections aient lieu quand il le voulait. Il l'a fait parce qu'on leur a dit que le Hamas perdrait et serait vu comme une minorité qui pourrait être écartée.

Mais c'est l'opposé qui s'est produit; nous sommes maintenant la majorité mais il ne le respecte pas. Il a fait une pression énorme sur des candidats pour qu'ils ne se présentent pas, certains se sont retirés ; d'autres non.

Je crois que ce genre de pression n'aidera pas les projets américains dans la région ; cela montre sa contradiction, il utilise différents standards en traitant avec différents groupes dans la région.

En outre, cela montrera aux gens de la région qu'ils ne peuvent pas compter sur les Etats-Unis et sa politique et qu'ils ne peuvent pas faire confiance aux valeurs des Etats-Unis mais plutôt qu'ils doivent croire en eux-mêmes.



Comment pensez-vous qu'Israël a été affecté par votre victoire électorale ?

Israël est maintenant en position faible, mais à l'avenir - un futur pas très lointain - ils deviendront encore plus faibles. Pas simplement parce que le Hamas a gagné les élections et que le Hizbullah lui résiste et que l'Iran s'oppose à lui, mais parce qu'il est en désaccord avec la région entière.

Bien que, quand les premiers Sionistes ont été expulsés d'Europe au milieu du 20ème siècle ils aient été reçus ici et aient été respecté comme des camarades; ils ont vécu comme nos égaux, certains d'entre eux étaient des personnalités importantes de la communauté. Personne ne les a traités comme un peuple anormal; ils ont été respectés.

Quand ils ont décidé d'établir quelque chose d'anormal pour la région, ils ont pris leur destin en main…

Je crois qu'ils deviendront plus faibles, les Etats-Unis leur réduiront leur soutien et ils devront partir ou revenir à une situation nationale qui existait avant [1948], pour vivre avec le peuple en tant que peuple selon nos propres lois.



Le Hamas adhère actuellement aux accords de cessez-le-feu avec Israël. Les responsables du Hamas ont parlé d'une trêve à long terme avec Israël. Comment duera cette trève ?

D'abord nous devons parler des conditions de cette trêve.

Premièrement le retrait total des terres occupées : cela inclut les colonies et le retour des réfugiés - si cela se produit, nous sommes prêts pour une trêve à long terme de 10 ans.

Cela signifie pour nous que nous aurons le droit d'établir notre propre Etat sans obstruction de la part des Israéliens et sans aucun engagement envers les Israéliens.

S'ils sont inquiets pour leur propre sécurité et que personne ne peut les soutenir, ce ne sera pas de notre responsabilité et pas sur nos terres.



Comment avez-vous l'intention d'obtenir le retour des réfugiés ?

D'abord, nous considérons la question du retour comme non-négociable, nous ne négocierons pas cela. C'est un droit qui doit être appliqué et nous n'accepterons aucun compromis à ce sujet.
Nous ne pouvons pas parler des droits des Palestiniens sans parler du droit au retour des réfugiés dans leur patrie.

Et cela signifie qu'il n'y aura aucun processus politique sans reconnaissance de ce droit et sans engagements envers ce droit.

Deuxièmement, je crois que ce qui peut marcher pour nous, c'est notre propre travail par nos réfugiés et notre coopération avec les gouvernements qui soutiennent ce droit, en particulier le Liban, la Syrie et la Jordanie.
Ce droit peut être réalisé soit par des moyens politiques pacifiques soit par la résistance.



Comment interprétez-vous la déclaration d'Ayman al-Zawahiri au sujet de la participation du Hamas aux élections ?

Je crois qu'il a ses propres idées envers les Etats-Unis et il utilise les actions et les décisions des Etats-Unis pour essayer de montrer que son point de vue est le bon et que partager ou participer aux élections n'aidera pas la région, et qu'on ne peut pas faire confiance aux Etats-Unis.
Je pense que les Etats-Unis lui donnent continuellement des raisons pour dire cela.

Son idée est de faire sauter l'ensemble du système contrôlé et dirigé par les Etats-Unis.

Mais nous croyons dans la Palestine. Nous montrerons à la région entière que par le processus démocratique et par les réformes, on peut travailler au profit du peuple tout en maintenant de bonnes relations avec la communauté internationale et la région.

Je pense qu'il est temps pour l'Occident de décider s'il veut traiter avec les gens qui croient dans les réformes et qui veulent avoir de bonnes relations avec l'ensemble de la communauté internationale ou avec des gens qui ne croient pas dans ce genre de relations et veulent mettre le feu à l'ensemble du système.



Que pouvez-vous dire au sujet des commentaires de Mahmmoud Abbas sur la présence d'Al-Qaeda en Palestine ?

Il est tombé dans un piège israélien. Il a suivi l'information fallacieuse qui lui a été présentée par les Israéliens et certains de ses responsables de la sécurité. C'est clair pour les Palestiniens, ils ont leur propre cause et leurs propres problèmes : ils résistent à l'occupation.

Toute présence des militants en Palestine commence par la résistance à l'occupation.

Nous vivons parmi le peuple et nous sommes le peuple de la Palestine et je crois qu'il parlait de quelque chose qui n'existe pas vraiment dans les territoires palestiniens.



Quelle est la position du Hamas sur Al Qaeda et des organisations du genre d'Al Qaeda ?

Nous sommes des Islamistes. Nous avons nos idées et notre idéologie, et nous croyons en tant que Musulmans que nous devons servir notre communauté. Dans notre communauté, nous ne sommes pas censés forcer le peuple à croire en nos idées, nous devons présenter nos idées et les laissez choisir.

La question de la religion et de ses idées est le choix de chaque individu. Une personne peut faire son choix et nous sommes prêts à respecter ces choix. Nous pouvons ne pas être d'accord avec son idéal mais nous devons respecter le droit de choisir. Il est clair pour nous que chaque homme doit faire son propre choix mais il y a des choix d'ensemble pour la communauté.

Ces choix peuvent être travaillés par le processus démocratique et je crois que nous l'avons montré clairement.
Nous avons parlé de nos idées. Nous sommes contre la politique des Etats-Unis dans cette région.

Ce n'est pas simplement une politique. Elle aide les Israéliens et leur occupation de notre peuple. Mais il est clair pour nous que ceci est lié à la politique du gouvernement, ce n'est pas liée aux Américains.
Vous devez leur parler (aux Américains) ; ils sont capables d'aider bien plus que tout autre peuple.



Que pouvez-vous dire sur l'attaque de la prison de Jéricho et la capture d'Ahmed Saadat par les Israéliens ?

Nous avions parlé avec Abu Mazen de sa libération avant l'incident et nous avons cru que s'il le faisait, ce serait un bon signe de sa part envers l'ensemble de la communauté Palestinienne. Ce qui s'est produit pendant ces deux jours a montré clairement deux choses aux Palestiniens :

Premièrement, les Israéliens n'ont aucun respect des traités ou des accords.

Deuxièmement, c'est qu'il n'y a aucune véritable garantie. Cette prison était garantie par la Grande-Bretagne et les USA ; ils ont retiré leurs observateurs juste 10 minutes avant le début de l'attaque israélienne.

Les Israéliens ont fait venir leurs tanks et leurs soldats tandis qu'il n'y avait aucune véritable force du côté palestinien pour y résister.

Cela a prouvé qu'il n'y a aucun véritable processus de paix ; il n'y aura aucune paix dans la région tout pendant que ce genre d'hostilités continuera du côté israélien.

Source : http://palestinechronicle.com/

Traduction : MG pour ISM