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Afrique du Sud - 20 mai 2006
Par Ronnie Kasrils et Victoria Brittain
> victoriacbrittain@hotmail.co.uk
La crise en Palestine est maintenant plus dramatique que l'Apartheid mais ce sont les victimes qui sont punies.
Les responsables occidentaux répriment les élections démocratiques en Palestine en retenant l'aide et en utilisant la punition collective, le siège économique et la famine en tant qu'armes politiques pour que le gouvernement du Hamas accepte les termes de leurs négociations avec Israel.
Jamais dans la longue lutte pour la liberté à l'époque de l'Apartheid en Afrique du Sud, il n'y a eu une situation aussi dramatique qu'en Palestine aujourd'hui : alors que des enfants aient été tués pour avoir résisté à une éducation de seconde-classe ; que les chefs du mouvement de libération aient été enfermés pendant des décennies sur l'île de Robben ; que les nouveaux leaders aient été assassinés ; que des responsables de l'Eglise aient été empoisonnés ; que les démolitions de maisons et les déplacements forcés aient été fréquents ; les gouvernements occidentaux ont dit aux Sud-Africains qui devraient être leurs chefs et quelle politique ils devraient appliquer.
Le Congrès National Africain a affronté le pouvoir militaire, économique et social du gouvernement Blanc avec une petite armée de guérilleros, l'appui massif de la population et une autorité morale que des millions de gens dans le monde entier ont ensuite soutenu.
Beaucoup de gens oublient maintenant que le système répugnant d'Apartheid était traité comme normal parmi les classes dirigeantes mondiales : les intérêts bien établis signifiaient que les médias occidentaux produisaient une version aseptisée de sa souffrance et de son injustice.
Aujourd'hui, l'autorité morale occidentale au Moyen-Orient a disparu, aussi bien en raison du deux poids, deux mesures en Palestine qu'en raison de la guerre désastreuse actuelle contre l'Irak.
Il n'y a aucune excuse pour ne pas savoir la vérité sur ce qui arrive maintenant aux Palestiniens.
Et les dernières intitiatives diplomatiques du Quartet – les Etats-Unis, l'Union Européenne, l'ONU et la Russie – pour alléger les souffrances des Palestiniens, tout en maintenant l'interdiction de traiter avec leurs responsables élus, sont totalement insatisfaisantes.
Parler simplement de la crise actuelle et de ce qui arrivera sans intervention politique sérieuse, montre pourquoi.
La racine du problème est l'occupation grandissante de la terre palestinienne par Israël. En dépit de la décision de la Cour Internationale de Justice qui l'a déclaré illégal, le mur d'Israël serpente à travers la Cisjordanie sur plus de 600 km, prenant 10 autres pour cent de la terre palestinienne afin de prévoir l'expansion des colonies Juives illégales.
Près de 50.000 Palestiniens vont tomber dans l'oubli du cêté israélien du mur ; 65.000 autres devront passer quotidiennement par 11 points de passage.
Des villes telles que Qalqilya et Jayyous, autrefois prospères, avec un arrière-pays fertile et de bonne ressources en eau, sont pratiquement encerclées, avec leurs fermes et leurs serres du cêté israélien.
Pendant ce temps, Israël retient 50 millions de dollars par mois en droits de douane et taxes dus aux Palestiniens, et les fournitures en énergie ont été coupées. Des fonctionnaires, des professeurs, des médecins et les forces de sécurité palestiniens n'ont pas été payés depuis plus de deux mois.
Le potentiel pour une guerre civile entre les factions d'hommes armés de plus en plus désespérés est si évident que les Palestiniens ne sont pas les seuls à penser que les Etats-Unis veulent vraiment une telle auto-destruction.
Il est imposé aux Palestiniens des sanctions pour leur choix politique. Mais c'est Israël, en créant de nouveaux faits sur le terrain pour empêcher l'apparition d'un Etat palestinien viable, qui devrait faire l'objet des sanctions des Nations-Unies.
Le sécrétaire général des Nations-Unies, Kofi Annan, devrait utiliser ses derniers mois à ce poste pour réclamer des sanctions afin de provoquer l'application de la décision de la Cour Internationale de Justice concernant le mur israélien, la fermeture des colonies de Cisjordanie et la libération des prisonniers politiques palestiniens.
Et ceux qui sont concernés par la liberté, la paix et la justice doivent construire un mouvement mondial de solidarité avec la Palestine comparable au mouvement contre l'Apartheid des années 80.
• Ronnie Kasrils était le responsable des renseignements de la branche armée du Congrès National Africain et est maintenant Ministre des Renseignements en Afrique du Sud ; il écrit à titre personnel.
• Victoria Brittain est co-auteur avec Moazzam Begg de "Combattant ennemi"
Source : The Guardian
Traduction : MG pour ISM
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