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USA - 8 juillet 2010
Par Patrick Cockburn
Patrick Cockburn et l’auteur de l’ouvrage Muqtada : Muqtada Al-Sadr, the Shia Revival and the Struggle for Iraq (Muqtada : Muqtada Al-Sadr, la Renaissance chiite et le combat pour l’Irak).
Habituellement, les rencontres entre présidents américains et premiers ministres israéliens sont précédées de spéculations autour de la question de savoir si le dirigeant US finira par se résoudre à exiger qu’Israël mette un terme à l’expansion de ses colonies en Cisjordanie, ainsi qu’au déplacement des Palestiniens de Jérusalem Est et qu’il arrête de mettre les Etats-Unis dans l’embarras avec ses actions militaires à la noix.
Avant la rencontre d’hier, à la Maison Blanche, des critiques particulièrement virulentes contre Israël se faisaient entendre, émanant de l’establishment américain de la défense. Un commentateur influent, le Dr Anthony Cordesman, du Centre des Etudes Stratégiques et Internationales a notamment dit que l’engagement américain vis-à-vis de la sécurité d’Israël « ne justifie ni n’excuse des actions décidées par un gouvernement israélien qui transforme de manière regrettable Israël en handicap stratégique, alors qu’Israël devrait rester un atout ».
Il a ajouté qu’Israël devrait se montrer plus prudent quant aux limites auxquelles il entend pousser, pour les tester, les limites de patience américaine, et exploiter le soutien que lui apportent les juifs américains. Il a mis Israël en garde contre toute idée de lancer une attaque armée contre l’Iran en grillant délibérément ce qu’il a appelé le « feu rouge des Etats-Unis ».
Si les Etats-Unis sont aussi chatouilleux en matière de retombées négatives des (ex)actions israéliennes au Moyen-Orient, c’est parce que la force de l’Amérique dans cette région du monde est d’ores et déjà réduite en raison de l’échec de son intervention militaire en Afghanistan et en Irak, qui n’a pas rempli ses objectifs.
Par-dessus le marché, Israël est lui-même en train de s’affaiblir tant politiquement que militairement. L’apex de l’influence israélienne au Moyen-Orient avait été atteint après l’accord de paix signé en 1979 avec l’Egypte, qui lui avait donné les mains libres pour envahir le Liban en 1982. Mais cette intervention au Liban avait viré à une interminable guerre de guérilla qui prit fin avec le retrait israélien du Liban en 2000. Les opérations militaires (israéliennes) au Liban et à Gaza durant les dix années consécutives ont toute échoué, de manière lancinante. Pendant ce temps-là, le chef du Mossad, Meir Dagan, indiquait que l’Amérique a moins besoin d’Israël, maintenant que la Guerre Froide est bel et bien terminée.
Il en irait sans doute de l’intérêt des Etats-Unis de raccourcir la laisse de son rottweiler israélien, mais cela n’arrivera pas. La raison en est donnée par cette étrange tentative du général David Petraeus, actuel commandant-en-chef en Afghanistan et précédemment chef du Commandement Central et plus prestigieux de tous les généraux américains, de faire inscrire dans les annales de l’histoire le fait que le soutien des Etats-Unis aux agissements israéliens au Moyen-Orient mettait en danger la sécurité des armées américaines. Il a repiqué au truc au mois de mars, en lisant une déclaration écrite devant le Congrès.
Mais à peine le général Petraeus eut-il renouvelé son témoignage qu’il fit promptement machine arrière. L’explication de ce retournement de veste à vue du général Petraeus pourrait être qu’il veut maintenir ouverte l’option de sa candidature aux élections présidentielles de 2012 et qu’il n’a pas l’intention de se mettre à dos les électeurs juifs ou les idéologues néocons.
Reste que cet épisode illustre les contraintes intérieures qui empêchent tout dirigeant politique ou militaire américain de contrôler Israël, voire simplement de le critiquer. Il se peut que le président Obama ait été ferme face à Netanyahu, lors de sa visite officielle d’hier, mais il est improbable qu’il prenne des mesures effectives tendant à mettre la pression sur Israël, de crainte d’aggraver les pertes du parti démocratique lors des élections de mi-mandat [mid-term elections]. Donc il n’y aura sans doute aucune crise dans les relations américano-israéliennes, même si cette absence de crise est précisément une des rares choses qui pourraient inciter les électeurs israéliens à rejeter Netanyahu…
Source : CounterPunch
Traduction : Marcel Charbonnier
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Patrick Cockburn
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