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Palestine - 10 septembre 2006
Par Gabriela Becker
Il y a, naturellement, un lien immédiat entre l'augmentation des appels pour "un processus de paix" ou des "négociations" et le nombre croissant des martyres, des murs, des démolitions, des colonies et des checkpoints en Palestine occupée.
Ce fait nous a frappé la semaine dernière pendant la visite de Kofi Annan dans "la région" alors qu'il insistait sur la ligne diplomatique des Nations Unies destinée à apaiser les souhaits des Israéliens en les emballant, pas très subtilement, sous la banderole des demandes de "la communauté internationale", prenant une nouvelle fois le véritable rôle de la promotion des intérêts israéliens et américains.
Alors que le sécrétaire général des Nations-Unies dinait avec des responsables du gouvernement israélien, des tanks, des Apaches, des F-16 et des snipers descendaient des dizaines de personnes à Gaza et en Cisjordanie dans une poursuite et une escalade de la colonisation sioniste.
Mais rien n'a été dit par l'ONU ou son porte-parole à cet égard, comme si le destin de ces martyres se trouvait dans un contexte éloigné et indépendant.
La chanson et la danse du club d'élite de la diplomatie ont fourni, une fois de plus, une arme puissante de diversion à l'occupation et à ses cohortes, soutenue par les médias occidentaux (et d'autres) et fournissant ainsi une couverture aux crimes israéliens.
Et avec ce succès continu, Israël et ses amis peuvent renforcer la disparité entre la rhétorique et la réalité, manifeste dans la façon dont la politique est emballée et dont le discours (et la résistance) est contenu, ce qui permet au système international et aux états puissants à sa tête de s'assurer que toutes les routes mènent à une forme ou une autre de statu quo.
Le lien entre les intentions des Nations-Unies, ses déclarations et ses actions n'est ni expliqué par l'impuissance ni par la bonne volonté comme si, et comme le retransmettent les médias et les porte-parole de l'ONU, Annan était un spectateur devenu la victime du monolithe israélien et américain.
Au contraire, les Nations Unies et son sécrétaire général persistent donc en maintenant activement le système international en dépit ou en raison de leur position à seulement un échelon ou deux au-dessous du sommet sur l'échelle globale du pouvoir.
Le rôle de l'ONU pendant l'agression israélienne contre le Liban était un autre indice épouvantable des relations très soudées et de la synchronisation implacable entre l'ONU, les Etats-Unis et Israël, manifestes dans la coordination du silence et des déclarations, y compris le défaut ou l'inexistence de condamnation de l'ONU, blâmant la résistance libanaise, soutenant la conférence de Rome pour le "Nouveau Moyen-Orient", pointant du doigt l'Iran et la Syrie, appelant des forces internationales, poussant en avant une solution "globale" pour la région, pour n'en citer que quelques uns
La semaine dernière et cette semaine, nous avons vu le deuxième round de la tournée régionale de juillet du Secrétaire d'Etat américain, Condoleezza Rice, qui, dans sa première incarnation, a cherché à provoquer à toute vitesse la destruction du Liban et de sa résistance et l'arrêt définitif de la lutte nationale palestinienne, tout cela sous la bannière d'un nouveau Moyen-Orient.
Cette fois-ci, dirigée par l'ONU, une approche "plus réaliste" semble s'être ensuivie : d'une façon moins manifeste, et immergée dans le double langage, le message envoyé d'Annan à ses contre-parties est d'encourager le système/réalité actuel avec l'implication des gouvernements régionaux dans l'exécution des grandes stratégies afin de mieux provoquer les résultat désirés.
Nous pouvons déjà voir les appels croissants des gouvernements Arabes pour une renaissance du prétendu "processus de paix" -- un processus qui a été le coeur de l'expansionisme israélien qui progresse aujourd'hui à toute vitesse réfléchissant la poursuite sinon l'intensification du contrôle régional américano-Israélien, marquée de façon interminable par la prise pour cible de la lutte nationale palestinienne avec l'objectif final (comme dans le cas des Américains autochtones) de la dépossession de terre, de la ghettoisation, de la suppression et de l'expulsion des palestiniens, qui aurait lieu, de préférence, au cours des poignées de main "de paix".
Armé de la résolution 1701 des Nations Unies, Annan, comme les Etats-Unis, insiste sur "la coopération régionale" basée sur le soutien au projet colonial sioniste et incorporée dans la normalisation de la région avec Israël, en utilisant comme test de tournesol l'ampleur du silence des gouvernements arabes face aux crimes israéliens ainsi qu'une collaboration totale avec l'occupation, et un soutien à la prise pour cible américano-israélienne de l'Iran.
En d'autres termes, la résistance aux plans impérialo-colonialistes régionaux est le premier phénomène à viser, et seulement ceux qui permettent à Israël de régner librement seront récompensés, y compris les institutions des Nations-Unies et son sécrétaire général.
C'est l'argent européen et américain qui sont l'épine dorsale de l'industrie des institutions dirigées par l'ONU et leurs élites qui travaillent sous les bannières des droits de l'homme, de l'humanitarisme et de la "société civile".
Encore une autre question apparaît en parlant des efforts diplomatiques d'un seul homme.
En soulignant la manière dont le système mondial d'aujourd'hui est emballé et prolifère, les médias ainsi que des positions officielles soutiennent la notion que la victime de cette semaine n'était pas les Palestiniens mais Annan.
Une absurdité qui se transforme en réalité sur lui, un piège qui cherche à individualiser ce qui est en soi inhérent au système.
En remplaçant la question par celle des personnalités, des anomalies de pouvoir sont maintenues comme le fait qu'"Annan" prenne la même place dans les articles d'informations que les "Palestiniens", en particulier quand cela est lié à la perpétuation des stéréotypes et au fait d'éviter tout langage critique contre l'occupation.
De la même manière, il n'est pas surprenant qu'en regardant l'insistance pour la "paix", auparavant Yasser Arafat et aujourd'hui Mahmoud Abu Mazen sont ceux dont "la communauté internationale" a besoin pour prétendre à une légitimité devant leur public et leurs électeurs afin de faire avancer leurs objectifs.
C'est pourquoi les Etats-Unis et l'Europe ont toujours investi fortement et à long terme, et à n'importe quel prix, pour assurer de prétendues positions de "leadership" à ceux qu'ils voient comme ayant les mêmes idées qu'eux.
"L'effort incessant vers la paix" devrait plus exactement s'appeler "les campagnes persistantes vers la suppression et le contrôle".
Tandis que beaucoup de gouvernements, partis, organisations et mouvements non-occidentaux se retrouvent à utiliser (certains sont forcés d'utiliser) l'arène internationale dirigée par les Nations Unies comme plateforme parmi les options limitées, il est facile de comprendre pourquoi beaucoup sinon la plupart des publics, affrontant le choc des cyniquement nommés "construction de la démocratie", "droits de l'homme" et "négociations", voient l'ONU comme une épidémie impitoyable de plus qui doit être mise en échec plutôt que comme une ressource ou un instrument potentiel de changement.
Ce qu'ont prouvé Israël et ses partenaires à maintes reprises, avant Oslo et tellement manifestement dans sa conséquence, ce sont que les négociations et les accords de paix, sous la protection et la promotion de la communauté internationale et du droit international, sont une occupation par d'autres moyens.
Source : http://weekly.ahram.org.eg/
Traduction : MG pour ISM
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