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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

L'occupation, sous un autre nom

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(...) Pour démasquer le véritable visage d'Israël, pouvons-nous suggérer la réciprocité ? Que pensez-vous d'un contrôle palestinien sur les carrefours frontaliers d'Israël, une présence militaire palestinienne le long de la côte méditerranéenne d'Israël, une flotte aérienne palestinienne survolant Tel Aviv et Dimona, des bases militaires palestiniennes à Haifa et à Ramat Yishay, et des unités d'intervention d'urgence dans les zones israéliennes ?

L'occupation, sous un autre nom

Dans un excellent article (Ha'aretz du 23 août), Meron Benvenisti mentionne "le succès de la campagne de propagande nommée 'négociations avec les Palestiniens', qui convainc de nombreux observateurs que le statu quo est temporaire".

Il n'y a en effet pas de meilleure façon de décrire les discussions en cours entre les deux hommes politiques dont les jours sont comptés – Ehud Olmert et Mahmoud Abbas – qu'un passe-temps orchestré par l'administration Bush.

Par le passé, les pourparlers de paix étaient supposés menés à un accord de paix, qui mènerait en retour à la paix ; aujourd'hui, on ne présume même pas de si peu.

Ce qu'on espère que les négociations produisent est au mieux un "accord-étagère" qui sera mis en œuvre à une vague date dans l'avenir, ou pas. Personne ne croit qu'on puisse parvenir à un tel accord, comme convenu, pour la fin de l'année, et même l'étagère s'en fiche.

Mais le spectacle doit continuer. La semaine dernière, les journaux ont annoncé un grand bond en avant : l'Israël d'Olmert a soumis une proposition détaillée pour le statut final. Dans de véritables négociations, on aurait pu dire : maintenant nous savons ce que veut Israël.

Ce n'est pas le cas, puisque chacun sait que le Premier Ministre Olmert n'est plus pertinent. Alors quelle est la valeur de la proposition ? Nous ne savons pas réellement ce que veut Israël, mais au moins nous voyons ce qu'Israël veut dire.

C'est une question importante dans le discours politique israélien. Pendant les quinze dernières années, ce fut un point central de controverse entre la gauche sioniste et la gauche radicale.

Toute personne honnête doit admettre que rien n'a changé sur le terrain, ou du moins pas en mieux : l'occupation, supposée prendre fin depuis 1993, n'a cessé d'empirer, avec les colonies israéliennes illégales grossissant comme une tumeur mortelle.

La gauche radicale voit ceci comme la preuve qu'Israël n'a pas l'intention de mettre fin à l'occupation. La gauche sioniste, cependant, a un autre argument : "Ecoutez leur façon de parler".

Les réalités de Cisjordanie et de Gaza sont évidemment pires que jamais mais, clame la gauche sioniste, aujourd'hui même l'Israélien moyen discute ouvertement d'un Etat palestinien et les mots deviendront inévitablement des faits, si nous soutenons ces braves gars qui continuent à protéger l'occupation en même temps qu'ils disent vouloir y mettre fin (Rabin, Peres, Barak, etc., et même Sharon, qui fut assez sage pour rejoindre le club).


La nouvelle offre généreuse

Alors voyons ce que l'Israël officiel est prêt à dire – pas à faire – ces jours-ci. La proposition du statut final, selon le Ha'aretz, comprend les points suivants :

- retrait israélien de quelques 93% de la Cisjordanie , conservant Ma'aleh Adumim, Gush Etzion, et un peu de terre adjacente à Israël au nord de la Cisjordanie , soit en tout environ 7% de la Cisjordanie .

- en échange, les Palestiniens recevront d'autres terres dans le Néguev, adjacentes à la Bande de Gaza, représentant 5,5% de la Cisjordanie .

- un couloir libre entre Gaza et la Cisjordanie sans contrôles sécuritaires.

- la proposition rejette un "droit au retour" des réfugiés palestiniens, mais comprend une "formule détaillée et complexe" pour résoudre le problème des réfugiés (aucun détail n'est donné).

- Olmert est convenu avec Abbas que les négociations sur Jérusalem seront différées.



Déjà tout ceci n'est pas très séduisant, même pas comme "accord-étagère". Jérusalem est un sujet central qui n'est même pas traité.

De plus, comme l'explique Ha'aretz, "la proposition d'Olmert pour un échange de terre introduit dans l'arrangement une nouvelle donnée : Israël recevrait immédiatement les blocs de colonies, mais la terre devant être transférée aux Palestiniens et le couloir libre entre Gaza et la Cisjordanie ne seraient livrés qu'après que l'Autorité Palestinienne reprenne le contrôle de la Bande de Gaza" (c'est moi qui souligne).

Les chances que l'AP reprenne un jour le contrôle de la Bande de Gaza sont peut-être plus minces que celles que le Hamas prenne le contrôle de la Cisjordanie ; mais ceci ne fait que rendre la proposition plus attractive pour Israël : nous prenons les marchandises maintenant, mais nous ne paierons qu'après le retour du Messie.

Ha'aretz choisit d'inclure un point de propagande inévitable dans le rapport par ailleurs informatif : "Au cours des quelques derniers mois, Olmert a donné son accord pour la construction de milliers d'appartements dans ces blocs de colonies, la plupart autour de Jérusalem, et certains sont destinés aux évacués volontaires."

Comme toujours, Israël viole la législation internationale et construit davantage de maisons dans les colonies illégales – mais il le fait avec une seule chose en tête : la paix. C'est clair, la meilleure façon de mettre fin à l'occupation est de construire des milliers de nouvelles maisons israéliennes en terre occupée. Leur construction est encore une preuve de l'engagement profond d'Israël pour la paix.


Pourquoi cet éternel pessimisme ?

Mais pourtant, va-t-on me dire, pourtant. Bien sûr que la proposition d'Olmert ne sera jamais appliquée. Bien sûr qu'elle est incomplète, contestable, et certainement pas généreuse.

Mais pourtant : Israël est visiblement prêt à montrer son engagement pour un Etat palestinien sur 93% de la Cisjordanie , plus 5,5% d'un échange de terre. Cela ne signifie-t-il pas que finalement, Israël admet que les jours de l'occupation sont comptés ?

Même un député du parti de droite Likud a du coup accusé Kadima de promouvoir le point de vue de la gauche sioniste : "N'importe quel membre du Meretz (droite) aurait pu signer la proposition d'Olmert."

Existe-t-il meilleure preuve qu'une proposition est bonne que les attaques venant de la droite ?


"Arrangements de sécurité"

Pas tout à fait. Comme le mentionne très brièvement le rapport de Ha'aretz, "Israël a également présenté aux Palestiniens un modèle détaillé de nouveaux arrangements sécuritaires selon l'accord proposé." D'abord, aucun détail n'a été donné.
Pourquoi gâcher la fête de la paix avec des petits détails techniques ? Le rapport initial ne fait état que d'une demande, à savoir que l'Etat palestinien soit démilitarisé, et sans armée, une demande que les Palestiniens accepteraient, plus ou moins.

Mais il va de soi que le lendemain, les Palestiniens ont refusé la proposition d'Olmert comme "pas sérieuse", en toute conformité avec la fausse idée israélienne sur le soi-disant "refus systématique palestinien" de 1947 à ce jour.

Il a fallu attendre quelques jours pour découvrir ce que voulaient réellement dire ces "arrangements sécuritaires" inavoués.

Mardi, Ha'aretz a rapporté que "les Palestiniens s'opposent à toute présence militaire israélienne sur le territoire d'un future Etat palestinien."

Voilà, encore une fois ces exigences palestiniennes déraisonnables : pourquoi insistent-ils pour un Etat indépendant sans une présence de l'armée israélienne ?!
Ils savent pourtant que les soldats israéliens sont de mignons gamins de 18 ans qui ne font jamais de mal.

Mais ce n'est pas tout : le rapport déclare également que : "Pour sa part, Israël souhaite surveiller les passages frontaliers, maintenir un déploiement limité dans la Vallée du Jourdain, continuer de survoler le territoire palestiniens, maintenir des bases de préalerte sur les crêtes des montagnes et avoir des unités d'intervention d'urgence dans les zones palestiniennes."

Ah d'accord, voilà ce qu'entend Israël par une "solution à deux états" : un "Etat" "palestinien" "indépendant" sous surveillance israélienne, plein de soldats israéliens, d'avions israéliens, de bases militaires israéliennes – et, bien sûr, le droit d'Israël d'y envoyer encore plus de soldats "en cas d'urgence".

Pour démasquer le véritable visage d'Israël, pouvons-nous suggérer la réciprocité ?

Que pensez-vous d'un contrôle palestinien sur les carrefours frontaliers d'Israël, une présence militaire palestinienne le long de la côte méditerranéenne d'Israël, une flotte aérienne palestinienne survolant Tel Aviv et Dimona, des bases militaires palestiniennes à Haifa et à Ramat Yishay, et des unités d'intervention d'urgence dans les zones israéliennes ?

Il est évident que de tels "arrangements sécuritaires" sont complètement incompatibles avec un Etat souverain et indépendant.

La proposition israélienne – comme ses "arrangements de sécurité" le révèlent – prouve une fois de plus qu'Israël n'est pas un partenaire pour la paix. Sur le terrain, tout ce qu'Israël cherche, c'est du temps pour développer les colonies et étrangler la société palestinienne, espérant que le "problème palestinien" finira par disparaître.

Au niveau du discours, cependant, les choses sont aussi mauvaises. En dépit de la fausse impression contraire cultivée par la machine propagandiste israélienne, Israël rejette clairement la notion d'Etat palestinien indépendant, autre qu'un Bantoustan sous contrôle israélien total.

Si vous vous demandez pourquoi le conflit israélo-palestinien demeure irrésolu, voila la simple réponse : la solution à deux Etats, proposée par les Nations Unies il y a 60 ans et acceptée par les Palestiniens il y a 20 ans, est toujours inacceptable pour la direction militaire et politique d'Israël.

Source : Antiwar

Traduction : MR pour ISM

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