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Palestine - 9 février 2009
Par Robin Yassin-Kassab
Robin Yassin-Kassab a été journaliste au Pakistan et professeur d'anglais dans le monde arabe. Son premier roman, "The Road from Damascus", est publié chez Hamish Hamilton and Penguin. Son blog sur la politique, la culture et la religion : http://www.qunfuz.blogspot.com.
Le Hamas n'est pas le Hezbollah et Gaza n'est pas le Liban. La résistance à Gaza – qui comprend des gens de gauche et des nationalistes ainsi que les forces islamistes – n'a pas de montagnes pour y combattre. Elle a une intensité non stratégique. Elle n'a pas la Syrie derrière elle pour garder les lignes de ravitaillement ouvertes ; au lieu de cela, elle a le mur israélien et les gorilles du Président égyptien Hosni Mubarak.
Les civils libanais peuvent fuir au nord et à l'est, tandis que les plusieurs fois réfugiés n'ont pas d'échappatoire. .
Les Libanais ont leurs fermes, et des ravitaillements depuis l'extérieur ; Gaza a été sous siège total pendant des années. Le Hezbollah a une discipline remarquable et il est sûrement la force la mieux entraînée, la plus disciplinée de la région. Bien qu'il ait fait de grands progrès, le Hamas est toujours indiscipliné. De manière décisive, le Hezbollah a un contrôle hermétique des renseignements au Liban, tandis que Gaza abrite des collaborateurs comme des vers dans son sein
Mais le Hamas est toujours debout. Au cours des rares occasions où Israël a réellement combattu - plutôt que de seulement faire appel aux frappes aériennes – ses soldats ont parlé de résistance « féroce ». Hamas a résisté 22 jours au plus barbare des bombardements auquel s'est encore abaissé le sionisme, et n'a pas rendu les armes. Les tirs de roquettes ont continué depuis Gaza après qu'Israël ait déclaré son cessez-le- feu unilatéral.
Laissez-nous remettre ceci dans le contexte. En 1947-48 les milices sionistes ont chassé plus de 700 000 palestiniens sans trop de difficultés. En 1967, il a fallu six jours à Israël pour détruire les armées égyptienne, syrienne et jordanienne, et pour prendre la Cisjordanie , Gaza, les hauteurs du Golan et la péninsule égyptienne du Sinaï. La dernière « victoire » du sionisme a été l'expulsion de l'Organisation de Libération de la Palestine de Beyrouth en 1982 – si c'était une victoire.
La longue et sanglante occupation du Liban a donné naissance à de nouvelles formes de résistance. Là où les Etats arabes et les armées ont échoué, la résistance populaire a sorti les forces américaines et françaises de Beyrouth, et depuis a régulièrement fait reculer les Israéliens. La première bombe humaine était une femme marxiste de formation chrétienne. Les bombes humaines étaient une tactique à laquelle les troupes israéliennes n'avaient pas de réponse.
Le Hezbollah s'est formé, et développé en un pouvoir qui allait conduire Israël hors de presque tout le Liban en 2000. En 2006 Israël est revenu, tentant d’en finir avec la résistance une fois pour toutes. Ce qui est arrivé a été un revirement historique : pendant cinq semaines, les troupes israéliennes ont saigné à blanc les villages de la frontière et ont échoué à avancer au-delà.
Pour la première fois, l'armée hi-tech du sionisme, la première au monde en sauvagerie, supposée être la quatrième armée la plus puissante du monde, a été tenue en échec. Israël a bien sûr a tué beaucoup plus de civils que ne l'a fait le Hezbollah, et a commis ses habituels saccages contre les infrastructures civiles, mais en termes de soldats à la bataille, les victimes sont sensiblement égales.
Il y a eu beaucoup de discours, particulièrement par les collaborateurs arabes, au sujet du Hezbollah devenant un mandataire de l'Iran. Pendant que l'Iran aide la résistance avec des armes et des fonds, la résistance libanaise est libanaise, la création des villageois du sud et de la Bekaa, et des familles des banlieues sud de Beyrouth. Ce sont les gens eux-mêmes qui ont fait faire demi-tour au sionisme. Encore plus improbable, les mêmes collaborateurs accusent maintenant le Hamas, un mouvement sunnite démocratiquement élu, de prendre ses ordres à Téhéran.
Une des raisons données pour le dernier massacre à Gaza était le désir d'Israël de restaurer sa dissuasion après la débâcle de 2006. Certainement les Arabes savent maintenant (s'ils ne le savaient pas déjà) que toute rumeur de résistance peut rencontrer la violence la plus fanatique.
Certainement le Hamas et les autres ont dû mettre ce facteur dans leurs décisions tactiques. Mais en termes de stratégie, l'effet dissuasif israélien semble plus médiocre qu'il ne l'était il y a un mois. Les peuples arabes ne sont plus effrayés par Israël, quelque soit ce qu'Israël lance contre eux. Un point de non retour a été franchi, et cela, à long terme, compte davantage que des bombes nucléaires.
Au moment où les officiels occidentaux et sionistes sourient et s'embrassent, le siège de Gaza continue et le peuple doit maintenant faire face au manque de nourriture. Cependant, leurs souffrances semblent avoir renforcé la résistance. Les communautés du sud Liban et du sud de Beyrouth, celles qui ont souffert le plus en 2006, ont redoublé leur loyauté envers le Hezbollah.
En dépit de l'attaque israélienne sur Gaza, en Palestine et à travers les mondes arabes et musulmans, le Hamas et l'option de la résistance qu'il représente est incommensurablement plus fort. Le ridicule président de rien Mahmoud Abbas, et les gangs loyaux au seigneur de guerre du Fatah Muhammad Dahlan, sont affaiblis.
Ce n'était pas Abbas mais le chef politique en exil du Hamas, Khaled Meshal qui a représenté la Palestine au sommet de Doha le mois dernier. Pendant que les traîtres Abbas-Dahlan arrêtaient les militants du Hamas, et essayaient (et échouaient largement) de supprimer les manifestations de solidarité en Cisjordanie , la résistance a tenu bon face à la terreur sioniste.
En solidarité avec la résistance, les palestiniens d'Israël ont organisé les plus grandes manifestations de leur histoire. Il n'y a pas de doute sur la nation à laquelle ces Palestiniens appartiennent, spécialement aux yeux de la majorité des partis politiques israéliens, qui ont cherché à interdire aux partis arabes de se présenter dans les prochaines élections sous le prétexte de « déloyauté » à l'état d'apartheid.
Et maintenant ? Assez de discours absurdes sur le processus de paix. La paix serait une bonne chose, mais elle n'est pas, et n'a jamais été sur l'agenda. Il est temps de construire une nouvelle Organisation de Libération de la Palestine, aussi élue que possible, pour représenter tous les Palestiniens, à la fois les islamistes et les laïcs, ceux qui vivent sur les terres volées en 1948, les terres volées en 1967, et ceux qui sont en exil.
L'Autorité palestinienne doit être abolie, et la farce d'Oslo et de la feuille de route doit être abandonnée. Ensuite les Palestiniens auront à décider quelles actions et quelle stratégie. La solution à deux états n'est pas la solution. Il y a un travail immense à faire. Tous les Palestiniens doivent mener campagne pour la nouvelle organisation.
Source : Electronic Initifada
Traduction : MM pour ISM
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Robin Yassin-Kassab
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