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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

La Catastrophe

Par

La presse de l’entité sioniste s’est faite l’écho de réprobations adressées à l’ancien ambassadeur étasunien Martin Indyk pour son appréciation publique (1) du refus israélien à collaborer aux traditionnels pourparlers de paix avec les Palestiniens.
Britannique élevé en Australie, dès l’obtention de sa citoyenneté étasunienne en 1993 il est nommé conseiller spécial pour les Affaires du Moyen-Orient au Conseil National de Sécurité. Il est par la suite désigné ambassadeur des Us(a) à Tel Aviv entre 1995 et 1997 sous l’administration Clinton et une seconde fois en 2000-2001. Cet aboutissement diplomatique marqué par son rôle d’intermédiaire entre Palestiniens et leur occupant est venu couronner un long travail consacré à la question de la Palestine.

La Catastrophe

Timbre faisant partie d'une campagne lancée par des groupes palestiniens en 1938
Analyste et chercheur pour l’AIPAC à partir de 1982, il a fait partie des membres fondateurs du WINEP (Washington Institute for Meadle East Policy) en 1985, autre think tank très influent pro-israélien. C’est là qu’il fut à l’origine de la doctrine du dual containment, base de la stratégie qui a considéré comme vitale pour les Us(a) dès 1993 la neutralisation de l’Iran et de l’Irak, tout en enseignant les relations internationales d’abord à l’Université John Hopkins à Washington puis dans d’autres instituts et facultés à New York, Tel Aviv et Sidney.

En juillet 2013, John Kerry se l’adjoint comme émissaire spécial devant relancer le ‘processus de paix’ entre Abbas et l’équipe de Benjamin Netanyahu qui fait montre d’un enthousiasme très modéré pour perpétuer cette politique des négociations sans fin entamée et quasiment théorisée par Kissinger dans les années soixante-dix.

Tel Aviv s’estime maintenant affranchi d’une telle comédie. Non seulement l’Autorité Palestinienne joue à merveille son rôle de police bien rémunérée des Territoires pour le compte de l’occupant, mais la partition de facto des 22% résiduels de la Palestine historique entre Gaza asphyxiée par l’action conjuguée des armées égyptienne et sioniste et une Cisjordanie grignotée par la colonisation et fragmentée par des contrôles militaires a affaibli la direction palestinienne bicéphale depuis les élections de 2006.

Photo
Menahem Begin, Jimmy Carter, Anouar al-Sadate - Accords de Camp David 1978


Non seulement le front arabe a été fragmenté depuis le traité de paix signé entre Sadate et Begin mais les deux seuls dangers potentiels régionaux ont été éliminés. L’Irak est détruit, la Syrie en voie de l’être.

Tel Aviv discute directement et amicalement avec les Séoud convaincus qu’ils partagent un avenir commun puisqu’ils ont le même ennemi shiite iranien.

Le gouvernement Erdogan a discrètement abandonné sa position éphémère de pôle de soutien à la Palestine sous les effets des manifestations de revendications politiques et sociales qui ont déstabilisé son régime puis de la révélation d’affaires de corruption. La coopération traditionnelle avec l’OTAN a repris, de même les exercices et les achats militaires avec Israël.

Devant cette configuration de déconfiture inédite en 66 ans de la résistance régionale à l’occupation dans l’Orient arabe que pas même des défaites militaires arabes n’avaient pu obtenir, aucune retenue n’est de mise.
Kerry observe que l’État d’Israël pratique l’apartheid.
Il est dénoncé comme antisémite pour sa constatation.
L’émissaire Indyk, au pedigree sioniste impeccable, remarque que les constructions de logements qui empiètent un peu plus chaque jour sur la Cisjordanie , traitée en réserve d’Indiens, lancées par le ministère de la colonisation rendent inenvisageable la solution des deux États, il essuie des remontrances.
Il avait tenté d’équilibrer son discours en reprochant à Mahmoud Abbas son audace de vouloir revendiquer en dehors du dialogue avec Israël la reconnaissance d’un État palestinien qui même acquise ne lui conférerait actuellement aucune souveraineté.

Tant de bruit pour recouvrir quelle la réalité ?
Le Hamas a été obligé de capituler devant son frère ennemi en obéissant au donateur qatariote. Lui-même a été contraint par les autres membres de la Coalition des pays du Golfe de renoncer à sa folle ambition de mener une politique étrangère un tant soit peu non dictée par la famille des Ibn Séoud.
Privé des denrées les plus élémentaires par l’obturation de la seule voie de ravitaillement que sont les tunnels creusés à main d’homme, le million et demi de Palestiniens de Gaza allait périr d’inanition. Il a été puni de ce que le peuple égyptien avait élu démocratiquement selon les normes occidentales l’association des Frères Musulmans dans l’après Moubarak.

Photo
Visite de l'émir du Qatar à Gaza, 23 octobre 2012


Ces mouvements perçus en surface proviennent de la réaction des Séoud d’une insatisfaction de plus en plus mal maîtrisée d’une part grandissante de la société de l’Arabie appauvrie. La rente pétrolière tombe essentiellement entre les mains de la famille royale. De plus, près de deux millions de shiites arabes qui habitent la province de Hasa à l’Est et celle de Najran au Sud, les plus riches en réserve de pétrole et les plus industrialisées d’extraction sont marginalisés et exclus des postes de responsabilités civils et militaires. La révolte populaire en 2011 avait été éteinte par l’effacement des dettes privées, une augmentation des salaires et le versement d’indemnités aux chômeurs. Mais le gouvernement des Princes veut continuer à y voir par commodité la main de l’étranger- persan, caricaturant une lutte sociale et politique en conflit religieux et ethnique. La Confrérie se présentant comme une autre version de l’Islam politique plus crédible que l’obscurantisme impie wahabbite, son éradication devenait impérative. La tâche en fut confiée aux militaires égyptiens qui ont assassiné et emprisonné, applaudis par des laïcards qui n’ont pas vu revenir les temps de la dictature militaire qui a criminalisé et neutralisé dans le même temps le Hamas.

Les Séoud ont jugé sévèrement le manque d’enthousiasme des Us(a) à achever le régime de Bachar Al Assad par une opération à la libyenne. Ils ont tenté de l’obtenir par le biais d’opérations sous faux drapeaux, comme celle du gaz neurotoxique de Ghouta provenant de Turquie, tirés par des vecteurs n’appartenant pas à l’armée syrienne depuis des zones tenues par des rebelles. Notant la relative paralysie occidentale par le bouclier anti-missiles russe, ils multiplient leurs liens avec la Chine, lorgnent même vers la Russie et continuent d’être les meilleurs alliés d’Israël. Abbas est prêt à reconnaître la nature juive de l’État d’Israël, c’est-à-dire qu’il prétend renoncer [et entraîner avec lui le Hamas] au droit au retour des réfugiés qui ne l’ont ni élu ni mandaté.

Pourquoi alors s’infliger des négociations ?
L’administration Netanyahu considère l’intermédiation étasunienne et Indyk comme inutiles voire nuisibles à la reprise de celles-ci. Cet agacement des Likoudnik témoigne d’une émancipation affichée de Tel Aviv par rapport à leur allié qui, pour les amadouer, leur répète que chaque dollar donné à Israël est un investissement dans des intérêts communs.

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Indyk (photo ci-dessus) est pourtant un très bon sioniste. Il est de la même tendance que Lihudi Olmert (ancien PM en train d’être jugé pour corruption) car il considère avec effroi l’évolution inexorable de l’entité vers un seul État avec 50% au moins d’Arabes en son sein qui perdrait de facto son caractère juif exclusif. Sauf à considérer une solution « finale » pour les Palestiniens non expulsés en 1948 de leurs terres qui restent dans l’immédiat difficile à réaliser.

Les héritiers de Sharon poursuivent une politique et ils n’y font pas preuve d’une inventivité particulière. Ils ont à disposition l’exemple des Us(a) et de l’Afrique du Sud. Une population peut être détruite efficacement en la parquant, en la désespérant et en lui offrant des paradis artificiels, l’alcool a été une partie du salaire et une arme redoutable aux mains des patrons afrikaners, il a ravagé les Amérindiens, mais le ciment islamique a empêché jusqu’ici cette évolution. Pourtant la drogue y est distribuée gratuitement.

Indyk avait été récusé une première fois en 2001 par Netanyahu qui le jugeait trop proche des travaillistes et avait demandé son remplacement par le Département d’État alors qu’il effectuait son second mandat d’ambassadeur à Tel Aviv depuis janvier 2000. Chose fut faite, indiquant qui décide des accréditations.
Indyk présente cette particularité insigne pour un diplomate d’avoir été accusé par le FBI sinon formellement d’espionnage, du moins de violation des règles de sécurité à observer pour les documents classés secrets en sa possession. Il a vu son immunité diplomatique suspendue quelques semaines à partir de fin septembre 2000 pendant son second mandat d’ambassadeur à Tel Aviv de janvier 2000 à juillet 2001, nomination obtenue à la requête de Lihudy Barak alors Premier Ministre à Tel Aviv. Madeleine Albright la lui a restituée peu après.

Toute l’histoire de la technologie israélienne peut se résumer dans l’interprétation singulière que les pionniers de l’Irgoun ont faite du mythe de Prométhée. Voler le feu et le moyen de le reproduire là où il se trouve.
La structure de l’entité sioniste, d’abord organisée autour de coups de mains opérés par des unités militaires secrètes et une science pointue de la propagande, s’est enrichie par l’adjonction d’un service d’espionnage intellectuel et industriel. L’existence du Lekem, agence chargée de collecter les renseignements scientifiques, fondée par Shimon Peres au début des années cinquante, a été révélée au grand jour lors du scandale de l’espion Jonathan Pollard en 1985.
Le secret de fabrication de la bombe atomique, l’enrichissement de l’isotope radioactif de l’uranium, a été dérobé au Centre d’Énergie Atomique de Saclay avec au moins quelques complicités in situ.
La réplique du chasseur français ‘Mirage’ a été réalisée grâce à un sympathisant suisse du sionisme qui avait transmis à ses agents traitants du Lekem toutes les données nécessaires.
Donc le miracle israélien tient à la pénétration aisée des secrets de fabrication de ses alliés surtout.

Le grand ‘savoir-faire’ des services consiste à amener à la collaboration des éléments vulnérables à la corruption et au chantage d'un scandale sexuel.
Régulièrement le FBI a mis en évidence les activités d’espionnage, scientifique ou non, de l’entité sioniste et tout aussi régulièrement, peu de suites y ont été données en raison de verrous bien plus haut placés que le menu fretin pris la main dans le sac.
Indyk, non poursuivi.
Larry Franklin purge encore sa peine pour avoir livré des données classées très confidentielles à ses correspondants de l’AIPAC , Rosen et Weissman, mais les récipiendaires travaillant pour Israël non poursuivis.

Photo
Glenn Greenwald, journaliste américain, dépositaire des documents soustraits à la NSA par Edward Snowden, auteur de Nulle part où se cacher (JC Lattès), photographié au Brésil le 9.10.2013 (photo AP/Eraldo Peres)


Peu importe les documents de la NSA, publiés par Greenwald, qui établissent que les activités d’espionnage des Us(a) par Israël sont bien connues, Dianne Fenstein à la tête de la Commission concernée par le renseignement au Sénat prend pour argent comptant les dénégations du ministre israélien Yuval Steinetz (elle doit aux pressions de l’Aipac en 2001 son accession à cette commission).

Il semble que Bill Clinton empêtré dans l’affaire Monica Lewinski a été persuadé de faire interrompre les investigations qui cherchaient à identifier le donneur de renseignement très haut placé à Pollard car celui-ci remettait au Lekem des informations bien plus sensibles que celles dont il pouvait disposer à son niveau et que ne pouvait lui fournir Melvyn Peslay son supérieur hiérarchique.
Peslay incarne la norme de l’administration étasunienne dans la pratique du door-revolving. Il a travaillé pour Boeing puis à l’US Navy, corrompant les donneurs d’ordres du Pentagone et les rangeant précieusement dans son carnet d’adresses, il fut nommé grâce à ses relations au bureau des marchés publics et de la Recherche et du Développement. Il avait retrouvé sa deuxième femme mystérieusement morte chez lui, la tête enveloppée d’une serviette imbibée de dissolvant pour ongles sans être inquiété. Peslay a accordé nombre de contrats sans les soumettre à concurrence à la firme Mazlat, commune à Israël Military Industry entreprise publique jusqu’à il y a peu encore et Tadiran israélienne aussi mais privée. Il lui a donné les plans du futur avion sans pilote en cours de développement dans l’unité Recherche de l’US Navy et une fois le drone mis au point par Mazlat, il en commandé pour le compte du Pentagone.

La corruption organisée à cette échelle et assurée de son impunité classe l’activité du capitalisme étasunien dans le grand banditisme et la grande criminalité puisque cet armement, il faudra en assurer la promotion, la vente et l’utilisation.
Le coût des campagnes électorales aux Us(a), leur financement indiquent sans ambiguïté que toute la classe politique étasunienne n’est qu’un instrument aux mains de commanditaires.
Du côté de l’allié sioniste, la mémoire de l’holocauste et le patriotisme des colons européens venus créer un État en Palestine se révèlent être des artefacts idéologiques pour l’enrichissement de quelques mafieux. Le nombre de firmes conseillées par Ehud Barak dans lesquelles il détient des actions est tout à fait impressionnant. Parmi elles, Tadiran et peut-être bientôt IMI.

Le FBI peut entasser des rapports et des preuves de l’espionnage israélien, ils resteront lettre morte. Le maître mot des politiciens étant la libre concurrence, le renseignement et la surveillance des citoyens à l’instar de l’armée, est en voie de privatisation, terme ultime de la disparition de l’intérêt public.

Martin Indyk retournera à son bureau du New Israël Fund et à l’entretien de l’utopie d’une égalité future entre Israéliens quelle que soit leur confession, il a des fonds à collecter.

Sa fonction est aussi d’adoucir l’apparence d’une entreprise coloniale hideuse [le 15 mai, deux adolescents palestiniens furent tués par l’armée de l’occupant lors de manifestations commémorant la Nakba, la Catastrophe de la création de l’État d’Israël] dont le contrôle échappe à une classe dirigeante absorbée par le gain qui ne s’aperçoit pas de la perte d’efficacité de ses jérémiades. L’administration Merkel profite de la poursuite manifeste de la digestion phagocytaire de la Cisjordanie pour surseoir à la livraison des sous-marins allemands Dolphin qui, copiés et à peine modifiés, risquent d’être livrés à l’Inde.

En mai 1948, plus de 700.000 Palestiniens ont été chassés de chez eux, spoliés de leurs biens et sont devenus en 66 ans plus de 5 millions de Réfugiés.
Leur plainte légitime sera entendue.
Leur patrie leur sera restituée. Le système qui permet le transfert des richesses produites vers une part de plus en plus réduite de profiteurs se prépare à une issue apoptotique.


Photo
Avant la Nakba : Quelques vieilles images de la "terre sans peuple", et du "désert" qui a refleuri grâce aux hordes d'envahisseurs sionistes criminels.



(1) http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-4517947,00.html

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