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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

La chanson de la guerre et de la douleur - Gaza survivra

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Il y a deux jours, le jour même où nous discutions de violence, l’ineffable Condoleezza Rice, responsable US, a déclaré que ce qui se passait à Gaza était la faute des Palestiniens, à cause de leur nature violente. Les rivières souterraines qui quadrillent le monde peuvent changer leur géographie, elles chantent la même chanson. Et celle que nous entendons est celle de la guerre et de la douleur.

La chanson de la guerre et de la douleur - Gaza survivra

Pas très loin d’ici, dans un endroit appelé Gaza, en Palestine, au Moyen Orient, juste à côté de nous, l’armée du gouvernement israélien, lourdement entraînée et armée, continue sa marche de mort et de destruction.

Les étapes qu’il suit sont celles des guerres militaires de conquête classique : d’abord un bombardement de masse intensif pour détruire les points militaires « stratégiques » (c’est ce que disent les manuels militaires) et pour « amollir » les renforts de la résistance ; ensuite un contrôle féroce de l’information : tout ce qui est vu et entendu « à l’extérieur », c’est-à-dire à l’extérieur du théâtre des opérations, doit être choisi selon les critères militaires ; puis des tirs d’artillerie intenses contre l’infanterie ennemie pour protéger la progression de la troupe sur de nouvelles positions ; ensuite il y aura un siège pour affaiblir la garnison ennemie ; puis l’assaut qui conquiert la position et annihile l’ennemi, et enfin le « nettoyage » des probables « nids de résistance ».

Avec quelques variantes, les forces militaires d’invasion suivent, étape par étape, le manuel militaire de la guerre moderne.

Nous ne sommes pas au courant de grand chose, et il y a certainement des spécialistes dans l’ainsi nommé « conflit au Moyen Orient », mais depuis ici, nous avons quelque chose à dire :

Selon les dernières photos, les points « stratégiques » détruits par l’armée de l’air du gouvernement israélien sont des maisons, des hangars, des bâtiments civils. Nous n’avons pas vu un seul bunker, ni une caserne, ni un aéroport militaire, ni canons parmi les décombres.

Donc, et excusez-nous pour notre ignorance, nous pensons que soit les avions ont mal visé, soit à Gaza, ces points militaires « stratégiques » n’existent pas.

Nous n’avons jamais eu l’honneur d’aller en Palestine, mais nous supposons que des gens, des hommes, des femmes, des enfants et des vieux – pas des soldats – vivaient dans ces maisons, ces baraques et ces bâtiments.

Nous n’avons pas vu non plus les renforts de la résistance, seulement des décombres.

Nous avons vu, toutefois, les efforts futiles d’information du siège, et les gouvernements du monde, oscillaient entre ignorer et applaudir l’invasion, et les Nations Unies, qui sont inutiles depuis déjà pas mal de temps, envoyer des communiqués de presse tièdes.

Mais attendez. Il nous vient à l’esprit que peut-être que pour le gouvernement israélien, ces hommes, ces femmes, ces enfants et ces vieux sont des soldats ennemis, et en tant que tels, les baraques, les maisons et les bâtiments qu’ils habitent sont des casernes qu’il faut détruire…

Alors c’est certainement pour protéger la progression de l’infanterie israélienne contre ces hommes, ces femmes, ces enfants et ces vieux qu’une pluie de balle est tombée sur Gaza ce matin. Et la garnison ennemie qu’ils veulent affaiblir par le siège qu’ils ont propagé sur tout Gaza, c’est la population palestinienne qui y vit. Et l’attaque cherche à annihiler cette population. Et quiconque réussit à échapper ou à se cacher de l’attaque sanglante prévisible, homme, femme, enfant ou vieillard, sera plus tard « pourchassé » de manière à ce que le nettoyage soit complet et que les commandants en charge de l’opération puissent rapporter à leurs supérieurs : « Mission accomplie. »

A nouveau, pardon pour notre ignorance, peut-être que ce que nous disons est à côté du sujet. Et au lieu de condamner le crime en cours, nous qui sommes des indigènes et des guerriers, nous devrions discuter et prendre position dans la discussion sur le fait que c’est du « sionisme » ou de l’ « antisémitisme » ou si ce sont les bombes du Hamas qui ont commencé.

Peut-être que notre façon de penser est très simpliste, et que nous manquons de nuances et des notes qui sont toujours si nécessaires dans les analyses, mais pour les Zapatistes, il semble qu’une armée professionnelle est en train d’assassiner une population sans défense.

Qui, de la base à la gauche, peut rester silencieux ?

Est-il utile de dire quelque chose ? Nos cris arrêteront-ils une seule bombe ? Nos paroles sauveront-elles la vie d’un seul Palestinien ?
Nous pensons que oui, c’est utile. Peut-être n’arrêterons-nous pas une bombe et nos paroles ne se transformeront-elles pas en bouclier blindé qui empêchera qu’une balle de calibre 5.56mm ou 9mm, avec les lettres « IMI », ou « Israëli Military Industry » gravées sur sa base, ne frappe pas la poitrine d’une petite fille ou d’un garçon, mais peut-être nos paroles peuvent-elles se joindre aux forces des autres, au Mexique et dans le monde ; peut-être qu’au début, ce n’est qu’un murmure, puis un grondement et ensuite un cri qu’ils entendront à Gaza.

Nous ne savons pas pour vous, mais nous, les Zapatistes de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN), nous savons combien il est important, au milieu de la destruction et de la mort, d’entendre quelques paroles d’encouragement.

Je ne sais pas comment l’expliquer, mais il arrive que oui, les mots venus de loin n’arrêtent peut-être pas une bombe, mais c’est comme si une fissure s’ouvrait dans la pièce noire de la mort et qu’un minuscule rayon de lumière s’y infiltrait.

Comme pour tout autre chose, ce qui doit arriver arrivera. Le gouvernement israélien déclarera qu’il a porté un coup sévère au terrorisme, il cachera à son peuple l’ampleur du massacre, les grands fabricants d’armes auront obtenu un soutien économique pour faire face à la crise, et l’ « opinion publique mondiale », cette entité malléable qui est toujours à la mode, tournera les talons.

Mais ce n’est pas tout. Le peuple palestinien résistera et survivra et continuera à lutter et continuera à jouir de la sympathie de la base pour sa cause.

Et peut-être qu’un garçon ou une fille de Gaza survivront aussi. Peut-être grandiront-ils, et avec eux, leur courage, leur indignation et leur rage. Peut-être deviendront-ils des soldats ou des miliciens d’un des groupes qui luttent en Palestine. Peut-être se retrouveront-ils au combat avec Israël. Peut-être le feront-ils en appuyant sur la gâchette. Peut-être se sacrifieront-ils avec une ceinture de dynamite autour de la taille.

Et alors, ceux dont nous parlions au début écriront sur la nature violente des Palestiniens et ils feront des déclarations condamnant cette violence et ils reviendront à la discussion de savoir si c’est le sionisme ou l’antisémitisme.

Et personne ne demandera qui a semé ce qu’on est en train de récolter.

Source : CounterPunch

Traduction : MR pour ISM

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