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Gaza - 3 février 2009
Par Eva Bartlett
La mère d’Abdul Rahman Ghraben tend un sac plastique jaune. « Il y a une jambe de pantalon, et quelques petits morceaux de lui », dit-elle. Son mari nous a expliqué comment leur fils Abed, 14 ans, a été tué le 11 janvier.
« Le bombardement des forces israéliennes était très dur, alors nous avons évacué la maison, et nous sommes allés à Fakoura (l’école des Nations Unies bombardée au phosphore blanc).
Pendant les trois premiers jours à l’école, nous n’avions que les vêtements que nous portions, pas de couvertures, pas de nourriture. La nuit à Fakoura, il faisait très fort, il y avait du vent, alors quand nous avons entendu à la radio qu’il y aurait un cessez-le-feu entre 8h et 11h du matin, Abed a demandé si nous pouvions revenir à la maison chercher une veste. Nous l’avons tous accompagné, » explique Abu Abed, tenant maintenant le sac jaune.
« Alors que nous étions dans la maison, l’armée a commencé à bombarder le secteur,» dit Umm Abed. « Nous avions très peur, nous pensions que le cessez-le-feu signifiait que nous pouvions revenir chez nous en sécurité. Nous avons pris à toute vitesse ce que nous pouvions de vêtements et de nourriture et nous avons quitté la maison. Je pensais qu’Abed était devant nous. De retour à l’école, des amis nous ont dit qu’Abed n’était pas revenu. Ils nous ont également dit qu’un drone avait tiré un missile sur notre secteur. Les gens disaient que le missile avait touché un enfant et l’avait déchiqueté. Nous ne savions pas que c’était Abed. »
Umm Abed interrompt son récit pour sortir le contenu du sac jaune de supermarché. « Nous avons cherché Abed pendant 2 jours. Les gens nous disaient ‘votre fils a été tué’ mais nous n’arrivions pas à trouver son corps, nous ne pouvions pas croire que c’était Abed. »
« Finalement, » continue Abu Abed, sortant du sac la jambe de pantalon en lambeaux, « nous avons trouvé ça, et nous avons compris qu’Abed avait été tué. C’est tout ce qui nous reste de lui. Depuis, nous sommes revenus à la maison et nous avons trouvé d’autres morceaux de lui. » Le père sort une touffe de cheveux, un morceau séché d’une partie interne d’Abed, un éclat acéré de 3cm du missile du drone. « Tous les jours nous trouvons des petits bouts de son corps, partout. Il a explosé en petits morceaux, » dit le père. Bien que la frappe ait eu lieu il y a 3 semaines, la douleur de la famille n’en est pas moins vive.
« Pourquoi font-ils ça à nos enfants ? Qu’avait fait mon fils ? Avait-il tirer des roquettes ? Où est leur humanité lorsqu’ils tuent un enfant comme ça ? Il était un enfant, il avait le droit de vivre comme n’importe quel autre enfant, » demande Abu Abed, posant les questions que posent les parents de plus de 400 enfants à l’armée et aux autorités israéliennes qui ont pris la décision de bombarder Gaza.
Dans un trou de balle dans le mur à côté Umm Abed, une fleur a été collée, le trou est trop large pour la tige en plastique. Difficile de rendre compte de l’affreux saccage des soldats à l’intérieur de la maison, dévastée comme les vies ont été dévastées. La maison Ghraben est située dans le quartier Hayid Amal d’Attatra, dans la région de Beit Lahia. Comme les maisons environnantes, elle est constellée des cicatrices des tirs de l’armée israélienne, et porte les preuves de l’invasion et du déchaînement de violence. La porte d’une des chambres est sortie de ses gonds, les vêtements sont déchiquetés par les tirs d’armes automatiques, les dégâts partout dans la maison. Abu Yusef, oncle et voisin, nous avait montré sa maison la veille : des dégâts sont encore plus importants, mais la famille est revenue y vivre.
Abu Abed lance un appel à ceux qui sont en dehors de Gaza : « Nous demandons à la communauté internationale de rompre leurs relations avec Israël, parce qu’Israël tue des enfants. En 10 minutes rien que dans mon secteur, les soldats israéliens ont tué 10 enfants, » dit-il comme exemple du massacre plus vaste des enfants, et des civils adultes, qui a eu lieu pendant les 3 semaines de guerre contre Gaza. « Nous en sommes toujours pas en sécurité. Nous nous attendons à ce qu’un bulldozer israélien ou un char entre et détruise nos maisons au bulldozer à n’importe quel moment, parce qu’ils l’ont fait avant. Des F-16 continuent à survoler notre maison, et nous ne savons jamais quand la prochaine bombe va tomber. »
Source : In Gaza
Traduction : MR pour ISM
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