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Syrie -

La dernière cartouche de Bush : Pourquoi les Etats-Unis ont attaqué la Syrie.

Par

Ramzy Baroud est écrivain et rédacteur en chef du PalestineChronicle.com. Ses travaux ont été publiés dans de nombreux journaux et revues du monde entier. Son dernier livre est intitulé the Second Palestinian Intifada: A Chronicle of a People's Struggle (Pluto Press, London).

La souveraineté d'un pays indépendant et stable qui a effectué de nombreuses initiatives constructives au cours des derniers mois et semaines, ce qui pourrait certainement avoir contribué à la stabilité du Moyen-Orient, a été bafouée, ses frontières ont été violées et ses civils tués.
Mais quand le pays visé est la Syrie, un pays arabe, et que le responsable est l'armée américaine, alors, les choses ne sont pas aussi épouvantables qu’elles pourraient le sembler.

La dernière cartouche de Bush : Pourquoi les Etats-Unis ont attaqué la Syrie.


Photo : Des commandos américains ont tué huit civils syriens, dont un père et ses quatre fils

L’attaque des États-Unis contre une petite communauté agricole située près de la frontière entre Irako-syrienne le 26 Octobre est traitée différemment de l'attaque de la Russie contre la Géorgie en août 2008.

La Russie a été fermement condamnée par tous les responsables américains qui ont expressément dénoncé la violation par la Russie du droit international, des lois régissant la souveraineté des nations, et la déstabilisation de toute une région. Peu de gens dans le gouvernement américain, et encore moins dans les grands médias toujours bien disposés, ont osé proposer une lecture alternative de ce qui a véritablement déclenché le conflit. Par exemple, les violentes attaques de la Géorgie contre l'Ossétie du Sud, tuant de nombreux citoyens russes et de soldats de la paix, semblent être un fait négligeable.

Le cas Syrie, où une dizaine de commandos américains ont tué huit civils syriens, dont un père et ses quatre fils, est, en quelque sorte, une tout autre histoire. La Géorgie est un allié des États-Unis, la Syrie ne l'est pas. La Géorgie a été, en grande partie, armée et entraînée par des experts militaires israélo-américains, la Syrie est l'un des principaux bénéficiaires des armes russes.
La Géorgie a été utilisée comme une position avantageuse par les États-Unis dans une région extrêmement stratégique et riche, la Syrie est un havre de sécurité pour les dirigeants politiques des différents groupes palestiniens qui continuent de lutter contre l'occupation israélienne.
La Géorgie a pour rôle essentiel de renforcer la ceinture géopolitique autour de la Russie, les relations étroites de la Syrie avec l'Iran fait plus que compliquer les efforts des Etats-Unis à bien contrôler l'Irak.

Compte tenu de la doctrine de Bush - pas seulement celle de la guerre préventive et de la normalisation de la torture, mais d'autres qui placent les intérêts américains au-dessus du droit international et considèrent les actions des États-Unis avec des normes différentes de celles des autres nations – on peut difficilement insuffler les résolutions de l'ONU qui interdisent ce genre d'action comme bombarder un village tranquille à l’intérieur des frontières d’un autre pays.

C’est tout simplement «inapproprié», un terme qui est cher au Président Bush, parce que c’est la façon dont il a voulu montrer l’opinion de son gouvernement sur les Nations-Unis pour lui avoir refusé de donner son feu vert pour envahir l'Irak.

Certes, l'attaque contre la Syrie pourrait ressembler à une politique classique de belligérance militaire, menée par un président qui définit la sécurité nationale par la violence perpétuelle. Mais il y a certainement d’autres choses de l'histoire qui sont largement absentes de la plupart des analyses offertes par les responsables du gouvernement américain et dans les médias.


Le Times de Londres a cité dans un reportage paru le 29 octobre un responsable anonyme américain disant : «Vous devez nettoyer la menace mondiale qui est dans votre arrière-cour (qui est l'Irak) - et si vous ne le faites pas, nous n’avons pas d’autres choix que de prendre les affaires en main."

Le responsable a répété l'affirmation selon laquelle la cible était un ressortissant irakien affilié à Al-Qaida, Abou Ghadiyah. Son vrai nom est Badran Hishan Turki al-Mazidh, qui "a été nommé en tant que commandant d'Al-Qaida par le défunt fondateur de l’organisation, Abu Moussab al-Zarqaoui."

Bien sûr, on, nous sert des noms arabes exotiques, puis la plupart des analystes prennent ces affirmations pour argent comptant. Qui a l'audace de remettre en question l'intégrité de cette affirmation, d'autant plus qu’Abu Ghadiyah serait soi-disant tué. Ainsi, Randall Mikkelsen de Reuters donne cette analyse : "L’attaque des hélicoptères américains en Syrie cette semaine souligne la détermination de l'administration Bush à franchir les frontières quand elle peut frapper un objectif ennemi et à échapper à toute réaction internationale."

Mais c’est un peu bizarre. La Syrie a récemment lancé des négociations de paix indirectes avec Israël, via la Turquie. Elle a officialisé ses relations diplomatiques avec le Liban, ce qui fait espérer que les deux pays pourraient résoudre leur vieille querelle qui a affecté la stabilité du Liban et, plus récemment, la Syrie elle-même. Ces initiatives amicales avaient déjà inspiré des gestes encore plus surprenants au Liban lui-même, puisque des dirigeants des principaux rivaux, le Hezbollah et le Mouvement du Futur se sont rencontrés avec des sourires et des poignées de main amicales.

De plus, la Syrie et l'Irak sont plus proches que jamais, au point que le gouvernement irakien a prononcé les condamnations les plus fortes au sujet de l'attaque américaine contre la Syrie, en utilisant le territoire irakien.

Tout aussi important, c’est que la Syrie a amélioré ses relations avec l'Europe, y compris son plus grand détracteur, la France. Non seulement les relations entre la Syrie, ses voisins et l'Union Européenne s’améliorent de manière significative, mais aussi le type de langage utilisé pour décrire ces relations: : d'interminables éloges sur l’importance du rôle de la Syrie dans la région pour la paix et la stabilité au Moyen-Orient et ainsi de suite.

La réponse européenne à l’attaque américaine met également en évidence le fossé déjà existant entre les États-Unis et l'Union Européenne. "La France appelle à la retenue et souligne son attachement au strict respect de l'intégrité territoriale des États», disait une déclaration du bureau de Sarkozy. Le Ministre espagnol des Affaires Etrangères, Miguel Moratinos, a exigé de mettre fin à de "tels événements dangereux."

Les affirmations des États-Unis disant que la sécurité nationale vient en premier, et que les terroristes d'Al-Qaida s'infiltrent en Irak par la frontière, sont difficilement suffisantes.

Au cours des dernières semaines, les responsables de l’armée américaine avaient admis que «la Syrie était plus coopérative que dans le passé pour faire face au problème des combattants étrangers en Irak, et le nombre a diminué au cours de l'année écoulée."
La baisse du pourcentage des infiltrations signalées est tellement importante que l'on pourrait s’interroger sur la sagesse de l’armée à porter une telle attaque maintenant, alors qu’elle s’était abstenue de le faire par le passé.

Le régime syrien est conscient de ses options militaires limitées, et il a opté pour une approche plus calme afin de se réconcilier avec d’autres, alors que, dans le même temps, dans l'espoir de renforcer ses relations avec la Russie, il lui a proposé d’installer un système de défense anti-missiles russe sur son territoire. Naturellement, ni Israël - qui veut faire en sorte que l'équilibre des forces reste en sa faveur - ni les États-Unis - qui veut garder la Syrie isolée au niveau régional et international, et tenir en échec la Russie, ne sont heureux du succès de la stratégie syrienne, par conséquent il y a eu le bombardement du 26 octobre.

En effet, c’était un avertissement à la Syrie, mais était donné les semaines comptées de Bush au pouvoir, cela pourrait tout aussi bien être un dernier avertissement qui ne produira rien de plus qu’une animosité envers les Etats-Unis, et pas seulement en Syrie mais dans le monde entier.

Source : http://palestinechronicle.com

Traduction : MG pour ISM

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