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ISM France - Archives 2001-2021

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Cisjordanie -

La politique de la Verticalité : 7 - De l’eau à la merde

Par

Eyal Weizman est un architecte basé à Tel-Aviv et à Londres. Pour sa propre clientèle à Tel-Aviv, Eyal est actuellement en train de reconstruire le Ashdod musée de l’Art d’Ashdod (avec Rafi Segak et Manuel Herz) et une scène pour la compagnie de théatre Itim (avec Rafi Segal). Il mène également des recherches pour l’organisation des droits humains B'tselem sur les aspects de la planification de l’occupation israélienne en Cisjordanie. Eyal enseigne à l’Ecole d’Architecture Bartlett de Londres et au Technion à Haifa. Il collabore avec Zvi Hecker à Berlin sur un quartier général dans l'Aéroport Schipol à Amsterdam. Il développe la Politique de la Verticalité en une thèse, un livre et un film. Il a écrit deux livres et a exposé à Vienne, New York, Berlin, London et Jérusalem.

Les nappes phréatiques profondes qui sont sous la Cisjordanie sont un terrain de discorde, à peu près autant que les rivières d’eaux d’égouts qui se déversent dans ses vallées venant à la fois des palestiniens et des colonies israéliennes.

Les espaces souterrains de la Cisjordanie sont occupés par des nappes d’eau souterraine, des sites archéologiques et des systèmes des infrastructures cachés de la vue comme des choses sacrées. Le sous-sol a été transformé en une zone de conflit dont les courants de fond affectent les types d’habitation du terrain au-dessus.


Eau profonde

Une des problèmes les plus cruciaux dans le conflit israélo-palestinien a lieu sous la surface : à peu près 80% des montagnes sources d’eau, le plus gros réservoir de la région, est situé sous la Cisjordanie . Mais ces ressources énormes fournissent à peu près 40% de l’eau israélienne pour la culture et presque 50% de l’eau potable. En fait, c’est la source principale pour sa grande bande côtière urbaine.

Pendant les négociations d’Oslo et de camp David, Israël a insisté pour garder le contrôle des ressources souterraines dans n’importe laquelle des résolutions permanentes. Une nouvelle forme de souveraineté souterraine, qui ronge la souveraineté nationale de base, est mentionnée en premier dans l’accord provisoire d’Oslo.

En 1995, l’accord a transféré la responsabilité du secteur de l’eau de l’Administration Civile israélienne à l’Autorité Palestinienne. Mais en pratique, l’étendue du contrôle israélien dans ce secteur n’a pas changé.

Un Comité commun de l’eau (JWC) a été mis en place pour superviser et approuver chaque nouveau projet sur l’eau ou l’évacuation d’égouts en Cisjordanie . Le comité comprend un nombre égal des représentants d’Israël et de l’Autorité Palestinienne.

Toutes les décisions doivent être prises dans le consensus. Aucun mécanisme n’est prévu pour gérer les disputes si le consensus ne peut pas être obtenu.

Ca peut sembler être un compromis sensible. Mais par ce Comité, Israël peut émettre un véto sur toutes les demandes des représentants palestiniens pour creuser un nouveau puits ou pour obtenir les suppléments prévus dans l’accord sur l’eau.

De toute façon, les colonies israéliennes en Cisjordanie ont accès à des puits équipés de pompes qui ne nécessitent pas l’accord de JWC. Ils représentent à peu près 10% de la population de Cisjordanie et utilisent près de 37% de cette eau de Cisjordanie , laissant les 63% restant pour les 1,9 millions de Palestiniens.



La politique de la merde

Il y a eu récemment une rupture délibérée des systèmes d’évacuation des égouts en Cisjordanie . La topographie abrupte permet aux colonies israéliennes et aux villes palestiniennes de rejeter leurs évacuations d’égouts le long des vallées tout près de chacun d’entre eux.

La municipalité palestinienne d’Hébron s’est vu attribuer une station d’épuration par le gouvernement allemand. Mais cette opération a été interrompue. Selon les accords, le projet était encore géré par le comité commun des eaux. Il nécessitait l’accord israélien, et Israël pouvait demander un quota de l’eau.

Alors depuis, pour mettre la pression sur Israël afin de concéder les eaux, la municipalité d’Hébron a déversé ces eaux usagées domestiques et industrielles dans la rivière Hébron, qui coule à travers 3 colonies jusqu’aux alentours de Beer Sheva sur le territoire même d’Israël.

Les conduites non-existantes ou détruites permettent aux eaux usées de couler en sous-sol le long de certains camps de réfugiés palestiniens.
Cette merde visible prouve aux invités officiels du jour de l’Autorité Palestienne l’inhumaine négligence permanente, le problème sans fin des réfugiés, conséquence du conflit toujours non-résolu.

Les efforts des différentes ONG et des services de l’ONU pour réparer ce système d’infrastructure avec de la tuyauterie souterraine permanente ont été rejetés par l’Autorité Palestinienne. Ils n’autorisent aucune amélioration ou investissement dans les infrastructures tant que les camps de réfugiés seront considérés comme des colonies permanentes.

Les eaux d’égouts sont une arme politique quand elles sont déversées depuis les entrailles de la terre sur le sol. Quand la merde est invisible dans le sous sol, ce sont des eaux usées, courants dans un complexe système technique de tuyauteries communes. Mais laissez-les seulement remonter sans contrôle à la surface et les eaux usées deviennent à nouveau de la merde.

Les coordinations latitudinales confirment la nature de cette substance. Quand les évacuations d’égouts débordent et que la merde privée, depuis le sous-sol, envahit le royaume public de la rue, cela devient simultanément un hasard privé et des avoirs publics - utilisés comme un outil par les autorités.

Copyright © Eyal Weizman, 2002. Publié par openDemocracy



Index de la Politique de la Verticalité

1 - Introduction

2 - Cartes

3 - Collines et vallées de la Cisjordanie

4 - Colonies de la Cisjordanie

5 - Urbanisme optique

6 - Le paradoxe de la double vision

7 - De l’eau à la merde

8 - Excavation du sacré

9 - Jérusalem

10 - Routes – dessus et dessous

11 - Contrôle du ciel

Source : www.opendemocracy.net/

Traduction : MAP

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