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Palestine - 11 mai 2005
Par Walid al Awad
En ces jours du mois de mai, la mémoire de notre peuple s'ouvre sur la blessure saignante représentée par le jour de la Nakba qui est, surtout pour les réfugiés, le souvenir de la maison, du champ, du figuier, de l'amandier, des cours d'eau, du four à pain, des pâturages, de la saison de la cueillette, tout ce qui touche à la terre dont ils ont été expulsés sous les coups des massacres et de l'agression sioniste.
Il signifie aussi la marche de l'exil, le refuge, les tentes, les tôles et les rangs où ils s'alignaient, les ailes cassées, pour recevoir les aides internationales.
Au même moment, la mémoire s'ouvre sur les actes héroïques de notre peuple, ses martyrs, ses prisonniers, sa résistance, ses sacrifices, sa fierté, sa détermination à rester attaché à ses justes droits, y compris le droit au retour des réfugiés à leur terres et leurs propriétés.
En cette date douloureuse, il y a 57 ans, les épisodes du complot auquel devait faire face notre peuple palestinien ont atteint un tournant décisif qui a laissé ses traces sur l'ensemble de la vie du peuple palestinien, sur son infrastructure économique, sociale et politique.
Au regard de la profondeur de son impact, il a communément été admis de décrire ce qui s'est passé par la Grande Nakba.
Sinon, comment qualifier le massacre le plus vil que l'histoire humaine contemporaine a connu et dont les épisodes douloureux se poursuivent jusqu'à nos jours, depuis que les bandes sionistes ont réussi, soutenues directement par l'impérialisme mondial, Grande-Bretagne en tête (qui exerçait à l'époque le mandat sur la Palestine) à accomplir leur projet visant à déraciner le peuple palestinien de sa terre, à l'expulser pour y installer les Juifs venant de toutes parts à sa place, dans toutes les villes et les villages dont les propriétaires ont été expulsés, selon la théorie sioniste connue "une terre sans peuple pour un peuple sans terre".
Cette théorie raciste et malheureuse contredit le plus évident des droits de l'homme, les principes du droit international, et dont tous les documents et cartes, toujours prisonniers des cartons des archives britanniques et turques, auxquels la Palestine a été soumise pendant une période très longue, affirment cela.
Ces documents affirment, sans aucune contestation possible, que la Palestine n'a jamais été, comme ils le prétendent, un désert mais elle était peuplée par une population qui l'a cultivée tout au long de siècles.
Les Palestiniens, ses habitants, n'ont été expulsés que par de terribles massacres, des meurtres, des destructions, commis par les bandes sionistes, telles que la Haganah, l'Irgoun et le Stern, ce qui a eu pour conséquence la destruction de 532 villages et villes, l'exécution de 52 massacres à l'encontre de ses habitants pacifiques, dont les maisons et les champs ont été incendiés, les habitants aussi, alors qu'ils étaient vivants, comme cela s'est passé pour les habitants de Tira Haïfa.
Les bandes sionistes ne se sont pas privées de commettre les crimes les plus monstrueux, en éventrant les femmes enceintes, en tuant les femmes, les vieillards et les enfants, en violant toutes les sacralités, rejettant tous les traités et les coutumes internationales.
Suite à ces monstrueux massacres, elles ont expulsé plus de 850.000 Palestiniens qui sont devenus des réfugiés, et dont le nombre atteint aujourd'hui plus de 5 millions, répartis sur toute la terre, la plupart vivant dans des camps que l'UNRWA a installés.
Ce crime dont notre peuple palestinien est toujours la victime a laissé des traces, non seulement sur cette période, mais jusqu'à l'heure actuelle.
Les réfugiés vivent toujours dans des conditions économiques et sociales difficiles, après avoir été dispersés loin de leurs propriétés et de leurs maisons, dont ils ont été expulsés il y a plus d'un demi-siècle.
Malgré cela et d'autres choses encore, leur détermination n'est pas retombée, leur attachement au droit du retour ne s'est pas ébranlé, et à cause des luttes et des sacrifices de notre peuple, la cause des réfugiés et le droit de leur retour gardent encore leur flamme vivante alimentée par sa justice, et brûlant tous ceux qui cherchent à s'en rapprocher de façon malsaine.
De longues années ont montré que tous les complots visant la cause des réfugiés ont échoué, cette question étant devenue le pivot essentiel de la paix et de la stabilité dans la région.
Il est devenu clair pour tous que tout règlement qui ne prend pas en compte la résolution de la question des réfugiés de façon juste, selon la résolution 194, échouera.
Le fait de l'affirmer n'est pas un luxe politique ni un désir d'extrémisme, comme certains se plaisent à le dire, mais comme le crime est toujours visible, le criminel connu ainsi que les victimes, et que toute solution juste doit être équitable envers les victimes et doit châtier le criminel, un minimum au moins.
C'est ce qui me fait mettre en avant la juste solution que l'assemblée générale des Nations-Unies a proposée à l'époque, en considération de son rôle qui fut de rechercher une solution pouvant être équitable envers les victimes.
Elle envoya à cette époque un médiateur suédois, le Comte de Bernadotte, afin qu'il présente une solution au conflit en Palestine.
Il remit son rapport le 28 juin 1948 dans lequel il affirmait qu'il ne peut y avoir de solution juste et globale au conflit si le droit des réfugiés arabes au retour à leurs maisons dont ils ont été chassés n'était pas respecté, et il a poursuivi, disant : C'est de l'effronterie et du mépris de tous les principes de justice humaine que de priver ces réfugiés innocents, qui sont victimes d'un conflit, de leur droit au retour à leurs maisons, alors que les Juifs continuent à émigrer de toutes les parties du monde vers la Palestine".
Nous savons que le Comte Bernadotte a payé de sa vie une telle position, moins de quelques mois plus tard, lorsque les bandes sionistes l'ont assassiné à al-Quds.
A partir de cette recommandation écrite par le sang du médiateur international Bernadotte, l'assemblée générale des Nations-Unies a essayé de trouver une solution juste à la question des réfugiés, en émettant le 12 décembre 1948 une résolution portant le numéro 194 dont le onzième paragraphe stipule :
"qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les Gouvernements ou autorités responsables" et "Donne pour instructions à la Commission de conciliation de faciliter le rapatriement, la réinstallation et le relèvement économique et social des réfugiés, ainsi que le paiement des indemnités, et de se tenir en liaison étroite avec le Directeur de l’Aide des Nations unies aux réfugiés de Palestine, et, par l’intermédiaire de celui-ci, avec les organes et institutions appropriés de l’Organisation des Nations unies" ;
Quant au troisième paragraphe, il stipule la création d'une commission de conciliation qui aura la responsabilité de faciliter le retour des réfugiés à leurs terres, ce qu'a refusé le gouvernement israélien qui continue à le refuser jusqu'à présent.
Face au refus et à cet entêtement israéliens, l'assemblée générale continue à affirmer sa position en votant annuellement la décision citée, en tant que solution juste de la question des réfugiés et la plus conforme aux principes des droits de l'homme, du droit international et le plus proche de la réalisation de la légalité internationale.
De plus, les décisions internationales favorables au droit de retour des réfugiés se sont suivies, l'assemblée générale vote la décision 394 le 14 décembre 1950, favorable au droit au retour, qui est soutenu par l'accord de Genève sur les droits des réfugiés en 1951, et il est réaffirmé dans la résolution 1191 émis le 13 décembre 1957, la résolution 535 de l'année 1965 ainsi que les résolutions 3628 et 2672 de l'année 1970, mais aussi la résolution 3236 qui stipule dans son paragraphe 2 que le droit de retour des Palestiniens à leurs terres dont ils ont été expulsés et déracinés est inaliénable le considérant indispensable pour l'établissement de la paix et la sécurité dans la région.
De façon très rapide, la juste solution de la question des réfugiés est le retour des réfugiés palestiniens à leurs terres, il s'agit d'un droit garanti et déclaré par toutes les résolutions, les traités, les accords internationaux et notamment la décision 194 qui est considérée comme une des résolutions légales internationales le plus favorables à la légalité de la réclamation du droit au retour.
Pour cela, il est nécessaire de s'attacher fermement à cette résolution et à s'éloigner de toutes les explications qui peuvent l'affaiblir ou détruire son fondement, qui représente la légalité, la légitimité et la possibilité d'appliquer le droit au retour.
Cela est important en ce moment où de temps à autre apparaissent de multiples attitudes ou initiatives essayant de trouver une solution à la question des réfugiés en passant par-dessus cette résolution ou en la contournant en la vidant de son contenu, dans le meilleur des cas.
Certains vont encore plus loin en affirmant l'impossibilité de réaliser ce droit, en allant même jusqu'à le proposer en troc au bazar des initiatives, dont le plafond s'abaisse continuellement, sans compte ni contrôle, suscitant crainte et inquiétude, et même les doutes du fait de l'insistance israélienne à refuser absolument le droit au retour, en accord avec la position américaine exprimée par le président américain George Bush, qui a donné des garanties au premier ministre israélien Sharon lors de la visite de ce dernier à la Maison Blanche, en 2004, et qu'il a de nouveau affirmé lorsqu'il a reçu le même au Texas, il y a un mois.
A partir de là, une grande précaution doit être exigée sur le plan palestinien pour ne pas tomber dans le piège visant le droit au retour et le remplacement du droit des réfugiés à retourner sur leurs terres par le retour partiel à l'Etat indépendant, dont la formation sur l'ensemble des terres occupées en 1967 reste cependant douteuse si elle est en accord avec Israël et les Etats-Unis, étant donné l'attitude israélienne, les tergiversations et les ajournements successifs, le refus d'appliquer les ententes de Sharm el-sheikh, avec un soutien américain clair au maintien des grands blocs de colonies, et le non-retour aux frontières de 1967 confirmant le choix auquel s'accroche le gouvernement israélien.
Il s'agit du choix de poursuivre l'agression et de nier les justes droits de notre peuple.
Que personne ne se leurre à propos des informations diffusées par l'occupation au sujet du retrait prochain de la bande de Gaza, car ce soi-disant retrait, si jamais il se réalise, le sera selon la vision israélienne, transformant la bande de Gaza en une grande prison, où ses habitants vont plonger, économiquement et socialement, au moment où Israël va poursuivre son siège.
Au même moment, il continuera à avaler ce qui reste des territoires palestiniens en Cisjordanie , car il poursuit l'agrandissement des colonies, la construction du mur de l'apartheid et les mesures d'isolement de la ville d'al-Quds, ainsi que les campagnes d'arrestation et le refus de libérer les prisonniers.
Tout ceci se déroule avec l'accord américain dans le cadre d'un silence de plomb de la part du comité quadripartite, de la communauté internationale et une dérobade honteuse des pays arabes.
Le souvenir de la Nakba et les traces plus ou moins douloureuses qu'elle a laissées, ont été une leçon pour notre peuple.
Elles exigent une affirmation claire que notre peuple palestinien, qui a refusé tous lesplans de liquidation de la question des réfugiés, qui a insisté à s'attacher à ses droits légitimes, qui a offert des milliers de martyrs, de blessés et de prisonniers, pour les défendre, qui a vécu réfugié dans les conditions les plus difficiles, notre peuple restera attaché à ses droits, restera fermement attaché à son droit au retour comme il a été défini dans la résolution 194, qui confirme avec précision que le retour se fera à partir du choix personnel de chaque réfugié, ce qui signifie que le droit au retour est un droit personnel pour chaque réfugié, et personne ne peut le concéder ou le négocier.
En cette commémoration de la 57ème année de la Nakba, il est nécessaire de renouveler notre attachement au droit au retour, de rassembler les énergies populaires palestiniennes pour mener une campagne populaire la plus large possible, avec des manifestations, des festivals et des congrès populaires pour l'exprimer.
Nous devons activer le rôle du département des affaires des réfugiés dans l'OLP en lui assurant toutes les ressources nécessaires afin d'en finir avec le traitement bureaucratique de cette question.
Il faudrait en même temps, activer tous les comités et institutions populaires agissant dans le domaine des réfugiés, prendre l'initiative de former des comités de défense du droit au retour dans toutes les villes, villages et camps dans le pays et dans l'exil, tout en suscitant les actions officielles sur les plans arabe et international pour activer la question des réfugiés et du droit au retour, surtout au niveau de l'assemblée générale des Nations-Unies, en lui demandant l'application de ses résolutions, en affirmant la nécessité de donner vie à la Commission internationale de conciliation, lui réclamant l'exécution de ses responsabilités attendues depuis 57 ans, et en même temps s'attacher à la résolution 194, affirmant sa légalité, la force de sa légitimité qui a toujours cours malgré le refus israélien à la respecter, tout comme il refuse d'autres résolutions internationales.
Le refus israélien n'affaiblit pas la force de la légitimité ni de la légalité de ces résolutions mais au contraire, il affaiblit la place et la crédibilité internationale d'Israël, en augmentant son isolement.
Source : www.arabs48.com
Traduction : Centre d'Information sur la Résistance en Palestine
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