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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Le programme essentiel

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Tourmentés par le racisme, démoralisés par le défaitisme de la région, les Arabes israéliens ont une tâche à accomplir.
Les forces arabes démocratiques d’Israël doivent commencer à se préoccuper moins de clichés éculés, et davantage de ce qu’il faut faire et de comment le faire ; Cette tâche est complexe, étant donné la lutte en cours, régionale et internationale, contre l’hégémonie militaire directe des USA.

Un processus avance, dans lequel l’économie et la culture, parmi d’autres aspects de la vie, sont utilisés, soit pour justifier l’hégémonie américaine, soit pour rationaliser la soumission à cette hégémonie.

Le conflit est aussi féroce qu’imprévisible. La quête américaine de l’hégémonie amène avec elle une nouvelle dynamique, qui veut contrôler les richesses naturelles - avant tout le pétrole - dans un but de domination politique et stratégique. Cette dynamique implique de faire chanter les régimes en place. Leur stabilité n’est plus aussi essentielle pour les USA que durant la Guerre Froide, où les régimes étaient très bien, tant qu’ils étaient anti-soviétiques.

La stabilité et la démocratie sont deux choses différents. Certaines forces démocratiques semblent considérer la nouvelle politique américaine - ne se souciant apparemment pas de maintenir le statut quo - comme une campagne pour la démocratie. On en est loin. Croire que s’allier aux USA peut aider la cause de la démocratie serait une terrible erreur, car cela enfoncerait un coin entre la démocratie et la conscience nationale.

La tentative américaine de déguiser sa politique hégémonique d’un costume de démocratie ne doit pas décourager les forces démocratiques arabes de la demander. Les droits des citoyens, l’égalité devant la loi, l’indépendance de la justice, les libertés civiques et les droits des femmes sont des principes démocratiques qui ne doivent pas être abandonnés juste parce que la propagande américaine s’en sert pour son propre bénéfice.

Les forces démocratiques, nationales et régionales, doivent s’unir. Les droits du citoyen arabe, ceux des Palestiniens, ont besoin d’être défendus, tout en maintenant la solidarité pan-arabique et en faisant avancer la volonté d’unité entre les futures entités démocratiques arabes. Pendant ce temps, différentes formes d’unité arabe doivent se développer. En particulier, les Arabes ne devraient pas accepter les diktats que l’Amérique essaye d’imposer aux régimes individuels.

L’arène principale de la confrontation est l’Iraq. Les forces démocratiques nationales et régionales ont besoin d’imaginer un avenir démocratique pour l’Iraq d’après l’occupation. La seconde arène est la Palestine. Il y a tendance à se servir de l’influence croissante des USA et de l’inefficacité arabe comme prétexte pour diminuer les droits nationaux des Palestiniens. Cette tendance contraste avec la résolution des Palestiniens sous occupation. Elle aide Sharon à un moment où ses ennuis politiques, économiques et sécuritaires s’aggravent. Sharon a tout loupé, sur la sécurité, la politique et l’économie, et on aurait tort - particulièrement, les Arabes - de le récompenser simplement pour apaiser les Américains.

La lutte palestinienne a restructuré la relation entre l’occupant et l’occupé. Mais il y a beaucoup à faire pour formuler une stratégie palestinienne unifiée. Sans commandement commun, une telle stratégie ne va pas se matérialiser toute seule. Le dialogue seul ne crée pas une stratégie unifiée. Cela devient une question de vie ou de mort, alors que les tâches nationales deviennent plus compliquées. Le mélange tordu de répression et de désengagement pratiqué par Sharon complique la tâche de la lutte. Cela demande moins de spontanéité de réaction de la part des Palestiniens.

La lutte contre le racisme est le lien qui relie la cause des Arabes d’Israël et celle de leurs frères en Cisjordanie et à Gaza. Cette communion n’a pas ouvert de nouveaux horizons au niveau de l’identité et de la politique nationale, mais apporté des perspectives sociales et économiques bienvenues pour la communauté arabe d’Israël ; communauté sans existence économique ou sociale en dehors de l’appareil productif israélien. Des dizaines de milliers d’entre eux ont des liens familiaux avec la Cisjordanie et Gaza.

L’autre face du mur raciste de ségrégation est la loi qui refuse le droit de résider en Israël aux habitants de Cisjordanie et Gaza mariés à des citoyens israéliens arabes. La même mentalité raciste qui construit le mur considère les Arabes israéliens comme une « bombe démographique.

Les forces démocratiques arabes doivent répandre la conscience de ce racisme parmi les Arabes israéliens. Elles doivent continuer à soutenir le peuple palestinien, résister au mur, et combattre la politique ségrégationniste et raciste. La propagande sioniste s’est infiltrée dans le discours politique et l’état d’esprit de la communauté arabe d’Israël. Cette propagande blâme les deux côtés pour le résultat de la solidarité des Arabes d’Israël avec les Palestiniens en octobre 2000. Elle prétend que les leaders arabes se préoccupent davantage des Palestiniens que des Arabes israéliens.

La propagande sioniste veut marquer deux points :
• (a) diminuer la solidarité avec les Palestiniens, et
• (b) faire retomber le blâme pour la ségrégation raciste sur les leaders arabes israéliens. Ils veulent créer l’impression que si les Arabes israéliens abandonnaient leur identité nationale et leur engagement pour la justice, cela faciliterait l’égalité entre eux et les Juifs.

Le mouvement national parmi les Arabes israéliens a confronté le sionisme sur la question de la citoyenneté. Jusqu’à présent, il a réussi à en faire une question publique en Israël. Ce mouvement doit se rendre compte maintenant que toute concession sur le front de la lutte nationale amènerait une régression sur le front de la citoyenneté et des droits civiques. Toute transgression au sentiment de solidarité avec les Palestiniens et la nation arabe est une transgression à l’identité nationale ; un effort pour changer les Arabes d’Israël en sujets de sectes et de clans séparés. Ceux-ci seraient plus faciles à contrôler, à leur faire accepter un traitement inégal.

La solidarité avec le peuple palestinien est un droit civique. Les citoyens arabes d’Israël ont le droit de prendre une position politique contre l’occupation. Mais leur campagne pour la paix ne doit pas laisser de côté la lutte contre la discrimination raciale et leur intérêt pour leurs affaires quotidiennes. On a besoin de militants.

Pour commencer, ils corrigent la notion erronée que le mouvement démocratique ne se soucie que de slogans et délaisse les problèmes locaux. Le mouvement nationaliste arabe doit s’occuper de ceux-ci comme des problèmes publiques, non comme des histoires à résoudre dans un esprit de favoritisme, de clientélisme de petite ville, maintenant courants dans la vie parlementaire. Les droits civiques ne sont pas des faveurs à briguer, mais des problèmes publiques à résoudre.

L’échange de faveurs dans des transactions politiques et parlementaires ne ferait que confirmer le statut de citoyens de deuxième classe des Arabes israéliens, des gens qui ne parlent pas la langue du droit, qui échangent des faveurs et se vendent. L’opportunisme nuit à la communauté arabe dans son ensemble.

Les forces démocratiques et nationalistes arabes doivent organiser les citoyens arabes et défendre leurs droits, dans un contexte social et nationaliste général. Elles doivent résister à la campagne croissante de démolition de maisons, lutter contre la discrimination dans l’emploi et les salaires, et faire face à la violence policière.

Depuis le début de l’Intifada, Israël essaie de contenir la "menace démographique arabe" en :
• (a) faisant avorter la résistance nationale arabe dans le pays, contestant son efficacité, et poussant en avant le statut des Arabes soi-disant modérés ;
• (b) en complotant contre les forces nationalistes dans le but de les exclure du domaine de l’activité politique et parlementaire déjà bien réduite ;
• (c) en divisant les Arabes en sectes, clans, factions, phénomène que l’on observe lors d’élections municipales autant que nationales ;
• (d) en poussant les Arabes à montrer leur loyauté à l’égard d’Israël aux dépends des droits des Palestiniens.

Une des façons d’influencer l’attitude de la communauté arabe est la question du "service national". Cette suggestion a été répétée plusieurs fois par Sharon et l’institution gouvernementale tient des consultations avec des dirigeants municipaux arabes à ce sujet. Jusqu’à présent, personne n’a démontré le but de ce service à visées civiques, ni examiné sa faisabilité.

Pour l’institution sioniste, le service national est une question d’idéologie : une tentative de changer la manière de voir des Arabes israéliens. Le but de cette mesure est de limiter la portée des droits des citoyens et de la confiner au nationalisme israélien. Cette mesure veut détourner la communauté arabe de sa stratégie d’égalité des citoyens, en mettant en avant un nationalisme israélien imaginaire.

Pour les Arabes israéliens, un programme politique correct doit accepter d’idée d’un état pour tous les citoyens, s’opposer au sionisme, embrasser la lutte civique, exiger la reconnaissance des droits nationaux collectifs de la minorité arabe, et garder une perspective nationaliste. La question de la citoyenneté est à l’avant et au centre du débat politique et culturel. L’identité collective nationale fournit le cadre moderne d’organisation de la communauté, cadre qui transcende les considérations claniques et sectaires. C’est le seul cadre qui puisse contenir en germe une solution uni-étatique, et non bi-étatique, au problème palestinien sur le long terme
- ce qui est encore possible. Cependant, une solution uni-étatique ne peut pas être imposée de l’extérieur. Elle ne peut pas être imposée par une lutte de nature sécessionniste - cela serait contradictoire.

Le mouvement nationaliste arabe israélien s’est déjà organisé dans de passé—pendant la phase post-Oslo, du -faisons-le –à- la –manière- israélienne. Alors, les concepts ci-dessus donnaient au mouvement nationaliste un élan démocratique, le revitalisaient, lui amenaient un soutient sans faille, lui permettaient d’ajuster le rythme des discussions entre les Arabes israéliens, et poussaient les partis politiques à adopter un discours nationaliste. Depuis deux ans, des tentatives ont été faites pour redonner vie à l’approche à la manière israélienne, même sans résoudre le problème palestinien, même sous la coupe des gouvernements israéliens les plus racistes et brutaux. Ce n’est pas une coïncidence si ce développement se double de conspirations et de provocations à l’encontre des forces nationalistes et de leur politique.

Le mouvement nationaliste ne doit pas compter sur des sentiments nationalistes venant de l’extérieur pour influencer l’humeur politique de la communauté arabe israélienne. Il faut qu’il promeuve la conscience de tous, par son organisation rigoureuse, un travail méticuleux, et en coopération avec les organisations de défense des droits de la communauté arabe existantes.
La phase actuelle prouve l’importance des actions des partis. Sans eux, le mouvement nationaliste aurait été dans une très mauvaise situation, étant donné la situation internationale et le sentiment d’impuissance qu’elle a amené.

Les conditions politiques actuelles étant ce qu’elles sont, les forces démocratiques nationalistes ne peuvent mettre un choix politique en avant, sans fournir aussi un programme social, sans créer un contexte démocratique quant aux questions sociales. Nous devons nous assurer que les clans et les sectes ne deviennent pas des organisations politiques.

Les droits des femmes et l’éducation démocratique des jeunes doivent aussi être au programme. La communauté arabe a besoin de s’impliquer davantage dans les questions publiques. Ce qui peut sembler une impuissance au niveau régional ne doit pas amener à une démoralisation sur le plan local.

La quête de la démocratie est inséparable des questions sociales du travail et de l’égalité. Cela implique le rejet du Thatcherisme du gouvernement israélien actuel. Le mouvement démocratique gauchiste ne fait pas de rhétorique. Son but est d’en finir avec l’exploitation, de consolider les lois sociales, et de réduire le fossé entre riches et pauvres.

Source : http://weekly.ahram.org.eg/

Traduction : Jean-Luc Mercier pour ISM-France

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