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Palestine - 20 octobre 2007
Par Ali Abunimah
Co-fondateur d'Electronic Intifada, Ali Abunimah est l'auteur du livre : One Country: A Bold Proposal to End the Israeli-Palestinian Impasse (Metropolitan Books, 2006).
Le "processus de paix au Moyen-Orient est comme l'un de ces spectables à gros budget de Broadway. il dure depuis des années, mais à chaque reprise, les acteurs changent. Ce qui peut sembler être une production usée pour certains parvient néanmoins à rester nouvelle pour une foule crédule prête à passer sur le prix de l'entrée.
Toutefois, contrairement à quelques heures d'évasion théâtrale, les producteurs du processus de paix au Moyen-Orient espèrent que le public croira vraiment que ce qu'il voit sur scène, que ce soit à Madrid, à Oslo, à Londres, à Washington ou à Sharm al-Sheikh, est vrai et qu'il a même le potentiel de mettre fin au conflit causé par un siècle de colonisation sioniste en Palestine soutenue par l'Occident.
Dans la dernière reprise, Condoleezza Rice joue le rôle de Secrétaire d'Etat américain déterminé à mettre fin au conflit de longue durée par une habile diplomatie visant à mettre en place un "processus" qui mènera à la solution de deux Etats.
George Bush, fatigué du rôle de belliciste, essaie le rôle du président sortant non réélu attendant l'arrivée de son successeur, qui a passé des années à autoriser la colonisation israélienne, mais qui, avec un oeil sur son héritage, est maintenant résolu à mettre fin au conflit une fois pour toutes de façon pacifique.
D'autres personnages importants sont Mahmoud Abbas, un collaborateur falôt dont la seule base de pouvoir sont les armes américaines et israéliennes qui lui permettent de rester dans sa Zone Verte de Ramallah – remplaçant le défunt Yasser Arafat dans le rôle du dirigeant palestinien, et Ehud Olmert, la doublure d'Ariel Sharon, qui a quitté la scène de manière inattendue.
Un invité spécial Tony Blair, qui vient de terminer une longue et controversée fonction de premier ministre d'une puissance européenne marginale, espère qu'en prenant le rôle d'"envoyé spécial du Quartet" dans le processus de paix, il pourra redonner vie à une carrière en baisse.
De temps en temps, la réalité éclate sur scène pour perturber le spectacle : et c'est ce qui s'est passé encore une fois alors que les producteurs étaient prêts à partir en tournée à Annapolis où le président Bush envisage de tenir une réunion des principaux dirigeants on ne sait pas quand cet automne.
La semaine dernière, juste après qu'Abbas se soit entretenu avec des représentants israéliens pour tenter d'élaborer une "déclaration de principes" qui sera dévoilée lors de la réunion d'Annapolis, l'armée israélienne a annoncé l'expropriation de près de 150 hectares de terres palestiniennes près de Jérusalem-Est Occupée afin d'élargir la déjà massive colonie destinée seulement aux Juifs qui coupe en deux la Cisjordanie et rend impossible un État palestinien contigu.
Étant donné que le processus de paix a commencé en 1993, Israël a confisqué une surface équivalente à la taille de Washington DC pour la construction de colonies destinées seulement aux Juifs, pleinement convaincu qu'aucun des acteurs sur scène ne levera le petit doigt pour l'arrêter.
Rice simule la frustration: "Franchement, il est temps de créer un État palestinien", a-t-elle dit lors d'une conférence de presse avec Abbas. "Nous avons franchement mieux à faire que d'inviter les gens (à la réunion d'Annapolis) pour une photo."
Pourtant, elle aura de la chance si elle arrive à même obtenir cela. Déjà la date de la réunion risque d'être repoussée, non seulement en raison de l'accélération de la colonisation israélienne, mais parce que, malgré les tentatives, il n'ya pas d'accord fondamental entre les Israéliens et les Palestiniens sur le détail de ce à quoi ressemblera la solution à deux Etats.
Comme je l'ai expliqué ailleurs, et dans mon livre, One Country, la paix par la partition est un fantasme irréalisable.
Qui plus est, aucun des acteurs n'a la crédibilité ou la force de négocier au nom de ceux qu'ils prétendent représenter.
Abbas et ses sbires non élus sont considérés par de nombreux Palestiniens comme des petits collaborateurs déterminés à faire tout ce qu'ils peuvent pour conserver leur place à la table du maître.
En dépit du désir d'unité d'une majorité écrasante de Palestiniens, Abbas, victime du chantage et corrompu par l'Union Européenne et les États-Unis, refuse de discuter avec le Hamas pour panser les blessures causées par les efforts des milices armées du Fatah soutenues par Israël et les États-Unis afin de renverser les résultats des élections de janvier 2006 remportées par le Hamas.
Il ne peut pas y avoir de sérieuses discussions de paix sans le Hamas.
Olmert, qui se défend contre de multiples accusations de corruption, est à la tête d'une coalition dont la majorité dépend des racistes juifs qui n'accepteront jamais la paix et l'égalité avec les Palestiniens.
La semaine dernière, Tony Blair a rencontré l'un de ces dirigeants de la coalition, le vice-premier ministre, Avigdor Lieberman, qui dirige le parti pro-faciste Israël Beitenou.
Selon Haaretz, Lieberman a dit à Blair que toute solution au conflit israélo-palestinien "devait inclure aussi les citoyens arabes d'Israël, et que l'accord devait être basé sur un échange de terre et un transfert de population."
En d'autres termes, il ne peut y avoir de paix sans l'expulsion de plus d'un million de citoyens palestiniens d'Israël. Lieberman a promis à maintes reprises de faire tomber le gouvernement, si Olmert discutait à Annapolis des "principales questions" telles que les frontières, les colonies et le droit des réfugiés palestiniens expulsés par Israël.
Haaretz n'a pas publié la réaction de Blair à ce nouvel appel en faveur de la purification ethnique de la part d'un haut responsable israélien. (Comment Blair aurait-il réagi si Ian Paisley avait publiquement déclaré qu'il ne pouvait pas y avoir de paix en Irlande du Nord, sans l'expulsion de tous les catholiques des Six Comtés, afin que la suprématie protestante soit perpétuée?)
Mais ce qui reflète l'échec du processus c'est quand les responsables européens et américains rencontrent volontiers des partisans du nettoyage ethnique du calibre de Lieberman (probablement sur la base du fait qu'il est élu), et refusent encore de traiter avec le Hamas, élu démocratiquement par les Palestiniens sous occupation.
Les dirigeants du Hamas ont, à maintes reprises offert à Israël un cessez-le-feu à long terme et des négociations exactement sur le modèle de l'Irlande du Nord qui a conduit à l'Accord de Belfast dont Blair est tellement fier.
Blair est apparemment incapable de comprendre que ce qui a mis fin au conflit en Irlande du Nord n'a pas été son charme, mais l'acceptation par toutes les parties du principe fondamental d'une égalité pour tous, indépendamment de l'identité ethnique ou religieuse et de la réforme progressive des institutions de l'État, ainsi que celle de la police, qui n'était rien d'autre que des milices sectaires portant des uniformes officiels, tout comme la police et l'armée israélienne qui volent des terres pour les Juifs ne sont rien d'autre que des milices sectaires brutales portant un uniforme.
En Palestine - Israël, cela signifie l'abrogation de toutes les lois en Israël qui favorisent systématiquement les juifs et portent préjudice aux citoyens non juifs, la fin de la tyrannie militaire israélienne dans les territoires occupés, et l'autorisation aux réfugiés de rentrer chez eux.
Rien de tel sera à l'ordre du jour à Annapolis, c'est la raison pour laquelle la tentative va échouer.
Source : http://electronicintifada.net/
Traduction : MG pour ISM
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Ali Abunimah
20 octobre 2007