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USA - 26 mai 2009
Par Glenn Kessler et Howard Schneider
L’administration Obama est en train d’exercer sa pression sur le gouvernement israélien afin de l’inciter à mettre un terme à l’expansion des colonies juives dans les territoires palestiniens (occupés), ont fait savoir des officiels américains et israéliens, afin de rechercher un symbole palpable d’un progrès sur la voie de la paix qui soit susceptible d’encourager certains pays arabes à normaliser leurs relations avec le régime de Jérusalem.
L’effort de l’administration américaine s’accompagne d’une volonté plus forte que par le passé, chez le législateur américain, de dénoncer publiquement les colonies. Mais il a été rendu plus difficile par un accord non-écrit, conclu sur cette question, entre Israël et les Etats-Unis – un accord obtenu sous l’administration Bush.
Le Président Obama a parlé «colonies» avec le Premier ministre israélien Binyamin Netanyahu, durant la visite de celui-ci, lundi dernier, à l’issue de laquelle il a déclaré aux journalistes : «La colonisation doit cesser ; ce n’est qu’ainsi que nous serons en mesure d’aller de l’avant…».
Le conseiller ès sécurité nationale James L. Jones, et l’envoyé spécial américain pour la paix George J. Mitchell, ont eux aussi soulevé la question avec force, formulant des requêtes spécifiques, au cours d’une rencontre séparée avec Netanyahu, ont indiqué des responsables israéliens.
Dans le cadre de commentaires très directs, sur la chaîne Al-Jazeerah, sise au Qatar, mardi, la Secrétaire d’Etat Hillary Rodham Clinton a dit : «Nous voulons assister à l’arrêt de la construction, des extensions et de la «croissance naturelle» des colonies, c’est-à-dire à toutes les formes que peut prendre la colonisation. C’est ce à quoi a appelé le Président.»
La « croissance naturelle » signifie l’expansion démographique due aux naissances et aux adoptions, notamment – il s’agit là d’une position que les gouvernements israéliens successifs ont toujours rejetée, bien que cet arrêt de la colonisation incombe à Israël, dans le cadre du plan de paix de 2003, appelé « Feuille de route ».
L’administration Bush a fermé les yeux sur les pratiques israéliennes, par l’entremise d’une entente secrète, permettant la croissance des colonies qu’Israël espère pouvoir conserver, dans le cadre de tous les accords de paix envisageables avec les Palestiniens.
Et puis il y a, aussi, cette impatience croissante, sur Capitol Hill, causée par cette expansion des colonies israéliennes. Lors d’une audition parlementaire, au mois de février, le Représentant Gary L. Ackerman (démocrate, Etat de New York), qui est le très pro-israélien président du bureau de la Commission des Affaires Etrangères à la Chambre, a établi un signe d’égalité entre «le terrorisme et le train où se développent les colonies», s’inscrivant dans un pattern de «calculs à la petite semaine et d’intérêts égoïstes vénaux», qui finissent par «rendre impossible une solution à deux Etats du conflit israélo-palestinien».
Lors de cette même audition, un autre avocat très en voix d’Israël, le Représentant Robert Wexler (démocrate, Etat de Floride), a déclaré : «Les Palestiniens ont d’énormes responsabilités, mais la notion selon laquelle Israël pourrait étendre ses colonies, que ce soit à travers leur croissance démographique naturelle ou autrement, sans porter atteinte à la possibilité d’une solution à deux Etats, est à la fois irréaliste et (permettez-moi de vous le dire avec tout le respect) hypocrite…».
Au cours de diverses rencontres avec des ténors du Congrès, cette semaine, Netanyahu a été sonné par les «déclarations très dures et sans équivoque» qu’ont formulées les législateurs au sujet des colonies, d’après un reportage publié par le quotidien israélien Yediot Ahronoth.
Ce journal indiquait que bien que le Premier ministre israélien se soit évertué à mettre en exergue la menace qu’est censé représenter l’Iran, dans ses déclarations publiques, les législateurs américains, tout au contraire, se sont acharnés sur la question des colonies israéliennes, ce qui a amené l’entourage de Netanyahu à tirer la conclusion que les parlementaires s’étaient passé le mot, avec l’exécutif dirigé par Obama…
Dans une interview, Wexler a dit qu’il avait mis en garde Netanyahu, une semaine avant sa visite, sur le fait que l’ambiance avait changé à Washington. «Afin que le Président soit en mesure d’arracher au roi d’Arabie des compensations financières considérables accordées aux pays qui accepteraient de normaliser leurs relations avec Israël, la question des colonies devait être solutionnée très sérieusement», a-t-il dit avoir transmis au Premier ministre israélien : «Netanyahu a été confronté à ce sentiment (plutôt hostile), lors de sa visite à Washington».
A Washington, Netanyahu a argué du fait qu’Israël avait d’ores et déjà démantelé «des» colonies dans la bande de Gaza, allant même plus loin que la Feuille de route, et que le seul remerciement qu’il en avait reçu, c’était la prise de contrôle de Gaza par le groupe extrémiste du Hamas et des centaines de roquettes s’abattant en pluie sur des villes israéliennes, ont indiqué des sources israéliennes.
Néanmoins, après son retour en Israël, le gouvernement israélien a démantelé un avant-poste non autorisé, appelé Moaz Esther. Israël est enjoint, dans le cadre de la Feuille de route, de démantelé plus de vingt de ce genre d’avant-poste, composé, typiquement, de petits groupes de structures d’habitations rudimentaires, avec seulement quelques familles qui y vivent. Les colons ont entrepris de reconstruire l’avant-poste démantelé, Moaz Esther, quasi immédiatement.
Mark Regev, le porte-parole de Netanyahu, a dit qu’il n’existait pas de plan prévoyant un gel total de la colonisation. «La question des colonies ressort au statut final (des négociations éventuelles, ndt) et tant qu’il n’y aura pas de pourparlers autour du statut final, il serait injuste de détruire la vie normale (de nos concitoyens vivant) à l’intérieur des «communautés» (comprendre : des colonies, ndt) existantes», a-t-il dit.
M. Regev a indiqué que le gouvernement israélien se fonde sur un «accord» passé entre l’ex-président George WW Bush et l’ex-Premier ministre israélien Ariel Sharon, aux termes duquel les colonies les plus importantes en Cisjordanie feraient, en définitive, partie d’Israël – cet accord a été codifié dans une lettre remise par Bush à Sharon en 2004.
Dans une interview au Washington Post, l’année dernière, le conseiller de Sharon Dov Weissglas avait déclaré qu’en 2005, alors que Sharon avait décidé de faire partir les colons israéliens de la bande de Gaza, l’administration Bush s’était résolue à signer avec lui un accord secret – non transmis aux Palestiniens – aux termes duquel Israël pourrait continuer à ajouter des maisons aux colonies qu’il espérait pouvoir conserver, dès lors que ces constructions seraient dictées par les demandes du marché, et ne bénéficierait d’aucune subvention publique.
Elliott Abrams, l’ancien vice-conseiller en matière de sécurité nationale, qui avait négocié cet accord conjointement à Weissglas, a confirmé ce marché, lors d’une interview, la semaine passée : «Au moment du retrait (israélien) de Gaza, il y avait eu de longues discussions quant à la question de savoir comment l’activité de colonisation israélienne pourrait être contrainte. Et, de fait, elle fut limitée, durant les dernières années du mandat de Sharon et durant les années Olmert, conformément avec les idées dont nous avions discuté», a-t-il dit.
«Il y avait une sorte d’accord, auquel nous étions parvenus, au sujet de ces questions, mais qui n’avait jamais pris la forme d’un accord écrit, en bonne et due forme…»
Regev a dit que les négociateurs israéliens et américains sont en train de débattre du degré avec lequel les termes de la lettre de 2004 devront être mis en vigueur, sous la nouvelle administration, mais des responsables américains ont indiqué qu’Obama veut aller au-delà de ce qui est écrit dans cette fameuse lettre, et qu’il veut contraindre Israël à respecter ses engagements sous l’empire de la Feuille de route.
«Le résultat des courses, c’est que nous attendons de toutes les parties, dans la région, qu’elles honorent leurs promesses et leurs engagements, et en ce qui concerne les Israéliens, cela signifie qu’ils doivent mettre un terme à la colonisation, comme l’a rappelé le président Obama», a indiqué un haut responsable de l’administration américaine.
Source : http://www.washingtonpost.com/
Traduction : Marcel Charbonnier
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