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Palestine -

Les anciens prisonniers palestiniens : entre la dureté de la prison, l'amertume de l'attente et l'espoir de la libération

Par

> palestine_en_marche@yahoo.fr

Rapport du département général des relations et de l'information au Ministère palestinien des prisonniers - 16 mars 2005

Les anciens prisonniers palestiniens, entre la dureté de la prison, l'amertume de l'attente et l'espoir de la libération
"Celui qui vit une expérience d'emprisonnement sait combien elle est longue et dure, mais il sait aussi qu'il n'y a pas de place au désespoir".

"Lorsque je témoigne aujourd'hui après ces 27 ans de prison, je vois une situation complète avec deux faces : un état de sauvagerie, de sadisme et de répression, représentée par le geôlier et un autre état représenté par le prisonnier palestinien qui a réussi à maintenir son existence en tant qu'être humain, à préserver son identité en tant que combattant et qui fait face à des conditions en les transformant en une véritable école révolutionnaire.
Cette longue période ne m'a pas épuisé, bien que la fatigue soit une donnée humaine, il est probable que j'affiche de la fierté en niant cela, mais la fatigue est relative, car si je suis fatigué de la prison, cela ne signifie pas que je suis fatigué de porter ma cause et ma conviction qui m'ont mené en prison, j'ai encore l'énergie pour continuer.
Nous, en tant que peuple, nous n'avons pas beaucoup de choix, la question est d'être ou ne pas être, ou bien nous poursuivons avec le même état d'esprit, ou bien nous tombons et nous finissons, en tant qu'êtres humains et en tant que cause".


C'est par ces paroles que Saïd Wajih Atabeh, le plus ancien prisonnier palestinien, a commencé ses paroles après 27 ans et 8 mois de prison, alors qu'il est encore en prison.

Mais il reste l'espoir de la liberté, cette énergie par laquelle ces prisonniers, ceux qui sont enfermés depuis des dizaines d'années, continuent le chemin de la souffrance. Ils ont passé leur jeunesse derrière les barreaux.

Certains ont embrassé pour la première fois leurs enfants en prison même, comme le prisonnier Fakhri al-Barghouty qui a été réuni avec ses deux fils dans la prison de Ascalan, pour les embrasser pour la première fois depuis son arrestation, il y a 27 ans.



Les chiffres

Le département de l'information du ministère palestinien des prisonniers précise, dans son rapport, que la dénomination d'anciens prisonniers concerne ceux qui ont été arrêtés avant les accords d'Oslo en 1994, et qui sont toujours en prison.


Ils sont environ 400 prisonniers sur les 8300 prisonniers actuels.
25 prisonniers d'entre eux ont passé plus de 25 ans de prison, ils sont :
Saïd Atabeh, de Naplouse, arrêté depuis le 29 juillet 1977,
Na'il Salih Barghouty, de Ramallah, arrêté depuis le 4 avril 1978,
Fakhry Asfour Barghouty, de Ramallah, arrêté le 23 juin 1978,
Akram Abdel Aziz Saïd Mansour, de Qalqylia, arrêté depuis 2 août 1979.

Tous sont à la prison de Ascalan, et le prisonnier arabe, le plus ancien prisonnier libanais, Samir Qintar, du Liban, arrêté le 22 avril 1979, qui se trouve à la prison de Haddarim.



Le rapport indique que 13 prisonniers ont passé plus de 20 ans en prison et moins de 25 ans.
Il s'agit des prisonniers :
Muhammad Ibrahim Mahmoud Abu Ali, de Yata - al-KHalil, arrêté depuis le 21 août 1980,
l• e prisonnier Fouad Qasim Arafat Razem, d'al-Quds, arrêté depuis le 30 janvier 1981,
• le prisonnier Ibrahim Fadl Nimr Jaber, d'al-Khalil, arrêté depuis le 8 janvier 1982,
• le prisonnier Hassan Ali Nimr Salma, de Ramallah, arrêté depuis le 8 août 1982,
• le prisonnier Uthman Ali Hamdane Muslih, de Naplouse, arrêté depuis le 15 octobre 1982,
• le prisonnier Sami Khaled Salame Younes, de Ara (Palestine occupée en 48), arrêté depuis le 5 janvier 1983,
l• e prisonnier Karim Yousef Fadl Younes, de 'Ara également, arrêté le 6 janvier 1983,
• le prisonnier Maher Abdel Latif Abdel Qader Younes, de 'Ara, arrêté le 20 janvier 1983,
• le prisonnier Hafedh Nimr Muhammad Qandas, de Yafa (Palestine occupée en 48), arrêté le 15 mai 1984,
l• e prisonnier Issa Nirml Jibril Abd Rabboh, du camp de Dhayshe, arrêté depuis le 21 octobre 1984,
• le prisonnier Muhammad Abdel Rahim Mansour, de Tulkarm, arrêté le 27 janvier 1985,
• le prisonnier Ahmad Farid Muhammad Shahade, du camp de Qalandia, arrêté le 16 février 1985.


Le rapport mentionne aussi que 125 prisonniers ont passé entre 15 et 20 ans de prison, et 291 ont passé entre 10 et 15 ans de prison.

Selon le rapport, les anciens prisonniers suivent avec crainte les informations dans les médias concernant la libération des prisonniers, et surtout ceux qu'Israël décrit comme ayant les mains entâchées de sang, Israël les ayant déjà exclus des libérations lors des accords d'Oslo, en 1994 ainsi que lors d'autres libérations.

Actuellement, les critères posés par Israël pour la libération des prisonniers sont les mêmes, ne voulant pas prendre en compte les demandes palestiniennes relatives à la nécessité de libérer les anciens prisonniers.

Aucun nom d'ancien prisonnier ou de ceux qui ont de lourdes peines ne se trouve dans la liste préparée par le gouvernement israélien dans le cadre des "bonnes intentions" qu'il a affirmé.


Les prisonniers affirment que les nouvelles qui leur parviennent par les médias sur les rencontres des comités ministérielles pour définir les nouveaux critères pour la libération des prisonniers suscitent un peu d'espoir sur la possibilité qu'ils soient libérés.

Ils ont affirmé que toute mesure d'accalmie ne peut réussir que si les prisonniers sont libérés sans conditions, et selon un agenda précis mis au point par les deux parties.

Ils ont demandé à la direction palestinienne de ne signer aucun accord avec la partie israélienne qui ne compte pas la libération des prisonniers palestiniens, et notamment les plus anciens, ne laissant pas la porte ouverte aux "bonnes intentions" israéliennes.


Le rapport ajoute qu'au moment où le gouvernement israélien se targue fièrement de ne pas accepter la libération de prisonniers palestiniens ayant les mains entâchées de sang, le tribunal militaire israélien de la région nord a condamné un soldat israélien ayant tué un Palestinien à quatre mois de prison seulement.

Le soldat avait tiré un coup de feu sur la voiture palestinienne, tuant son conducteur, le martyr Nabil Ahmad Jaradat, qui habitait Sila al-Harthiyeh, il y a un an et demi.

Le gouvernement militaire a dénoncé le soldat d'avoir conduit à la mort, par négligence et pour avoir donné de fausses informations, et d'avoir agi de manière incorrecte. Il a été condamné à 4 mois de prison.

Cette condamnation est l'une des plus dures qui a été prononcée contre des soldats ayant commis des crimes au cours de l'intifada al-Aqsa.

Le sang israélien serait-il plus pur que le sang palestinien, se demande le rapport ?

Les assassins de Iman al-Hams à Rafah, qu'un soldat a assassiné de sang froid, en tirant plus de 20 balles, a été remis en liberté, car il croyait que le cartable qu'elle portait sur le dos contenait un explosif.



Une situation difficile

Le rapport indique que la situation des anciens prisonniers n'est pas différente de celle des prisonniers de manière générale, aucune considération n'est prise pour leur âge avancé, pour le nombre d'années qu'ils ont passé en prison.

Une vague de répression s'étend sur eux pour casser leur moral et leur volonté.

Le prisonnier Issa Abd Rabboh, du camp Dhayshé, prisonnier depuis 1984, condamné à la perpétuité, et ancien représentant des prisonniers à Nafha, affirme que la situation des anciens prisonniers est très dure, la direction de la prison ne cesse de les provoquer, en menant des campagnes de fouilles surprise dans les cellules, en pleine nuit, en confiscant leurs objets personnels, en coupant l'électricité, et la direction de la prison provoque sciemment les prisonniers en cognant sur les cellules en pleine nuit pour les déranger et les empêcher de se reposer tranquillement.


La direction de la prison entreprend régulièrement des transferts d'une prison à l'autre, d'une section à l'autre, pour susciter chez eux une situation d'instabilité et de souffrance morale et psychologique, afin de les empêcher d'agir mais aussi pour augmenter la souffrance des parents qui viennent leur rendre visite.

Les prisonniers dont l'argent de la cantine arrive à leur compte sont transférés afin de créer une situation troublée, et la direction utilise de plus en plus fréquemment la politique de l'isolement pour de longues périodes dans le but de démolir le moral des prisonniers.


Le prisonnier Abd Rabboh ajoute que la direction de la prison a interdit la prière de groupe lors de la promenade, ne leur permettant que de faire la prière de vendredi. Elle leur impose des amendes pour la moindre des futilités.

Des prisonniers ont été isolés parce qu'il y avait dans les cellules une corde que les prisonniers utilisent pour faire des exercices physiques, les prisonniers ont été punis par le paiement des amendes et la direction a fait courir le bruit que les prisonniers tentaient de s'enfuir.


De plus, des milliers de prisonniers sont interdits de visite pour des raisons sécuritaires, et sont soumis à des fouilles humiliantes comme les fouilles à nu.



Des prisonniers âgés et des malades

Etant donné que la plupart des anciens prisonniers sont âgés et le nombre d'années passées en prison, plusieurs d'entre eux souffrent de diverses maladies.

Etant donné également les conditions de détention, et surtout au cours des années 90 et 80, lorsque les prisons n'étaient pas très différentes des tombes, les prisonniers ont besoin de soins.

Le prisonnier Muhammad Abu Ali Mashhour, de Yata, a passé 25 ans de souffrance, après avoir fini les interrogatoires avec -50% de possibilité de la vue, il a subi jusqu'à présent 5 interventions chirurgicales à l'oeil.

L'état de santé de Abu Ali s'est détériorée ces temps-ci, ce qui a obligé la direction de la prison à le transférer à l'hôpital de Soroka, où il a eu une crise cardiaque.


Plusieurs associations de droits de l'homme réclament sa libération immédiate à cause de son état de santé. Mais les autorités de l'occupation refusent.

La question des anciens prisonniers et surtout ceux qu'Israël décrit comme ayant les mains entâchées de sang est devenue le critère pour savoir si Israël est sérieux dans sa manière de traiter l'accalmie et le cessez-le-feu.

La rue palestinienne et les organisations ne refusent pas moins que la libération des prisonniers, dans le cadre d'un agenda précis qui commence par la libération des anciens prisonniers, les prisonniers âgés, les enfants et les femmes, afin de démontrer le sérieux du processus politique dans la région.



De son côté, le ministre palestinien des prisonniers Sufyan Abu Zayda a déclaré que la partie palestinienne refuse de traiter avec les conditions et les critères israéliens concernant la libération des prisonniers et des détenus, affirmant que la position palestinienne est claire dans son refus des critères israéliens, Israël devant traiter sérieusement ce dossier, car il est devenu un critère de confiance pour les Palestiniens dans les déclarations israéliennes.

Le ministre a ajouté que la partie palestinienne tient à ses critères, qui comprennent la libération des anciens prisonniers avant 94, sans distinction entre organsiations, ni les peines, et la libération de tous les enfants, ainsi que les malades et les femmes.

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