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Gaza - 22 novembre 2008
Par Aleem Maqbool
"Les gens de Gaza attendent en ligne pour presque tout, et ça, c’est s'ils sont assez chanceux pour trouver quelque chose", dit Bassam Nasser, 39 ans.
Un travailleur humanitaire de la ville de Gaza, comme tant d'autres, et même l'agence d'aide humanitaire de l’ONU, dit que les conditions de vie sont les pires qu'il ait jamais vu dans la Bande.
«Les gens font la queue pendant deux ou trois heures pour du pain, mais parfois, il n'y a pas de gaz ou de farine, et donc pas de pain."
"Les gens attendent en ligne pour les distributions de nourriture de l'ONU, mais parfois il n'y a rien. La souffrance est en train d'atteindre tous les aspects de la vie."
Travaillant pour une agence de développement américaine, Mr Nasser est un Gazaoui, et un père de famille.
"J'ai trois jeunes enfants. Il est difficile de leur expliquer que ce n'est pas de ma faute si nous n'avons pas d'électricité et que ce n'est pas sous mon contrôle."
«Durement éprouvés»
Depuis juin 2007, Israël a autorisé l’entrée de juste un peu plus que l'aide humanitaire de base dans la Bande de Gaza.
Beaucoup ici ont espéré que cette politique allait changer, il y a cinq mois, quand le Hamas et Israël se sont mis d'accord pour une trêve.
Mais s'il y avait eu une augmentation de la quantité d’aide autorisée à entrer, les dures restrictions imposées par Israël à la circulation des marchandises et des personnes entrant et sortant de la bande de Gaza sont restées, pour une grande partie.
Il y a deux semaines, une déjà fragile situation humanitaire résultant des effets surajoutés de mois de pénurie, a connu une dramatique aggravation.
Les combats ont repris, avec une incursion de l'armée israélienne et un tir de roquettes des combattants en représailles. Suite à cela, Israël a presque fermé la Bande de Gaza.
Bien que quelques marchandises passent en contrebande dans Gaza à travers les tunnels depuis l'Egypte, peu d'autres arrivent dans le territoire.
De graves pénuries de fuel ont conduit à d'importantes coupures de courant dans la ville de Gaza. Cela a engendré des problèmes dans la distribution de l'eau aux maisons, et au pompage des eaux usées vers les usines de traitement.
Israël empêche de nombreux travailleurs humanitaires, et tous les journalistes d'entrer à Gaza et donc nos interviews doivent être faites par téléphone.
"Je n'aurais jamais pensé que nous verrions des jours tels que ceux-là" dit Monther Shublak, le chef de l'autorité de l'eau de Gaza.
« Le système de l'eau a été sévèrement éprouvé même avant cette crise, mais maintenant, les choses sont bien pires.
"Pendant les quatre derniers jours, environ 40% des gens de la ville de Gaza n'ont pas du tout eu accès à l'eau courante dans leurs maisons."
"Les gens me demandent « Quand aurons-nous de l'eau ? » Je ne peux tout simplement pas leur répondre", dit Mr Shublak.
"Mais nous sommes en train de mettre toutes nos ressources sur le pompage des eaux usées. Les conséquences pour la santé de ce système totalement en panne sont trop inquiétantes pour y penser, mais cela pourrait arriver à moins que les choses ne changent."
Avec les attaques de son armée, le gouvernement israélien dit que sa stratégie de fermeture de Gaza vise à dissuader les combattants palestiniens de tirer des roquettes de l’autre côté de la frontière sur les villes israéliennes.
Il veut aussi étranger le Hamas, la faction islamique responsable à Gaza, un ennemi qu'Israël considère comme l'un des plus implacables.
Mais les roquettes continuent à être lancées et le Hamas montre peu de signes de perte de son pouvoir.
La question de la responsabilité
Il y a beaucoup de discussions parmi les Palestiniens pour savoir pourquoi cette soudaine augmentation de la pression sur Gaza arrive maintenant.
Certains disent qu'Israël est en train de préparer une grande invasion ; d'autres pensent que c'est un élément de roublardise politique avant les élections générales israéliennes en février.
Beaucoup vous diront qu'ils ont l’impression qu'une période de profonde division parmi la société palestinienne est en train d'être favorisée.
Quelques-uns prennent l'explication d'Israël, qui est de seulement protéger ses citoyens de l'horreur des attaques de roquettes, pour argent comptant.
"Est-ce que ce n'est pas suffisant que leur armée tuent les gens qui ont tiré les roquettes ?" demande Mr Nasser.
"Nous ne sommes pas responsables, alors pourquoi sommes-nous tous punis ? Cela n'a pas de sens."
Il parle de l'impact à long terme sur les enfants de Gaza, dont les siens, âgés de six, cinq et deux ans.
"Il devient de plus en plus dur pour nous de répondre aux questions de nos enfants au sujet de la situation, sans instiller la haine dans leur esprit au sujet des gens responsables de leurs souffrances» dit-il.
Il ne veut pas seulement parler du gouvernement israélien.
"Les gens ici voient le monde entier comme responsable de leurs vies misérables. Ils voient Israël qui ferme Gaza, mais ils voient aussi les peuples du monde entier qui ne font rien.
Ils voient le Hamas qui rend les choses pires en utilisant le blocus comme une excuse pour ne pas être responsable, et ils font ce qu'ils veulent.
Les gens voient le silence de l'Autorité Palestinienne, [le gouvernement palestinien dominé par le Fatah en Cisjordanie ] et les rendent responsables aussi", dit-il.
"Il est si dur de voir où est l'espoir, et si dur de stopper ces conditions qui engendrent plus de haine."
Source : http://news.bbc.co.uk/
Traduction : MM pour ISM
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