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Gaza -

Des navires de guerre israéliens kidnappent des pêcheurs de Gaza et des pacifistes

Par

Eva-Bartlett est une militante canadienne des droits de l'homme qui a passé huit mois en Cisjordanie en 2007 et quatre mois au Caire et au point de passage de Rafah. Elle est actuellement basée à Gaza, après être arrivée avec le troisième voyage réussi du Free Gaza Movement

Dans la soirée du mardi 18 Novembre Khalid al-Habeel était assis avec sa femme, sa famille, et d'autres pêcheurs. Jusqu'aux premières heures du lendemain, ils n'avaient aucune idée des accusations portées contre 15 pêcheurs, dont deux des fils d'al-Habeel, Adham, 21 ans et Mohammed, 20 ans, après avoir été kidnappés dans les eaux territoriales de la Bande de Gaza les eaux territoriales plus tôt dans la matinée et emmenés vers un centre d’interrogatoire israélien dans le port d’Ashod. Ils ne savaient pas non plus quand ou si leurs bateaux - leurs gagne-pains - seraient rendus.

Des navires de guerre israéliens kidnappent des pêcheurs de Gaza et des pacifistes


Photo David Schermerhorn : Un navire de guerre israélien attaque au canon à eau un bateau de pêche palestinien^au large de la bande de Gaza


Khaled Al-Habeel, ou Abu Adham (le père d'Adham) a expliqué les événements qui ont abouti à l'arrestation de pêcheurs. "Peu de temps après 10h, j'ai reçu un appel paniqué d'Adham, qui était capitaine aujourd'hui, disant que leur bateau était encerclé par des bateaux de la marine israélienne."

"Il y a beaucoup de navires autour de nous, on ne peut pas partir", a déclaré Adham à son père. Leur bateau se trouvait à environ sept milles nautiques au large de Deir al-Balah, au milieu de la bande de Gaza.

Bien que les pêcheurs palestiniens aient le droit de pêcher jusqu'à 20 milles nautiques de la côte de Gaza, comme détaillé dans l’Accord Intérimaire de 1994 signé par Israël, depuis 1996, Israël a réduit petit à petit cette distance, comme l’a documenté le Centre Palestinien pour les Droits de l'Homme (PCHR). En imposant un blocus maritime à la bande de Gaza en 1996, Israël a illégalement réduit la zone de pêche autorisée à 12 milles nautiques. De 2002 à 2003, cette distance a également été réduite à six milles nautiques de la côte de Gaza.

Alors qu’Adham et plus de 3500 pêcheurs professionnels qui ratissent les eaux de Gaza, à la recherche de nourriture et de sources de revenu sont habitués au harcèlement de la marine israélienne, la rencontre de mardi était différente, plus grave.

«Nous sommes habitués aux attaques israéliennes en mer, mais nous n'avions jamais vu quelque chose comme ce qui s'est passé aujourd'hui. Habituellement, les soldats israéliens nous encerclent avec un grand navire et un plus petit navire de guerre. Ils tirent sur et autour de notre bateau avec leurs mitrailleuses et des canons à eau.
Quand ils nous arrêtent, ils nous font mettre en sous-vêtements et nous obligent à sauter dans l'eau et nager jusqu’à leurs navires où nous sommes ensuite hissés, menottés et emmenés dans un centre d’interrogation israélien et même arrêtés. Aujourd'hui, ce fût très différent.
C'est la première fois qu'ils montent à bord de nos bateaux
," a expliqué al-Habeel.

Le frère de Khaled, Abed al-Habeel, et le père d'un autre des pêcheurs interpellés, Rami, 30 ans, ont confirmé le témoignage, en ajoutant que leur plus grande inquiétude maintenant était les bateaux : «Par le passé, ils m’ont confisqué mon bateau. Il y a trois ans, et les soldats israéliens ont arrêté Rami, qui pêchait à quatre milles nautiques au large de la côte. Ils l’ont détenu pendant quatre mois, et retenu notre bateau pendant 70 jours. Cela a été une énorme perte pour nous, et quand il nous a été finalement rendu, il avait été gravement endommagé par les tirs des soldats. Les filets, le moteur, tout avait été détruit ou volé", a t-il déclaré, en ajoutant que le total des pertes et des dommages s'élevait à 40.000 dollars.

«Nous ne faisons rien de mal. Nous sommes innocents, nous essayons juste de gagner notre vie. Nos bateaux sont notre seule source de revenus», a déclaré Abou Adham. "Mais que pouvons-nous faire?" demande-t’il.


Une crise fabriquée

Les deux bateaux de pêche et le matériel d’al-Habeel valent environ 280,000 dollars. Avec l'ensemble de la famille étant soit pêcheurs soit dépendant des moyens de subsistance et de la nourriture fournie par la pêche, la confiscation de leurs bateaux est un coup sévère porté à la famille. Dans une région qui a déjà été dévastée par un siège imposé à l'économie, aux exportations, au secteur de la santé, de l'éducation et à l'existence de base des 1,5 millions de Palestiniens de la bande de Gaza, le secteur de la pêche est l'une des rares sources fiables de revenu et de nourriture.

Selon Aou Adham, il ne s'agit pas seulement de sa famille proche qui est punie par la confiscation des bateaux. "Nos bateaux sont comme une entreprise", dit-il. Près de 300 personnes au total sont affectées par la perte de leurs deux chalutiers: d'autres ouvriers sont employés sur les bateaux, sur les quais, sur le marché au poisson, dans le transport des poissons, ainsi que les acheteurs eux-mêmes qui en sont arrivés à compter fortement sur les offrandes de la mer en tant que source de protéines et de nutrition, à un moment où la viande rouge est rare et très chère.

Depuis Septembre 2008, après l'arrivée des bateaux du Free Gaza, des observateurs des droits de l'homme de l'International Solidarity Movement (ISM) sont partis avec des pêcheurs de la bande de Gaza pour pêcher dans des eaux bien au-delà des six milles nautiques imposés de façon arbitraire.
Les observateurs ont documenté de nombreux cas d'attaques de la part de l'armée israélienne, parfois à seulement trois milles nautiques de la côte, y compris des tirs à balles réelles et des bombardements, l’utilisation de canons à eau – attaques au cours desquelles les soldats visaient spécialement la structure des bateaux, en particulier tout ce qui est cassable comme les vitres, les panneaux de verre et les machines - et, plus récemment, ils ont été arrosés d’une eau infecte sentant les odeurs d’égouts.

L’organisation israélienne des Droits de l’Homme, B'Tselem, a documenté des témoignages de pêcheurs qui ont souffert de harcèlement et d'arrestations, ont eu leurs filets coupés et leurs bateaux et matériel confisqués, souvent rendus avec de l’équipement cassé ou perdu et des dégâts coûteux aux structures des bateaux.


Au-delà du kidnapping

Aux premières heures du mercredi 19 Novembre, les 15 pêcheurs arrêtés ont été libérés au point de passage d'Erez et sont rentrés dans la bande de Gaza. Leurs bateaux ainsi que les trois internationaux, sont toujours détenus par les autorités israéliennes. Nidal, 23 ans, père d'un enfant, faisait partie des pêcheurs arrêtés.

«Nous nous trouvions à juste plus de sept milles nautiques au large de la côte de Deir al-Balah et nous avons vu deux navires de guerre israéliens s’approcher de notre bateau de pêche. Cinq bateaux plus petits ont cerné le bateau d’Abed Almoati al-Habeel, le bateau sur lequel se trouvait le bénévole écossais, Andrew Muncie, 34 ans", a expliqué Nidal.

"Nous avons commencé à remonter rapidement nos filets», a t-il poursuivi. «Quand ils ont arrêté les gens sur ce bateau, l'un des navires de guerre est venu et nous a ordonnés de couper le moteur. Ils nous ont ordonnés de venir à l'avant du bateau, en menaçant de tirer pour tuer".

Le bénévole italien Vittorio Arrigoni ("Vik") ; 33 ans, qui se trouvait sur le second bateau cerné a continué de filmer alors que les soldats israéliens montaient à bord du bateau. Sa collègue Darlene Wallach, 57 ans, qui se trouvait sur le troisième bateau, a raconté par téléphone, ce qui s'est passé ensuite.

"Ils ont utilisé une arme paralysante sur Vik alors qu’il était encore sur le bateau, puis ils ont tenté de le pousser en arrière contre un morceau de bois pointu. Il a sauté par-dessus bord pour éviter d'être blessé encore plus qu'il ne l’était et est resté dans l'eau pendant un bon moment», .

"Près de 20 soldats étaient à bord du bateau, en pointant leurs armes sur nos visages et en nous ordonnant de ne pas bouger. Ils ont laissé à bord le commandant, Mohammed, et nous ont forcés à monter dans le plus petit bateau, qui nous a emmenés vers le plus grand navire de guerre. "

Mohammed a confirmé ce témoignage, en ajoutant : «C'est la première fois que nous n'avons pas été forcé à nous déshabiller et à sauter à l'eau." Trois soldats sont restés sur le bateau de Mohammed et, après l'opération a été répétée au troisième bateau, Mohammed a reçu l’ordre de se diriger vers Ashdod, le premier port israélien, avec les deux autres bateaux de pêche.

Wallach a dit par téléphone au sujet de ce son arrestation: "On m'a dit:"Vous êtes en territoire israélien." même s’il était évident que les trois bateaux se trouvaient en territoire palestinien. Ils nous ont kidnappés, Andrew, Vik et moi et tous les pêcheurs palestiniens."

Plus tard, lors de leur interrogatoire dans le port d'Ashdod, les pêcheurs ont été interrogés spécifiquement sur les observateurs internationaux. "Pourquoi aviez-vous des internationaux sur votre bateau?" ont-ils demandé. "Qui est responsable de l'envoi des internationaux? Qui paie? Où vivent-ils? Faites-vous une bonne pêche lorsque les internationaux sont à bord?"

L'interrogatoire a continué, avec un intérêt très spécifique et évident, ainsi qu’avec une menace non dissimulée : "Vous pensez que vous avez une protection parce que vous avez des internationaux sur votre bateau? Voyons ce que ces internationaux peuvent faire pour vous maintenant", ont menacé les soldats selon l’un des pêcheurs.

Après leur demi-journée de détention, les pêcheurs ont été libérés sans inculpation, bien que leurs bateaux restent confisqués.

Abu Rami estime que l'enlèvement des 15 pêcheurs et des trois observateurs internationaux étaient un message clair: «C'est un message envoyé aux internationaux dans la bande de Gaza pour qu’ils n’accompagnent pas les pêcheurs. C’est également un message adressé aux pêcheurs pour qu’ils ne s’éloignent pas dans leux propres eaux, même si nous en avons besoin car c'est là où sont les poissons."



Fermeté contre le siège

La prison n'a pas brisé le moral des trois militants des droits de l'homme, qui sont tous détenus en Israël dans la prison de Maasiyahu, près de Lydd. Au contraire, ils sont déterminés à protester contre ce qu'ils disent être le "vol" de bateaux de pêche palestiniens, ainsi que contre leur enlèvement dans les eaux de la bande de Gaza. Wallach soutient qu’«à aucun moment, avant que nous soyons emmenés par la marine israélienne en Israël, nous sommes entrés dans les eaux israéliennes reconnues au niveau international."

Arrigoni a commenté par téléphone jeudi: "Il y a quelques jours, j’étais dans une grande prison, sans électricité et peu d’eau courante. Maintenant je suis dans une petite prison propre, avec de l'électricité et de l'eau courante."

Le 21 Novembre, les trois militants ont commencé une grève de la faim, en demandant avant tout le retour des bateaux de pêche, et leur propre retour dans la bande de Gaza.

L'incident est survenu juste une semaine après qu’une délégation de 11 députés européens, dont l’entrée par le point de passage de Rafah avait été refusée par l’Egypte, aient visité la bande de Gaza, en arrivant par le troisième voyage du Free Gaza.

Parmi la délégation, se trouvaient l'ancienne secrétaire d'État britannique au développement international Clare Short, Lord Ahmed Nazir, et la baronne Jenny Tonge.
Tonge a condamné les arrestations.
"Le temps est venu pour la communauté internationale, et en particulier pour l'Union Européenne de prendre des mesures contre les infractions constantes du droit international par Israël. L'accord d’association UE-Israël doit être suspendu jusqu'à ce qu'Israël se conforme à ce droit. Ce n'est que la semaine dernière que j'ai personnellement rencontré les pêcheurs dont les bateaux sont illégalement arrosés au canon à eau et victimes de tirs des navires de guerre israéliens alors qu’ils pêchent pacifiquement dans les eaux de la bande de Gaza. "

Les commentaires de Clare Short concernaient non seulement les récentes arrestations, mais les ravages du siège qui a été imposé à la bande de Gaza depuis 18 mois maintenant.

«Je suis heureuse que les pêcheurs aient été libérés parce qu'ils n'auraient jamais dû être arrêtés. Mais leurs bateaux doivent leur être immédiatement rendus, sinon leurs moyens de subsistance sont perdus et le tort n'a pas été redressé. Le siège de Gaza doit être levé et le Royaume-Uni doit insister pour que ces attaques illégales par la marine israélienne contre les habitants de Gaza qui pêchent pacifiquement à l'intérieur de leurs propres eaux doivent cesser », a fait remarquer Short.

En effet, alors que l'arrestation des 15 pêcheurs et des trois internationaux met en lumière l’injustice systématique et continue à laquelle les pêcheurs sont confrontés, plus de 11000 prisonniers politiques palestiniens restent détenus dans les prisons israéliennes et le blocus imposé aux 1,5 millions de civils de Gaza est pire que jamais.

Tandis qu’Israël tente apparemment de dissimuler la détérioration alarmante de la situation humanitaire dans la bande de Gaza en empêchant les journalistes de pénétrer dans Gaza depuis plus de 13 jours, la pression grandit, aussi bien de la part des parlementaires européens que des responsables de l'ONU, pour qu’Israël mette fin à son siège.

"En raison de ce blocus, 1,5 million de Palestiniens, hommes, femmes et enfants ont été privés de force de leurs droits de l’homme les plus élémentaires pendant des mois", a déclaré dans un communiqué le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay. Pillay a continué, en précisant: «Seule une levée du blocus, suivie d'une forte réponse humanitaire sera suffisante pour soulager les énormes souffrances humanitaires évidentes aujourd'hui dans la bande de Gaza."



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Source : http://electronicintifada.net/

Traduction : MG pour ISM

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