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Israël - 5 janvier 2008
Par Amira Hass
Il n'y a aucun Israélien dont la présence en Cisjordanie est neutre. Qu'il soit civil ou armé, soldat ou femme colon, habitant d'une colonie de qualité de vie ou d'un avant-poste voisin, un militant de MahsomWatch ou un invité dans une colonie, un ouvrier de Berez ou un client d'un garage palestinien.
Tous, chacun d'entre nous, viennent dans ce territoire palestinien, en Cisjordanie, parce que notre Etat l'a occupé en 1967.
La présence de chaque Israélien en Cisjordanie est basée sur un régime de privilèges qui s'est développé depuis ce premier acte d'occupation. Nous avons le privilège de nous promener dans les secteurs palestiniens pour notre satisfaction personnelle, d'acheter des logements subventionnés destinés seulement aux Juifs sur les terres de Bethléem, de faire pousser des cerisiers et des vignes dans les oueds d'Hébron, d'exploiter des carrières sur les pentes de la montagne, de conduire sur des routes dont la terre a été expropriée aux habitants autochtones pour un usage public.
Contrairement à nous, les Palestiniens ne sont non seulement pas autorisés à aller d'Hébron à Tel Aviv, parce que, par exemple, ils aiment la mer, mais ils ne sont même pas autorisés à se rendre sur les terres et dans les maisons qui appartenaient à leurs familles avant 1948 et ne sont pas autorisés à aller en Galilée pour rendre visite à des parents.
Le régime de permis de voyage qui a été mis en place depuis 1991 prive les Palestiniens du droit à la liberté de mouvement en Israël, tandis que le système de barrages routiers limite leurs déplacements dans leurs propres territoires.
Le droit de circuler est un droit humain fondamental, et comme tout droit, quand il n'est pas universel, c'est un droit mutilé qui devient un privilège. C'est un fait, même si la plupart des Israéliens le nient ou l'ignorent.
Notre présence dans les territoires palestiniens, qui est fondée sur la supériorité militaire et politique, est donc, de par sa nature même, violente et arrogante même quand elle est exprimée de façon agréable, comme en cultivant de jardins dans les colonies de peuplement ou lors d'une randonnée de pré-Shabbat.
Comment réagissent les Palestiniens face à cette violence et à cette arrogance? Certains prendre les armes et espèrent tuer des Israéliens. Cependant, la plupart choisissent d'autres voies, civiles et non militaires, pour faire face à notre présence non-neutre, à la violence quotidienne qui est à la base de tout régime d'occupation. Mais ne soyons pas dupes: la plupart d'entre eux comprennent ceux qui prennent les armes.
Par conséquent, quand le premier ministre du gouvernement de Ramallah, Salam Fayyad, a exprimé ses regrets sur la mort de deux jeunes randonneurs armés de Kiryat Arba, vendredi dernier, il a mis son public en colère. "Toute mort est inutile", aurait-il dit selon Haaretz. Ce sont des paroles de sagesse et d'humanité.
Si ceux qui sont en colère contre lui avaient écouté attentivement, ils l'auraient entendu enseigner aux Israéliens que la mort de chaque Palestinien est également inutile. Il n'est pas responsable si le Premier ministre Ehud Olmert n'a pas exprimé de tristesse quand des soldats israéliens ont tué Khaldiya Hamdan, 51 ans, une femme de Gaza qui rentrait de la Mecque par le point de passage d'Erez.
Mais, Fayyad, mais n'a pas fait qu'exprimer des regrets. Selon le quotidien palestinien Al Qods, il a déclaré : "L'action militaire a été effectuée sur la terre palestinienne", et "l'autorité doit respecter ses obligations en matière de sécurité."
Haaretz a indiqué que Fayyad a déclaré que l'autorité avait déjà arrêté des suspects et qu'elle coopère avec les forces de sécurité israéliennes.
Maintenant, le Shin Bet prétend que les deux personnes en garde à vue (qui se sont rendues) sont liées aux services de sécurité palestiniens (ce que nient les Palestiniens).
Fayyad a adapté sa réponse aux attentes israéliennes et américaines de l'Autorité Palestinienne. Malgré le fait que les Forces de Défense Israéliennes soient seules souveraines en Cisjordanie , l'Autorité Palestinienne est censée protéger les citoyens israéliens, c'est-à agir en tant que sous-traitant des FDI et du Shin Bet.
Mais, Fayyad ne peut répondre à ces attentes, parce qu'elles vont totalement à l'encontre de la dureté de l'expérience de base de chaque Palestinien qu'il est censé représenter : qui est la violence de notre présence.
Source : http://www.haaretz.com/
Traduction : MG pour ISM
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