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Palestine - 12 octobre 2004
Par Sari Hanafi
Sari Hanafi, Sociologue, est Directeur du Palestinian Refugee and Diaspora Centre SHAML à Ramallah
Pour comprendre l'importance de la question des réfugiés Palestiniens, nous devons comprendre que la nation palestinienne et le nationalisme palestinien tels qu'ils existent aujourd'hui sont nés après l'expulsion de la moitié de la population palestinienne de sa terre en 1948, et que l'un des aspects fondamentaux de l'identité palestinienne est "le titre de réfugiés."
Une telle compréhension nous oblige à prendre le problème des réfugiés palestiniens comme essentiel à toute solution du conflit Palestinien-Israélien
Depuis le début, le droit au retour des réfugiés palestiniens est protégé par des réglementations séparées du droit international : le Droit Humanitaire, les Droits de l'homme, le Droit à la Nationalité en relation avec la Succession d'Etats, et le Droit aux Réfugiés.
Derrière ces ensembles de lois qui sont appliquées à tous les réfugiés du monde, l’Assemblée Générale des Nations Unies a spécifié le cas palestinien dans la résolution 194, paragraphe 11, qui a déterminé un cadre pour une solution au problème des réfugiés palestiniens, y compris la possibilité de retour :
"Décide qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les Gouvernements ou autorités responsables".
Pour comprendre l'importance de la question des réfugiés Palestiniens, nous devons comprendre que la nation palestinienne et le nationalisme palestinien tels qu'ils existent aujourd'hui sont nés après l'expulsion de la moitié de la population palestinienne de sa terre en 1948, et que l'un des aspects fondamentaux de l'identité palestinienne est "le titre de réfugiés." Une telle compréhension nous oblige à prendre le problème des réfugiés palestiniens comme essentiel à toute solution du conflit Palestinien-Israélien.
Il y a cinq raisons à cela :
D'abord, aussi longtemps que les Israéliens ne prendront pas en compte ce qui est arrivé aux Palestiniens en 1948 et l'expulsion de la population indigène de 78 % de la terre de la Palestine historique, ils continueront de négocier les environ 22 % restants (la Cisjordanie avec Jérusalem-Est et la Bande de Gaza).
Il n'y a aucune solution au problème de la terre sans l’associer au problème des réfugiés.
C’est peut être pourquoi les Accords d'Oslo ont échoué.
Deuxièmement, la résolution du problème des réfugiés n'est pas simplement une question technique d'absorption, ni une question de réciter le droit international comme on récite le Coran. Cela implique de revenir sur les prémisses mêmes du conflit Palestinien-Israélien, afin de comprendre comment ses causes ont mené à un certain type de pratique coloniale, et de reconnaître le besoin d'un débat non seulement pour comprendre, mais également pour reconnaître et accepter, une responsabilité historique.
C'est la condition préalable à une véritable réconciliation et au pardon mutuel, comme l’avait suggéré le défunt Edward Said.
Troisièmement, indépendamment du fait que la résolution finale du conflit Palestinien-Israélien prenne la forme de deux Etats ou d'une solution d'un Etat binational, la question des réfugiés ne peut pas être considérée comme secondaire.
L'intifada actuelle a indiqué l'importance des réfugiés; ils sont les acteurs sociaux et politiques les plus incapables à soutenir l'impasse du processus d'Oslo.
Quatrièmement, au delà de la valeur morale et symbolique d’obtenir le droit au retour, le droit est utile en créant un cadre pour fournir aux réfugiés un choix entre rester dans leurs pays d'accueil, rentrer vers leurs lieux d'origine ou venir dans un futur Etat palestinien (ou des pays tiers).
Le droit du choix est une nécessité pour ceux qui, depuis un demi siècle, ont été forcés de vivre comme des étrangers sans droits fondamentaux dans des camps misérables et dans des Etats qui ne les ont pas toujours accueillis à bras ouverts.
En conclusion, si le droit au retour et le droit du choix est acceptée, il ouvrira beaucoup de possibilités entre lequelles les réfugiés choisiront.
Le deplacement des réfugiés dépend de beaucoup de facteurs liés à leurs identités sociales, économiques et culturelles. Le retour des réfugiés ne signifie pas que la communauté entière des réfugiés reviendra en Israël.
Dans presque tous les cas, l'expérience des réfugiés à travers le monde prouve que le nombre de ceux qui rentrent est inférieur à ceux qui choisissent d'autres solutions. La phobie israélienne d'un retour est injustifiée.
Hannah Arendt, dans son étude sur le totalitarisme, nous a rappelés que :"la décision des hommes d’Etats pour résoudre le problème de l'apatride est l'ignorance". Elle a insisté sur la nécessité d’examiner le déplacement par le prisme des états-nations souvent xénophes, et elle a tracé la logique politique et symbolique qui a eu l'effet de "pathologiser" et même de criminaliser les réfugiés.
La relation contemporaine qui a été forgée entre le retour des Palestiniens et une perturbation de l'ordre régional, particulièrement en Israël, atteste de la pertinence toujours actuelle de la remarque d'Arendt.
Source : http://dailystar.com.lb/
Traduction : MG pour ISM-France
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12 octobre 2004