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Grande Bretagne -

Pourquoi le Sionisme d’aujourd’hui est le véritable ennemi des Juifs

Par

Avi Shlai est un professeur anglais de la British Academy Research au collège St Antony d’Oxford et l’auteur de "The iron Wall : Israël and the arab world"

Le sionisme est le mouvement de libération national du peuple juif et l’état d’Israël est son expression politique.
Israël est considéré comme un symbole de liberté et il est source de fierté pour les Juifs de la Diaspora.
Pourtant, les mauvais traitements qu’Israël inflige aux Palestiniens ont changé ça et le segment libéral de la communauté juive en ressent responsabilité et souci moral.
Certains Juifs, surtout de gauche, vont même jusqu’à lier la conduite d’Israël à la résurgence de l’antisémitisme dans le monde.

L’occupation illégale par Israël des territoires palestiniens depuis 1967 en est le problème sous-jacent. L’occupation a transformé le sionisme, mouvement légitime de libération nationale des Juifs, en un pouvoir colonial qui écrase les Palestiniens,

Par sionisme aujourd’hui, j’entends ces colons idéologiques, ultra nationalistes et leurs supporters au sein du gouvernement Likoud. Ces colons sont une très petite minorité mais ils ont la mainmise sur le système politique israélien. Ils représentent la face inacceptable du Sionisme..

Sionisme ne veut pas dire racisme, mais beaucoup de ces colons purs et durs et leurs chefs sont de parfaits racistes. Leur extrémisme et leurs excès ont conduit certains à se poser des questions non seulement sur le projet colonial sioniste au-delà des frontières de 1967 mais aussi sur la légitimité de l’état d’Israël à l’intérieur de ses frontières. Et ce sont aussi ces colons qui mettent en danger la sécurité et le bien-être des Juifs partout (dans le monde)

Le premier ministre Ariel Sharon est la personnification de cette branche xénophobe, intolérante, agressive et expansionniste du sionisme. Une des plus grandes vertus du Judaïsme, c’est d’être un rameau de paix, un quêteur de paix.
Sharon n’est rien de tout ça, quelque effort d’imagination qu’on fasse.
C’est un homme de guerre et le champion des solutions violentes.


Le but de Sharon est un politicide : dénier aux Palestiniens toute existence indépendante et politique en Palestine.

Son plan de retrait de Gaza s’appelle « plan unilatéral de retrait », ce n’est pas un plan de paix mais le prélude de l’annexion à Israël d’une bonne partie de la Cisjordanie .

Sharon, l’unilatéraliste par excellence, est un Rambo juif – l’antithèse des valeurs juives traditionnelles de vérité, justice et tolérance.

Le gouvernement de Sharon propage une guerre sauvage contre le peuple palestinien.
Sa politique, c’est la confiscation de la terre ; la démolitions des maisons ; le déracinement des arbres ; les couvre-feux, les barrages routiers et 736 checkpoints - qui sont autant de douloureuses épreuves - la violation systématique des droits de l’homme des Palestiniens et la construction du mur illégal de Cisjordanie , un mur qui est autant une manière de voler de la terre qu’une mesure de sécurité.


C’est cette branche d’un sionisme inhumain qui est le véritable ennemi de ce qui reste de l’Israël libéral et des Juifs extérieurs à Israël ; c’est l’ennemi car il allume un antisémitisme virulent et parfois un antisémitisme violent.
La politique d’Israël en est la cause et la haine d’Israël et l’antisémitisme en sont les conséquences.

Il y a eu de nombreux débats ces dernières années sur « le nouvel antisémitisme ».

La controverse, pour résumer, c’est que la résurgence de l’antisémitisme a peu ou prou à peu sinon rien à voir avec la conduite d’Israël. L’anti sionisme n’est que le substitut, ainsi que le dit la controverse, de ce mauvais antisémitisme, d’autrefois.


Ces analyses nécessitent examen.

D’abord, qu’est-ce que l’antisémitisme ? Isaiah Berlin définissait un antisémite comme "quelqu’un qui hait les Juifs plus qu’il n’est nécessaire !".

C’est une définition ironique qui a le mérite de s’appliquer à tout l’antisémitisme, l’ancien antisémitisme comme le nouveau.

Mais nous avons besoin de regarder ce qu’il y a derrière les étiquettes.

Y a-t-il beaucoup d’antisémitisme classique ? Oui.

Est-ce que l’antisémitisme se répand en Europe ? oui, à un niveau alarmant.

Y a-t-il des gens qui utilisent l’antisionisme comme couverture respectable à leur méprisable judéophobie ? Encore oui, hélas.

Quel est le poids respectif de la haine d’Israël d’une part et de la judéophobie de l’autre dans la fabrication de ce nouvel antisémitisme ? Je l’ignore.


Ce que je sais c’est qu’un tas de gens comme il faut, sans héritage antisémite, sont furieux contre Israël parce qu’il opprime les Palestiniens.

Tout simplement, on ne doit pas écarter que les attitudes à l’égard d’Israël changent selon son propre changement à l’égard du Sionisme d’extrême droite et des rabbins radicaux.
L’année du processus de paix d’Oslo, Israël a été en fait le chouchou de l’Occident parce qu’il voulait se retirer des territoires occupés.

L’image d’Israël aujourd’hui est négative non parce que c’est un état juif, mais parce qu’il transgresse constamment les normes d’une conduite internationale acceptable. A coup sûr, Israël est de plus en plus perçu comme un état voyou, comme un paria international, et comme une menace pour la paix mondiale.


Cette perception d’Israël est un facteur majeur de la récente résurgence de l’antisémitisme en Europe et dans le reste du monde.
En ce sens, le Sionisme aujourd’hui est le véritable ennemi des Juifs.

C’est une tragédie qu’un état construit pour être un paradis pour les Juifs après l’Holocauste soit devenu l’un des endroits les moins sûrs du monde pour les Juifs qui y vivent.

Israël devrait se retirer des territoires occupés non pour faire une faveur aux Palestiniens mais pour se faire une faveur à lui-même et au monde juif, comme Karl Marx le notait, un peuple qui en oppresse un autre ne peut pas lui-même rester libre.



NOTES

Cet article est un résumé des remarques qu’il fit dans un débat à Londres le 25 janvier, débat organisé par Intelligence Squared.
La motion était intitulée « Le sionisme aujourd’hui est le véritable ennemi des Juifs ».
Parmi les autres intervenants, il y avait en faveur de cette motion Jacqueline Rose et Amira Hass, et Shlomo Ben Ami, Melani Phillips et Raphael Israéli étaient contre.
Après le débat l’auditoire a voté par 355 voix contre 320 pour la motion et 40 abstentions.
Cet article a été publié dans l’International Herald Tribune le 4 février 2005 et repris ici avec l’autorisation de l’auteur
C.S.

Source : Electronic Intifada

Traduction : CS pour ISM-FRance

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