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Palestine - 28 juin 2008
Par Khaled Amayreh
En dépit du continuel échange d'accusations, le Hamas et le Fatah semblent prêts à des pourparlers de réconciliation à médiation arabe destinés à restaurer l'unité nationale palestinienne et en finir avec une année de rupture entre les deux plus importantes factions politiques dans les territoires palestiniens occupés.
Mahmoud Abbas, Khaled Meshal et Ismaill Hanyeh le 8 février 2007, lors du Sommet de La Mecque
Aucune date précise n'a été fixée pour des discussions intensives, mais des sources fiables dans la Bande de Gaza ont laissé entendre que l'Egypte est sur le point d'adresser des invitations tant au Hamas qu'au Fatah pour la reprise du dialogue inter-palestinien. Les sources ont dit que le début des discussions n'était plus qu'une question de jours, ou au plus d'une semaine.
Les efforts pour mettre fin à la crise durable entre le Fatah et le Hamas ont pris récemment un nouvel élan lorsque le Président de l'Autorité Palestinienne Mahmoud Abbas a annoncé sa volonté de redémarrer des discussions de réconciliation avec le Hamas sans condition préalable. Le Hamas a accueilli cette annonce, faite le 6 juin, en disant qu'il était désireux et prêt à s'asseoir avec le Fatah à n'importe quel moment et n'importe où pour mettre fin à la vieille scission entre les deux partis.
De plus, le récent accord de cessez-le-feu négocié par l'Egypte entre le Hamas et Israël dans la Bande de Gaza a un impact positif sur les perspectives d'une restauration de l'unité nationale palestinienne.
Il y a eu quelques signes tangibles indiquant que l'épais brouillard qui sépare Gaza et Ramallah commence à se dissiper, lentement mais sûrement. La semaine dernière, une délégation de haut niveau du Fatah, menée par l'ancien ministre de l'Autorité Palestinienne Hikmat Zeid, est venue dans la Bande de Gaza rencontrer les dirigeants du Fatah et quelques opérateurs de niveau inférieur du Hamas. La délégation a été accueillie par les autorités à Gaza et entourée d'un dispositif de sécurité pour faciliter ses rencontres et son hébergement. Et bien que la délégation n'ait pas rencontré le Premier Ministre du gouvernement Hamas, Ismail Haniyeh, ni aucun responsable de haut rang, la visite elle-même a été considérée comme un pas dans la bonne direction.
Les organes de sécurité de l'Autorité Palestinienne, apparemment selon des ordres d'Abbas, ont libéré des douzaines de détenus suspectés d'être des sympathisants du Hamas, ce qui réduit de façon significative le nombre de partisans du Hamas détenus par l'Autorité Palestinienne.
Mardi dernier, un représentant du Front Démocratique de libération de la Palestine (FDLP), qui a entrepris son propre travail de médiation entre le Fatah et le Hamas, a dit qu'il avait reçu une liste de 54 détenus Hamas dans les prisons de l'Autorité Palestinienne en Cisjordanie , et 44 détenus Fatah gardés à vue dans la Bande de Gaza. Le représentant du FDLP, Talal Abu Afifeh, a dit qu'il ferait pression sur les deux côtés pour la libération de tous les prisonniers palestiniens dans les jours ou semaines prochains, et que soit tournée la page d'un épisode honteux de l'histoire palestinienne sous l'occupation israélienne. Si le FDLP réussit, il aura supprimé l'un des contentieux les plus lourds à l'origine de la mauvaise volonté entre Gaza et Ramallah.
De façon concomitante, il y a eu une désescalade sensible dans la guerre de propagande entre le Hamas et le Fatah, les médias respectifs de chaque bord évitant d'utiliser des épithètes durs pour décrire l'autre.
Selon des rapports officieux, Abbas rencontrera le dirigeant Hamas basé à Damas Khaled Meshaal. Abbas doit se rendre dans la capitale syrienne le mois prochain. Alors que la rencontre envisagée ne sera pas nécessairement, en elle-même, un progrès, elle sera le signe le plus fort et le plus clair que la glace entre les deux ennemis d'autrefois a commencé à fondre.
De plus, les officiels de l'Autorité Palestiniennes à Ramallah ont confirmé qu'Abbas avait prévu d'aller dans la Bande de Gaza. On a cité Ahmed Abdul-Rahman, porte-parole éminent du Fatah, comme ayant dit : "La visite pourrait avoir lieu bientôt parce que le Président est déterminé à mettre fin à l'état de division dans l'arène palestinienne".
Selon Hassan Khreishe, avocat indépendant qui dirige le Comité Populaire pour la Réconciliation Nationale (PCNC), tant le Hamas que le Fatah, comme de nombreux médiateurs arabes, dont la Ligue Arabe, l'Egypte et le Qatar, ont d'ores et déjà accepté les lignes générales d'un accord futur entre les deux factions palestiniennes.
Khreishe a dit que l'initiative du PCNC consiste en deux points :
1. appel à cesser l'incitation mutuelle et à libérer tous les prisonniers politiques, suivi de la formation d'un gouvernement de transition composé de technocrates et d'indépendants, dont la principale tâche serait de préparer l'organisation d'élections présidentielle et législative anticipées.
2. traitement des "dossiers difficiles", dont la réforme et la reconstruction du système politique palestinien, des organes de sécurité et de l'OLP.
Il est vraisemblable que tout accord futur entre le Fatah et le Hamas sera basé sur l'Accord de Réconciliation Nationale signé entre les deux partis il y a deux ans. L'accord était basé sur un document où chaque mot était pesé, préparé par les leaders des détenus palestiniens politiques et de la résistance emprisonnés dans les geôles israéliennes. Ce document appelle entre autres à la création d'un Etat palestinien sur 100% des territoires palestiniens occupés par Israël en 1967, avec tout Jérusalem Est comme capitale, ainsi qu'une juste résolution du calvaire des réfugiés selon la Résolution 194 des Nations Unies. L'accord demande aussi la reconstruction des forces de sécurité palestiniennes sur une base nationale plutôt que partisane.
L'accord de cessez-le-feu à Gaza, aussi fragile et incertain soit-il, est généralement perçu comme ayant rehaussé la position du Hamas vis-à-vis du Fatah. Nombreux dans le camp Fatah et ses alliés, en particulier l'aile ainsi nommée des éradicateurs, avaient espéré qu'Israël finirait par envahir la Bande de Gaza, détruire le Hamas et rendre le territoire côtier au Fatah sur un plateau d'argent.
Aujourd'hui, la direction plus pragmatique du Fatah, en particulier les éléments loyaux au chef Fatah emprisonné Marwan Al-Barghouti, qui plaide pour l'unité nationale avec le Hamas, semble se résigner au fait que le Fatah n'a pas d'autre choix que de parler au Hamas. Le tahdia (calme) à Gaza semble également changer les mentalités au sein des ennemis d'autrefois du Hamas.
Un membre du parti ultra-laïque, le Feda, a accusé en privé les Etats-Unis et Israël d'avoir trahi l'Autorité Palestinienne. "Ils nous demandaient d'être plus américains que les Américains en insistant pour que nous boycottions et combattions le Hamas. Bon, si Israël peut discuter et signer un accord de cessez-le-feu avec lui, pourquoi l'OLP continuerait-elle à adopter une attitude hostile envers le Hamas ? Nous ne pouvons pas être plus israéliens que les Israéliens", a déclaré l'homme, qui a souhaité gardé l'anonymat.
Une telle déception, ont suggéré les observateurs, est vraisemblablement répandue parmi beaucoup des faucons du Fatah et de l'OLP, qui jusqu'il y a peu, adoptait une attitude va-t-en-guerre envers le Hamas.
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Khaled Amayreh
28 juin 2008