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Cisjordanie - 3 février 2011
Par Stuart Littlewood
Stuart Littlewood est auteur du livre "Radio Free Palestine", qui parle du calvaire des Palestiniens sous occupation.
Dans notre joie et notre enthousiasme pour l'Egypte, n'oublions pas la tache grise et sinistre qui est Mahmoud Abbas. Il doit se demander, avec crainte, pourquoi il a jusqu'à maintenant échappé à la purge alors que ses frères de lait Hosni et Zine sont envoyés paître ailleurs. Certains disent qu'Abbas n'est pas un mauvais bougre, qu'il a juste perdu le nord. En réalité, il a contre lui un long dossier de crime, trop fastidieux à détailler ici.
Illégitimité
Membre fondateur de la section Fatah d'Arafat, il a remporté la présidence de l'Autorité nationale palestinienne en 2005, lors d'un concours douteux et profondément biaisé – qu'on ne peut honorer du mot "élection" – dans lequel Israël a lourdement interféré pour faire obstruction aux autres candidats. Il a dépassé la durée de son mandat de deux ans et on considère largement qu'il n'a ni légitimité ni mandat populaire ; pourtant, il continue d'être soutenu par les Etats-Unis et Israël et leurs courtisans.
En 2007, il a dissous le gouvernement d'unité dirigé par le Hamas et nommé Salam Fayyad au poste de Premier ministre, décision presque certainement illégale selon la Loi fondamentale palestinienne et destinée à assurer la désunion et la faiblesse qu'Israël voulait absolument.
Collaboration
Dernièrement, il a été sérieusement touché par les documents Wikileaks, qui ont divulgué que le gouvernement israélien "avait consulté l'Egypte et le Fatah avant l'Opération Cast Lead, leur demandant s'ils étaient prêts à assumer le contrôle de Gaza une fois qu'Israël aurait vaincu le Hamas."
Un vrai patriote palestinien ne serait certainement pas resté silencieux sur un projet diabolique de crimes de guerre visant ses compatriotes !
Il semble qu'il a aussi demandé à Israël de renforcer le blocus de ses compatriotes à Gaza, en invitant même l'entité raciste à réoccuper la zone frontalière entre Gaza et l'Egypte.
Il a ensuite essayé d'enterrer le rapport Goldstone en retirant le soutien palestinien à un vote du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies visant à l'envoyer devant l'Assemblée Générale pour une éventuelle action. Un tel vote aurait été la première étape vers les tribunaux pour crimes de guerre, et il a été rapporté que les responsables états-uniens l'ont prévenu que ceci compliquerait les efforts en vue de relancer les pourparlers de paix israélo-palestiniens – alors irrémédiablement discrédités de toute façon.
Faire le sale boulot d'Israël
Les escadrons sécuritaires d'Abbas, financés par les Etats-Unis, se sont déchainés dans toute la Cisjordanie , faisant le sale boulot des forces d'occupation israélienne, réprimant comme des voyous tous signes de résistance et raflant les membres du Hamas. Et l'Autorité palestinienne a maintenant aboli la liberté d'expression en interdisant aux Palestiniens de manifester leur soutien aux Egyptiens et aux Tunisiens.
Abbas a téléphoné à Moubarak pour lui exprimer "sa solidarité" devant la révolte populaire grandissante des Egyptiens qui exigent sa démission, en dépit de sa collaboration avec Israël pour aider le régime voyou à maintenir son blocus cruel et asphyxiant de Gaza. Abbas a également téléphoné au président tunisien Zine el-Abidine Bin Ali avant qu'il soit éjecté.
Quand il a pris ses fonctions de président, Abbas a prêté le serment suivant :
"Je jure devant Dieu Tout-Puissant d'être fidèle à ma patrie et à ses lieux saints, et au peuple et à son patrimoine national, de respecter le système constitutionnel et le droit, et de sauvegarder complètement les intérêts du peuple palestinien, que Dieu m'en soit témoin."
Puisse Dieu le frapper de la foudre ! Il s'est totalement moqué de la Loi fondamentale, il a détourné la présidence et fait de la comédie du processus de paix une farce sanglante. Il a veillé à ce que la désunion devienne le nom du jeu tandis que les compétences diplomatiques étaient abandonnées, ou plus exactement jamais maîtrisées.
Quant au patrimoine national et aux lieux saints, les négociateurs du dingue étaient prêts à les remettre à l'ennemi sur un plateau d'argent.
Jadis, un perdant de premier rang aurait reconnu que le jeu était fini et fait ce qu'il fallait. Il se serait retiré dans son bureau et aurait fermé la porte. Le maître d'hôtel lui aurait apporté, sur un plateau d'argent, un verre de son meilleur brandy et un revolver, et aurait quitté discrètement la pièce. Après quelques instants de réflexion et écrit une lettre d'adieu, le gentleman se serait fait sauter la cervelle et aurait sauvé tout le monde d'une foule de problèmes.
Les Palestiniens feraient bien d'avoir un Plan B crédible, pour quand ils entendront le bang.
Source : Redress
Traduction : MR pour ISM
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3 février 2011