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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Revisiter le Partage de la Palestine

Par

Henry Lowi est un pacifiste Juif vivant à Toronto, Canada.

On ne peut s'empêcher de penser au partage de la Palestine d'après-guerre en conséquence de la Résolution 181 du 29 novembre 1947 de l'Assemblée Générale des Nations Unies.
Pour son 60ème anniversaire, est-ce que la presse internationale publiera plusieurs articles analysant la justice du partage, les positions de ses adversaires, les souffrances humaines qui ont entouré sa mise en oeuvre et les développements ultérieurs ?

Revisiter le Partage de la Palestine


Carte du Plan de partage de la Palestine selon la Résolution 181 de l'Assemblée Générale des Nations Unies du 29 novembre 2007 et carte des villages rasés par l'entité sioniste en 1948 & 1967. (agrandir la carte)

L'été dernier, j'ai lu plusieurs articles à l'occasion du 60eme anniversaire du partage de l'Inde coloniale britannique en deux pays indépendants : l'Inde et le Pakistan.
Beaucoup de choses ont découlé de cette mutilation, le chaos et la mort qui se sont produits il y a 60 ans dans le sous-continent indien.

Dans de nombreux articles d'analyse, la distinction était faite entre la république "laïque" de l'Inde et la république "musulmane" du Pakistan.

Des comparaisons étaient faites sur les développements ultérieurs dans les domaines de la croissance économique, de la démocratie politique, des droits de l'homme et des relations internationales.

On souvelait ces questions : la partition était-elle justifiée? Quelles étaient les autres options ? Quel rôle a joué le partage?
Ces articles fournissaient de précieuses occasions de réflexion sur la décolonisation d'après-guerre, ses succès et ses échecs.

On ne peut s'empêcher de penser au partage de la Palestine d'après-guerre en conséquence de la Résolution 181 du 29 novembre 1947 de l'Assemblée Générale des Nations Unies.

Le 60ème anniversaire de la résolution de partage sera célébré par la Knesset israélienne, à la fin du mois de novembre (voir Zvika Brot, " History in the (re)making", Ynetnews, le 16 août 2007).

Est-ce que la presse internationale publiera plusieurs articles analysant la justice du partage, les positions de ses adversaires, les souffrances humaines qui ont entouré sa mise en oeuvre et les développements ultérieurs ?

Je doute que mon journal approfondira le débat sur ce sujet. Il est trop chaud, et les faits sont trop durs. Plus important encore, les puissances qui dominent et exploitent les pays arabes se sont engagés à ne pas soumettre cette histoire à un examen critique.

Il incombe aux forces anti-impérialistes de soulever la question.

Les forces pro-démocrates, les forces pacifistes honnêtes qui reconnaissent les droits des Palestiniens, les forces pour la Libération de la Palestine et de la liberté ont besoin de rouvrir le débat sur le partage, tant sur le projet controversé que sur ses conséquences désastreuses.

Le but de cette analyse n'est pas de renforcer un "récit" abstrait. Elle a un but pratique plus direct. La souffrance du partage est ressentie encore aujourd'hui, et de plus en plus. Alors que le partage était vendu à l'époque comme la seule voie vers la paix - éviter les effusions de sang, tenir compte des intérêts légitimes de tous les habitants de la Palestine, faciliter la réconciliation - il a, en réalité, fait le contraire.

Le Partage a soulevé d'énormes obstacles à la paix, aux compromis et à la réconciliation, et il a généré des bains de sang récurrents et tragiques. Les obstacles doivent être surmontés, et c'est pourquoi l'étude et l'analyse du Partage sont nécessaires.
Nous avons besoin d'identifier les obstacles. Ils sont là. Ils sont sur le chemin. Ils ne peuvent pas être ignorés.


Il serait utile si, dans le monde entier, des réunions publiques étaient organisées sur le thème du Partage, afin de parvenir à toucher et à éduquer de nouvelles couches de militants.

Dans certains endroits, une table ronde serait appropriée avec des interlocuteurs qui aborderaient différents aspects du Partage de la Palestine. Dans d'autres endroits, un débat officiel pourrait être approprié.
Le thème du débat pourrait être : "Palestine : la paix ou le partage?"

Qui participerait à un tel débat ? Ceux qui, par malveillance ou de façon innocente défendent l'essentiel de la stratégie du partage.

De nombreux pacifistes pensent, en toute bonne foi, que le partage était justifié. Ils disent qu'il est regrettable que les Palestiniens n'aient pas accepté le Partage et que leur refus a abouti à une tragédie qui ne peut maintenant qu'être corrigée par la promotion d'un "Etat palestinien indépendant à côté d'Israël."

D'autres disent que, peu importe si le partage était ou non justifié, il a eu lieu et grâce au "consensus international" à la suite de la guerre de juin 1967, le moment est venu de travailler pour l'établissement de "l'Etat palestinien indépendant à côté d'Israël."

Certains prennent une position de "principe", en estimant que le partage est la bonne solution lorsque "deux nations" occupent les mêmes terres. Tout comme le faux principe "mère" dans la légende du Roi Salomon et de l'enfant.

Tous ces positions devraient être exprimées et critiquées par ceux qui reconnaissent les obstacles créés par le partage.

Nous refusons l'accusation d'être engagés dans une quête de "justice absolue", ou de tentative de "faire reculer l'horloge" et d'un retour à un statu quo ante.

Nous devons reconnaître que les obstacles érigés par le partage sont toujours parmi nous. Ils ont causé des souffrances indicibles et, sans les surmonter, ils continueront à causer des souffrances.

Ceux qui soutiennent le partage prétendent être des "pragmatiques", et des promoteurs de "la paix dans notre vie." Ils se trompent et ils trompent les autres. Leur faux pragmatisme n'est tellement que du vent qu'il ne peut résister à un examen minutieux. Ils sont les défenseurs les plus dévoués de la poursuite de la domination sioniste en Palestine et portent la responsabilité politique de ce conflit qui découle de cette domination.

On peut dire que maintenant George Bush et Cie ont publiquement adopté la stratégie de "deux États pour deux peuples", ce qui est clairement une stratégie de "diviser pour régner".

Les maîtres impérialistes se rendent compte qu'une Palestine divisée ne sera jamais en mesure de mobiliser ses principales ressources – ses diverses capitaux humains - pour parvenir à la décolonisation et à la démocratie, pour surmonter le sous-développement et le retard, le racisme et le nationalisme ethnique, et prendre sa vraie place sur la scène mondiale.


Il est temps maintenant de remettre en question le principe du partage alors que le processus diplomatique secret mené par l'impérialisme est en cours de reprise avec les espoirs et les illusions qu'il suscite.

Une opposition populaire à la diplomatie secrète accusera sans doute le "président" Abbas de trahison et d'illégalité dans ses manœuvres, mettra l'accent sur la misère des réfugiés palestiniens et plaidera en faveur de leur droit au retour et se concentrera sur les prisonniers politiques et les droits des citoyens palestiniens opprimés d'Israël.


Les opposants palestiniens proposeront également de nouvelles ou d'anciennes-nouvelles structures organisationnelles, telles qu'une nouvelle convocation du Conseil National Palestinien, ou d'une renaissance de l'Organisation de Libération de la Palestine, ou de la réorganisation des comités populaires, comme ceux qui sont apparus lors de l'Intifada.

Ils appelleront à une meilleure et efficace solidarité internationale, en accélérant les "Campagnes de Boycott - Désinvestissement - Sanctions" aujourd'hui purement déclaratives (qui n'affectent pas le régime sioniste, mais qui ne sert qu'à rallier les partisans du sionisme), et en commençant à mettre en œuvre une solidarité de persone à personne. Tout cela peut et doit être fait. Mais, au coeur de toute cette opposition, le partage doit être critiqué, son histoire doit être relatée, son paradigme pour l'avenir doit être inversé.

Au fond, il faut reconnaître que la décolonisation d'après-guerre a échoué en Palestine. En dépit de la Charte des Nations Unies, du Livre Blanc britannique de 1939 et de l'importante minorité dissidente du Comité spécial des Nations Unies sur la Palestine, la décolonisation a été refusée au peuple de la Palestine.

L'Union soviétique sous Staline, et les États-Unis sous Truman, chacun pour leurs propres raisons, ont uni leurs forces pour empêcher une souveraineté populaire en Palestine. Ils ont entravé la réalisation d'un principe fondamental de l'ère démocratique.

Le partage a refusé à la population du Mandat Britannique en Palestine le droit à une souveraineté populaire et à une autodétermination nationale. Pour avoir une démocratie politique, il aurait fallu qu'à la fin du Mandat Britannique, une assemblée constituante souveraine élue soit convoquée afin d'exprimer la volonté politique des habitants de l'ancien Mandat Britannique en Palestine.

Cette assemblée constituante aurait été habilitée à formuler une constitution démocratique, avec des garanties pour les droits et libertés individuels, ainsi que toutes les dispositions nécessaires à la protection des droits des minorités. Cela n'aurait pas été facile. Mais, comme tous les organes démocratiques, l'assemblée constituante de Palestine aurait été le forum au sein duquel les représentants du peuple auraient pû débattre d'une formule pour faire fonctionner une souveraineté populaire.

Le partage a cassé le droit à l'autodétermination nationale, et a donné à la faction la plus puissante (économiquement et militairement), dans le cas présent, les colons de l'Yishuv - la possibilité de dominer le pays, d'expulser une très grande partie de ses habitants et d'instituer un régime de suprématie ethnique et d'oppression nationale. Ce régime persiste à ce jour.

Il revendique une légitimité, il exige une reconnaissance de la part de ses victimes, et il cherche des moyens nouveaux et innovants pour dominer la Palestine et il menace ses voisins.

L'un des obstacles oubliés posé par le partage est l'obstacle psychologique ou "de principe" qui persiste à ce jour. Les gens intelligents vous regarderont droit dans les yeux et plaideront en faveur d'une séparation.
Les gens sensibles et impartiaux ne jureront que par la nécessité de "séparer" les populations. Pour eux, le droit à l'autodétermination nationale n'est pas un DROIT à la non-domination, mais est un DEVOIR de séparation. Ils considèrent la séparation comme l'incarnation de l'équité et de la démocratie et de l'égalité des droits.

À ce jour, les partisans du partage n'ont pas appris ce que la Cour Suprême des États-Unis avait reconnu il y a plusieurs décennies, c'est-à-dire que la "séparation" ne peut jamais être "l'égalité".

En vue de redresser la balance du pouvoir, des ressources, de l'éducation, de graves mesures correctives devront être prises par un régime démocratique. La démocratie politique et la souveraineté populaire sont des conditions préalables pour surmonter l'héritage de l'oppression et ouvrir de nouvelles possibilités de coexistence. Mais, les ségrégationistes "de principe" semblent indifférents à l'ensemble de l'expérience acquise dans ce domaine.
La mentalité ségrégationniste "de principe" est l'un des obstacles persistants créés par le partage.

On suspecte les partisans pacifistes et ségrégationnistes du partage d'adhérer à la vision d'Ehud Barak qui pense que l'Etat d'Israël est "une villa dans la jungle". Ils veulent préserver cette "villa", et, lorsque cela est possible, ils l'élargiront à l'enfer de la "jungle". Telle est la logique du partage.

Un exemple de cette logique est le partage environnemental de la Palestine, dans lequel "la jungle" palestinienne devient le dépotoir de la "villa" israélienne. (voir Shlomi Zecharia, "L'Occupation est mauvaise pour l'environnement", Ynetnews, 27 Août 2007, et IRIN, "Des dizaines de Palestiniens fouillent les dépotoirs pour survivre", 1er octobre 2007).


Au fond, le paradigme du partage entérine la suprématie de l'attitude raciste et sabote continuellement l'empathie et la solidarité. Il génère la peur et la haine et le mépris envers les énormes souffrances de l'humanité. Il crée une mentalité fermée, une renaissance absurde des attitudes rétrogrades du ghetto européen, et cultive une nouvelle base pour des sentiments antisémites.

Il a provoqué un conflit déplacé entre les victimes juives européennes du génocide européen et les victimes autochtones Arabes palestiniens de la colonisation sioniste. Il construit un véritable conflit tragique entre les immigrants juifs arabes (également victimes du sionisme) et les Arabes autochones palestiniens.

Le partage est l'antithèse de la solidarité qui doit être développée pour qu'enfin la paix puisse prendre racine en Terre Sainte.

La stratégie du partage exige la tactique du partage, c'est-à-dire le nettoyage ethnique et la ségrégation en cours.
La pratique du partage engendre la mentalité du partage, c'est-à-dire le racisme, la xénophobie et l'élitisme.

Tels sont les obstacles qu'il faut surmonter aujourd'hui.

Ils ne peuvent pas être surmontés par une réorganisation du Partage. Les efforts visant à réorganiser le partage ne feront qu'exacerber ces obstacles, avec des conséquences désastreuses pour les populations vivant dans les terres concernées.

Beaucoup de choses ont été écrites de façon anecdotique sur le sujet. Le livre d'Ilan Pappe et d'autres livres ont décrit les opérations systématiques de nettoyage ethnique de 1947 à 1949.

Diverses études ont analysé les processus décisionnels des Soviétiques et des Américains qui ont abouti à leur soutien du partage. Les dirigeants arabes, en Palestine et à l'extérieur, ont été dénoncés pour leur ineptie, leur grossièreté et leur égoïsme. Les avertissements désespérés publiés par la courageuse classe ouvrière opposée au partage qui s'est levée contre le reste du monde avec le message de solidarité, ont été publiés, mais rarement lus.

Une analyse contemporaine intéressante est celle d'Adel Samara, intitulée "Palestine :from historical de-classing to a stand-by regime".

A ceux qui soutiennent, en se basant sur une soi-disant revendication de "réalisme", des valeurs ethno-nationalistes et le "pragmatisme" du partage, je pose la question : Pourquoi ne pas revenir à la carte d'origine du Partage de la Résolution 181 de l'Assemblée Générale des Nations Unies, prévoyant deux États, un "État juif" sur 55% de la Palestine, et un "Etat arabe" dans le reste?
Dans ce scénario, les réfugiés pourraient tout simplement revenir à Akka et à Jaffa et à Ashkelon et à Lod et à Ramleh.

Posez la question de ceux qui affirment que ce partage est "réaliste", étant donné l'état actuel des rapports de force, parce que, comme ils disent, ni les Israéliens ni les Palestiniens ne renonceront facilement à leurs propres récits et objectifs nationalistes ethniques.

Si vous posez ces questions, vous découvrirez que le nettoyage ethnique est implicite dans le partage, puisqu'il avait été anticipé par l'ONU, l'URSS et les États-Unis, et appliqué par les forces qui ont combattu en Palestine en 1947-1949.

Vous parviendrez à la conclusion qu'il n'y a pas de "pragmatisme" dans le partage à l'exception du pragmatisme de "la raison du plus fort est toujours la meilleure" et le "réalisme" de la colonisation, du nettoyage ethnique et de la discrimination raciste. C'est le réalisme du partage. C'est le réalisme de la soi-disant "solution à deux Etats."

C'est pourquoi, je propose que les pacifistes honnêtes, réalistes et pragmatiques "aillent droit au but" et démasquent le partage, le contestent et proposent une solution alternative à la question de Palestine.

Il est nécessaire de corriger et de remédier à l'injustice (oui, l'injustice) perpétrée par l'ONU, l'URSS, les Etats-Unis, les dirigeants sionistes, les Hashemites et les dirigeants palestiniens de l'époque concernant la Palestine.

Cela nous oblige à nous confronter au Quartet, à l'Etat sioniste et son Lobby, aux Hashemites et aux dirigeants palestiniens actuels, et à proposer une approche qui soit réaliste et pragmatique, qui traite de la source du conflit et qui montre une solution.

Plus de chimères. Plus de "solutions" qui violent les principes de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. Plus de solutions qui exigent que le peuple de Palestine acceptent moins qu'un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

À l'approche du 29 novembre, je pense qu'il serait bon de stimuler un débat sur le Partage de la Palestine, pourquoi c'était une erreur, à quel point c'était une erreur et comment il crée des obstacles, aujourd'hui, qui se dressent sur le chemin de la paix.

Le partage a été et est le véritable ennemi de la paix et de la réconciliation en Palestine. Saisissons cette occasion pour bien faire comprendre ce point.



Source : http://redress.cc/

Traduction : MG pour ISM

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