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France - 20 février 2008
Par Khaled Amayreh
Le président français est-il un sioniste de première bourre ? Eh bien, le moins que l’on puisse dire, c’est que tout son comportement le laisse entendre… La semaine passée, il a déclaré aux médias qu’il ne serrerait la main de quiconque ne reconnaîtrait pas l’« Etat juif » d’Israël. La gravité de cette déclaration est extrême, dès lors que le fait d’accepter un « Etat d’Israël » qui fût exclusivement juif reviendrait à soutenir et à adopter le racisme sous ses formes les plus fondamentalistes.
N. Sarkozy et T. Livni, ministre des affaires étrangères de l'entité sioniste
C’est comme si l’on voulait que la France n’appartînt qu’aux seuls catholiques, et que les citoyens non catholiques de la France se vissent contraints à admettre leur statut inférieur de citoyens de seconde catégorie, des citoyens qui auraient, en fin de compte, à choisir entre : la conversion au catholicisme / l’expulsion.
De plus, M. Sarkozy a suggéré, récemment, l’idée que la France boycotterait une conférence antiraciste dont la tenue est prévue, cette année, en Afrique du Sud, car l’apartheid israélien risquerait de s’y voir critiqué. Eh bien, M. Sarkozy ; dites-nous donc quel genre de relation les peuples du monde entier sont censés entretenir avec l’apartheid israélien ? Devraient-ils entonner Ha-Tikva (cet hymne national dont la musique a été pompée sur Ma Vlast, du compositeur tchèque Bedřich Smetana [1824-1884]) à l’unisson, et glorifier le nettoyage ethnique perpétré continûment par Israël contre les indigènes palestiniens et, ce, dès la naissance maléfique de cet Etat, voici, en cette an de disgrâce 2008, près de soixante ans ?
Vous connaissant, vous allez sans doute nous prétendre qu’il n’y a nul apartheid en Israël !... Mais une telle pétition pornographique ne serait rien d’autre que l’expression, au choix, soit d’une ignorance crasse, soit d’un mensonge effronté, l’apartheid régnant en Israël-Palestine étant un truisme pour absolument tout le monde.
Et puis, vous ne regardez donc jamais la télé ? Vous ne lisez donc jamais la presse française, ni la presse israélienne ? Les diplomates français en poste en Israël ne vous transmettent donc pas la réalité de la situation sur place ? Et qu’en est-il de ces dizaines d’intellectuels israéliens, de ces gens de conscience et de moralité, qui, à l’instar de l’ancien président de la Knesset israélienne, Avraham Burg, ont décrit l’apartheid et les crimes d’Etat israéliens avec des détails saisissants ?
M. Sarkozy, si vous ignorez ces faits connus de tous, c’est vraiment calamiteux. Et si, les connaissant, vous persistez néanmoins à accorder à Israël le bénéfice du doute, c’est là une calamité encore plus grande. C’est triste, M. le Président. Très triste…Vraiment.
De plus, vous avez l’intention d’assister aux célébrations marquant le soixantième anniversaire d’Israël. Eh bien ; c’est là quelque chose d’encore plus lamentable, car célébrer l’anniversaire de la fondation d’Israël, cela revient à célébrer le triomphe du racisme, de l’épuration ethnique et du génocide, en particulier en des temps où le calvaire du peuple palestinien devient de plus en plus atroce, de jour en jour.
Cela s’apparente à la célébration de l’accession du Troisième Reich au pouvoir, en Allemagne. Oui, Monsieur le Président ; les similitudes sont, effectivement, frappantes.
En Allemagne, les nazis avaient un mantra maudit, appelé la « race des seigneurs ». Ici, en Israël, ils ont un mantra tout aussi maudit : le « peuple élu ».
En Allemagne, les nazis avaient le concept de l’Ubermensch, du « sous-homme ». Ici, en Israël, ils ont le concept des « goyim », dont les droits et la vie même sont superfétatoires.
En Allemagne, les nazis nourrissaient l’idée du « lebensraum » (« espace vital »). En Israël, l’argument-scie consiste à rabâcher qu’ « il faut bien que les juifs aient un endroit, quelque part, pour y vivre », cet euphémisme masquant le vol des terres palestiniennes et l’expulsion de leur patrie ancestrale de ces indigènes abandonnés à leur sort et totalement sans défense, et tout ça, à seule fin de satisfaire le nationalisme juif, un nationalisme qui a beaucoup plus de choses en commun avec Mein Kampf d’Hitler qu’avec la Torah de Moïse.
M. Sarkozy ; en choisissant d’adopter le sionisme et d’associer la réputation de votre administration à la politique et aux agissements dignes des nazis qui sont ceux de l’Etat d’Israël, vous trahissez les principes de la République Française.
Êtes-vous bien encore réellement engagé vis-à-vis de la liberté, de l’égalité et de la fraternité ? Si vous l’êtes, alors il est clair que vous êtes en train de trahir ces principes élevés.
En Israël, il n’est nulle liberté, pour cinq millions de Palestiniens traités comme des enfants d’un Dieu de seconde catégorie, dont les enfants sont assassinés au simple motif qu’ils ne sont pas juifs, dont les maisons sont détruites au simple motif qu’ils ne sont pas juifs, et dont on vole la terre, au simple motif qu’ils ne sont pas juifs.
En Israël, il n’est nulle liberté pour les Palestiniens. En lieu et place, il y a d’énormes murailles, des camps de prisonniers, des barrages militaires sur les routes, des check-points, des routes de contournement réservées aux seuls colons, des emprisonnements collectifs et un système judiciaire prodigieusement bordélique.
En Israël, il n’y a pas d’égalité. Cela est dû au fait que l’Etat lui-même appartient à une catégorie exclusive de ses citoyens, les juifs, et que, si vous n’êtes pas juif, vous devez vous en remettre à la bonne volonté et à la magnanimité de la race des Seigneurs.
La Fraternité !?! Ah, parlons-en, de la fraternité !... Les deux mots ‘fraternité’ et ‘sionisme’ ne peuvent être employés dans une même phrase : ce sont là deux concepts antagonistes. En effet, la fraternité est intégrationniste et universaliste, alors que le sionisme est ségrégationniste et particulariste. Bref, si vous cherchez des antonymes, en voici : fraternité # sionisme.
M. Sarkozy, ce qui m’a décidé à écrire cet article, c’est la contradiction intrinsèque entre les principes de la République Française, que nous tous, nous aimons, et que nous respectons, et votre comportement politique.
Personne (pas même les Palestiniens) n’exige que la France coupe ses relations avec Israël, même si des personnalités politiques et des hommes d’Etat dotés de sens moral n’hésiteraient pas, quant à eux, à appeler un chat un chat, quand bien même cela ne serait pas « politiquement correct ».
Toutefois, vous êtes dans l’impossibilité de réconcilier les principes de liberté et de justice, qui sont ceux de la France, avec le soutien illimité qu’apporte votre gouvernement à Israël, en dépit du fait que cet Etat rend la perspective d’une paix au Moyen-Orient aussi impensable et aussi irréaliste qu’il puisse être imaginé, en étendant les colonies réservées aux seuls juifs en Cisjordanie et sur le territoire de la ville arabe de Jérusalem-Est, en rétrécissant les horizons du peuple palestinien et en massacrant des familles palestiniennes entières, le tout, sous le prétexte controuvé de combattre le terrorisme.
M. Sarkozy : si ce qu’Israël commet est bien, alors, dites-le ouvertement, car vous avez donné de vous-même l’image d’un homme sincère.
Mais si ces agissements sont condamnables et portent atteinte à la cause de la paix, alors, s’il vous plaît : ne demeurez pas silencieux.
Plus important, encore : ne donnez pas aux dirigeants israéliens l’impression que vous êtes leur complice, en les soutenant quoi qu’ils fassent.
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Khaled Amayreh
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