Cisjordanie - 21 mai 2006

Un jeu cruel du chat et de la souris

Par Rima Merriman

L'auteur est une Palestino-Américaine vivant en Cisjordanie occupée par Israel

Israel, l'Occupant, va devoir, à un certain moment, commencer à subvenir à la population Occupée.
Pourtant, ce scénario suppose deux choses :
Qu'Israel possède quelques bribes de décence et que la communauté internationale demande à Israel d'assumer ses responsabilités au lieu d'être pompée indéfiniment par la fourniture "d'aide humanitaire" aux Palestiniens.

Les Israéliens l'appellent une guerre, mais c'est vraiment un jeu méprisable et cruel du chat et de la souris, avec la souris fermement tenue sous la patte du chat ou enfermée à clef dans un camp auquel le chat a un accès libre et facile.

Un exemple est l'opération que les Israéliens ont mené à Jénine et à Qabatiya il y a quelques jours, juste à temps pour souligner aux Palestiniens les 58 ans de leur Nakba.

Cette opération a causé la mort de six Palestiniens, parmi eux deux frères (20 ans et 22 ans), dont un est mort en essayant de protéger l'autre.

Pour les tuer, les Israéliens ont d'abord envoyé une unité déguisée en Arabes (une stratégie qu'ils utilisent souvent) pour se mêler à la population et fournir par avance des informations.

Ces informateurs ont été ensuite soutenus par plus d'une centaine de soldats bien équipés avec des tanks et des hélicoptères - une utilisation grotesque de la force étant donné le manque de défense et l'ignorance de leurs cibles.

Du côté palestinien, il y avait de jeunes activistes de diverses factions palestiniennes, désirant résister à leur occupation.

Quand l'opération de Jénine et Qabatiya a été terminée, les soldats israéliens qui ont pourchassé et abattu ces six hommes sont, sans aucun doute, retournés à leur base avec beaucoup de fierté, en se félicitant de leur "victoire", en racontant les détails de leur chasse, le mutisme et la pauvreté de leurs proies acculées et la compétence avec laquelle ils ont exécuté leur petit exercice pathétique.

Lorsqu'ils sont visés, les jeunes palestiniens n'ont pas la moindre chance. Cibles considérées comme "légales", ils sont des gladiateurs sans armes opposés à toute sorte de bêtes sauvages.

La Cour Suprême israélienne donne habituellement son cachet d'approbation juridique, non seulement à ce genre de meurtre extra-judiciaire de Palestiniens, mais également à divers programmes dont le but final est de contrôler la démographie et saisir la terre et les ressources des Palestiniens.

Un exemple récent de ce qui précède est la décision de la cour israélienne il y a quelques jours, rendant illégale aux Palestiniens Israéliens mariés à des Palestiniens non-Israéliens la vie avec leurs conjoints en Israël.

C'est trop pour un Etat Juif et démocratique, le seul au monde à développer ouvertement une majorité ethnique aux dépens de la population autochtone, dont une importante partie avait littéralement campé sur ses frontières prête à être rapatrié pour 58 années terribles.

Donc, étant donné tout ce qui a été accumulé contre les Palestiniens, vers qui peuvent-ils se tourner ?

Pendant un certain temps maintenant, les membres du gouvernement palestinien dirigé par le Hamas avaient vadrouillé dans la région à la recherche de soutien.

Les chaines de télévision par satellite Arabes demandent implacablement ce qu'ils ont l'intetion de faire.
Sérieux et provoquants, ils déclarent simplement et redisent leur position et font appel au droit international en promettant de garder le même cap.

Bien que leur position sSemble ténue au mieux en termes de realpolitik, les Palestiniens savent au fond d'eux que c'est la seule option.

Même si ceux qui ont créé la crise humanitaire actuelle en premier lieu (les Etats-Unis et ses alliés) ne parviennent à les soulager temporairement par un certain mécanisme compliqué, ni le gouvernement dirigé par le Hamas, ni tout autre sorte de gouvernement palestinien n'est capable de faire dévier Israël de son cap inflexible. Le projet israélien d'annexer des parties énormes de la Cisjordanie et de les scinder est déjà bien avançé.

Ce que les Palestiniens doivent faire, c'est d'imaginer des moyens pour faire payer à Israël le prix de ce qu'il fait : moralement aussi bien que matériellement. La cause d'Israël repose sur le pouvoir et la centralité du pouvoir en politique ; la cause des Palestiniens repose sur l'injustice.

Depuis 58 longues années, la morsure de l'injustice, une ignominie amoncelée sur d'autres, a encouragé leur fermeté à dire "NON" à leur dépossession et à réaffirmer leur dignité humaine et leurs droits de l'homme.

Alors que les institutions naissantes de l'Autorité Palestinienne s'effritent par manque de financements, alors que la population devient affamée, alors que la population palestinienne dans les prisons israéliennes continue à grossir et que les martyrs palestiniens continuent à tomber, Israël, l'Occupant, va devoir, à un certain moment, commencer à subvenir à la population Occupée.

Pourtant, ce scénario suppose deux choses : Qu'Israël possède quelques bribes de décence et que la communauté internationale demande à Israël d'assumer ses responsabilités au lieu d'être pompée indéfiniment par la fourniture "d'aide humanitaire" aux Palestiniens.

Source : http://electronicintifada.net/

Traduction : MG pour ISM