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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Une autre guerre, une autre défaite

Par

John J. Mearsheimer est professeur de sciences politiques à l’Université de Chicago. Il est coauteur de l’ouvrage : Le Lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine (publié aux Editions de la Découverte)

Bon, OK : l’offensive contre Gaza a réussi à punir les Palestiniens. Mais certainement pas à apporter davantage de sécurité à Israël. Les Israéliens et leurs soutiens américains vont clamer, n’en doutons pas, qu’Israël aurait retenu les leçons de sa guerre désastreuse au Liban en juillet 2006 et qu’il aurait mené une stratégie gagnante dans sa présente guerre contre le Hamas. Bien entendu, quand arrivera un cessez-le-feu, Israël proclamera sa victoire. N’en croyez pas un mot : Israël s’est follement lancé dans une nouvelle guerre qu’il n’est pas à la veille de remporter !

On dit de la campagne de Gaza qu’elle aurait deux buts :

1) mettre un terme aux tirs de roquettes et de mortiers des Palestiniens contre Israël, qui se poursuivent depuis le retrait israélien de Gaza en août 2005 ;

b) restaurer la force dissuasive d’Israël, dont on dit qu’elle aurait été entamée par le fiasco israélien au Liban, par le retrait israélien de Gaza et par l’incapacité israélienne à faire mettre un terme au programme nucléaire de l’Iran.

Mais tels n’étaient pas les objectifs réels de l’Opération Plomb Coulé. Le but, en réalité, est lié à la vision israélienne de long-terme de la manière dont Israël entend vivre tout en ayant des millions de Palestiniens en son sein. Cela s’intègre dans un objectif stratégique plus large : la création d’un « Grand Israël ». Plus spécifiquement, les dirigeants d’Israël sont toujours déterminés à contrôler la totalité de qu’il est convenu de désigner par l’expression : « Palestine mandataire », laquelle inclut Gaza et la Cisjordanie . Les Palestiniens auraient une autonomie limitée dans une poignée d’enclaves séparées et économiquement indigentes, dont l’une est précisément la bande de Gaza. Israël contrôlerait toutes les frontières entourant ces bantoustans-timbres postes, tous les mouvements entre eux, l’air au-dessus d’eux, et l’eau, au-dessous…

La clé, pour la réalisation de cet objectif, consiste à infliger une telle horreur massive aux Palestiniens qu’ils en viennent à admettre le fait qu’ils sont un peuple vaincu et qu’Israël sera dans une très large mesure responsable du contrôle de leur avenir. Cette stratégie, qui fut énoncée pour la première fois de manière claire par Ze’ev Jabotinsky, dans les années 1920, et qui a très fortement influencé la politique d’Israël depuis sa création en 1948, est désignée, de manière pratique, par l’expression « Mur de Fer ».

Ce qui est en train de se passer à Gaza s’inscrit totalement dans cette stratégie. Cela s’y emboîte même pile-poil, comme une queue d’aronde…

Prenons, pour commencer, la décision prise en 1985 par Israël de se retirer de la bande de Gaza. La croyance commune, c’est qu’Israël était sérieux dans sa volonté de faire la paix avec les Palestiniens, et que ses dirigeants espéraient qu’un retrait de Gaza représenterait un pas majeur franchi sur la voie de la création d’un Etat palestinien viable.

D’après Thomas L. Friedman, du New York Times, Israël donnait aux Palestiniens une opportunité de « construire un mini-Etat décent, là-bas (à Gaza) – un Dubai-sur-Méditerranée », et que si les Palestiniens jouaient le jeu, cela « donnerait une tournure totalement différente au débat interne à Israël quant à la question de savoir si les Israéliens peuvent ou non confier la plus grande partie de la Cisjordanie aux Palestiniens ».

C’est du pipeau intégral : avant même l’arrivée du Hamas au pouvoir, les Israéliens avaient déjà l’intention de créer une prison à ciel ouvert pour les Palestiniens à Gaza et de leur infliger le maximum de souffrances jusqu’à ce qu’ils se plient aux desiderata israéliens. Dov Weisglass, principal conseil de Sharon, à l’époque, déclara avec une candeur totale que le désengagement de Gaza visait à stopper le processus de paix, et certainement pas à l’encourager. Il qualifia le désengagement israélien de « formol dont nous avons besoin afin qu’il n’y ait pas de processus politique avec les Palestiniens. » Mieux : il souligna que le retrait israélien « plaçait les Palestiniens sous une pression terrible. Cela les coince dans un coin où ils ont horreur de se retrouver… »

Arnon Soffer, un éminent démographe israélien, lui aussi conseiller de Sharon, précisa à quoi cette pression ressemblerait vraisemblablement. « Quand deux millions et demi de personnes vivront dans une bande de Gaza hermétiquement scellée, ça sera une catastrophe humaine. Ces gens deviendront encore plus des animaux qu’ils ne le sont aujourd’hui, avec l’aide du fondamentalisme islamiste insane. La pression, à la frontière, deviendra intenable. Il y aura une guerre terrifiante. Aussi, si nous voulons rester en vie, nous serons amenés à tuer, à tuer et à tuer. Tous les jours. Chaque jour que le bon Dieu fera. »

En janvier 2006, cinq mois après que les Israéliens aient exfiltré leurs colons de la bande de Gaza, le Hamas remporta une victoire décisive sur le Fatah, lors des élections législatives palestiniennes. Cela allait représenter une gêne majeure pour la stratégie israélienne, parce que le Hamas a été élu démocratiquement, parce qu’il est bien organisé, et intègre, contrairement au Fatah hyper-corrompu, et surtout parce qu’il n’est pas à la veille de « reconnaître l’existence d’Israël ». Israël répliqua en renforçant la pression économique sur les Palestiniens, mais cela ne marcha pas. De fait, la situation prit un autre tournant, vers le pire, en mars 2007, lorsque le Fatah et le Hamas se mirent d’accord sur la constitution d’un gouvernement d’unité nationale. Le statut et la puissance politique du Hamas se renforçaient, et la stratégie du « diviser pour régner » d’Israël était en train de tomber en quenouille.

Comme s’il s’ingéniait à faire empirer les choses (pour Israël), le gouvernement palestinien d’union nationale commença à proposer un cessez-le-feu de long-terme. Les Palestiniens mettraient un terme à toutes les attaques par missile contre Israël à la condition que les Israéliens cessent d’arrêter et d’assassiner des Palestiniens et relâchent leur garrot économique, en ouvrant les points de passage vers la bande de Gaza.

Les Israéliens rejetèrent cette offre et, avec le traditionnel soutien américain, ils s’employèrent à fomenter une guerre civile entre le Fatah et le Hamas, afin de dévaster le gouvernement d’union nationale et de porter le seul Fatah au pouvoir. Ce plan fit boomerang lorsque le Hamas offrit aux [collabos du] Fatah une conduite de Nantes, le chassant de Gaza. Le Hamas se retrouva donc au pouvoir à Gaza, tandis que le Fatah, à tout le moins beaucoup plus « souple » [devant les sionistes] conservait son contrôle sur la seule Cisjordanie . Israël décida alors de resserrer les boulons du blocus de la bande de Gaza, causant encore plus de souffrances et de difficultés chez les Palestiniens vivant dans ce territoire.

Le Hamas répondit en poursuivant ses tirs de roquettes et d’obus de mortier sur le territoire israélien, tout en soulignant qu’il continuait à rechercher un cessez-le-feu de long-terme, peut-être pour une durée de dix ans, voire davantage. Ce n’était pas là geste de noblesse de la part des gens du Hamas : non, ils recherchaient un cessez-le-feu parce que l’équilibre des puissances était totalement du côté israélien. Les Israéliens n’avaient aucun intérêt à un cessez-le-feu, et ils se contentèrent d’intensifier la pression économique contre Gaza. Mais, à la fin du printemps 2008, les pressions venues des Israéliens vivant sous le feu des attaques à la roquette amenèrent le gouvernement israélien à convenir d’un cessez-le-feu d’une durée de six mois, à partir du 19 juin. Cet accord, qui prit fin, formellement, le 19 décembre 2008, précéda immédiatement la guerre actuelle, qui commença le 27 du même mois.

La position officielle israélienne accuse le Hamas d’avoir sapé le cessez-le-feu. Cette opinion a été largement adoptée aux Etats-Unis, mais elle est fallacieuse. Les dirigeants israéliens abhorraient ce cessez-le-feu depuis le départ, et le ministre de la Défense Ehud Barak avait donné à l’armée israélienne l’instruction de commencer à se préparer pour la guerre à laquelle nous assistons aujourd’hui au moment même où le cessez-le-feu était en train d’être négocié, soit en juin 2008.

De plus, Dan Gillerman, ancien ambassadeur d’Israël à l’Onu, fait savoir que Jérusalem a commencé à préparer la campagne de propagande visant à vendre la guerre actuelle des mois avant que celle-ci n’ait éclaté. De son côté, le Hamas a réduit drastiquement le nombre de ses attaques par missiles durant les cinq premiers mois du cessez-le-feu. Au total, deux roquettes ont été tirées sur Israël durant les mois de septembre et octobre, dont aucune par le Hamas.

Durant la même période, comment Israël s’est-il comporté ? Il a continué à arrêter et à assassiner des Palestiniens en Cisjordanie , et il a poursuivi son blocus mortel, qui était en train d’étrangler Gaza à petit feu… Puis, le 4 novembre, le jour-même où les Américains élisaient leur nouveau président, Israël détruisit un tunnel conduisant de l’Egypte à la bande de Gaza, tuant six Palestiniens : ce fut la première violation majeure du cessez-le-feu, et les Palestiniens – qui « avaient veillé à maintenir le cessez-le-feu », selon l’Intelligence and Terrorism Information Center d’Israël – a répliqué en reprenant ses tirs de roquettes. Le calme qui avait prévalu depuis le mois de juin prit fin, et Israël durcit encore le blocus et ses attaques à l’intérieur de la bande de Gaza, tandis que les Palestiniens balançaient davantage de fusées sur Israël. Il convient de noter qu’aucun Israélien n’a été tué par des missiles palestiniens entre le 4 novembre et le lancement de la guerre par Israël, le 27 décembre.

Tandis que montait la violence, le Hamas fit savoir clairement qu’il n’avait pas l’intention de prolonger le cessez-le-feu au-delà du 19 décembre, ce qui n’a rien d’étonnant, dès lors qu’il n’avait pas fonctionné comme prévu. Toutefois, à la mi-décembre, le Hamas informa Israël qu’il était encore disposé à négocier un cessez-le-feu de longue durée, pour peu que celui-ci comportât la fin des arrestations et des assassinats, ainsi que la levée du blocus. Mais les Israéliens, ayant mis à profit le cessez-le-feu pour préparer la guerre contre le Hamas, rejeta cette ouverture. Le bombardement de Gaza commença huit jours après la fin formelle du cessez-le-feu failli.

Si Israël avait vraiment voulu arrêter les attaques par missiles à partir de Gaza, il aurait pu le faire en arrangeant un cessez-le-feu de longue durée avec le Hamas. Et si Israël avait été authentiquement intéressé à la création d’un Etat palestinien viable, il aurait pu travailler avec le gouvernement [palestinien] d’union nationale afin de mettre en œuvre un cessez-le-feu significatif et en changeant la manière de penser du Hamas en matière de « solution à deux Etats ». Mais Israël a un tout autre projet : il est déterminé à utiliser la stratégie du Mur de Fer afin d’amener les Palestiniens de Gaza à accepter leur sort de sujets impuissants d’un Grand Israël.

Cette politique brutale est clairement reflétée dans la façon dont Israël a mené sa guerre à Gaza. Israël et ses séides clament que « Tsahal » fait le maximum pour éviter des victimes civiles, prenant, dans certains cas, d’énormes risques de mettre des soldats israéliens en danger. Quelle foutaise ! Une raison de douter de ces allégations est le fait qu’Israël refuse l’entrée de journalistes dans la zone de guerre : il ne veut pas que le monde voit ce que ses soldats et ses bombes sont en train de faire dans la bande de Gaza. Au même moment, Israël lançait une campagne massive de bourrage de crâne, dans l’espoir de couvrir par des bobards « positifs » les récits d’horreur qui commençaient à filtrer.

Toutefois, la meilleure preuve qu’Israël cherche délibérément à punir l’ensemble de la population civile de Gaza, c’est la mort et la destruction que « Tsahal » a infligé à cette petite parcelle de terrain densément urbanisée. Israël a tué plus de mille Palestiniens, il en a blessés plus de quatre mille. Plus de la moitié des tués sont des civils, et beaucoup parmi eux sont des enfants. La première salve israélienne, le 27 décembre, a été lancée exactement à l’heure où les enfants sortaient de l’école, et une des premières cibles d’Israël, ce jour-là, fut un important groupe de cadets tout frais émoulus de l’école de police, que l’on peut difficilement qualifier de terroristes. Dans ce qu’Ehud Barak a qualifié de « guerre totale contre le Hamas », Israël a visé une université, des écoles, des mosquées, des maisons, des immeubles d’habitation, des bureaux gouvernementaux, et même des ambulances. Un ancien officier israélien, s’exprimant sous le sceau de l’anonymat, a expliqué la logique présidant à la volonté israélienne de cibler toute la population : « Le Hamas a de multiples manifestations, et nous nous efforçons d’en frapper tout l’éventail, car tout se tient, et chacune des facettes du Hamas soutient le terrorisme contre Israël. »

Autrement dit : tout le monde est un terroriste, et tout est une cible légitime.

Les Israéliens ont tendance à être brutaux et, à l’occasion, ils disent ce qu’ils sont vraiment en train de faire. Après que « Tsahal » eut assassiné quarante civils palestiniens réfugiés dans une école de l’ONU, le 6 janvier, le quotidien israélien Ha’aretz écrivait que « des officiers supérieurs reconnaissent que l’armée a utilisé une puissance de feu énorme ». Un officier a expliqué que : « pour nous, être prudent, cela signifie être agressifs. Dès l’instant où nous sommes entrés dans Gaza, nous nous sommes comportés comme si nous étions en guerre. Cela crée des dégâts énormes, sur le terrain… Ce que j’espère vivement, c’est que ceux qui ont fui la zone de la ville de Gaza dans laquelle nous sommes en train d’opérer DÉCRIRONT BIEN L’HORREUR » [c’est moi qui souligne, ndt].

Certes, l’on peut accepter qu’Israël soit en train de mener une « guerre cruelle et totale contre un million et demi de civils palestiniens », comme l’a écrit Ha’aretz dans un de ses éditoriaux, mais dire que cela, en fin de compte, lui permettra d’atteindre ses buts de guerre et que le reste du monde s’empressera d’oublier les horreurs infligées à la population de Gaza relève de la plus pure auto-intoxication.

Primo, Israël ne réussira pas à arrêter les tirs de roquettes très longtemps tant qu’il n’acceptera pas d’ouvrir les frontières de la bande de Gaza et tant qu’il ne cessera pas d’arrêter et de tuer des Palestiniens. Les Israéliens parlent beaucoup de l’arrêt des approvisionnements de la bande de Gaza en roquettes et en obus de mortiers, mais les armes continueront à y parvenir, par des tunnels secrets et par des esquifs capables de se faufiler à travers le blocus naval israélien. Par ailleurs, il sera impossible de contrôler toutes les marchandises qui seront envoyées à Gaza via les canaux d’approvisionnement légitimes.

Israël pourrait [aussi] essayer de conquérir toute la bande de Gaza et de la contrôler totalement. Cela arrêterait probablement les attaques par roquettes, si Israël déployait dans la bande de Gaza suffisamment d’hommes et de matériel. Mais dans ce cas, l’armée israélienne serait engluée dans une occupation coûteuse dirigée contre une population profondément hostile. En fin de compte, les Israéliens seraient contraints à partir, et les tirs de roquettes reprendraient de plus belle. Et si Israël échoue à mettre un terme aux tirs de roquettes et à en empêcher la reprise, comme cela sera vraisemblablement le cas, sa capacité de dissuasion sera diminuée, et non augmentée.

Mais, surtout, il y a fort peu de raisons de penser que les Israéliens soient susceptibles d’amener le Hamas à résipiscence, et d’obtenir que les Palestiniens acceptent de vivre tranquillement dans une poignée de bantoustans à l’intérieur du Grand Israël. Israël humilie, torture et assassine des Palestiniens dans les territoires occupés, sans discontinuer, depuis 1967, et il n’est pas à la veille de les dompter. De fait, la réaction du Hamas à la brutalité israélienne semble donner foi à cette observation de Nietzsche, selon laquelle ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort.

Mais, même à imaginer que l’inattendu se produise et que les Palestiniens cèdent, Israël serait tout de même perdant, car il deviendra très rapidement un pays d’apartheid. Comme l’a dit récemment le Premier ministre israélien Ehud Olmert, Israël sera confronté à un « conflit de type sud-africain » si les Palestiniens n’obtiennent pas leur propre Etat viable. « Dès lors que cela se produirait », a-t-il argué, « l’Etat d’Israël serait condamné ». Pourtant, Olmert n’a strictement rien fait pour arrêter l’expansion des colonies et pour créer un Etat palestinien viable. Bien au contraire, il s’est toujours fondé sur la stratégie du Mur de Fer, face aux Palestiniens.

Il y a tout aussi peu de chances que les gens, dans le monde entier, qui suivent les développements du conflit israélo-palestinien, oublient de sitôt la punition horrible qu’Israël est en train de perpétrer à Gaza. La destruction est tout simplement bien trop écrasante pour qu’on ne la voie pas, et beaucoup trop nombreux sont ceux – en particulier dans le monde arabe et dans le monde musulman – qui se préoccupent du sort des Palestiniens. De plus, le discours autour de ce conflit de vieille date a connu un changement copernicien, en Occident, ces dernières années, et nombreux sont ceux, parmi nous, qui étaient en totale sympathie avec Israël et qui comprennent, aujourd’hui, que les Israéliens sont les bourreaux et les Palestiniens, les victimes. Ce qui est en train de se passer à Gaza ne fera qu’accélérer ce changement dans la perception du conflit, et laissera une tache sombre indélébile sur la réputation d’Israël.

Au final, quoi qu’il se produise sur le champ de bataille, Israël ne saurait remporter sa guerre à Gaza. En réalité, Israël est en train de poursuivre une stratégie – avec une aide énorme de ses prétendus amis de la Diaspora – qui met gravement en danger son futur à long-terme.

Source : The American Conservative

Traduction : Marcel Charbonnier

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