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Palestine - 25 novembre 2009
Par Adri Nieuwhof
Malgré une pression croissante pour qu’il se retire du projet de tramway à Jérusalem, conçu pour répondre aux besoins des colonies illégales d'Israël, le géant français de transport Veolia est déterminé à s’impliquer fortement dans le projet pendant les cinq prochaines années. L'entreprise a besoin de soutenir son partenaire israélien, la compagnie Dan Bus, qui manque d'expérience pour faire fonctionner le tramway.
Comme le quotidien israélien Haaretz le rapportait le 23 octobre, Dan a racheté 49% des parts de Veolia dans le consortium City Pass pour exploiter le tramway de Jérusalem, qui relie la ville aux colonies illégales israéliennes construites sur des terres palestiniennes saisies en Cisjordanie . Après avoir géré le tramway pendant cinq ans, Dan rachètera 51% des parts de Veolia dans le contrat de 30 ans, ainsi que les 5% de parts de Veolia dans le consortium City Pass.
Le consortium City Pass se compose de quatre sociétés israéliennes et des sociétés françaises Connex, une filiale de Veolia Transport, et Alstom. Dan aura besoin du plein appui de Veolia pour gérer avec succès le tramway pendant les cinq prochaines années en raison de son manque d'expérience dans ce domaine. En tant que principal actionnaire, Veolia fournira l'expertise indispensable à Dan et continuera d'être un joueur clé dans le projet de tramway.
Veolia a subi les pressions pour mettre fin à son implication dans le projet de tramway de Jérusalem de plusieurs institutions financières concernées par l'investissement socialement responsable parce que le tramway normalisera l'annexion illégale de Jérusalem Est palestinienne, considérée comme faisant partie de la Cisjordanie en vertu du droit international. Certains hommes politiques européens ont également critiqué la société parce que le projet contrevient aux droits fondamentaux des Palestiniens. Après quatre ans de silence, Veolia a récemment tenté d'apaiser les préoccupations et les protestations en déclarant que la société s’engageait à exploiter le tramway de Jérusalem selon « une politique claire et non-discriminatoire fondée sur le libre accès pour toutes les parties de la population. » La compagnie a promis de reconsidérer son implication dans le tramway si l'application de la politique de non-discrimination s'avérait impossible.
Toutefois, les déclarations faites par un porte-parole de City Pass révèlent que Veolia est conscient que le service du tramway sera discriminatoire. Dans un entretien du 23 avril 2009 avec l’étudiant en maîtrise belge Karolien Van Dyck, le porte-parole de City Pass, Ammon Elian, a expliqué la manière dont les Palestiniens et les Juifs étaient séparés à Jérusalem, et que la première ligne de tramway prévue était conçue pour satisfaire les besoins de la population juive laïque (avec un arrêt dans le quartier palestinien de Shufat), et une deuxième ligne est prévue pour la population juive orthodoxe. « Si les Palestiniens veulent utiliser le tramway, les deux groupes ne se rencontreront pas dans le tramway, en raison de leurs modes de vie différents », a expliqué Elian. L'entretien est paru dans un article en néerlandais, intitulé « Transports publics et politiques de contrôle : une étude empirique sur le projet City Pass en Cisjordanie » (« Openbaar vervoer en politieke controle: een empirische Studie van het op City Pass projet de Canals Jordaanoever »). Elian a en outre justifié le service discriminatoire en affirmant que, puisque les Palestiniens ont un réseau d’autobus, l'intégration dans le tramway serait redondante.
Compte-tenu de son propre passé, il est difficile d’imaginer que la direction de la compagnie Dan Bus prenne la politique non-discriminatoire de Veolia au sérieux. Sur son site internet en anglais, Dan affirme que « la bataille juive des colonies juives pour la survie, depuis les ‘incidents’ pré-étatique à nos jours, fut une partie inséparable de l’expérience israélienne. Il n’est que naturel que la Coopérative Dan ait toujours été un élément central dans la lutte pour la sécurité d’Israël, à toutes les époques et en toutes circonstances. » Au service de la population civile d’Israël, les forces militaires israéliennes utilisent la flotte des autobus de Dan « en temps de paix comme de guerre. »
Pendant ce temps, l’action en justice en France lancée par l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) et l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) contre Alstom et Alstom Transport se poursuit. Les associations françaises se sont pourvues en appel pour lancer l’action en justice. Le 15 avril 2009, le tribunal de Nanterre a jugé que la plainte de l’AFPS visant à mettre fin à la participation de Veolia, Alstom et Alstom Transport relevait de sa compétence. Alstom et Alstom Transport ont interjeté appel du jugement dans une audience auprès de la Cour d’Appel de Versailles, le 9 novembre. Alors que Veolia n’a pas interjeté appel de la décision, un avocat représentant la compagnie a assisté à l’audience en tant qu’observateur. Le jugement est attendu le 17 décembre 2009.
Récemment, la « Campagne Faisons dérailler Veolia et Alstom » a pris de l’élan lors d’une conférence de presse faite à Jérusalem Est occupée par le Comité National palestinien ‘Boycott Divestment et Sanctions’ (BNC). Le BNC était appuyé par le Docteur Rafiq Husseini, directeur du bureau de l’Autorité Palestinienne du président Mahmoud Abbas, Mohammad Hussein, mufti de Jérusalem et Atallah Hanna, archevêque orthodoxe. Lors de la conférence de presse, il a été demandé à plusieurs pays arabes, dont le Royaume d’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, de rompre leurs liens avec Alstom et Veolia jusqu’à ce que les deux compagnies retirent leurs investissements et mettent fin à leur implication dans le projet de tramway de Jérusalem. L’Arabie Saoudite a par exemple signé des contrats de plusieurs milliards de dollars avec Alstom pour la construction de la voie ferrée Haramain Express, qui relie les villes saintes de La Mecque et Médine à Jedda. Le Docteur Husseini a critiqué les pays arabes qui continuent de travailler avec Veolia et Alstom en dépit des demandes répétées des Palestiniens et de la Ligue arabe.
Jamal Jumaa’, membre du BNC, a déclaré que les lettres envoyées par l’organisation aux gouvernements arabes pour leur demander d’exclure les deux entreprises françaises des appels d’offre « sont restées sans réponse ». Il a dit qu’il était possible que les Etats du Golfe ne soient pas conscients du rôle que jouent Alstom et Veolia dans les Territoires Palestiniens Occupés. Jumaa’ a ajouté qu’ « il était inacceptable que les Etats arabes ne prennent pas position sur ce point. »
Source : Electronic Initifada
Traduction : MR pour ISM
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Adri Nieuwhof
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